Biodiversité
Biodiversité fonctionnelle, diversité cultivée, semences, races et variétés anciennes, polyculture élevage, aménagements agro-écologiques...
La biodiversité est définie comme "la diversité des organismes vivants, qui s'apprécie en considérant la diversité des espèces, celle des gènes au sein de chaque espèce, ainsi que l'organisation et la répartition des écosystèmes. Les interactions au sein, et entre chacun de ces trois niveaux d'organisation sont également considérées." [1].
La biodiversité est donc une une composante omniprésente des écosystèmes agricoles, et elle y existe sous de nombreuses formes. Ce portail dresse donc les principales formes de biodiversité présentes dans les exploitations agricoles, ainsi que l'impact de certaines pratiques sur celle-ci.
Biodiversité "sauvage"
Continuité écologique
Le levier principal de maintien de la biodiversité se joue au niveau du territoire. Lorsque les paysages sont morcelés par des infrastructures humaines ou des espaces ouverts, un grand nombre d'espèces animales (souvent utiles en agriculture) voient leur capacité à se déplacer diminuer. Ce phénomène contribue, par extension, à l'affaiblissement de leurs populations d'un point numérique comme génétique.
Pour y remédier, l'agriculture a la capacité de jouer un rôle prédominant sur cette thématique avec notamment une réflexion sur la taille des parcelles, sur la constitution d'un maillage écologique avec les bordures de champs et les haies et autres éléments linéaires (murets, agroforesterie etc.), ainsi sur l'hétérogénéité du parcellaire et la mosaïque des cultures.
Aménagements favorables à la biodiversité
Pour accueillir la biodiversité sauvage sur l'exploitation, il existe également une large gamme d'aménagements plus ponctuels pouvant être mis en place. Ils doivent évidemment être réfléchis en fonction de la faune locale à favoriser, et d'éventuels objectifs de lutte biologique par conservation. C'est le cas par exemple des bandes fleuries attractives pour les auxiliaires des cultures, des perchoirs à rapaces, des hôtels à insectes etc.
Si la plupart des aménagements favorables à la biodiversité sont réalisés à l'intérieur où a proximité des champs, certains d'entre eux peuvent également être mis en place au sein des bâtiments de l'exploitation. Selon les régions il peut par exemple être pertinent d'aménager ses granges afin qu'elles puissent servir de refuge à certaines espèces d'oiseaux.
Pratiques favorables à la biodiversité
Il existe par ailleurs un grand nombre de pratiques agricoles ayant un effet bénéfique sur la biodiversité, sans que cela soit leur but premier. De manière générale, l'hétérogénéité des habitats est un levier très puissant de maintien de la diversité floristique, faunistique et de la biodiversité du sol. L'agriculture, par sa transformation du paysage et sa diversité de pratiques contribue à cette hétérogénéité : assolements diversifiés, couverts végétaux, travail du sol différencié, prairies, ecopastoralisme, agriculture de conservation etc.
En adaptant légèrement certaines pratiques il est donc possible multiplier cet effet positif, et par conséquent de minorer l'impact négatif d'autres interventions : par exemple certains agriculteurs intègrent l'impact environnemental à leurs critères de choix des matières actives phytosanitaires, ou mettent en place des mesures de protection de la vie sauvage lors de la récolte ou des travaux agricoles.
Dans le cadre de la protection intégrée des cultures, de nombreuses pratiques ont aussi pour but de favoriser le développement de la biodiversité fonctionnelle (auxiliaires de culture) et de réduire celui des populations de ravageurs : la mise en place de stratégies "push-pull" par exemple, ou encore la composition de couverts végétaux attractifs.
Biodiversité cultivée
Dans les exploitations agricoles, la biodiversité ne se cantonne pas à la richesse de la vie sauvage mais aussi à celle des espèces cultivées ou élevées. De fait, elles sont très souvent liées mais la biodiversité cultivée et ses différentes niveaux de lectures sont plus rarement mis en avant.
La diversité cultivée peut être étudiée sous une dimension spatiale : au niveau de la parcelle avec par exemple les associations de cultures ou les mélanges variétaux, au niveau de l'exploitation avec la diversité de l'assolement, voire même au niveau des paysages et territoires avec la diversité des productions et des systèmes (ACS, agroforesterie etc.).
Une autre façon d'étudier la biodiversité cultivée est l'approche temporelle, cette fois-ci restreinte à l'échelle de la succession culturale sur une parcelle. Avec par ailleurs des travaux sur la sélection ou la conservation d'espèces et de variétés anciennes et moins utilisées.
Dans la même logique on pourrait nommer l'ensemble de pratiques liées au semences fermières, voire à l'élevage d'animaux de races locales ou d'intérêt patrimonial.
Les zonages de protection et inventaire de la biodiversité
Pour prendre connaissance des espèces et milieux sensibles autour de sa ferme, il existe un certains nombres d'associations et de cartographies à consulter, voici les principaux zonages qui recouvrent le territoire français :
Zones Naturelles d'Intérêt Faunistique et Floristique (ZNIEFF)[2]
Les ZNIEFF sont des zones d'inventaires de la biodiversité, qui ne s'accompagnent généralement pas d'obligation réglementaires spécifiques. Il en existe de deux types :
- les ZNIEFF de type I : espaces homogènes écologiquement, définis par la présence d'espèces, d'associations d'espèces ou d'habitats rares, remarquables ou caractéristiques du patrimoine naturel régional. Ce sont les zones les plus remarquables d'un territoire donné.
- les ZNIEFF de type II : espaces qui intègrent des ensembles naturels fonctionnels et paysagers, possédant une cohésion élevée et plus riches que les milieux alentours.
Elles sont utiles pour connaître la faune et la flore locale et leur niveau de protection, et ensuite envisager des mesures à mettre en place pour les préserver.
Zones Natura2000[3]
Le réseau Natura2000 est un ensemble de sites remarquables pour leur biodiversité, agrégés au niveau européen. Ils sont administrés par un comité de pilotage local, qui examine tous les projets de construction dans le périmètre avec un droit de refus ou de modification. Ils impactent également l'agriculture, en interdisant certaines pratiques nuisibles aux espèces locales en voie de disparition (ex. retournement de prairies, arrachage de haies etc.), mais peuvent en revanche offrir des financements et subventions pour la mise en place d'aménagements et pratiques vertueuses.
Arrêtés de protection du biotope
Ces arrêtés préfectoraux désignent des zones protégées de manières plus ponctuelle, suite à des inventaires (comme ceux des ZNIEFF par exemple) faisant état de danger critique de disparition pour certaines espèces. Les activités humaines y sont encadrées voire interdites selon la problématique.
Cartographie des arrêtés de protection du biotope en vigueur en 2022 sur géoportail : lien.
Articles dans cette thématique
- ↑ INSEE, Biodiversité : définition, adaptée de la description de la Convention sur la diversité biologique, 2021. https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1264
- ↑ Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN), Les inventaires ZNIEFF, consulté en ligne en janvier 2022. https://inpn.mnhn.fr/programme/inventaire-znieff/presentation
- ↑ Carte des sites Natura2000 en France, consultée sur le site web du centre de ressource Natura2000 en janvier 2022. http://www.natura2000.fr/carte-natura-2000