La Fair'Ma Part
ITK Maraîchage Sol Vivant
Ariane Aubert, Julien Wuillot
Ariane et Julien ont commencé par défricher cet ancien pré caché au milieu des vignes, qui avait été envahi par les prunelliers, les saules et les ronces. Ils ont conservé un certain nombre d'arbres anciens (chênes, saules tétards...) et relèvent le défi de cultiver ces terres en s'inspirant des exemples connus en permaculture et agroforesterie. Ils ont créé une SCEA, et vendent leurs produits en vente directe uniquement, aux restaurants et particuliers.
Présentation générale de la ferme
Chiffres clefs
- Année d'installation : 2019.
- Statut : SCEA.
- Formation : BPREA et licence AB.
- Travail du sol : Non.
- Surface cultivée en plein champ : 0,45 ha.
- Surface cultivée sous abris : 0,024 ha.
- UTH : 1,5.
- Temps de travail en pleine saison/UTH : 50 h / semaine.
- Temps de travail en hors saison/UTH : 30 h / semaine.
- Congés/an (hors week-end) : 2 semaines.
- Cahier des charges : Agriculture Biologique, sans traitement, MSV.
- Historique du terrain : Ancienne friche, en contre bas des vignes. Avant d'être une friche, le terrain était occupé par des potagers et des vergers familiaux.
- Production : Cultures de saison uniquement (pas d'achat-revente) :
- Poireaux, choux (Chou-fleur, pointu, rouge, brocoli, Bruxelles, vert et le classique cabus pour choucroute ou consommation directe, tomates, concombres, navet rose, haricots verts, carottes, épinards, courges, pommes de terre, salades, mesclun, poivrons, radis d'hiver (noirs et verts), petits pois, fenouil, aubergines, échalotes, oignons, ail.
- En aromatiques : Basilic, persil, oseille, thym, sauge officinale, verveine citronnelle, romarin, menthe.
Les maraîchers
Julien est paysagiste de formation, il a exercé plusieurs métiers, mais a été principalement saisonnier en montagne pendant 12 ans. Ariane est une globe trotteuse, après DUT bio, puis une formation en administration solidarité internationale (Bac+4), elle a exercé différents métiers à travers le monde. Ils se sont rencontrés en 2015 sur les pistes de ski, dans des paysages idylliques et pourtant défigurés par l’activité commerciale. Ca a été leur déclic, ils ont décidé de changer le monde à leur échelle et de se lancer dans le maraîchage. Julien a passé son BPREA en 2017 en Alsace, suivi de Woofing et de salarié en tant qu’ouvrier en horticulture et maraîchage dans le village où ils s’installeront un an plus tard. Ariane l’a rejoint en 2019, en se formant sur le tas, elle reste jusqu’à cette année à 50% sur la ferme et à 50% ouvrière dans un vignoble du village.
Objectif à l'installation
C'est l’histoire d’un projet commun né entre un vigneron du village et une entreprise adaptée pour personnes handicapées : lancer des cultures maraîchères respectueuses de biodiversité, inspirées des exemples connus en permaculture et agroforesterie. Sur un ancien pré au milieu des vignes, ils réunissent une dizaine de propriétaires pour obtenir une surface cohérente. En 2018, Julien y arrive en tant que salarié et participe au défrichage de la parcelle puis en réalise le design et forme les premières équipes. Ariane le rejoint en 2021 et ensemble ils créent une SCEA, dont l'entreprise adaptée est toujours associée.
Sources d'inspiration
Maraîchage Sol Vivant (MSV) est leur plus grande inspiration: c'est grâce aux partages réalisés et diffusés dès 2014 qu'ils ont été convaincus par le maraîchage et qu'ils se sont initiés. Jean-Martin Fortier et Fermes d'Avenir ont aussi été source de beaucoup de connaissances. Maintenant qu'ils sont dans le métier, le réseau d'agriculteurs locaux est un soutien indispensable pour le partage de connaissances et l'entraide agricole. Le fait d'être maraîchers dans une zone presque uniquement viticole y est pour beaucoup : ils ont réussi ici à se tisser un vrai réseau, solide et efficace.
Pourquoi le MSV :
- Qualité des légumes et des sols.
- Bien-être général dans le travail, équilibre entre valeurs, travail et choix de vie.
- La stimulation de l'observation, retrouver le bon sens paysan avec les explications scientifiques, le fait de travailler sur un système qui nécessite encore des expérimentations et des améliorations.
Installation en MSV
En 2019, une première partie de la friche a été débroussaillée (env 500h de travail), et l'ensemble du bois a été broyé et enfoui dans le sol à 30 ou 40 cm : il n'y a pas eu de dessouchage et de gros débris ont été incorporés : ces débris ont rendu le travail sur les parcelles compliqué pendant plusieurs années. La seconde partie du jardin a été défrichée en 2020, cette fois, les débris n'ont pas été enfouis mais mis en tas pour compostage et usage ultérieur. Des planches permanentes homogènes de 15 ou 30m x 1m ont été construites au motoculteur. Elles n’ont pas été faites trop hautes pour éviter le dessèchement. Les planches sont regroupées par 7 dans 23 blocs jardins qui servent de base pour la planification. En première année de culture, toutes les planches ont reçu 10 brouettes de compost pour 15m2, soit 5 à 10 cm.
Environnement global
- Taux de matière organique : Entre 1,5 et 8% de taux de matière organique.[1]
- Nombre d'espèces cultivées : 100% au delà de 30 espèces cultivées sur la ferme.
- Absence de chimie : 100% quand la ferme est en bio.
- Non travail du sol : % de la SAU qui n'est jamais travaillée.
- Biodiversité : Pourcentage de la surface d'intérêt écologique sur la SAU.
- Couverture de sol : 100% quand moins de 10 jours de sols nus dans l'année - 0% au delà de 150 j/an.
Stratégie commerciale - Comptabilité - investissements
Stratégie commerciale
Comptabilité
investissements/Equipements
- Motoculteur, fraise et charrue rotative.
- Grelinette customisée.
- Groupe électrogène.
- Semoir monorang Terradonis.
- Désherbeur thermique.
- Outil à manche (pelle, bêche, râteaux....).
- Puits de 10 m / 1m avec pompe immergée (8 m3).
- Cuves de stockage d'eau 10 m3.
- Bâches ensilage et tissées.
- Filet anti insectes et P17.
- Algeco pour stockage des outils au jardin.
- 2 tunnels déplaçables : 4,5 x 30 m.
Radars satisfaction
Gestion de l'eau
L’eau est un enjeu majeur pour la ferme car disponible en faible quantité.
- Les arrosages sont limités au strict minimum, arrosages opportunistes avec les pluies : débâchage avant les pluies.
- Goutte à goutte sur courgettes, tomates et concombres, aubergines, poivrons, sous abri et en plein champ.
- Le reste : arrosage au tuyau.
Agronomie
Gestion de la fertilité des sols
Gestion des maladies et des ravageurs
- Altises et insectes volants : Filets anti-insectes.
- Limaces : Régulation en cours par l’équilibre sur place, implantation des cultures au meilleur moment possible, anti-limace si gros risque.
- Campagnols : Perchoirs, chien, chat, grelinette (motoculteur si pression trop forte, tous les 2 ou 3 ans).
- Purins, décoctions, préparations lacto fermentées : très bons résultats.
Assolement
Exemple ITK : Poireaux
- Précédent : Si possible engrais vert de printemps semé dès que possible (ici après culture céleri et persil tubéreux).
- Occultation : Pour destruction (1 mois minimum).
- Préparation du sol : Broyage engrais vert (débroussailleuse), puis incorporation au motoculteur : la fraise facilite une bonne plantation. Utilisation de la fraise tant que c’est nécessaire.
- Apports de matière organique (MO) : Pas d’autre apport que l’engrais vert incorporé, ou résidus de paillage de culture précédente.
- Plantation :
- Parement des poireaux feuilles et racines, assez important pour laisser le moins de hauteur possible à l’air une fois planté, évite à la plante de se fatiguer.
- Plantation au plantoir à main (grelinette = pas efficace). On tire une ligne-guide à la ficelle : Un poireau tous les 6-7cm, 20cm entre les rangs, planté le plus profond possible (10cm au moins).
- Arrosage abondant juste après plantation puis entretien en eau rigoureux jusqu’à enracinement (environ 1 semaine).
- Ajout compost et buttage au buttoir manuel (longue perche Wolf pratique pour ça).
- Une fois que les poireaux sont bien enracinés, un coup de débroussailleuse pour couper les feuilles à ras du sol.
- Paillage : Foin, pas trop épais et surtout bien aéré pour que les poireaux ressortent facilement, épandu à la main et son d’épeautre (test concluant cette année).
- Désherbage : Manuel jusqu’à l’automne, 3 ou 4 passages.
- Gestion des ravageurs et maladies :
- Irrigation : Pas arrosés après paillage sauf si nécessaire (sécheresse).
- Récolte : Poireaux d’automne dès qu’ils sont prêts, à partir de septembre. On enchaine sur poireaux d’hiver, jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus (en janvier en 2023).
- Stockage : Vendu en frais mais chambre froide si nécessaire. En périodes de gelées on a testé de récolter à l’avance, stocker avec racines et terre en grands sacs plastiques ouverts pour maintenir l’humidité, fonctionne très bien sur une bonne semaine.
- Cultures n+1 : Courges, salades…
Projets en cours...
- Tester les TCO et la LiFoFer (dans le cadre du GIEE EMOGI!)
- Poulailler mobile (elles sont arrivées au printemps 2024).
- Plantation d’un verger de 30 demi-tiges.
- Se former à la traction animale avec un âne et acquérir un âne de traction.
- Louer une nouvelle parcelles de pré à côté de la ferme (depuis automne 2023).
- Se reposer (???).
Galerie photos
- ↑ Dans l'analyse de terre, la matières organiques (MO) est quantifiée à partir du dosage de la teneur en carbone organique (C) son constituant majeur, que l'on multiplie par un coefficient censé refléter la teneur en carbone de la MO, qui peut différer selon les laboratoires Français : 1.72 ou 2. Ce coefficient est toujours précisé sur les bulletins d'analyse. Il est donc nécessaire de vérifier le coefficient utilisé si on change de laboratoire pour éviter une interprétation erronée de l'évolution de la teneur en MO.