Intégration de couverts végétaux dès la première année d'installation en maraîchage

De Triple Performance
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Destruction du couvert d'été sorgho fourrager - trèfle d'Alexandrie.jpg


Premiers essais en couverts végétaux du GAEC Légumes en Salat, menés par Florian Bégard et Thomas Broué. Récemment installés en maraîchage bio sur une parcelle de 1,6ha à Montsaunès (31), ils nous expliquent leurs motivations et objectifs dans l’utilisation de couverts végétaux en plein champ.

Parcours

Florian BEGARD et Thomas BROUE, tous les deux diplômés de l’ENITA de Clermont-Ferrand, se sont installés en GAEC très récemment, en février 2021, sur la commune de Montsaunès (31).  Avant cela, Florian était conseiller en grandes cultures au sein d’une coopérative bio en Normandie, et Thomas professeur d’agronomie au lycée agricole de Toulouse. Leurs expériences professionnelles se ressentent dans leur envie de partager dès aujourd’hui leurs motivations, récentes expériences et plans de gestion de leur exploitation.

Installés en tant qu’exploitants à titre principal, Thomas et Florian louent 1,6 ha de terres à un céréalier en agriculture biologique et mettent en place leur atelier de maraîchage bio sur 8 600 m² de plein champ et 1 740 m² sous serres, sur une ancienne parcelle d’orge de printemps.

Présentation du GAEC Légumes en Salat

La Ferme en bref

  • 1 atelier : Maraîchage
  • UTH : 2
  • SAU : 1,6 ha
  • Surfaces cultivées en légumes :
    • Plein champ : 8 600 m²
    • Sous serres : 1 740 m² (3 bitunnels de 30m x 19,20m)
  • Sol limono-argileux
  • Commercialisation :
    • Objectif à court terme : circuits courts, vente directe et semi-directe. 20 à 40 paniers /semaine sur abonnement, paniers sur commande et vente à des restaurateurs, primeurs locaux et Carrefour Contact de Salies en Salat.
    • Objectif final : 100 % vente directe à la ferme avec magasin ouvert 2-3h/j, 2-3j/semaine.


Irrigation

Thomas et Florian ont choisi de mettre en place une retenue d’eau afin de récupérer les eaux de pluie (et de rosée) du hangar et des serres, afin de minimiser l’utilisation de l’eau du réseau au coût plus important. La très prochaine installation d’une pompe permettra ainsi d’alimenter les 18 lignes d’irrigation installées sur les planches de culture. Chaque ligne permettra d’arroser 6 planches de culture.


Schéma du système avec irrigation

Système en planches permanentes

Thomas et Florian mettent en place un système de cultures en planches permanentes.

Ainsi, les roues du tracteur et les humains passent toujours au même endroit, ce qui évite notamment le tassement du sol cultivé et limite les effets négatifs induits sur la structure et la vie du sol. Cela permet aussi une gestion individuelle des cultures et donc une diversification des productions.

  • Longueur des planches : 40 m en plein champ, 30 m sous serres
  • Largeur des planches : 1 m
  • Largeur des passe-pieds/roues : 40 cm
  • En plein champ : une ligne d’irrigation correspond à 6 planches de cultures. Cette ligne est centrale : elle arrose les 2x3 planches réparties de part et d’autre. Une bande fleurie a été semée sur chaque ligne d’aspersion.
  • Sous serres : système par 5 planches, irrigation en goutte à goutte et aspersion.


Approvisionnement en semences et plants

  • Pour les couverts végétaux : Coopérative Agricole des Producteurs de la Lèze et de l’Arize.
  • Pour les bandes fleuries : Barenbrug et Saatbau.
  • Pour les cultures de légumes : Agrosemens (semences), En’Vert de Terre (plants)


Conditions pédoclimatiques


Florian et Thomas ont expérimenté cette année que le travail du sol est possible lorsqu’il est encore humide de la dernière pluie (mais pas trop mouillé). S’ils attendent trop, des croûtes et mottes peuvent se former. Leur sol est fragile (car beaucoup de limons), leur intérêt à couvrir le sol avec des végétaux est d’autant plus grand pour le protéger.

Niveau de mécanisation

Actisol

Thomas et Florian sont équipés pour un travail du sol plutôt superficiel (dans l’idéal seulement sur les 10 premiers cm) et pour l’épandage de matière organique telle que la tonte, le BRF ou encore le compost de déchets verts.

  • Broyeur à axe horizontal, notamment utilisé pour la destruction des couverts végétaux
  • Actisol, idéal pour leur système en planches permanentes. Largeur globale (avec tracteur) : 1,80 m. Les pattes d’oie font un travail de scalpage superficiel, les lames coupent les adventices. Il est possible de travailler plus en profondeur en montant des socs plus étroits. Les deux disques latéraux permettent de buter la terre pour former la planche. Des dents vont être ajoutées sur les côtés afin de gérer les adventices présentes sur les côtés des planches et les passe-pieds.
    Semoir manuel
  • Rouleau cultipacker, utilisé ici après semis du couvert d’été, sur les parcelles où les planches permanentes n’étaient pas formées.
  • Semoir manuel
  • Houe maraîchère Terrateck
  • Rouleau préparateur (perforateur) Terrateck (pour les planches déjà formées)
  • Désherbeur thermique Terrateck
  • Godet hydraulique, notamment pour charger les tonnes de tontes, BRF et compost
  • Binettes, croc, etc.
  • Motteuse, pour production de leurs propres plants
    Houe maraîchère
    Vibroculteur
Rouleau préparateur (perforateur)
Rouleau cultipacker
Désherbeur thermique

Motivations

L’intégration de couverts végétaux dans leur planification culturale est motivée par la protection du sol, et l’amélioration de la fertilité et structure du sol, grâce à un apport en biomasse aérienne et souterraine des couverts.

Objectifs des couverts végétaux

  • Production de biomasse : apports de MO fraîches, minéralisation de l’azote
  • Stabilité structurale du sol
  • Protection du sol
  • Concurrence aux adventices (le panic notamment)


Mise en pratique

Thomas et Florian ont fait le choix d’implanter des couverts végétaux sur leurs parcelles en plein champ dès le début de leur installation pour différentes raisons. Semer des couverts sur une parcelle laissée en friche après une culture d’orge a d’autant plus d’intérêts, afin de transitionner tranquillement vers la culture maraichère (concurrencer les graminées prairiales, améliorer le sol avant d’implanter des cultures de légumes). Ils préfèrent prendre le temps dans leur installation en utilisant les effets bénéfiques des couverts, tout en lançant leur production de légumes au fur et à mesure.

Couvert d'été broyé, bande fleurie centrale

Ils ont donc semé au total des couverts d’été sur 2000 m², sur 2 parcelles en plein champ :

  • l’une de 400 m², qui accueillera les premiers légumes d’hiver,
  • l’autre de 1 600 m², qui enchaînera avec un couvert d’hiver. Cette parcelle, plus grande, a subi un tassement du sol plus important dû aux passages répétés de machines lourdes évacuant la terre pour la création de la retenue d’eau ; ce qui justifie un intérêt plus important pour l’enchaînement de couverts végétaux et une implantation de cultures de légumes plus tardive.


Dans l’idéal, il s’agit de semer des couverts dès qu’il y a de la place sur de grandes zones, en prenant en compte le temps de disponibilité de la parcelle avant d’accueillir des légumes. Le recul sur les rotations n’est pas encore d’actualité, mais l’intention de couvrir le sol au maximum y est.

Aujourd’hui, les maraîchers ne sont pas certains d’implanter des couverts végétaux sous-serres, cela dépendra de la place disponible par rapport aux cultures de légumes. Ils ont aussi d’autres opportunités d’apports en MO avec le paillage et le compost de déchets verts.

Les semis des couverts végétaux se font à la volée, sur sol nu, avec idéalement une stratégie opportuniste selon la météo : avant une pluie.


Pour le moment, les couverts d’été semés sont :


Les couverts d’automne/hiver prévus sont :


Point irrigation

L’irrigation des couverts végétaux est primordiale pour une levée homogène, comme pour toute autre culture. C’est un facteur de réussite non négligeable et Florian et Thomas l’ont testé cette année en combinant semis des couverts et prévision de pluies. L’irrigation n’était pas encore en place au moment de l’implantation des couverts, mais les pluies sur les mois d’avril, mai et juin 2021 ont permis la réussite des couverts. En moyenne, 30 mm sont tombés, répartis sur la semaine après chaque semis.


Détails des précipitations sur la période du semis n°2 (22/06/21)
Détails des précipitations sur la période du semis °1 (27/04/21)

Bande fleurie

Bande fleurie entre le couvert d'été non broyé (à gauche) et broyé (à droite), juillet 2021


  • Implantée toutes les 6 planches, sur les lignes d’aspersion.
  • Composition : mauve, bourrache, trèfle, tournesol, sarrasin, phacélie
  • Semis dès mi-avril
  • Destruction : broyage / débroussaillage à la fin de l’été


Mélange sorgho fourrager / trèfle d’Alexandrie

Couvert d’été, semé à la volée, en plein champ

Objectifs

  • Apports de biomasse
  • Maintien de la structure du sol
  • Protection du sol


Itinéraire technique

  • Date de semis : 27/04 et 22/06/2021
  • Précédent cultural : friche, graminées prairiales spontanées après l’ancienne culture d’orge.
  • Densité de semis : sorgho fourrager environ 50kg/ha, trèfle d’Alexandrie : 19kg/ha
  • Méthode de préparation du sol et outils utilisés :  
    • Décompactage puis scalpage à l’actisol (déchaumage superficiel) permettant de se débarrasser en partie des graminées prairiales restantes.
    • Le jour du semis : un passage au vibroculteur.
  • Semis à la volée
  • Roulage, pour assurer un bon contact graine/terre. Dans ce contexte, passer le rouleau était indispensable notamment du fait des mottes créées par un travail du sol en conditions un peu trop sèches.
  • Irrigation : avec les pluies, en moyenne 30 mm apportés sur la semaine après semis. Stratégie opportuniste qui peut être adaptée au besoin (si peu de pluies) avec une irrigation.
    Destruction du couvert sorgho fourrager / trèfle d'alexandrie, juillet 2021
  • Date de destruction du couvert :
    • Pour le couvert semé fin avril (semis n°1) : 16 juillet
    • Pour le semis n°2 : prévoir de le détruire un mois avant les plantations d’automne les plus tardives (fin septembre) et / ou enchaînement avec un couvert d’hiver si les planches ne sont pas remplies.
      • Mélange moutarde blanche, trèfle d’Alexandrie et radis fourrager. Semis fin d’été, avant mi-septembre. Destruction mi-février
      • ou Mélange féverole, phacélie, et seigle. Semis mi-novembre).
  • Stade du couvert avant destruction : hauteur sorgho ~ 1,40m. Dès que le sorgho est arrivé à épiaison, broyage avant qu’il graine.
  • Méthode de destruction et outils utilisés : broyeur à axe horizontal avec rouleau à l’arrière qui appuie un peu. Facile à détruire. Puis bâchage du couvert broyé, directement après destruction pour garder l’humidité. Compter 1 mois de bâchage.
  • Cultures suivantes :
    • Semis n°1 : premiers légumes d’hiver blette, salade, etc. en culture bâchée. Implantation mi-août.
    • Semis n°2 : plantations d’automnes les plus tardives.

Il est possible d’’effectuer plusieurs coupes du sorgho pour amener plus de biomasse (plus riche en azote), mais le but ici est d’implanter des légumes assez tôt et le temps de bâchage doit être pris en compte.

Autre gestion intéressante : le paillage

Florian et Thomas ont la possibilité d’être fournis en tontes et BRF par un paysagiste local. Ils se servent de cette opportunité pour pailler leurs cultures.

Exemples :

Culture de poireaux : un 1er désherbage mécanique puis paillage au BRF

Culture de choux ou de courges : paillage avec tonte et BRF

Cultures de courges et d’oignons : paillage avec compost de déchets verts


Les Légumes en Salat vous donneront des nouvelles de leurs couverts végétaux à mesure que leurs expériences s’enrichiront !

Annexes

Leviers évoqués dans ce système

Matériels évoqués dans ce retour d'expérience

Cultures évoquées


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