Implanter des couverts végétaux valorisables (cultures dérobées ou double-cultures)

De Triple Performance
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En agriculture , une culture dérobée, est une culture intermédiaire ou un couvert végétal, à croissance rapide, qui est cultivée entre deux cultures principales annuelles successives, pendant la période plus ou moins longue dite d'interculture.

Elle peut être semée entre une récolte de printemps et les plantations ou semis d'automne de certaines cultures.


Description et différences

Une culture dérobée peut être distinguée du reste des cultures intermédiaires par un objectif de valorisation de la production. Dans le cadre d'un assolement, la culture dérobée permet donc d'optimiser l'utilisation des terres agricoles disponibles. Elle peuvent répondre à divers objectifs en fonction du système de culture, les trois exemples ci-dessous regroupent les principales utilisations.


En système de grandes cultures

Les cultures sont sélectionnées pour leur cycle court (soja, tournesol, maïs, sarrasin, sorgho...) pour récolte de grains. Et elles sont implantées entre une culture à récolte précoce (orge d'hiver, pois, ail, colza...) et une culture d'hiver (blé, orge...) ou de printemps (maïs...) .

Culture dérobée de moutarde blanche en Pologne.

Exemple de mise en œuvre

Implantation de Tournesol (variété "de 100 jours") dans les jours suivant la récolte d'une Orge d'hiver. L'export des résidus du précédent est à privilégier pour ne pas gêner la levée. Le travail du sol est limité à 1-2 passages sans travail profond pour éviter le dessèchement de l'horizon de surface (mais si l'horizon de surface est déjà desséché à la récolte, un labour puis un roulage après le semis peuvent donner de meilleurs résultats). En l'absence de précipitation dans les jours suivant l'implantation, un tour d'eau est nécessaire pour assurer une levée rapide. 2 à 4 tours d'eau sont en général nécessaires par la suite. La récolte peut  intervenir à partir de la mi-octobre, avant l'implantation d'une céréale d'hiver. Le potentiel de rendement est de l'ordre de 20 q/ha.


En système polyculture-élevage

Parcelle de Moha. Graminée à cycle court que l'on peut semer en dérobée Crédit - Auteur : ROUX Philippe.

On implante préférentiellement des cultures à valorisation fourragère, récoltées en ensilage, enrubannage, voire fauchées pour de l'affouragement vert (ray-grass d’Italie, moha, éventuellement associé à du trèfle, méteils …), ou pâturées (colza fourrager, chou fourrager...).

L'implantation peut alors avoir lieu pendant l'hiver entre deux cultures de printemps (ray-grass d'Italie entre deux maïs...).

En agriculture biologique, avec des reliquats azotés à la récolte souvent faibles, des légumineuses à vocation fourragère peuvent être implantées en dérobées (vesce, luzerne, trèfle...).

Dans le cas des cultures fourragères ou des valorisations énergétiques, l’objectif de la culture dérobée est de produire une grande quantité de biomasse en peu de temps afin d’être valorisée sous différentes formes (récoltes en grain, fourrage, énergie…). Le choix de la culture portera donc plutôt sur des espèces à forte production de biomasse.

En système avec méthanisation

Dans ce cas précis, on s'orientera plutôt vers l'implantation de CIVEs (Cultures Intermédiaires à Vocation Energétique). La plante entière est alors récoltée pour alimenter le méthaniseur. Grâce à la fermentation des CIVEs, le méthaniseur peut produire du biogaz, utilisé comme source de chaleur ou d’électricité. Le méthaniseur produit également du digestat qui peut servir à la fertilisation des cultures.
On distingue alors 2 types de CIVEs :

  • Les CIVEs d’été (sorgho, maïs, tournesol, associé ou non de légumineuses), semées principalement entre mi-juin et fin juillet afin de bénéficier de températures chaudes et de journées plus longues. Les rendements de ces cultures sont très variables car leurs croissances dépendent de la pluviométrie estivale.
  • Les CIVEs d’hiver (mélanges à base de graminées (ex : seigle, avoine, triticale) et parfois de légumineuses) semées autours du mois d’octobre. Ces cultures profitent d’une période de croissance longue (supérieure à six mois) et humide.


Application de la technique à...

Période de mise en œuvre : Pendant l'interculture.

Echelle spatiale de mise en œuvre : Parcelle


Neutre Toutes les cultures : Généralisation parfois délicate
Pour une récolte en grains, seules les cultures à cycle court (tournesol "de 100 jours", soja 000 ou 0000 à partir de 2013, variétés de maïs ou sorgho ou pois de printemps précoces, sarrasin) sont adaptées à une implantation en dérobée.


Neutre Tous les types de sols : Généralisation parfois délicate
En dehors des sols hydromorphes qui peuvent rendre délicate une récolte courant octobre dans le ca d'une valorisation en grain, la technique peut être généralisée à tous type de sol. Un accès à l'irrigation peut être nécessaire pour sécuriser la levée et le rendement.



Neutre Tous les contextes climatiques : Généralisation parfois délicate
Les cultures implantées en dérobée pour une valorisation en grain nécessitent tout de même un cumul de température minimum pour arriver à maturité (1 300 à 1 400 °C base 6 °C pour un tournesol en dérobé, 1420°C base 6°C pour un soja 000). Cette technique implique la réalisation d'une analyse climatique fréquentielle permettant de déterminer la fréquence à laquelle elle permet d'atteindre les résultats attendus, et la date limite de semis en dérobé. L'implantation en dérobée est à considérer comme une stratégie d'opportunité à mettre en œuvre quand les conditions climatiques de l'année le permettent (récolte précoce de la culture précédente par exemple). L'implantation en dérobé de cultures à vocation fourragère peut être envisagée dans une plus large gamme de contextes climatiques.


Réglementation

Influence de la réglementation

Attention : l'implantation d'une culture en dérobée doit faire l'objet d'une déclaration sur papier libre auprès de la DDT.


Pour en savoir plus sur les règles PAC et directive nitrates pour les cultures dérobées: Fiche sur les couverts végétaux CIPAN/Dérobées de la Chambre d'Agriculture de Bretagne.


Critères "environnementaux"

Transfert polluant vers eaux (N, P, phyto ...) Diminution.

La présence d'un couvert végétal sur la parcelle tout au long de l'année permet de limiter le transfert de polluant intervenant entre deux cultures principales. Attention, l'implantation d'une culture en dérobé peut cependant impliquer des applications supplémentaires d'herbicides pour gérer les repousses du précédent.


Transfert polluant vers air (N, P, phyto ...) : Pas de connaissance sur cet impact.


Consommation d'énergie fossile : Augmentation.

Même si le travail du sol est limité, les interventions liées à l'implantation de la culture en dérobé impliquent la consommation de carburant. De plus, certaines cultures peuvent nécessiter un séchage (tournesol, maïs) et de l'irrigation.


Dégagement de GES : Pas de connaissance sur impact.

La production de biomasse par la culture dérobée contribue à augmenter la quantité de carbone fixée, la diminution des fuites de nitrates hors de la parcelle diminuent les émissions de N2O indirectes. En revanche, les dégagement de GES liés à la consommation de carburant sont en augmentation, en particulier pour les cultures nécessitant un séchage et/ou de l'irrigation.


Critères "agronomiques"

Positif Productivité : En augmentation.

Les cultures récoltées en grain présentent un potentiel de rendement réduit en dérobé du fait d'un cycle plus court. Le rendement des cultures principales peut également être affecté si des variétés précoces sont volontairement choisies pour allonger la durée de l'interculture. Cependant, l'implantation de cultures dérobées en plus des cultures principales conduit à une augmentation de la productivité globale du système de culture.


Neutre Fertilité du sol : Variable.

L'implantation de cultures en dérobé implique des prélèvements d'éléments minéraux qui peuvent entrainer une moindre disponibilité pour la culture suivante.

Neutre Stress hydrique : Variable.
L'implantation de cultures en dérobé implique des prélèvements d'eau qui peuvent entrainer une moindre disponibilité pour la culture suivante.

Neutre Préservation de la structure des sols : Variable.

En cas de récolte tardive en mauvaises conditions de la culture dérobée, des risques de dégradation de la structure du sol existent. A l'inverse, en sol hydromorphe, une culture dérobée en hiver qui pompe de l'eau peut permettre une meilleure praticabilité au printemps pour semer une culture de printemps.


Critères "économiques"


Négatif Charges opérationnelles : En augmentation.
L'implantation d'une culture en dérobé implique des charges liées à l'achat de semence, de produits phytosanitaires, l'irrigation voire le séchage (200-300 €/ha dans le cas d'un tournesol implanté en dérobé).


Négatif Charges de mécanisation : En augmentation.
L'implantation d'une culture en dérobé implique généralement un nombre de passages plus important et plus coûteux (travail du sol, semis, récolte...) que si le sol est maintenu nu pendant l'interculture ou qu'une culture intermédiaire non récoltée est implantée.


Neutre Marge : Variable.

La marge de la culture dérobée dépend fortement du contexte de prix de vente et d'achat d'intrants, mais elle est inférieure à celle des cultures principales du fait d'un potentiel de rendement réduit. Cependant elle reste généralement positive dans les régions adaptées et contribut à améliorer la marge globale du système.


Neutre Consommation de carburant : Augmentation

L'implantation, le suivi, la récolte d'une culture dérobée implique une consommation de carburant supérieure à la réalisation de faux-semis, à l'implantation et la destruction d'une culture intermédiaire non récoltée.


Critères "sociaux"

Négatif Temps de travail : En augmentation.
Le débit de chantier des interventions d'implantation et de récolte d'une culture dérobée est moindre que celui d'interventions de déchaumages, d'implantation / destruction de cultures intermédiaires non récoltées.

Négatif Temps d'observation : En augmentation.
L'implantation d'une culture en dérobé implique du temps d'observation supplémentaire pour la conduite de l'irrigation, indispensable dans la plupart des situations.

Pour en savoir plus

  • Frédéric Pagès produit deux cultures par an
    -Réussir grandes cultures n°246, p74-75, Article de presse, 2011
  • Tournesol dérobé - Anticipez et semez tôt pour réussir
    -CETIOM, Site Internet, 2011
  • Tournesol et soja - Réussir une culture dérobée
    -Lecomte V. (CETIOM) Perspectives agricoles n°357, p93-95, Article de presse, 2009
  • Trois cultures en deux ans avec un tournesol, un sorgho ou un maïs supplémentaire
    -Réussir grandes cultures n°217, p40, Article de presse, 2008

Annexes

Voir les les cultures suivantes :

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