Logo Ver de Terre Production - Carré.png

Ferme du lycée agricole de Chambray

De Triple Performance
Aller à :navigation, rechercher

Une ferme de lycée agricole entre méthodes : conventionnelle, bio et conservation des sols
Patrice Duhamel
Ver de Terre Production Eure (département) Polyculture-élevage

Photo3.jpgPhoto1 0.jpg

La ferme du lycée agricole de Chambray dans l'Eure est une ferme diversifiée cumulant plusieurs types de production et de techniques agronomiques, offrant à leurs élèves une vaste gamme pédagogique. En effet, 102 ha sont dédiés aux vaches allaitantes en agriculture biologique. A cela s’ajoutent 79 ha de TCS (blé, orge, colza, maïs, lupin, lin textile, sarrasin) et 50 ha en agriculture de conservation des sols. Ver de Terre Production a réalisé un entretien avec le chef de d'exploitation, Patrice Duhamel, pour en savoir davantage sur ce système.


Contexte

  • Localisation : Chambray-lès-Tours, Eure.
  • SAU (Surface Agricole Utile) : 232 ha cultivés au total.
  • SFP (Surface Fourragère Principale) : 102 ha en Bio.
  • Parcellaire accessible.
  • Texture du sol : Limons argileux caillouteux à silex. Parcelles homogènes au niveau de la texture, mais hétérogènes au niveau des cailloux et de l'hydromorphie.
  • Sols très portants, pas de parcelles drainées.
  • PH : entre 6,5 et 7.
  • Taux de Matière Organique (analyses de 2018) : Varie de 1,8 à 3 %. "Plutôt 1,8% / 2% en Bio, et 3% dans des parcelles à Semis Direct" explique Patrice. En termes d'évolution " les parcelles en Bio ont tendance à baisser un peu en taux de matières organiques et les parcelles en TCS/SD ont tendance à augmenter" constate-t-il.
  • Groupe d'échange : GRCETA (Groupement de Recherche sur les Cultures et Techniques Agricoles) groupe GDA de la Chambre (groupe d'agriculteurs, d'un même secteur géographique, qui propose des services adaptés aux besoins de chaque adhérent), GIEE sur l'agroforesterie qui a commencé il y a 6/7 ans (une parcelle expérimentale est présente sur la ferme avec pour idée de vérifier si dans des "parcelles peu profondes" l'implantation d'arbres fonctionne).
  • Irrigation : 150 ha irrigués.
  • Label : Agriculture Biologique.


Spécificités


Enjeux locaux

  • Dépendance très marquée à l'énergie et aux pesticides et relativement faible à l'eau d'irrigation.
  • La part du territoire "Communauté de communes Interco Normandie Sud Eure" sous arrêté sécheresse en période estivale, est en moyenne de 36 % (moyenne des valeurs sur juillet-août entre 2016 et 2020). Elle est en hausse en tendanciel entre 2012 et 2022.
  • Usage de pesticides : 6,8 fois la dose annuelle maximale autorisée pour une substance donnée.
  • Production élevée à l'échelle du territoire mais trop spécialisée pour couvrir la consommation.


Etapes de transition de la ferme

  • 1963 : Création du lycée et de sa ferme qui existait déjà sous le temps du Marquis de Chambray mais sous une autre forme.
  • Années 2000 : Début de la "réduction des intrants" (engrais et phytosanitaires).
  • 2004 : Passage d'une partie de la ferme en bio.
  • 2010 : Début de la réduction du travail du sol, soutenue par l'appel a projet BIO DIVEA (3 parcelles de modalités agronomiques différentes : Patrice observe que la parcelle où il y a le plus de vie du sol était la parcelle en semis direct).
    • Sur les parcelles en semis direct l'équipe de la ferme évitait de faire du maïs.
    • Ils étaient équipés d'un semoir Horsch pour les semis classiques qui "faisait le job" pour le semis direct :
      • Avantage : Très polyvalent.
      • Inconvénient : Manque de rappuie pour enterrer la graine. Par exemple, semer un "colza au mois d'août en conditions très sèches était compliqué" exprime Patrice.
      • La ferme commence à employer des ETA en 2019/2020 pour semer blé, orge et colza (compliqué).
      • 2020 : Achat du Strip-till notamment pour le colza et le maïs.
  • 2013 : Entrée dans le GIEE des 3 vallées .
  • Depuis 2015 : Prise de conscience de l'importance des couverts végétaux :
    • Compositions de début : Phacélie / moutarde / sarrasin (objectif que ce soit mellifère pour les abeilles).
    • Au départ les couverts étaient "mal implantés" ou en tout cas, sans grande réflexion (au mois d'août, en temps sec par exemple). Alors qu'aujourd'hui Patrice raconte qu'ils sont semés comme une culture.
  • 2009 : Conversion en élevage bio (qui était déjà conduit en extensif depuis au moins 15 ans, donc il ne "manquait pas grand chose pour passer en bio").


Description du système de production

Objectifs

  • Améliorer la valeur ajoutée des cultures (à travers de la transformation ou valorisation en vente directe).
  • Production d'énergie solaire ou photovoltaïque en projet.
  • Augmenter la productivité des surfaces fourrages en Agriculture Biologique.
  • Réduction travail du sol tout en trouvant des alternatives aux herbicides.

Assolement


Rotation


Evolution de la rotation

  • Il y a des cultures et des parcelles qui ont disparu.
  • Un allongement des rotations dans les cultures de printemps.
  • Arrêt de la féverole qu'ils ne font plus aujourd'hui car elle est trop sensible à la canicule.
  • Essai de nouvelles cultures : lin semence et de lupin.


Itinéraires techniques

Colza
  • Variété hybride : KWS Arianos.
  • Semis : Mi-août.
  • Récolte : Fin juillet.
  • Densité de semis : 35 graines au m2.
  • Semoir : Strip-till (profondeur 20 cm).
    • Travail du sol de 10 cm de longueur tous les 50 cm.
  • Lors du semis : Soit un engrais starter soit phosphore pure.
  • Herbicides :
    • Pré-levée au moment du semis (Colzor ou Alabama).
    • 2 L/ha Kerb décembre/janvier.
  • Fongicides :
  • Insecticides :
    • Septembre : Un passage pour grosses et petites altises.
    • Printemps : Souvent un passage pour le charançon du bourgeon terminal.
    • Parfois mois d'avril : Méligèthes, mais ils ne traitent pas.
  • Fertilisation :
    • Février : Apport d'azote liquide quand le colza redémarre pour obtenir la plus grosse biomasse possible.
    • Entrée hiver : Apport d'azote liquide pour plus de résistance.
    • Quantités : "Ca dépend de la biomasse de la culture, mais cette année (2024) nous avons apporté 50 UN en moyenne en février et 70 UN en entrée d'hiver ".


Blé
  • Variétés rustiques : Chevignon (variété qui ne verse pas et davantage résistante aux maladies).
  • Semis : Entre le 15 et 30 octobre.
  • Récolte : Juillet.
  • Densité de semis : 180 grains au m2 (80 kg dépend de png) pour du TCS en SD 20% de plus.
  • Semoir : Horsch.
  • Travail du sol : 2 déchaumages.
  • Fertilisation:
    • Patrice fait systématiquement une bande "double densité" d'azote et déclenche son premier apport quand cette bande décolore.
    • 30 mars - 1 avril : 40 UN après épi 1 cm.
    • Garde 40 UN pour épiaison (le fait ou pas en fonction de l'indice de nutrition azoté de la culture).
  • Herbicides :
  • Insecticides : S'il peut, Patrice n'en fait pas. Il en fait parfois un petit à l'automne (semis plus tardif, il perd en rendement mais utilise moins d'intrants, c'est une méthode d'agriculture intégrée entre bio et conventionnel.)
  • Fongicides :
    • Dernière feuille.
    • Eventuellement à la floraison si besoin.


Couvert
  • Implantation : Horsch.
  • Une fois la paille ramassée (entre 3 et 10 jours), destruction le plus vite possible avec rouleau FACA (aidé du gel, pas d'herbicides).
  • Parfois déchaumage pour éliminer le maximum repousses.
  • Espèces : Phacélie 1,5 kg, moutarde 1,5 kg, tournesol 5kg, sarrasin 10 kg et féveroles 50 kg.
  • Résultat : Biomasse très aléatoire, elle est évaluée avec la méthode MERCI. La MS varie de 3 T à moins d'1 T selon les années.
  • Semences fermières (achat seulement de phacélie et moutarde).


Maïs grain
  • Semis : Fin avril / début mai.
  • Récolte : Début novembre.
  • Semoir : Strip- till.
  • Densité : 1100 grains à l'ha.
  • Herbicides :
  • Eventuellement un passage de bineuse si besoin (ça ne doit pas gêner le maïs).
  • Pas de fongicides ou d'insecticides.


Lupin d'hiver (premier essai en 2024)
  • Semis : Mi-septembre.
  • Récolte : Début août.
  • Densité : 72 kg/ha.
  • Semoir : Horsch
  • Labour avant le semis.
  • Ravageurs : Mouche du chou sur lupin.
  • Herbicides : Prè-levée Kerb Flo 1,8L/ha.
  • Pas d'insecticides.
  • Pas de fongicides.
  • Pas d'azote.


Tournesol
  • Semis : Mi-avril.
  • Récolte : Octobre.
  • Ravageurs : Ils sont très embêtés avec les pigeons.


Lin
  • Semis : Mars/avril.
  • Récolte : Juillet / août.
  • Densité de semis : 70 kg/ha, 1300 grains au m2.
  • Patrice explique que c'est une culture très fragile et qu'elle n'a pas été récoltée l'année dernière par exemple.


Orge
  • Semis : Mi-octobre.
  • Récolte : Fin juin / début juillet.
  • Densité : 160 grains au m2, 70/75 kg/ha.
  • Herbicides : Pareil que le blé, Defi, Compil et Fosburi.
  • Pareil que le blé pour l'azote mais pas d'apport à l'épiaison.
  • Un ou deux fongicides.
  • Pas de régulateurs sur blé et orge (semis plus tard plus clair et moins d'azote, variété rustique à la verse).


IFT

  • Toutes les semences (pour la partie non bio) sont traitées.
  • Colza : 1,6 herbicides et 2, 9 en hors herbicides.
  • Orge : 2,20 et 3,20 hors herbicides.
  • Blé : 2,23 et 2, 40 hors herbicides.


Rotation type pour les cultures fourragères

Sur 102 ha en bio  :

  • 1200 € de marge par ha de SFP (surface fourragère pâturable) en 2023.
  • 1300 € de marge par ha de SFP en 2022.
  • Charges : 42 € / ha sans prestation, avec prestation 169€. C'est sûrement très bas, ils ne sont pas dans un groupe élevage donc il ne saurait pas dire.


Gestion des surfaces des prairies permanentes et temporaires

  • 6 ha de prairies permanentes ont été rénovées cet automne :


Elevage

Description du cheptel

  • Type de production : Bovins allaitants.
  • UGB : en moyenne 117 en 2023, entre 115/120 de façon stable.
  • Vaches : 30 (14 en vente directe).
  • Veaux : 37.
  • Race : Limousine pure.
  • Rendement : 417 kg poids de carcasse.
  • Cela représente 152 000 € / an (50% du CA provient de la vente directe).
  • Pâturage : 240 jours dehors, 8 mois (d'avril à décembre).
  • Premiers vêlages : 3 ans.
  • Intervalle entre les vêlages : 1 an/370 jours.
  • Monte naturelle, surveillance des chaleurs.
  • Insémination pour amélioration génétique : Cherche le développement squelettique et musculaire, beaucoup de production de lait et la facilité de naissance.
  • Consanguinité : Renouvellement des taureaux tous les 3/4 ans .


Autres ateliers : Volailles : 100 400 pôles, 3 lots de 1 800 (en vente directe/particuliers : 55 000 € hors taxe).


Rations en engraissement

Hiver

  • Ensilage de méteil : 10 Kg de MS / J / UGB.
  • Foin de luzerne : 3,5 Kg de MS / J / UGB.
  • Triticale : 2 Kg de MS / J / UGB.
  • Minéraux : 50, 100 g.


Printemps

  • Toutes les prairies sont pâturées et si excédents : fauche ou enrubannage de foin.


Été

  • Apport de foin de prairie ou foin de luzerne à volonté : entre 13/20 Kg de MS / J / UGB dans des râteliers.


Rations des génisses (Kg de MS / J / UGB)

  • Méteil : 7 Kg de MS / J / UGB.
  • Foin de luzerne : 2,5 Kg de MS / J / UGB.
  • Triticale : 1 Kg de MS / J / UGB.
  • Minéraux : entre 40 et 50 g.


Autres informations

  • les vaches avant le vêlage ont une ration plus pauvre (soit juste du foin de pré ou 100kg de méteil et paille).
  • Pas d'engraissement des mâles.
  • Les veaux mangent comme les vaches.


Equipements

Equipement 1 Horsch
Coût Equipement 1 55 000 € (8 ans) amorti sur 7 ans
Equipement 2 Strip till acheté à trois + semoir Monosem 2022
Coût Equipement 2 Combiné 100 000€
Equipement 3 Herse étrille et houe rotative
Coût Equipement 3 Appartient au lycée
Equipement 4 Rouleau Faca de 3 m


Bâtiments

  • 4 bâtiments en tout pour les vaches et un ancien bâtiment désaffecté.
  • Construction d'un bâtiment de 1 400 m2 en 2020 pour davantage de confort de travail et pour le bien être des animaux.


Commercialisation

  • Natup
  • Un peu de vente a terme.
  • Négociants.


Stockage

Economie


Bilan

  • Pas d'érosion, en semis direct : "Je constate une grande amélioration de la vie du sol et du taux de MO, par contre, j'ai du mal à mesurer l'impact sur les cultures".
  • Impact au niveau des couverts permanents (de luzerne et trèfle) 4 ans après casse du couvert, le colza avait plus de biomasse (quasiment une demi kg d'ha).


Sources






Partager sur :