Strip-till

De Triple Performance
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Matériel

Le strip-till (littéralement « travail du sol en bande » en anglais, de strip : "bande" et till : « travail du sol") est une technique qui consiste à travailler uniquement la bande dans laquelle on va semer la future culture.

Présentation

Cette technique ne peut s’appliquer qu’aux cultures en ligne et avec un écartement important (45-80 cm) telles que le maïs, le tournesol, la betterave, le colza ou le soja. La bande est travaillée sur une largeur de 10 à 25 cm, sur une profondeur de 5 à 30 cm.

Cette technique est pour ceux qui veulent moins travailler leur sol sans pour autant bouleverser leur système en passant au semis direct. Mais elle nécessite un certain savoir-faire et une adaptation des outils et des interventions aux conditions de sols et de climat.

On peut distinguer le

  • Strip-till en décomposé : le travail de la ligne de semis est réalisé plus ou moins longtemps avant le semis.
  • Strip-till en combiné : le travail du sol est réalisé simultanément au semis.

Des distinctions peuvent également être faites entre les outils employés, selon leur profondeur de travail, et selon qu'ils bouleversent ou non les horizons.

Le strip-till est mis en oeuvre sur culture implantée. Elle est généralisable à tous les types de sols et à tous les contextes climatiques.

Quels sont ses avantages?

Agronomique

Le strip-till permet de profiter des intérêts du semis direct et du labour: non perturbation de la vie biologique du sol, conservation de l’humidité, réduction des levées d'adventices, favorise le démarrage de la culture suivante par la création d’un lit de semence fine ce qui assure bon développement racinaire, réchauffement plus rapide du lit de semences.

  • L’inter-rang reste couvert des résidus de la culture précédente ce qui va permettre de limiter la battance et l’érosion. La portance et le maintien de l’eau dans le sol sont ainsi favorisés.
  • La technique peut également permettre d’apporter une fertilisation localisée sur le rang et donc une économie d’engrais.
  • Évacuer les résidus végétaux grâce au chasse débris : ça peut être des résidus de paille ou des couverts d’interculture de l'inter-rang.
  • Quand la structure présente une zone de compaction à 15 cm, le strip-till va permettre de créer suffisamment de terre fine pour que la racine puisse descendre le plus vite possible. L’inconvénient de travailler le sol, est qu’on l’assèche un peu. L’avantage, c’est qu’on va créer des conditions d’enracinement favorables pour que la racine aille descendre rapidement. Ne pas travailler l'inter-rang va permettre aux remontées capillaires de diffuser sur les côtés. C’est intéressant en conditions séchantes, on va maintenir l’humidité pour la culture.
  • Lutte contre l’érosion : surtout les terres limoneuses, battantes ou en pente.

Economique

Des essais ont été menés par I’ITB sur une comparaison système labour/strip-till pour la betterave et le colza :

  • Gain de temps : sur la betterave, on pouvait gagner 35% de temps sur la préparation du sol; sur du colza, 15%.
  • Gain de carburant : 55% sur betterave et 48% sur colza. La largeur de travail est réduite donc la consommation de fuel est réduite. On économise du temps : un passage d’un strip-till prend moins de temps qu’un labour du fait qu’on peut passer plus vite et moins tirant car on a moins de terre à bouger.

Quels sont ses inconvénients?

  • Intervenir sur un sol friable et ressuyé pour éviter tout blocage des pièces travaillantes par une terre collante.
  • Strip-tiller et semer en même temps est souvent incompatible car les bonnes conditions pour l’un et l’autre sont rarement réunies au même moment. Des semis tardifs pourront être faits en même temps.
  • Le réglage d’un strip-till est délicat : il doit être bien réglé et intégré dans une réflexion agronomique plus globale pour atteindre les performances attendues.

Les outils de strip-till

Le strip-till à dents

Les plus communs sont les strip-till à dents.

  • Ils se composent d’un disque ouvreur positionné devant qui va couper les résidus végétaux pour que la dent ne bourre pas.
  • Les chasse débris permettent d’évacuer les résidus coupés par le disque et sont suivis par une dent.
  • Le dernier élément, que l’on utilise ou pas en fonction de la période, est une roue de rappui pour faire un travail d’émiettement de la terre derrière le passage de la dent. Cela permet de replaquer le sol pour maintenir l’humidité.

On va plutôt l’utiliser au printemps :

  • Au printemps : On passe avec de la vitesse (10-12 km/h) pour affiner la ligne de semis. On va créer de la terre fine pour créer un lit de semences optimum pour la culture de printemps qui sera implantée idéalement dans les 2-3 jours suivants.
  • A l’automne : on va chercher à faire un travail plutôt grossier pour laisser les conditions de l’hiver dégrader naturellement les mottes. On ne va pas forcément chercher à avoir de la vitesse (entre 3 et 5 km/h).

Il existe un large éventail de strip-till à dents selon les modèles. Souvent, au printemps, on utilise une dent assez fine qu’on trouve dans des outils de préparation de lit de semence pour réchauffer la ligne de semis.

Le strip-till rotatif

Plutôt que ce soit une dent qui fasse le travail de préparation du lit de semence, c’est une fraise localisée. Il faut avoir des carters pour canaliser les flux de terre afin que la terre fine reste localisée au plus près de la future ligne de semis. Il faut contenir le flux de terre éjecté à proximité du lit de semence pour éviter de favoriser la levée d’adventices dans l'inter-rang. Moins on perturbe l'inter-rang, plus on garde cette terre fine sur le rang, et mieux on gère le salissement.

Le strip-till végétal

Le principe est d’implanter des couverts végétaux localisés. Par exemple, une bande avec des graminées qui ont un système racinaire fasciculé dans les inter-rangs, et éventuellement une féverole localisée sur le rang avec système racinaire pivotant qui va préparer le sol. Pour cette technique, il faut déjà avoir une bonne structure de sol. On localise les couverts d’engrais verts à l’endroit où c’est le plus agronomiquement intéressant pour la culture suivante.

Le strip-till à disques

Beaucoup moins répandus mais ils existent. Dans ce cas, un double disque vient à la place de la dent. Passer du strip-till à disques dans de la terre un peu fraîche peut entraîner un effet de lissage. Cela nécessite d’avoir une bonne structure de sol et un bon taux de matière organique.

Meilleures conditions pour le réaliser

Le ressuyage du sol

  • Le sol ne doit plus être en condition plastique ni semi-plastique sur 20 cm.
  • Comme seule la future ligne de semis est travaillée, il convient d’avoir un couvert dense et pas trop chargé en graminées pour faciliter le travail du strip-till.

La stratégie diffère selon le type de terre

  • Dans les terres argileuses (au-delà de 25-30 % d’argile) : le travail se fait à l'automne, en conditions ressuyées dans un couvert levé récemment. Dans ces conditions, on réduit le risque de créer un lissage et on augmente celles d’obtenir une ligne propre. Le couvert existant re-colonisera la ligne avec les racines. L’objectif sera de faire une butte de terre et un travail grossier pour laisser l’hiver travailler la ligne (principe du labour d’hiver). Puis de revenir au printemps avec un type de dent différent pour réaliser un travail superficiel permettant d’émietter et réchauffer la ligne de semis.
  • Dans les terres légères (limons, limons-sableux) : passer l'outil quelques jours avant le semis voire quelques semaines si ce sont des sols froids.
  • Dans les terres hétérogènes : Dans les parcelles avec deux ou trois types de sol différents, une technique envisageable est de passer le strip-till à l'automne (similaire au premier cas de figure) et de semer à la volée un couvert de phacélie dans le rang. L'objectif de la phacélie est de maintenir la structure dans les limons pour éviter que les éléments fins ne descendent et ne provoquent une reprise en masse. Elle permet également de limiter l'érosion dans les pentes. De plus, elle laisse une structure affinée et facile à reprendre au printemps. Les résidus sont noirs, un avantage pour le réchauffement du sol, et ne sont pas encombrants pour le matériel (chasse débris requis tout de même).

La stratégie selon la période

  • Un strip-tillage grossier à l’automne permettra à la terre d’évoluer d’elle même au gré des périodes de gel/dégel ou d’humectation/dessiccation au cours de l’hiver.
  • Pour un travail de reprise de sol au printemps, l’objectif est d’émietter la terre sur la bande travaillée. Les chasses-débris sont enlevés afin de maintenir la terre sur la zone de travail et l’outil va être équipé d’éléments capables de travailler superficiellement à des vitesses assez élevées (10-12 km/h).
  • Pour un travail profond au printemps, l’outil va être équipé de chasses-débris plus ou moins agressifs selon la quantité de résidus végétaux qu’il va falloir enlever de la ligne de semis. Une dent va travailler en profondeur pour fissurer et émietter alors qu’un équipement de rappui va soit maintenir de l’humidité si les conditions sont sèches, soit laisser quelques mottes en surface pour réchauffer le sol si les conditions sont plutôt humides.

Un désherbage est généralement nécessaire avant le strip-till

Utiliser d’un désherbant total est souvent requise au strip-till, pour gérer les graminées qui ont poussé dans le couvert ou achever la destruction du couvert.

  • Dans le cas d’un couvert comportant des graminées, l’application pourra se faire quelques jours avant le passage du strip-till.
  • Dans le cas d’un dérobé fourrager de ray grass - trèfle par exemple, une application dans les 3 semaines - 1 mois avant est important pour améliorer le travail du strip-till.

Le désherbage doit se faire systématiquement avant le passage du strip-till pour éviter d'avoir des graminées ou autres "cachées" et non détruites par le passage du strip-till. Dans cette optique, rouler le couvert, s’il est resté dressé, améliore l'efficacité du désherbage.

La profondeur de travail ne doit pas excéder les 20 cm

L’idéal en strip-till est de travailler sous les éventuelles semelles de surface, sans dépasser la barre des 20 cm :

  • Il ne s’agit pas de gérer des problématiques de compactions profondes.
  • Si aucune problématique de structure n’est détectée, un travail à une profondeur de 10-15 cm est suffisant.

Il est conseillé de regarder avec la bêche après 2-3 allers-retours de ST (strip-till) afin de bien voir l’état du sol en profondeur et de savoir si on est en bonnes conditions d’utilisation.

Apporter une fertilisation localisée

Un des avantages du strip-till est de pouvoir localiser facilement de l’engrais sous la ligne de semis. Placer les éléments nutritifs à proximité des futurs systèmes racinaires des cultures permet d’augmenter l’efficience de la fertilisation, en particulier pour des éléments peu mobiles comme le phosphore et le potassium.

Il peut être conseillé :

  • Une localisation starter au moment du semis (DAP ou autre engrais starter) ;
  • Une localisation d’un engrais comme de l’urée, avec son “effet retard”, permet d’avoir de l’azote disponible à 5-6 feuilles du maïs. La dose peut varier de 100 à 200 kg/ha en fonction des besoins, de la réglementation et des autres apports comme les effluents organiques. Attention tout de même, à ce que l’engrais ne soit pas disposé au niveau du lit de semence.
  • Localiser à une profondeur située entre 15 et 20 cm pour éviter les remontées d’ammoniac qui pourraient gêner le développement de la culture.

Utiliser le guidage RTK

L’autoguidage RTK (”Real Time Kinematic”) est un dispositif GPS permettant de repasser dans les mêmes traces d'un passage à l’autre. Ce guidage GPS est un gage de réussite dans la technique du strip-till car il permet au semoir de repasser précisément dans les lignes tracées par le strip-till.

Le réglage du semoir monograine

Pour optimiser le semis, il est important d’avoir un semoir à disques avec un poids par élément assez lourd et des roues de fermeture adaptées.

Un outil de semis adapté est un pré-requis primordial pour la réussite de la technique.

Le strip-till végétal

Le strip-till végétal est une variante du strip-till qui consiste à implanter un couvert végétal favorable à la future culture sur la bande de semis et d’implanter une couverture d’inter-rang plus orientée sol et limitation du salissement.

Sur la future ligne de semis, une variété ayant un système racinaire de type pivot, donc structurant (féverole, radis chinois) est implantée. Les légumineuses ont l’avantage supplémentaire d’apporter de l’azote sur le rang. Sur l’inter-rang, une espèce couvrante, économique ou ayant un effet allélopathique est semée pour éviter le développement des adventices.

La mise en œuvre de cette technique génère toutefois des contraintes importantes, car bien que des équipements existent pour optimiser les passages, les deux types de couvert sont généralement semés séparément, ce qui augmente le temps de travail et le coût d’implantation. Pour en savoir plus: https://www.perspectives-agricoles.com/file/galleryelement/pj/3f/31/34/6a/434_735534805847385594.pdf

Témoignage d'une auto-construction de strip-till

Exemple de l'exploitation agricole de M. et Mme Roy sur la commune de Béon (Yonne) :

L'objectif est de réussir l'implantation du colza tout en simplifiant le travail du sol et en limitant les passages d'engins agricoles dans la rotation colza-blé-escourgeon. Pour cela, M. Roy a construit son propre semoir combiné strip-till. Avec un seul outil, il réalise 6 passages en 1 seul :

  • le travail du sol,
  • le semis,
  • l'épandage de l'anti-limaces dans la ligne de semis et en surface,
  • la fertilisation sur la ligne de semis,
  • le désherbage sur le rang.

Ouvrir la fiche témoignage.

Pour en savoir plus

Strip-Till : travailler moins pour gagner plus

Ludovic Vimond Réussir grandes cultures n°246, p50-57, Article de presse, 2011 article

Annexes

S'applique aux cultures suivantes

Sources

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