Méteil

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Méteil
Production


Le méteil est un mélange de céréales (triticale, blé, orge, avoine), de protéagineux (pois fourrager, pois protéagineux, féverole) et d’une légumineuse (vesce). Ce mélange est récolté en ensilage ou en grain selon les besoins du troupeau.

Principe

Le méteil est un mélange de plusieurs céréales et/ou légumineuses, destiné à être récolté en grain ou bien plante entière en pâturage ou ensilage au stade grains immatures. La récolte en foin est rare dans les zones tempérées mais pratiquée en zone tropicale à saison sèche. Certaines exploitations d'élevage ajoutent des graminées fourragères à leur mélange.

Le mélange de plusieurs espèces permet une meilleure résistance aux maladies et une adaptation aux conditions météorologiques de l’année. Il y aura toujours une espèce adaptée à la situation. Le mélange obtenu sera différent d’une année sur l’autre avec une même composition au départ selon la rigueur de l’hiver, et la pluviométrie du printemps.

Méteils céréaliers traditionnels

Le pois protéagineux a été introduit dans les mélanges aujourd'hui appelés méteil. Le méteil était à l'origine composé de seigle et de blé, avec une proportion variable de chacune de ces deux céréales, suivant que le sol convienne mieux à l'une ou à l'autre, afin de tirer le maximum de rendement de la culture.

Méteils modernes destinés à la récolte en grains

Cette culture est peu répandue et délicate car il faut que graminées et légumineuses arrivent à maturité simultanément. Il faut d'ailleurs prévoir de pouvoir ensiler s'il s'avérait que les différences de maturité devenaient trop importantes et aussi pour éviter le risque de verse. Dans les mélanges utilisés aujourd'hui, on trouve un nombre plus important d'espèces susceptibles de rentrer dans la composition du méteil. Le triticale et le blé forment les éléments de base du mélange et assurent en grande partie le rendement de la culture. Par ailleurs, ces céréales servent de tuteur pour les légumineuses grimpantes. L'avoine apporte au mélange son appétence, elle présente l'avantage de très bien lever et de remplir les espaces vides mais elle est sensible à la verse.

Les légumineuses apportent aussi de l’appétence au mélange et permettent d'améliorer sa teneur en protéines. De plus, les légumineuses ont la remarquable capacité de fixer l'azote atmosphérique grâce à leurs nodosités. Elles permettent ainsi aux graminées de profiter de cet azote à moindre frais pour le cultivateur. On ne peut trop forcer la proportion de légumineuses à cause du risque de verse sauf avec la féverole.


Voici un exemple de mélange qui a fait ses preuves : triticale 160 Kg + pois fourrager 25 Kg. Cela permettra de gagner de 2 à 6 point de protéine.


Et un autre qui a un bon potentiel en protéine mais qui attire le gibier et est plus sensible aux maladies : orge 80 Kg pois + protéagineux 150 Kg. Ce mélange est éligible à l’aide à la production de protéagineux de la PAC.


En plaine il est possible de semer 80 kg de triticale + 120 kg de féverole à ajuster en fonction du poids des 1000 grains car très variable pour cette espèce. Viser 25 graines de féverole au m². Le semis peut se faire en un seul passage à 4 cm de profondeur ou en deux passages.


A chacun de faire son expérience pour affiner les doses adaptées à sa région et à ses terres.

Méteils protéagineux ou méteil fourrager

La composition des méteils peut varier d'une exploitation à une autre. Certains éleveurs ne mettent pas de blé, d'autres ajoutent du triticale, de l'épeautre ou des graminées fourragères dans leur méteil destiné à l'ensilage, le plus souvent du Ray-grass d'italie. Les céréales barbues (certains blés, orge) sont déconseillées en ensilage. On utilise le triticale ou des variétés de blé à tendance fourragère (très productives et riches en protéines) de préférence aux variétés classiques (boulangères) de blé.

Ces plantes permettent d'assurer une bonne teneur en matière sèche lors de récoltes précoces.

Le rendement espéré est de 4 à 6 tonnes pour une récolte précoce, et 6 à 10 tonnes pour une récolte plus tardive. Ce sont les protéagineux qui apportent de la valeur en énergie et azote.

Avec une récolte précoce (début mai), c’est la valeur alimentaire qui est privilégiée, avec une récolte plus tardive (début juin), c’est la sécurité de la ration qui est visée (pouvoir tampon et teneur en cellulose de la ration).


Voici un exemple de mélange pour vaches laitières ou allaitante : Pour 1 ha : Grand épeautre 30 kg + Pois (Arkta) 35 kg + Féverole 40 kg + Avoine blanche 20 kg + Vesce 6 kg + Triticale 90 kg + Trèfle incarnat 5 kg.


Voici un autre exemple de mélange qui avait été testé avec réussite lors des essais du PEP Bovins lait : Triticale 60 Kg + Blé 20 Kg + Avoine 50 Kg + Pois fourrager 20 Kg + Vesce 30 Kg ou uniquement 25 Kg de pois.

Ce mélange peut être modulé selon la date et le mode de récolte :

  • Pour une récolte précoce du 10 au 15 mai il est possible d’augmenter la dose de protéagineux de 20%, car ce mélange sera récolté avant le risque de verse.
  • Pour une récolte en enrubannage diminuer voir supprimer le triticale, et augmenter l’avoine et utiliser un blé sans barbe. Avec cette association le rendement sera diminué mais l’appétence améliorée, dans ce cas passer à 20 Kg de triticale et 80 Kg d’avoine. Si possible utiliser une botteleuse avec des couteaux.
  • Si au printemps la culture a une bonne tenue et une quantité raisonnable de protéagineux, la moisson est toujours possible.

Utilisation

Parcelle de méteil fourrager semée en SD dans sorgho. Crédit Photo : Txomin Elosegui

Les mélanges céréales/légumineuses sont exclusivement utilisés pour l'alimentation animale. Pâturés ou récoltés en foin, en ensilage, en enrubannage ou même en grains, ils constituent une source intéressante d'amidon, de protéines et de fibres digestibles. Ils sont par ailleurs très appétants s'ils ne sont pas récoltés trop secs.

La valeur alimentaire du méteil dépend fortement de la part de légumineuses dans le mélange.

La qualité du fourrage récolté est fortement liée au stade de récolte pour les fibres et au taux de protéines. Elle est peu dépendante du taux d'amidon, puisqu'au fil du temps celui-ci diminue dans les tiges, mais augmente dans les grains.

Choix du méteil

Il est important de choisir des espèces assurant des fonctions complémentaires dans le mélange. Les fonctions à prendre en compte sont les suivantes :

  • le pouvoir couvrant
  • l’aptitude à constituer un bon tuteur
  • la productivité et la qualité (protéine, énergie, ingestibilité).

Pour plus d'informations, nous vous invitons à consulter le guide technique méteils édité par l'AFPF.

La clé de la réussite est dans les fonctions complémentaires des espèces choisies.


Il est important de choisir son méteil en fonction de ses objectifs.

Conduite culturale

Place dans la rotation

Le mélange céréales protéagineux présente l'intérêt d'être le plus souvent une culture d'hiver et, ainsi, de ne pas être tributaire des précipitations d'été. C'est pour cela que les méteils sont généralement cultivés en cultures intercalaires, c'est-à-dire entre deux cultures principales. Il permet alors de constituer des stocks à la fin du printemps en une seule coupe.


Composition de méteils. Source : Guide technique des mélanges fourragers - AFPF.

Semis

Semis direct du méteil.

Même si la majorité des méteils sont semés en automne, ils peuvent également l’être au printemps voire en été dans certaines conditions. Les méteils à base de blé et de seigle sont semés tôt dans l'automne, en même temps que les orges et avant les autres céréales. Les mélanges pois protéagineux sont semés un peu plus tard, début novembre, car les pois ne doivent pas être trop avancés avant l'hiver.

Les espèces du mélange ayant des poids de semences très différents, il faut veiller à bien mélanger les semences avant et régulièrement pendant la phase de semis, pour éviter les risques de sédimentation dans la trémie. Attention à la profondeur de semis : si on sème un mélange contenant des céréales, de la vesce et/ou du pois, il est possible de réaliser le semis en un seul passage, grâce à un semoir à céréales classique, à environ 3 cm de profondeur.

Cependant, si le mélange contient de la féverole, il sera plus prudent d’effectuer le semis en deux passages, la féverole nécessitant une profondeur de semis de 7 à 8 cm pour limiter le risque de gel. Pour un semis de trèfles et/ou d’une prairie sous couvert, il est judicieux d’effectuer le semis en deux passages, les trèfles et graminées fourragères nécessitant d’être semés à 1 cm de profondeur.

Désherbage

Il n’y a pas de produits homologués pour le désherbage des mélanges céréales-protéagineux. Avec les méteils modernes, le désherbage n'est en général pas nécessaire, car le mélange est suffisamment étouffant pour empêcher la pousse d'adventices. Un ou plusieurs faux-semis peuvent s’avérer intéressants pour limiter le salissement avant l’installation du mélange.

Maladies

La diversité des espèces, la faible concentration de chacune d’entre elles et le choix de variétés résistantes aux maladies réduisent généralement la présence et l’intensité des maladies.

Fertilisation

Les apports d'engrais azoté ne sont pas forcément nécessaires. En effet, la présence de légumineuses dans le mélange permet d'approvisionner les graminées en azote minéral. Les apports peuvent tout de même être envisagés, notamment au début du printemps avec 30 à 50 unités d'azote minéral. Ils permettent d'obtenir des rendements légèrement supérieurs, de l'ordre de 15 % suivant les cas. Mais attention, une quantité d’azote trop élevée peut entraîner un développement trop important et la verse du mélange au mois de juin. Il conviendra donc d’être prudent sur les quantités épandues.

Les exportations de P et K sont importantes du fait d’une récolte plante entière et doivent être compensées dans la rotation. Il est conseillé de vérifier la disponibilité en P et K du sol avant implantation. Pour leur croissance, les légumineuses sont exigeantes en P et en K. En cas de besoin, l’apport pourra se faire sous forme organique ou minérale.

Pour calculer sa dose de fertilisation P et K, utiliser la méthode Comifer.

Récolte

Chantier de récolte du méteil fourrager en enrubannage. Crédit Photo : Txomin Elosegui

Les mélanges seigle blé étaient souvent décriés pour la difficulté à trouver une date de récolte correspondant à la maturité des deux espèces. En effet, le seigle est généralement mûr avant le blé, et il faut donc récolter ce dernier avant sa pleine maturité.

Les mélanges céréales protéagineux sont récoltés au printemps, suivant le stade de la culture. Le taux de matière sèche ne doit idéalement pas être trop élevé (environ 35 %) pour que l'ensilage se conserve convenablement.

Dans le cas d'une récolte sous forme de grains, la date de récolte s'avère également difficile à déterminer, comme dans le cas du blé et du seigle, car les espèces ne sont pas mûres au même moment. Il faut donc faire un compromis afin d'avoir un maximum de céréales mûres (surtout dans le cas des céréales tardives comme l'épeautre), et de réduire au minimum les pertes de graines de légumineuses. En effet, dans le cas des pois, qui sont les plus utilisés, lorsqu'ils sont matures, les cosses s'ouvrent, les grains tombent au sol et sont impossibles à récolter.

Les mélanges avec céréales à paille peuvent être exploités de différentes façons (ensilage, enrubannage, pâturage).

Intérêts et limites des méteils dans le système fourrager

Les éleveurs cherchent de plus en plus à assurer l’autonomie fourragère et protéique de leur exploitation tout en limitant les intrants. Les aléas climatiques fréquents les poussent également à diversifier les ressources fourragères. Dans ce contexte, les méteils présentent des intérêts stratégiques pour les systèmes fourragers.

Principales caractéristiques agronomiques des méteils

  • L’amplitude des dates d’implantation des méteils leur permet d’être semés même tardivement sous réserve d’adapter la composition du mélange.
  • Les méteils couvrent rapidement le sol après l’implantation et ont une croissance rapide au printemps garantissant une bonne compétitivité face aux adventices.
  • La complémentarité des espèces au sein des mélanges céréales-protéagineux permet une meilleure résistance aux maladies.
  • Le choix variétal est primordial pour augmenter la tolérance globale du mélange.
  • L’adaptabilité et la souplesse de la culture permettent de récolter à des périodes variées selon l’objectif poursuivi. Pour obtenir un fourrage riche en azote, il faut l’exploiter précocement soit en pâturage, soit en ensilage, pour avoir du fourrage en plus grande quantité, il est nécessaire de le récolter plus tardivement.
  • Une récolte précoce permettra d’implanter une culture d’été (maïs, sorgho…) dans de meilleures conditions (hydriques et structure de sol).

Le risque de verse n’est pas à négliger : il sera limité en premier lieu par le choix des espèces et leurs proportions.

Atouts des méteils à l’échelle du système

  • La rusticité de la culture permet de limiter les interventions dans la parcelle. De surcroît, les méteils sont économes en intrants et ont un coût de production raisonnable.
  • Le méteil apporte une sécurité du système fourrager car les créneaux d’implantation, de récolte et les modes de valorisation sont multiples. Récolté en fin de printemps, il est globalement peu soumis au stress hydrique. L’intensification de certaines surfaces fourragères (3 cultures en 2 ans) peut permettre d’optimiser le système de production.

Comme pour toute culture annuelle, les méteils génèrent des interventions et des contraintes plus importantes qu’une prairie multi-espèces de longue durée.

Les semences de légumineuses restent assez onéreuses. Il faut donc prendre en compte le coût total de ce fourrage depuis la préparation du sol jusqu’à la récolte.

Caractéristiques zootechniques

Les méteils sont normalement des fourrages bien équilibrés en azote et en énergie. Cependant, il convient de les caractériser précisément avant de les utiliser. Selon leurs valeurs alimentaires, les besoins des animaux et la stratégie de l’éleveur, ils peuvent constituer un fourrage complémentaire ou principal. Riches en fibres, ils favorisent la rumination. Récoltés précocement et riches en légumineuses, ils contribuent à l’autonomie protéique de la ration.

Intérêt économique

Grâce au méteil, l'éleveur gagne en autonomie fourragère et céréalière et est ainsi moins dépendant des achats d'aliments à l'extérieur dont les prix sont fluctuants et généralement plus élevés.

De plus, les légumineuses étant riches en protéines, l'utilisation du mélange permet de diminuer de l'achat de concentrés azotés, et constitue un très bon aliment pour l'engraissement des animaux.

Enfin, cette culture permet de réduire fortement les apports de fertilisation azotée, et la culture suivante bénéficie de l'azote fixé par la légumineuse restant dans le sol.

Pour aller plus loin

Annexes

Sources

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