Diagnostic de son sol
L’analyse de sol permet de comprendre la structure et la fertilité de son sol grâce à 4 paramètres : la texture, l’acidité, le profil organique et l’état minéral de la terre. L’étude des résultats au laboratoire permet de piloter la fertilisation, d’adapter les pratiques agricoles, d’identifier le type de travail de sol à adopter et d'optimiser sa stratégie de culture. Ainsi, l’analyse du sol permet d’améliorer les rendements et de réaliser des économies de carburant, d’engrais, de produits phytosanitaires etc…
Évaluation de la zone homogène d'étude
Pour appréhender le diagnostic de son sol, il est important d’identifier sur son terrain les disparités du terrain (végétation présente, taux d’humidité, nivellement, etc.) pour segmenter ce dernier en plusieurs zones homogènes et rendre les analyses de sol pertinentes.
Une zone d’étude homogène est caractérisée par une flore spontanée uniforme présente sur la parcelle, ainsi qu’une apparence de sol comparable. Le simple enfoncement de la bêche permet de sentir des variations de sols dans l’espace.
Données générales du terrain
Une fois que votre terrain a été segmenté en zones homogènes, il convient de rassembler un ensemble de données pour étayer la compréhension/l'analyse de chacune de ces zones ainsi que leur adaptation agronomique :
- Date d’observation
- Lieu
- Roche mère (si connue)
La roche mère est la couche superficielle de la croûte terrestre dont l'altération contribue à la formation des sols. Elle détermine aussi la capacité d’infiltration en eau du sol (selon qu’elle soit perméable ou imperméable). Elle peut être de différentes natures : calcaire, craie, marne, silex, grès, argile, schiste, granite ou gypse. Le site du brgm permet d’obtenir des indications sur le sous-sol. Elles sont parfois explicites (argile), parfois difficiles à comprendre car usant d’un vocabulaire spécialisé.
Pour accéder au service, cliquer à droite sur “ajouter une couche”, puis sélectionner la “carte géologique imprimée 1/50 000 BRGM. Puis cliquer sur l'icône “i” en haut pour obtenir la description. En cliquant sur la légende, on accède aux différents types de sous-sols locaux accessibles.
De plus amples informations sont disponibles en téléchargeant la notice en version pdf.
Hauteur de pousse biomasse spontanée
La hauteur de pousse de la biomasse présente sur la parcelle est un excellent indicateur de la quantité de MO présente dans le sol. Elle ne se traduit pas par la hauteur du brin le plus haut de la parcelle mais bien par la hauteur maximale où l’herbe est dense. En se référant au tableau suivant, on peut estimer cette quantité sans analyse laboratoire : si la biomasse totale présente dépasse les 10 tonnes
de MS/ha au maximum de pousse (juin voire automne), le sol est clairement très fertile : ça pousse tout seul !
Attention, cette mesure ne peut pas se faire si le sol a été récemment travaillé ou bien la prairie fauchée. On peut alors évaluer le potentiel du lieu en observant les bordures de champ ou en laissant l’herbe réinvestir la parcelle (ce qui demandera plus de temps …).
Dans le cas d’une observation en dehors des périodes maximum de pousse, il faut ajuster son évaluation de l’état de la pousse en fonction de la période. Par exemple, une pousse de quelques centimètres fin avril indique un mauvais potentiel de fertilité. Une herbe d’un vert très vif, des feuilles larges et une hauteur d’une dizaine de centimètres au mois de mars est plutôt bon signe.
Historique du terrain
On entend par historique de parcelle, l’ensemble des pratiques agricoles antécédentes au diagnostic de sol. Chaque pratique agricole ou aménagement du territoire peut entraîner des conséquences positives comme négatives sur l’état du terrain. Les pratiques les plus récentes seront les plus impactantes sur l’état du sol à l’instant du diagnostic.
- Sol travaillé : On considère par exemple qu’un sol travaillé dans les trois dernières années aura un taux de MO d’environ 2 %. Les antécédents de gestion de la prairie ont aussi leur importance. Seules des parcelles avec de très forts apports de matières organiques (fumier en quantité importante) ou en semis direct sous couvert végétal depuis plusieurs années ont des taux de MO supérieurs à 3 %.
- Prairie : En France, une prairie possède un taux moyen en MO de 3 %. Ce taux est très variable, selon l’ancienneté de la prairie ou son mode de pâturage. Ainsi une prairie sur-pâturée (présence quasi constante d’animaux) ou sous-pâturée (une fauche tous les 2 ans) aura un taux de MO plus faible : 2 à 3 %. Les régions pluvieuses avec un bon mode de pâturage connaissent des taux de MO plus importants entre 4 et 8 % de MO. En montagne les prairies peuvent avoir des taux de MO entre 10 et 15 % du fait du froid engendrant un manque d’activité biologique donc une faible minéralisation de la matière organique. Le passage d’engins mécanisés, ou bien le pâturage fréquent sont des éléments déterminants dans le tassement de la couche superficielle de la parcelle comme dans les risques d’érosion.
S’informer de l’historique de son terrain
Il existe différents moyens de rendre compte de l’historique de son terrain. Le premier consiste à s’entretenir avec l’ancien propriétaire si cela est possible, avec le voisinage également, pour qu’ils puissent vous témoigner des pratiques agricoles effectuées dernièrement. Le site Remonter le temps permet d’observer l’évolution de votre parcelle par vue aérienne et satellitaire. En plus d’être simple d’utilisation, il est très instructif.
Profil du sol
Test bêche
En plus de l’historique et de la première évaluation visuelle de la parcelle, il est nécessaire d’évaluer le profil de son sol afin de se l’approprier. Dans un profil, on cherche à connaître, par un test bêche par exemple, la profondeur de la couche de terre, la nature de la roche mère, la texture du sol (argile/limon/sable) et sa structure.
Épaisseur
Nous appelons épaisseur de sol la hauteur de sol où l’on peut sans trop de difficulté enfoncer une bêche. Il s’agit ici de vérifier la viabilité du sol dans l’implantation d’une culture légumière. Bien que les systèmes racinaires de chaque variété de légumes aient des caractéristiques variées (architecture et profondeur racinaire : fasciculaire, à pivot, traçante,...) on considère que l’épaisseur minimale du sol propice pour la culture légumière est d’environ 15 cm. Il n’est donc pas nécessaire dans une première observation de creuser au-delà de 40 cm de profondeur (profondeur permettant de détecter les potentielles semelles de labour).
Texture
La texture d’un sol indique la répartition des particules minérales du sol classées selon leurs dimensions. La texture d’un sol est la proportion des constituants selon 3 composantes : le sable (plus de 50 mm), le limons (entre 2 et 50 mm) et l’argiles (inférieurs à 2 mm) permet d’attribuer une texture à son sol replacée dans un triangle des textures en page suivante.
Selon la proportion de chaque classe, on distingue plusieurs types de sol, dont certains sont propres à une région :
- Sol sableux
- Sol limoneux (0-10% d’argile)
- Sol argileux (25-40% d’argile)
- Sol humifère (10% ou plus d’humus)
La texture d’un sol est relativement stable dans le temps. Elle est déterminante pour le fonctionnement global du sol puisqu’elle conditionne directement sa structure, sa porosité, son régime hydrique, Une bonne partie de sa fertilité au travers des argiles, lors de la formation du complexe argilo-humique en dépend également.
Analyser sa texture
Le test de décantation (ou du bocal) permet d’avoir une idée assez précise de la texture d’un sol. Prenez un bocal d’un litre et remplissez-le au 2/3 d’eau. Prenez un échantillon de terre et tamisez-le. Ajoutez la terre dans le bocal de façon à ce que l’eau atteigne le haut du bocal. Fermez, secouez bien et laissez reposer. Au bout d’une heure voire plusieurs jours vous verrez les différentes couches apparaître.
Les différentes textures caractéristiques
La texture d’un sol est rarement unique, c’est un mélange d’argile, de sable et de limon. Pour la déterminer, on utilise le triangle des textures. Par exemple, un sol composé de 70% de limon, 60% de sable et 50% d’argile est un sollimon-argileux-sableux.
- Les sols sableux : constitués principalement de quartz et de minéraux issus de l’altération des roches, ils sont granuleux et abrasifs. Ces sols retiennent peu l’eau et les éléments nutritifs mais sont peu sensibles au tassement et permettent un bon enracinement des cultures. –› Pour les détecter : ils ont tendance à crisser sous le doigt ou craquer sous la dent.
- Les sols limoneux : constitués d’éléments issus de l’altération des roches, ils présentent des éléments riches mais particulièrement sensibles au tassement et susceptibles de former une croûte de battance. –› Pour les détecter : le doigt y laisse une belle empreinte digitale.
- Les sols argileux : constitués d’argiles granulométriques et minéralogiques. Ceux ci, en grande quantité, peuvent entraîner des difficultés telle que la formation d’un horizon de sol imperméable, lourd et collant. –› Pour les détecter : le boudin se forme à plus de 25 % d’argile et ne casse pas au-delà de 40 % d’argile.
Impact sur les cultures
Selon la texture du sol, certaines cultures se développent plus ou moins bien. Par exemple, la carotte des sables est adaptée à un sol sableux léger et bien drainé qui lui permet de garder une forme bien droite et d’éviter les maladies. Certaines textures sont aussi exposées à des risques. Un sol limoneux est moins stable donc plus exposé à l’érosion par l’eau et la formation d’une croûte de battance. C’est pourquoi l’ACS recommande la mise en place d’un couvert végétal qui améliore la structure du sol et le protège de l’érosion mécanique de la pluie.
Structure
La structure du sol est l'agencement dans l'espace de ses constituants élémentaires, organisés ou non en agrégats. La structure du sol doit permettre :
- des échanges d’eau et de gaz.
- de favoriser la qualité de l’enracinement des plantes.
- d’optimiser l’activité biologique.
Si ces fonctions ne sont pas remplies, le sol risque l’érosion. L’amélioration de la fertilité physique est centrale en agriculture de conservation des sols.
Il existe plusieurs tests, à réaliser soi-même pour évaluer la structure de votre sol, un indicateur crucial de l’état du sol :
Le test VESS
C'est une évaluation visuelle de la structure du sol, mise en place par Pascal Boivin, c’est un test-bêche qui consiste à extraire un bloc d’au moins 20 cm d’épaisseur dont on étudie les horizons. Le test permet de caractériser la structure du sol par une note de 1 à 5. Le protocole d’évaluation est détaillé dans la vidéo Évaluation visuelle de la structure du sol – Méthode VESS. L’évaluation peut se réaliser à l'œil nu en comparant aux polycopiés témoins proposés avec la méthode, mais aussi grâce à l’application VESS disponible sur Google Play.
La structure d’un sol qui vient d’être travaillé est bonne, elle n’est donc pas parlante. Mais c’est une structure mécanique, qui aura tendance à ne pas durer dans le temps. Il est donc intéressant d’évaluer celle en dessous de l’horizon de travail du sol ainsi que l'évolution de la structure 6 à 9 mois après le dernier travail du sol. Un sol non travaillé noté 1 ou 2 indique une structure grumeleuse et fertile. Si la note est plus faible, il faudra être vigilant à ce que la structure ne se dégrade pas davantage. On améliorera la structure par des apports carbonés réguliers (20 T MS/ha/an) et mieux encore par les racines de plantes vigoureuses. S’il permet de comprendre la structure de son sol, le test VESS donne également une idée de sa porosité (point important qui traduit la bonne santé du sol, un sol sans agrégat étant en effet habité par un système racinaire plus important). Il permet aussi d’observer la couleur, l’odeur et le goût du sol ainsi que d’avoir un aperçu de la vie biologique, notamment de la présence de vers de terre (une pelletée de terre superficielle doit en contenir 2 à 4 mais plus il y a en a, mieux c’est).
On peut voir des sols riches en MO avec une mauvaise structure (4 ou 5) mais une excellente porosité biologique. Attention toutefois
à l’engorgement en eau de ces sols qui peut être évité en retirant les paillages organiques (la bâche a plutôt un effet réchauffant positif)
mais surtout en utilisant des couverts végétaux avec des systèmes racinaires puissants.
Le slake test
Taux de matière organique (MO)
Les matières organiques (MO) des sols sont un pilier de la fertilité. Les MO font référence à ce que l’on trouve dans la couche superficielle du sol (0-30 cm) et représentent environ 1 à 10% de la masse des sols. Elles regroupent l’ensemble des constituants organiques morts ou vivants, d’origine animale, végétale ou microbienne présents dans le sol.
Le taux de matières organiques est un élément de base permettant le pilotage de la fertilisation organique. Pour conserver et enrichir son sol en MO il est conseillé de limiter le travail du sol, de couvrir le sol et de restituer régulièrement de la biomasse végétale. On peut par exemple utiliser les Techniques Culturales Simplifiées ou le Semis Direct.
En compilant : historique, structure et biomasse spontanée, on peut estimer avec approximation le taux de MO en suivant le tableau suivant :
Observations | Taux de MO estimé |
---|---|
Sol travaillé, mauvaise pousse de l’herbe spontanée, mauvaise structure | 1 % |
Sol travaillé, mauvaise pousse de l’herbe spontanée, bonne structure quelques mois après travail du sol | 1,5 - 2,5 % |
Pousse moyenne de l’herbe, bonne structure, réduction travail du sol, prairie mal gérée | 2,5 - 3,5 % |
Très bonne pousse de l’herbe, bonne structure, prairie bien gérée | 4 - 6 % |
Très bonne pousse de l’herbe, bonne structure, prairie bien gérée, abondance eau ou montagne | 6 - 9 % |
Un sol riche en matière organique est plus résilient
Remarque : il est possible de cultiver avec un taux de MO inférieur à 1 % sur des petites surfaces et avec beaucoup de MO disponible pour lancer le système : ce sont des déserts, des zones de remblais, des sols extrêmement caillouteux, une dalle de béton, etc. Ils nécessitent une réelle remise en vie.
Le modèle électrique du sol selon Olivier Husson
Un champ peut être vu comme un système électrique où la taille de la batterie serait la quantité de matières organiques et son niveau de charge serait l’activité biologique du sol. Plus la batterie est grosse, plus l’activité biologique peut se développer et alimenter facilement les besoins de la plante. Au dessous de 3,5 % de MO, votre batterie risque de ne pas démarrer tous les matins...
Analyse de l'acidité du sol
Le pH du sol exprime le degré d’acidité ou d’alcalinité d’un sol sur une échelle de 0 (très acide) à 14 (très alcalin ou basique).
Le pH du sol est utilisé pour déceler une carence ou un élément toxique. Il permet aussi de caractériser la Capacité d’Échange Cationique (CEC) c’est-à-dire la quantité de cations échangeables que les plantes peuvent utiliser pour pousser.
L’acidité du sol impact le bon développement des cultures et le rendement. Par exemple, certaines formes solubles de l’aluminium peuvent devenir toxiques lorsque le pH est inférieur à 5,5. Ce phénomène s’appelle la toxicité aluminique et est la principale cause de perte de rendement dans les sols acides.
Le chaulage permet de ramener le pH dans un intervalle favorable au développement des végétaux et de la vie du sol. Cela améliore la décomposition de la matière organique et modifie le profil organique du sol.
La gestion du pH est centrale car il conditionne le blocage de certains éléments et l’activité biologique qui transforme les matières organiques.
Analyse de l’état minéral du sol
Les éléments qui caractérisent l’état minéral du sol sont :
- Le phosphore (P)
- La potasse (K)
- Le magnésium (Mg)
- Le calcium (Ca)
- Le fer (Fe)
- Le cuivre (Cu)
- Le manganèse (Mn)
- Le Bore (B)
- La silice (Si)
- Le soufre (S)
Chaque élément occupe une place spécifique dans le développement d’une culture et est indispensable à la bonne santé du végétal. Une carence en un élément peut empêcher d’autres éléments, pourtant présents dans le sol, d’être disponibles pour la plante et la rendre malade. Il est important de caractériser tous les éléments présents pour éviter les carences.
Elément minéral | Culture très sensible |
---|---|
Fer | Vigne, pois, soja |
Manganèse | Blé, orge, avoine sorgho, betterave, pois, soja |
Zinc | Maïs, lin, haricot |
Cuivre | Blé, orge, avoine |
Bore | Betterave, Luzerne, Tournesol |
Molybdène | Luzerne, pois, trèfle |
Le soufre est nécessaire à la synthèse des protéines, le magnésium est un constituant essentiel de la chlorophylle permettant à la plante d’effectuer sa photosynthèse. Une carence en soufre provoque des chloroses.
Étudier ces 4 paramètres permet de comprendre comment fonctionne son sol et comment réagissent les cultures que l’on y implante. Outre proposer un état des lieux de la santé de son sol, une analyse de sol est essentielle pour passer à l’action. Il s’agit alors de caractériser la fertilité de son sol et adapter ses pratiques pour optimiser son rendement.
Comment faire une analyse de sol ?
L’échantillon doit refléter au mieux l’état de la parcelle pour délivrer toutes les informations nécessaires. Les erreurs d’échantillonnages sont souvent la plus grosse source d’erreur dans les analyses de sol. Vous pouvez géolocaliser le point pour pouvoir refaire le prélèvement sur la même zone dans quelques années. Il existe des applications gratuites pour ça.
Quand prélever des échantillons ?
L’activité biologique du sol dépend de la température, du taux de perturbation lié au travail du sol, des apports organiques ou de la période de prélèvement dans l’année.
- Il est préférable de prélever les échantillons en automne car le sol est encore chaud et l’activité biologique est forte sous le couvert végétal. Cela permet également d’anticiper les apports d’hiver et anticiper ses stratégies de fertilisation.
- Idéalement, il faut prélever le sol au moins 2 mois après un apport d’engrais, 6 mois après un apport d’amendements alcalinisants et un mois après le dernier travail du sol. Sinon, l’analyse risque d’être faussée !
Comment prélever ?
Deux méthodes d’échantillonnage peuvent être utilisées :
- en cercle pour les parcelles hétérogènes.
- en diagonale pour les parcelles homogènes.
5 étapes pour réaliser les prélèvements en vue d’une analyse de sol :
- Ciblez la partie la plus représentative de la parcelle, ou la plus problématique, selon votre objectif.
- Fixez un point sur la parcelle au milieu de la zone que vous voulez prélever.
- A partir de ce point, faites 10 à 15 prélèvements sur un rayon de 6 à 10 mètres.
- Evitez les bords de parcelles ou les passages de pulvé.
- Chaque prélèvement est effectué de 0 à 15 cm de profondeur, c’est important pour assurer la qualité de l’analyse.
La méthode d'Agroleague
Cette méthode utilise des paramètres de fertilité biologique et chimique du sol, prenant en compte matière organique, à la CEC, à l’activité biologique, etc. Elle permet de bien comprendre l’azote dans le sol, donc d’établir des plans de fumure adaptés.
Le protocole est détaillé dans un kit « Analyse de sol » que les agriculteurs peuvent commander sur AgroLeague.
Une fois les prélèvements effectués, mélangez les prélèvements dans un seau, prenez le sachet du kit d’analyse et remplissez le à moitié, déposez le kit dans un point relai colissimo ou une poste. Les échantillons sont envoyés au laboratoire qui procédera à l’analyse du sol de votre parcelle.
En considérant qu'aucun protocole des laboratoires français ne rendait compte efficacement de la santé globale du sol, en prenant en compte la complexité et la diversité des situations. AgroLeague a décidé, pour son analyse, de nouer un partenariat avec un laboratoire aux Etats-Unis, qui utilise le test Haney, une technique d’analyse reconnue mondialement comme la plus pertinente pour connaître l’état de santé d’un sol.
Le test Haney permet de :
- Mesurer l’activité biologique de la parcelle.
- Identifier les facteurs limitants pour débloquer l’activité biologique.
- Mesurer l’azote relarguée par la parcelle pour adapter ses doses d’azote.
- Établir un profil complet des macro et oligo-éléments disponibles pour la culture.
L’ analyse labo
En France, les laboratoires d’analyses de terre agréés sont définis chaque année par arrêté publié au Journal Officiel, consultable sur Légifrance. Plusieurs laboratoires proposent différentes méthodes d’analyse de sol. Certaines privilégient la fertilité chimique (étude des équilibres chimiques des sols et de la nutrition des cultures) comme la méthode Albrecht-Kinsey. Mais dans ce cas, la fertilité biologique est laissée de côté. Les analyses de sols qui prennent en compte la fertilité biologique sont très coûteuses et peu de données sont accessibles pour interpréter les résultats.
En addition des analyses de terrain, une analyse de sol en laboratoire vous permettra de trancher le diagnostic. Une analyse coûte en moyenne entre 40 et 80 euros, elle permet d’estimer le taux de MO, la texture du sol et le niveau de charge de différents éléments minéraux et oligo-éléments. Le rapport carbone / azote (C/N) du sol est normalement de 10. S'il est plus élevé, il indique une dégradation en cours de la matière organique. Dans ce cas, le taux de MO est systématiquement surestimé : il faudra attendre au moins 6 mois pour que les matières se dégradent et pour pouvoir correctement lire le taux de MO. Concernant le pH, lorsque le sol a un taux de MO autour de 3,5-4 %, le pH est tamponné autour de 6-7,5.
Une analyse de sol ne permet de mesurer que les éléments disponibles lessivables, puisque le sol est “lavé” en laboratoire et qu’on mesure seulement les éléments dans la solution de “rinçage”. Or les éléments lessivables ne correspondent pas à l’ensemble des éléments disponibles, par exemple l’activité biologique amène aussi des éléments (symbioses fixatrices, etc.). L’analyse de sol ne permet donc pas de connaître les quantités d'éléments disponibles (azote, phosphore, etc.). Il faut d’ailleurs prendre garde à bien mélanger les différents premiers horizons du sol pour faire un prélèvement de sol en vue d’une analyse en laboratoire. En sachant qu’un apport de matières organiques bien proportionné fournit l’ensemble des minéraux nécessaires aux besoins des plantes, on retient donc surtout le taux de MO sur son analyse de sol.
Lire une analyse labo
Remarquons qu’en majorité dans le groupe du GIEE MSV Normandie, les indicateurs sont tous dans le vert : des sols riches en matières organiques garantissent de bons résultats ! La vie rétablira les petits déséquilibres. L’important reste de vérifier que la vie du sol est active : température, air, eau et substances toxiques (métaux lourds - hydrocarbures - etc) sont les paramètres de l’équation fertilité. La variable est la quantité et la qualité des matières organiques apportées.
Analyse physique et de constitution du sol
- Capacité d'Echange Cationique (CEC) : Elle représente la taille de l’espace de stockage des éléments chimiques du sol. Elle dépend du taux d’argile mais surtout du taux de matière organique.
- Taux de matière organique & carbone : dosage du carbone présent dans le sol par oxydation. Puis calcul du taux ainsi :MO = 1.72 x C.
- Texture : le ratio argile/limon/ sable donne le tempérament de votre sol. La vie du sol diffère suivant la texture, d’où la nécessité d’adapter la stratégie de fertilisation. Un sol sableux contient en moyenne moins de vers de terre qu’un sol limoneux et stocke moins la matière organique.
- Azote Kjeldhal : azote organique contenu dans notre sol, bien différent de l’azote rapidement mobilisable. Néanmoins, ce chiffre donne une idée du stock.
- C/N : un C/N trop élevé indique que la chaîne de décomposition ne va pas jusqu’au bout. Ce rapport se situe habituellement entre 8 et 15. Le compost déjà digéré est en moyenne à 10.
Analyses chimiques/fertilité chimique du sol
PH: mesuré après mise en solution du sol. Le pH évolue au fil des saisons, de l’humidité du sol...
et de la distance à la racine. Les différentes espèces en présence déterminent le pH.
Répartition des cations sur la CEC
L’important n’est pas tant la valeur absolue de concentration des nutriments mais bien la répartition sur la CEC. « Le frigo est rempli, mais de quoi ?» Un équilibre est recherché dans les répartitions K/ Mg/Ca.
Voici les seuils critiques pour chacune des bases en fonction du type de sol :
Catégories de sols | % de saturation idéale
| ||||
---|---|---|---|---|---|
Ca2+ | Mg2+ | K+ | Na+ | H+ | |
Sols lourds
CEC > 23 meq/100 g sol |
80 – 95 % | 10 – 15 % | 2,5 % | < 1 % | 5 – 10 % |
Loams
CEC = 10 à 23 meq/100 g sol |
60 – 70 % | 10 – 12 % | 2,5 – 3,5 % | < 1 % | 20 % |
Sols légers
CEC < 10 meq/100 g sol |
20 – 30 % | 6 – 10 % | 4 – 5 % | < 1 % | 60 – 75 % |
Tous les sols dont le pH
n’est pas trop acide |
65 – 85 % | 6 – 12 % | 2 – 5 % | < 1 % | 10 – 26 % |
Attention, le % de saturation pour chaque base se calcule de la façon suivante : (meq /100 g. sol ÷ CEC) x 100
Or, pour convertir les valeurs de l’analyse en « kg/ha » en valeurs de « meq/100 g. sol », soit les mêmes unités que la CEC, on doit d’abord effectuer les opérations suivantes :
- K : kg K/ha ÷ 876 = meq K /100 g. sol
- Mg : kg Mg/ha ÷ 272 = meq Mg /100 g. sol
- Ca : kg Ca/ha ÷ 448 = meq Ca /100 g. sol
Equilibre entre les éléments minéraux :
Rapports |
Équilibre entre les éléments
(meq/100 g sol) | ||||
---|---|---|---|---|---|
Insuffisant | Acceptable | Optimal | Fort | Trop fort | |
Ca/Mg
Plantes acidiphiles |
< 1 | 1 – 2 | 2 – 9
0,8 - 5 |
10 – 30 | > 30 |
K/Mg | < 0,05 | 0,05 – 0,10 | 0,10 – 0,50 | 0,5 – 1 | > 1 |
(Ca + Mg) / K
Plantes acidiphiles |
< 12 | 12 – 15 | 15 – 30
6 – 8 |
30 – 40 | > 40 |
Attention, les rapports se calculent en « meq/100 g sol ». Il faut donc convertir les « Kg/ha » en « meq/100 g. sol ».
« C’est dans les sols à faible CEC qu’il faut davantage tenir compte de l’équilibre entre les cations échangeables. » (Doucet, 2006. p.329)[1]
Aller plus loin avec les plantes bio indicatrices
Pour conclure ce chapitre, nous vous proposons une approche nouvelle basée sur la lecture de la flore habitant vos parcelles. Les plantes bio indicatrices, en plus de proposer une compréhension plus intégrative de l’écosystème dans lequel vous allez produire, offrent une clé de compréhension supplémentaire dans le diagnostic du sol de votre territoire. Suivant le travail de Gérard Ducerf, les plantes présentes de manière spontanée sur une parcelle sont un indicateur clé de la qualité d’un sol. En effet, une plante entame sa pousse grâce à la levée de dormance, phénomène lors duquel la graine germe. Cependant chaque espèce de plante a ses propres conditions de levée de dormance.
Les plantes ne colonisent jamais un sol au hasard. Connaître les critères qui favorisent leur installation permet de comprendre
sur quel type de sol elles poussent. Voici quelques exemples :
La présence de certaines espèces peut indiquer des déséquilibres :
- La carence d’un sol en argile pour la petite oseille (Rumex acetosella)
- La pauvreté d’un sol en argile et en MO pour la spergule des champs (Spergulas arvensis)
- Le tassement des sols pour le grand plantain (Plantago major),...
D’autres espèces peuvent au contraire nous assurer de la bonne santé d’un sol :
- Un bon équilibre du complexe argilo-humique pour le mouron blanc (Stellaria media) ou encore le lotier corniculé (Lotus corniculatus).
ATTENTION
En revanche, la lecture de son sol par le biais de plantes bio indicatrices nécessite une identification précise de celles-ci, en se référant aux ouvrages spécialisés. En effet, bien que sur les 60 espèces de rumex, 59 soient indicatrices de problématiques du sol, la grande oseille (Rumex Acetosa) témoignera à l’inverse d’une excellente qualité de prairie et peut être difficile à différencier de ses congénères.
Comment réaliser un diagnostic de sol par plantes bio indicatrices ?
Selon Gérard Ducerf, lors d’une évaluation de sol par les plantes bio indicatrices, on peut obtenir un diagnostic complet : estimation du pH, quantité de bases dans le sol, taux de MO, activité biologique...
Le diagnostic se réalise en trois étapes :
- L’inventaire des espèces présentes sur un m² (zone relativement homogène et représentative de la parcelle à étudier)
- L’association de chaque espèce à un coefficient de recouvrement pour déterminer la significativité de sa présence. Ce coefficient varie entre 1 et 5 selon le pourcentage de recouvrement de la surface du sol par la plante (100 % pour un coefficient 5, 75 pour 4, 50 pour 3, 25 pour 2 et moins de 25 pour 1). Si la plante n’est présente que par quelques pieds épars on lui attribue seulement le signe +.
- L’analyse des caractéristiques de la parcelle.
Points de vigilances
Il faut avoir au minimum 6-8 espèces pour pouvoir réaliser un bon diagnostic. La meilleure période pour réaliser les diagnostics est lorsque le maximum de plantes sont aux stades fleurs, c'est-à-dire à la fin du printemps. Cette méthode donne un résultat uniquement qualitatif du sol.
Pour aller plus loin
- Fascicule des conditions de levée de dormance des plantes bio-indicatrices, Gérard Ducerf et Miguel Neau, Briant : Editions Pro- monature, 2015.
- L’Encyclopédie des plantes bio-indicatrices alimentaires et médicinales. Guide de diagnostic des sols, Gérard Ducerf, Volumes 1 à 3, Promonature 2013-2014.
- Vous pouvez également vous reposer sur l’application SoilDiag facilitant la reconnaissance visuelle des plantes et le diagnostic, disponible sur Google Play et sur l'App Store.
- Diagnostiquer la santé des sols : la boîte à outils - Ver de terre production.
- Démarrer en maraîchage sol vivant
- Le cycle de la fertilité des sols
- Les vers de terre dans l'écosystème sol
- Diagnostic de son sol
- Stratégie de gestion de la fertilité
- Réaliser son bilan humique
- Gérer l'enherbement en maraîchage sol vivant
- Gestion des maladies et des ravageurs en maraîchage
- Conditionnement et conservation des légumes
- Commercialisation et transformation en maraîchage
- Produire ses propres semences
- L’installation en MSV
- Conversion en MSV
- Jardin amateur
- Verger maraîcher
- Avoir un atelier poules pondeuses
- Introduction aux itinéraires techniques
- Conseils de maraîchers sol vivant
Sources
Faire une analyse de sol pour évaluer la structure et la fertilité d’une terre agricole, Agroleague