Cultiver des espèces diversifiées dans la rotation
1. Présentation
Caractérisation de la technique
Description de la technique :
Marie-Hélène Jeuffroy | INRA | jeuffroy(at)grignon.inra.fr | Grignon (78) |
---|---|---|---|
Lionel Jouy | Arvalis | l.jouy(at)arvalisinstitutduvegetal.fr | Boigneville (91) |
Jacques Girard | Chambre d'Agriculture du Calvados | j.girard(at)calvados.chambagri.fr | Caen (14) |
Laurence Guichard | INRA | laurence.guichard(at)grignon.inra.fr | Grignon (78) |
Alain Rodriguez | ACTA | alain.rodriguez(at)acta.asso.fr | Baziège (31) |
Julien Halska | INRA | julien.halska(at)grignon.inra.fr | Dijon (21) |
Innocent Pambou | Chambre d'Agriculture du Maine-et-Loire | innocent.pambou(at)maine-et-loire.chambagri.fr | Angers (49) |
Lutte contre les courriers indésirables : Pour utiliser ces adresses, remplacer (at) par @
Allonger le délai de retour d'une culture sur elle-même (voire des cultures de la même famille) sur une parcelle. Cultiver en alternance des espèces différentes sur une parcelle. Alterner les plantes hôtes et non hôtes des mêmes maladies ou ravageurs, le type d'enracinement, le port, la famille botanique, la gamme herbicide et fongicide disponible (gestion de la résistance)... Le délai de retour "recommandé" est variable selon les cultures : entre 2 à 3 ans pour un blé, jusqu'à 4 à 6 ans pour des cultures comme le colza, le pois ou le soja. Le choix des couverts d'interculture joue également.
Exemple de mise en oeuvre : Le risque de piétin-verse sur blé tendre d'hiver est accru si cette culture revient sur elle-même ou si le précédent est une autre céréale (attention aux interactions avec le labour). De même, le risque de fusariose sur blé est augmenté avec un précédent maïs, surtout en l'absence de labour entre les deux cultures. Le risque d'inversion de flore ets accru en monoculture.
Précision sur la technique :
Observations générales :Les effets de cette technique au niveau territorial ne sont pas décrits ici mais dans la fiche sur la diversification des cultures à léchelle du territoire. Cest pour cette raison quon na pas considéré dinfluence sur les organismes très mobiles, en particulier les pathogènes à dispersion aérienne.
Période de mise en œuvre Sur culture implantée
Echelle spatiale de mise en œuvre Parcelle
Application de la technique à...
Toutes les cultures : Facilement généralisable
Sur les cultures assolées (annuelles et/ou pluriannuelles).
Tous les types de sols : Facilement généralisable
Selon les types de sol, les possibilités de choix de cultures et de diversification sont différentes et peuvent être limitées.
Tous les contextes climatiques : Facilement généralisable
Selon la zone pédoclimatique, les possibilités de choix de cultures et de diversification sont différentes et peuvent être limitées.
Réglementation
Influence POSITIVE
Voir http://agriculture.gouv.fr pour plus de détails MAE « rotationnelle », autres MAE, trame verte
2. Services rendus par la technique
3. Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Effet sur la qualité de l'air : Variable
émission phytosanitaires : DIMINUTION
émission GES : VARIABLE
Effet sur la qualité de l'eau : En augmentation
N.P. : DIMINUTION
Effet sur la consommation de ressources fossiles : Variable
consommation d'énergie fossile : VARIABLE
Autre : Pas d'effet (neutre)
Transfert polluant vers eaux (N, P, phyto ...) : Diminution
En réduisant l'usage de produits phytosanitaires, on réduit le risque de transfert. Cet effet dépent aussi du contexte local (caractéristiques de parcelles), de la ressource considérée (eaux souterraines, eaux superficielles) et des caractéristiques des molécules (capacité de transfert, demi-vie, etc.).
Transfert polluant vers air (N, P, phyto ...) : Diminution
En réduisant l'usage de produits phytosanitaires, on réduit le risque de transfert. Cet effet dépent aussi du contexte local (caractéristiques de parcelles) et des caractéristiques des molécules (capacité de transfert, demi-vie, etc.).
Consommation d'énergie fossile : variable
Dépend du choix des espèces dans la rotation. En systèmes de grande culture, la consommation d'énergie fossile est en majorité liée à l'utilisation d'engrais azotés (consommation d'énergie fossile nécessaire à la production de ces engrais) et dans une moindre mesure à la mécanisation (consommation de fuel). Toute culture très dépendante de l'utilisation d'engrais minéraux augmentera donc la consommation d'énergie fossile sur la rotation. A l'inverse, toute culture plus autonome vis-à-vis de l'azote (exemple des légumineuses) contribuera à améliorer cet impact.
Dégagement de GES : variable
Dépend du choix des espèces dans la rotation. En systèmes de grande culture, les émissions de GES sont surtout le fait du CO2 et du N20. Le CO2 est lié à la consommation d'énergie (et donc indirectement à la fabrication des engrais). Le N20 est lié à l'épandage des engrais azotés. L'ampleur des dégagements de GES est donc fortement dépendante de la quantité d'engrais azotés utilisée sur la rotation.
Critères "agronomiques"
Productivité : En augmentation
Par maintien voire amélioration de la fertilité physico-chimique du sol et meilleur contrôle du développement des bioagresseurs. Fonction des effets précédents. Par contre, introduction de cultures de diversification, moins productives au sens de la biomasse produite/ha.
Fertilité du sol : En augmentation
Des cultures variées explorent différents compartiments du sol et n'exploitent pas les mêmes ressources.
Stress hydrique : Pas d'effet (neutre)
Biodiversité fonctionnelle : En augmentation
L'allongement des délais de retour des cultures sur elles-mêmes conduit à diversifier les successions de cultures. Cela contribue directement à améliorer la biodiversité végétale, et indirectement la biodiversité animale (offre de ressources végétales plus diversifiée).
Autres critères agronomiques : En diminution
Maîtrise des adventices: Augmentation
Facilite la gestion des adventices dans la parcelle et peut participer à limiter l'usage des herbicides : la diversification des cultures dans la rotation permet de diversifier les périodes de semis (automne / printemps) et les modes d'implantation des cultures (travail du sol plus ou moins profond, retournement éventuel...). Ces pratiques sont favorables à une faible spécialisation de la flore adventice sur la parcelle et une diminution des infestations, la rendant plus facile à gérer.
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : Variable
Evolution fonction des cultures de la rotation et de leurs itinéraires techniques. Une moindre pression de certains bioagresseurs dans le couvert doit permettre de réduire les charges liées à l'usage de produits phytosanitaires. Ce bénéfice est à apréhender à l'échelle de la rotation.
Charges de mécanisation : Variable
Dépend du choix des espèces dans la rotation.
Marge : En augmentation
Des charges moindres et un rendement maintenu voire amélioré conduisent à une amélioration des marges de chaque culture. La marge dégagée sur une rotation dépend du choix des cultures (certaines ont des marges plus élevées que d'autres).
Autres critères économiques : Variable
Possibilités de débouchés : Diminution
Trouver des acheteurs risque d'être difficile pour certaines cultures en fonction du contexte local et des volumes produits.
Critères "sociaux"
Temps de travail : Pas d'effet (neutre)
Période de pointe : En augmentation
Le temps de travail peut être accru par la diversification des cultures (conduites selon des itinéraires techniques différents). La charge de travail globale est donc à regarder selon le système de culture envisagé et le niveau d'introduction des cultures chronophages. Cependant, cette diversification, peut aussi limiter les pointes de travail (semis, récoltes). L'agriculteur ressent souvent une augmentation de la charge de travail qui vient en réalité d'une répartition différente.
Effet sur la santé de l'agriculteur : Variable
Besoin de formation des agriculteurs : Augmentation
Conduire un plus grand nombre de cultures requiert plus de savoir-faire, nécessite des apprentissages, etc. Pour ceratines cultures de diversification il n'existe pas toujours de référence locale (agriculteurs voisins, conseillers compétents sur des cultures spécifiques).
Temps d'observation : En augmentation
Chaque culture requiert des observations spécifiques. Cependant le temps d'observation investi permet de s'autoformer et se réapproprier son métier via l'apprentissage.
4. Organismes favorisés ou défavorisés
Bioagresseurs favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|
Bioagresseurs défavorisés
Auxiliaires favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|
Auxiliaires défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|
Accidents climatiques et physiologiques favorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
---|
Accidents climatiques et physiologiques défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
---|
5. Pour en savoir plus
- Agronomic approach; cropping systems and plant diseases
- -Meynard J.M. (INRA) ; Doré T. (INRA) ; Lucas P. (INRA)
Comptes rendus biologies 326, pp 37-46, Brochure technique, 2003
- Couverts faunistiques et floristiques
- -Projet IBIS (Intégrer la Biodiversité dans les Systèmes d'exploitation agricoles)
Chambre d'agriculture du Centre et partenaires, 2010
- Couverts pollinisateurs
- -Projet IBIS (Intégrer la Biodiversité dans les Systèmes d'exploitation agricoles)
Chambre d'agriculture du Centre et partenaires, Article de revue avec comité, 2010
- Les rotations en grandes cultures
- -Almaric Nicola ; Brezillon Marike ; Faiq Chahin ; Roubinet Eve ; Schroeder Marie ; Tite Abel
INP-ENSAT/Solagro, Brochure technique, 2008
- Méthodes alternatives pour lutter contre les maladies en grandes cultures
- -Delos M., Eychenne N., Folcher L., Debaeke P., Laporte F., Raulic I., Maumene C., Nabo B., Pinochet X.
Phytoma La défense des végétaux, n°567, p. 14-18, Article de presse, 2004
- STEPHY, guide pratique pour la conception de systèmes de culture plus économes en produits phytosanitaires
- -Attoumani-Ronceux A. (INRA) ; Aubertot J.N. (INRA) ; Guichard L. (INRA) ; Jouy L. (Arvalis) ; Mischler P. (Agro-transfert ressources et territoires) ; Omon B. (Chambre d'agriculture de l'Eure) ; Petit M.S. (Chambre régionale d'agriculture de Bourgogne) ; Pleyber E. (MEEDM-DGALN) ; Reau R. (INRA) ; Seiler A. (MAAPRAT-DGPAAT)
Ministère de l'écologie, Ministère de l'agriculture, RMT Systèmes de Cultures Innovants, Article de presse, 2011
- Sols, biodiversité et pratiques culturales
- -Steinberg Christian (UMR MSE INRA/Université de Bourgogne) ; Alabouvette Claude (UMR MSE INRA/Université de Bourgogne)
Phytoma - la défense des végétaux, Brochure technique, 2010
6. Mots clés
Méthode de contrôle des bioagresseurs : Contrôle cultural
Mode d'action : Evitement
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Reconception
Annexes
Est complémentaire des leviers
- Implanter des cultures dérobées ou une double-culture
- Implanter des légumineuses en interculture
- Récupérer la menue paille lors de la récolte
Défavorise les bioagresseurs suivants
- Abutilon de Théophraste
- Acarien
- Achillée millefeuille
- Agrostis jouet du vent
- Agrostis stolonifère
- Aiguillonnier des céréales
- Alchémille des champs
- Alternariose sur tomate
- Altise du colza
- Altise du lin
- Amarante blanche
- Amarante blite
- Amarante couchée
- Amarante hybride
- Amarante réfléchie
- Ambroisie à feuilles d'armoise
- Ammi élevé
- Anthémis cotule
- Anthémis des champs
- Anthémis élevée
- Anthracnose de l'épinard
- Anthracnose du lupin
- Anthracnose du pois
- Anthracnose féverole
- Anthrisque commun
- Aphanomyces
- Arabette de Thalius
- Armoise vulgaire
- Arroche étalée
- Ascochytose de la luzerne
- Avoine à chapelets
- Avoine stérile ludovicienne
- Barbarée intermédiaire
- Bident tripartite
- Botrytis alii
- Botrytis cinerea
- Brome stérile
- Bruche de la fève
- Calépine irrégulière
- Cardamine hérissée
- Carotte sauvage
- Céraiste aggloméré
- Cercopsoriose
- Charançon des siliques
- Charançon du bourgeon terminal
- Chardon marie
- Chénopode blanc
- Chénopode des murs
- Chénopode polysperme
- Chiendent pied-de-poule
- Chrysanthème des moissons
- Cicadelle du blé
- Cicadelle verte de la vigne (Empoasca vitis)
- Corneille
- Courbure du lin
- Crépis de Nîmes
- Datura stramoine
- Digitaire sanguine
- Épilobe à quatre angles
- Éthuse ciguë
- Euphorbe réveil-matin
- Fenouil commun
- Folle avoine
- Fumeterre officinale
- Fusariose de l'oignon
- Fusarioses trichothécènes A orge
- Fusarioses trichothécènes B zearalenone maïs
- Gale argentée
- Gangrène
- Géranium à feuilles rondes
- Géranium colombin
- Helminthie fausse vipérine
- Houlque molle
- Ivraie raide
- Laiteron rude
- Lamier pourpre
- Linaire bâtarde
- Liseron des haies
- Macrophomina
- Matricaire camomille
- Méligèthe
- Mercuriale annuelle
- Mildiou de l'épinard
- Mildiou du tournesol
- Mouche du chou
- Nématode blanc de la pomme de terre
- Noctuelle de l'artichaut
- Noctuelle gamma
- Oïdium des crucifères
- Oïdium du lin
- Panic pied-de-coq
- Passerage drave
- Pea seed-borne mosaic virus
- Phalaris paradoxal
- Phomopsis du soja
- Piétin-verse
- Potentille rampante
- Prêles
- Puceron d’automne
- Puceron vert et rose de la pomme de terre
- Pucerons de la pomme de terre
- Pyrale du haricot
- Ramulariose
- Ramulariose de la betterave
- Ravenelle
- Ray-grass anglais
- Renouée des oiseaux
- Rhizoctone brun
- Rhizopus
- Rhynchosporiose
- Rongeur
- Rouille du pois
- Rouille naine de l'orge
- Sclérotinia
- Septoriose des feuilles
- Septoriose du lin
- Sétaire verticillée
- Sorgho d'Alep
- Spergule des champs
- Stellaire intermédiaire
- Tabouret des champs
- Teigne du poireau
- Thrips du tabac et de l'oignon
- Tussilage
- Véronique à feuilles de lierre
- Véronique de Perse
- Véronique des champs
- Verticilose sur luzerne
- Virus de la mosaïque de l'orge