EARL Lozier

De Triple Performance
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Comment mettre le même template que sur la ferme de Longueil? et comment ajouter les icônes?


entre 30 et 60 cm de limons

Spécificités

  • Economie en intrants azotés tout en maintenant les marges
  • Pilotage dynamique de l'azote
  • Réflexion agronomique à l'échelle de la rotation
  • Réflexion systémique au niveau économique
  • Mélange des variétés de blé
  • Décalage dates de semis

Enjeux locaux

  • Zone vulnérable nitrates
  • usage élevé de phytosanitaires

Historique de la ferme

Lorsque son père prend sa retraite, en 1990, Jean Bernard, alors âgé de 33 ans, transmet son élevage de volailles à sa nièce (qu’il transformait et vendait en vente directe) pour reprendre la ferme familiale. Les doutes quant à la viabilité économique de la ferme émises par les conseillers de gestion ne le dissuadent pas, et le motivent à se fixer des objectifs sociaux, économiques et environnementaux, dans le sens d'un système d’agriculture davantage agroécologique. Pour commencer, ce dernier agrandit la surface cultivable pour arriver à 80 ha.

Animé par le désir de protéger l’environnement et par une appétence pour l’agronomie (étant diplômé d’un BTS en production végétale), il souhaite monter en compétences pour pouvoir être maître des décisions sur sa ferme. “Je suis pas chauffeur de tracteur c'est moi qui prend la décision j'assume mes erreurs” exprime-t-il.

Etapes de transition

  • 1995-2000 : Jean Bernard intègre le “Groupe agriculture intégrée”, un groupe réunissant des agriculteurs souhaitant adopter des conduites de cultures "bas intrants » à la suite d’un Plan de Développement Durable (PDD) “Vallée de l’Eure” en grandes cultures, animé par Bertrand Omon (conseiller de la chambre d’agriculture de Normandie). Il avaient plus précisément pour objectif de :
    • Baisser engrais de synthèse
    • Baisser produits phytosanitaires
    • Tout en augmentant la marge brute (c’est cette dernière qui est analysée et non pas le rendement)


Par exemple, ils commenceront par réduction des intrants sur blé (hors herbicides) sans rien changer dans le système de culture global, grâce au travail au niveau des itinéraires techniques. Cela a permis aux agriculteurs, en temps réel, de tester puis d’adopter et d’ajuster chez eux l’itinéraire blé “bas intrants-intégré”.

Ce travail à l’échelle de l’itinéraire permet des progrès importants. Par ailleurs, le blé représente environ 50 % des assolements du groupe : des progrès sur le blé et le colza se transforment rapidement en progrès sur le système de culture. Ainsi, avec au départ un assolement constitué de Colza - Blé - Orge (+ parfois pois protéagineux), Jean Bernard transitionne rapidement à l'échelle de son système.

  • 2006 : Le groupe décide de travailler sur la gestion des adventices. Cette thématique a favorisé l’approche systémique des systèmes de culture au sein du groupe.
  • 2022/2023 : Signature d'une MAE : couverts systématiques post récolte (minimum onze mois sur douze )
Schéma systémique des objectifs de l'agriculteur - chambre d'agriculture de l'Eure



Leviers employés dans la transition de système

Ce n’est donc qu’à partir d’un deuxième temps que les agriculteurs du groupe commencent à travailler à l’échelle du système. Certains; comme Jean Bernard réfléchissent particulièrement à l’allongement des rotations et diversification des cultures (grâce aux aides Contrat Territorial d’Exploitation (CTE) puis de la PAC) :

  • féverole de printemps
  • lin oléagineux de printemps
  • lin textile de printemps
  • orge de printemps

D’autres questionnements se font au niveau de la précocité des semis (ex : colza mi - août) puis sur la densité de semis du blé.

D’autres enseignements sont acquis comme:

  • Pas plus d’une année sur quatre de colza – souvent une sur six - parfois sans colza.
  • 100% céréales en itinéraire type intégré
  • Absence de second blé
  • Avec labour plus ou moins alterné avec des TCS

Système actuel

Pour aborder les problématiques sur sa ferme, Jean-Bernard met en place une approche systémique :

  • 11 cultures
  • Rotation de 8/9 ans
  • Alternance entre cultures de printemps, cultures d'hiver et familles de cultures (légumineuses, céréales, brassicacées etc.)
  • Non labour avant les semis d'automne
  • Cultures de printemps : labour quasiment systématique

Objectifs

  • Objectifs de rendement bas : "Je pars sur des objectifs de rendement de 65 quintaux pou du blé par exemple. Alors je disais tout à l'heure que la moyenne rendement ici c'est 80/85 quintaux. Donc on voit que je suis quand même avec des objectifs plus bas."
  • Diminution des apports d'azote:
    • Suivre les besoins de la culture : "L'idée c'est de mettre le sol dans les meilleures conditions possibles pour qu'il nourrisse ma plante naturellement. Et puis après, contrairement à l'agriculture biologique, je m'autorise à venir donner le petit coup de petit coup de pouce qui va aider à ce que ce soit mieux"
    • Apporter seulement quand il est nécessaire : "Pour le maïs sur le secteur, ici maïs non irrigué sud de l'Eure, je sais que je ne peux pas espérer faire des rendements délirants, donc vu que je n'aurai pas les rendements, c'est pas la peine que j'amène de l'azote. Voilà, l'approche est comme ça, mais elle est sûrement beaucoup plus pointue sur le blé et sur l'orge d'hiver."
    • Empêcher le lessivage de l'azote et préserver les nappes phréatiques : "L'idée c'est de ne pas dépasser 60kg de solde en azote/ha"explique-t-il.
  • Herbicides en dernier recours : "Je ne pratique pas l’agriculture biologique car je ne m’interdis pas, en dernier recours, le glyphosate mais je cherche à comprendre les interactions naturelles du sol."
  • Impasse sur les insecticides et forte réduction des fongicides.
  • Diminuer le fioul et plus globalement les énergies fossiles (réduction du nombre de passages) plus d'insecticides et plus de fongicides depuis 5 ans.


Assolement 2022


"Longtemps, on a fait du maïs ici. Mais maintenant, c’est compliqué, avec les sécheresses à répétition. Donc j’ai remplacé par le sorgho, qui demande moins d’eau."

Rotation type


Le lin et le pois :

"On a fait des petits essais de désherbage mécanique à la hersé étrille... c'est compliqué! Alors on discute avec des agriculteurs bio de Seine-Maritime qui font du lin en bio et qui arrivent à faire. Moi, je ne sais pas faire encore usage des herbes, donc c'est 1 IFT. Les pois de je ne sais pas faire non plus."

Le Sorgho :

le sorgho, il est capable de supporter peu de un peu de sel, de mauvaises herbes.

Émission de gazes à effet de serre  :


Jean-Bernard consomme 60 litres hectare (hors récolte), mais dans sa réflexion holistique de gestion de ses cultures il a conscience qu'une grande partie de l'émission de GES est généré par les engrais de synthèse (à la fois lors de leur épandage et dans son processus de fabrication). Dans se sens il diminué sa dépendance aux engrais de synthèse et augmente l'efficacité des apports en employant la méthode Appi-N.

Protection des cultures

  • Maïs, Sorgho, Tournesol : Il y a des "pigeons corbeaux. Donc là, il y a un groupe de chasseurs dans le secteur qui aime bien s'amuser avec les animaux. L'idée, c'est quand même de semer ces cultures là au moment opportun, de façon à ce que à ce que ça démarre très très vite. Parce qu'en fait, c'est ça le problème, c'est quand la culture, elle patine les prédateurs en profitent."

Dans une approche système, l'IFT représente le niveau de la lutte chimique rendu nécessaire "en dernier recours" pour gérer les bioagresseurs et de que le système de culture n'a pas pû géré lui-même.

Culture IFT total 2022 dont IFT Tt semence
Blé tendre d'hiver 1,18 0,36
Colza hiver 1,21 0,22
Lin fibres de printemps 1,72 0
Mais grain 1 1
Orge d'hiver 0,82 0,33
Orge de printemps 1,13 0,3
Pois de printemps 1,17 0
Sorgho à grains 2,85 1,07
Tournessol 1 1

En moyenne, sur 90 ha, l'IFT est de 1,35 au total (0,98 herbicides et 0,37 hors herbicides).

Nous pouvons observer que par rapport à la moyenne des groupes Dephy, la ferme de Jean Bernard et la moyenne des fermes de son groupe et bien inférieure :

IFT Total du groupe Eure 2009 - 2020 (Schéma de Bertrand Omon)
IFT hors herbicides, groupe Eure 2009-2020 (Schéma de Bertrand Omon)

Biodiversité

Avec une couverture quasi permanente du sol, la présence de 3 ha de jachère, la plantation de 4km de haies et 3km de jachère mellifère le long de certaines cultures, l'intérêt se trouve aussi du point de vue de la biodiversité, d'offrir du gîte et du couvert aux populations d’insectes et d’animaux sauvages. "Les perdrix pourront par exemple se mettre à l’abri et couver. Ce n’est pas forcément comptabilisable, mais on voit pas mal de vie dans mes champs. Un apiculteur m’a remercié, car, grâce à cela, il n’a plus besoin de nourrir ses abeilles en hiver." livre-t-il à un journaliste de la Dépêche d'Evreux.

Accompagné par Yann Pivain, chargé de mission agroforesterie et biodiversité la chambre d'Agriculture de Normandie, dans la démarche de plantation des haies, l'objectif était dans ce sens de capter les effets positifs de la haie : effet coupe vent, découpage des parcelles et atténuation des impacts du dérèglement climatique. Des jeunes plans d'essences locales ont été pris à Alençon à la fois pour des raisons économiques et dans une logique de bon développement équilibré entre la partie racinaire et aérienne de l'arbre.


PHOTOS HAIES A PRENDRE


Comptage de vers de terre chez Jean Bernard
Comptage de vers de terre chez Jean Bernard


Equipements et bâtiments


Pas les hangars, pas la structure et vaut pas le coût.


Marges brutes par culture

Jean Bernard réfléchit à l'échelle de la marge globale sur le système et non de la marge par culture. Nous pouvons observer que les marges des cultures de printemps ne sont pas très bonnes mais elles ont d'autres atouts à l'échelle du système :

  • Moins d’azote à mettre sur les cultures d’automne
  • Moins d'adventices donc moins d’herbicides (grâce à la diversification des familles espèces de cultures, et de la couverture permanente du sol)

Cela peut aboutir à une baisse de rendements pour certaines cultures mais face à l'importante réduction des charges, ces marges seront équivalentes à des systèmes purement conventionnels.

Son conseiller à la chambre, Bertrand Omon, renchérit lors de l'entretien: " Quand on compare résultats avec les avec les résultats centres de gestion, la marge est identique à un pôle d'agriculteurs conventionnels. (...) Parce que les deux effets principaux de la marge, ce n'est pas la conduite des cultures, c'est l'effet du prix de l'année et l'effet du millésime de l'année, c'est à dire les rendements spontanés. Et ça, c'est quelque chose sur laquelle il faut absolument insister auprès de tout le monde. La façon de conduire les cultures, sauf si on fait n'importe comment et qu'on fait pas attention, compte très peu par rapport à ces effets qui sont le prix des denrées de l'année et le millésime qui fait que c'est plus ou moins favorable une année."

Comparaison des marges brutes et charges opérationnelles avec les moyennes CER Est et St André 2010 - 2019 (Bertrand Omon)


Exemples de marges brutes 2022 :

Dans le sud du département, on a souffert du manque d’eau et des grosses chaleurs en juin. Le blé a mûri trop vite et les rendements ont été très moyens. Pour nous, c’est une mauvaise année. On est entre -10 et -15 % par rapport à une année moyenne.

Le lin a mal poussé du fait d’une alternance entre temps froid, sec puis chaud. Il était court quand on l’a arraché, en juillet", explique Jean-Bernard Lozier. L’humidité est ensuite nécessaire pour le "rouissage" du lin, le développement naturel des champignons qui vont permettre de décoller l’écorce de la tige, afin de faciliter l’utilisation des fibres. « Là, on a tellement d’humidité qu’on ne peut pas le ramasser, déplore l’agriculteur. Les mauvaises herbes repoussent et le lin au sol se retrouve enfoui. Ça fait quinze jours qu’on ne peut rien faire. Il risque de perdre de sa qualité."


Evolution économique de la ferme

Conclusion et conseils pour se lancer

"Le propre de notre métier est de travailler avec la nature, juge Jean-Bernard Lozier. Il faut être humble par rapport au climat. À nous de nous adapter et de trouver les solutions face à ces événements. » "Tout est une affaire de compromis essayer d'avoir le moins possible un impact négatif sur la nature"


Sources

Entretien réalisé le 10/10/23

Article Ouest France : "Dans l’Eure, il cultive du blé sans glyphosate", Guillaume Le Du, Publié le 08/03/2020 à 11h22 https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/dans-l-eure-il-cultive-du-ble-sans-glyphosate-6274785

L’évaluation pour accompagner la transition des systèmes de culture : le cas d’un groupe d’agriculteurs DEPHY dans l’Eure, Bertrand Omon; Chambre d’agriculture de Normandie https://agronomie.asso.fr/aes-11-1-10

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