Jérôme Seguinier, 10 ans d'expérience en gestion de couverts permanents

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Blé avec couvert permanent.jpg

Quand Jérôme s’installe dans le GAEC familial, en 2008 puis en 2011, ils décident de commencer directement par le semis direct. Franck venait d’effectuer une formation en Agriculture de Conservation des sols avec Thierry Têtu, et Jérôme avait peu de connaissances en grandes cultures, gérant surtout le volet élevage sur la ferme, il s’est donc dit “autant apprendre directement l’ACS”. Le GAEC prendra fin en 2020, mais ils continuent tous deux ces pratiques sur leurs fermes respectives.

Ils feront ensuite partie d'un groupe constitué d'agriculteurs qui souhaitent perfectionner leurs techniques agronomiques ( Magellan ) animé par Michaël Geloen ce qui leur permettra de faire des couverts permanents, technique sans laquelle, dans leur contexte pédoclimatique sec et leurs terres pauvres, ils ne pourrait pas pratiquer du semis direct ! Lors de cet entretien, Jérôme nous explique pourquoi et comment il implante des couverts permanents de trèfle blanc et violet avec son méteil et son blé, quelle est sa gestion du couvert en interculture, et quels sont ses autres outils de gestion des adventices à l’échelle de sa rotation.

Description du contexte

  • Nom de la ferme : EI SEGUINIER Jérôme
  • Agriculteur sur la ferme : Jérôme Séguinier
  • SAU : 302 ha.
  • Cultures : Prairies permanentes, prairies temporaires, méteil, blé, trèfle.
  • Ha de couverts permanents : 14 ha.
  • UTH : 2,5.
  • Texture du sol : Sableux limoneux  très superficiel, ( 15 cm de terre), Arène granitique (terre orange jaune peu d’éléments). Parcelles à petit potentiel.  Le grand inconvénient de la zone climat continental, c’est qu’on est sur du sable et les  années sèches c’est compliqué.
  • pH : entre 4,5 (parcelles sur lesquelles rien fait) et 6,2.
  • Taux de MO : 3%.
  • Cheptel : 200 vaches allaitantes limousines à la reproduction.
  • Label : Blason prestige
  • Modes de commercialisation par culture : Autoconsommation.
  • Adresse : 58140 Vauclaix
  • Engagements (dans des groupes, associations, ...) : Président GIEE Magellan, Administrateur SICAREV.

Contexte de la ferme

Historique du terrain, de la transmission etc. :

  • 2008 - 2012 : Système labour et herse rotative.
  • 2012 - 2017 : Système semis direct (avec encore un peu de labour + et herse rotative).
  • 2017 - aujourd’hui : Tout en semis direct.


Historique des évolutions de la ferme :

  • Formation : BTSA ACSE, BTSA PA, et stage 6 mois Australie.
  • Technicien dans une COOP pendant 4 ans.
  • Installation en 2008 en GAEC à 4 associés 550 ha : 150 charolaises et 130 limousines, un peu de cultures pour l’autonomie alimentaire (370 ha dans la Nièvre, en région Bourgogne-Franche-Comté ).
  • 2008 - 2012 : Jérôme explique qu’il y avait énormément de travail  de remise en place de la ferme, il s’est donc concentré sur la remise en route du système principal qui était d'élevage jusqu’en 2012 :
    • Mise en place du pâturage tournant dynamique pour maximiser la production d’herbe.
    • Aménagements sur le site d’exploitation : Vêlages groupés en janvier, mise en place d'abreuvoirs et remise de clôtures dans toutes les parcelles, même celles de cultures.
    • Son père pilotait les cultures (en système labour herse rotative) sur 30 ha. Le reste était en pâture.
  • 2011 :   Installation de son frère Franck et début des essais en semis-direct.
  • 2012 : Achat du 1er semoir SD (Easydrill de Sky, à disques).
  • 2015 - aujourd’hui : Création du GIEE MAGELLAN à 8 personnes avec pour problématique principale : “Comment réussir sa transition en ACS”.
    • Début des essais en couverts permanents sur sa ferme en 2015.
    • Améliorations successives des couverts permanents à partir de 2018.
  • 2020 : Séparation du GAEC mais maintient du travail en commun.
  • 2022 : Construction d’un bâtiment solaire de 210 kilowatt (début en 2018). Stockage matériel et stockage fourrage.
  • 2024 : Obtention du Label haie : 32 km de haies sont présents sur la ferme, son frère Frank en a 40 km. Ces derniers souhaitent en replanter quelques-unes, puis les gérer et les valoriser autrement. Pour l’instant 3 maisons sont chauffées avec le chauffage commun, et ont une chaudière à plaquettes issues des tailles de haies. L'objectif est d'aller plus loin dans la valorisation des haies sur la ferme et de faire de la litière pour les animaux.  

Assolement 2024

Objectifs technico-économiques  

  • Autonomie alimentaire et protéique sur élevage : choix du méteil pour acheter le moins de tourteaux possible et de l’ensilage de 70 à 80 ha. L’ensilage doit représenter ⅔ de la ration, le reste c’est du foin.
  • Litière de bois en projet : Étaler 10 cm de BRF tous les 10 jours à la place de la paille . (aujourd’hui 6 à 8 kg de paille par vache et par jour).
  • Installer 1000 kilowatts au sol de panneaux photovoltaïques.
  • Objectifs sociaux :
    • Davantage d’équilibre pro/perso (le rythme de travail est très saisonnier : en début janvier - 15 février, il fait entre 60 et 90 h par semaine, jour et nuit, début aprèm samedi et fin aprèm dimanche.
  • Objectifs environnementaux :
    • Implantation d’une parcelle d’essai en agroforesterie avec pour objectifs : ombrage et alimentation en ligneux.

Couverts permanents :

  • Définition de couvert permanent : Pour Jérôme, les couverts permanents sont des couverts présents toute l’année sur la parcelle et qui accompagneront la culture de vente sur tout le cycle de production.
  • Eléments déclencheurs :
    • Étant localisé dans une zone avec un climat continental et après de nombreux échecs dans l’implantation des couverts annuels derrière moisson, Jérôme a cherché des alternatives (semis à la volée un mois avant moisson, choix d’espèces agressives…) qui n’étaient pas concluantes ou contraignantes techniquement.
    • Puis est venue la mise en place des couverts permanents qui correspondaient davantage aux attentes. Différents essais ont été réalisés dans sa ferme. Le lotier marche bien, son système racinaire est plus profond que celui du blé donc il y a moins de concurrence sur l’eau, cependant sa semence est chère. Le trèfle est plus abordable et Jérôme peut le valoriser plus facilement en élevage, mais est davantage concurrentiel avec le blé ou le méteil.
  • Objectifs de la pratique, effets recherchés :
    • Couverture du sol en été : Sur 25 ha de blé, Jérôme en conduit 15 ha avec un couvert permanent de trèfle blanc.  Le reste est suivi  des couverts annuels. “Chaque couvert a son avantage, le couvert annuel a une plus grosse production et colonise le sol a differents degrés".
    • Amélioration de stockage MO grâce à la rotation dans son ensemble composée de couverts annuels et permanents.
    • Captation de l’azote pour les cutures suivantes grâce aux légumineuses présentes dans le couvert.
    • Autonomie protéique.

Problématiques rencontrées

  • Échecs des couverts très variables en fonction de la météo.
  • Jérôme a voulu  implanter le couvert permanent sans l’associer au début avec le méteil, ce qui ne marchait pas, maintenant Jérôme implante le trèfle en même temps que le méteil au mois d’octobre avec un semoir à une double cuve et double descente, le trèfle est semé en surface et le méteil à 3 cm surface.
  • Il faut absolument partir sur une parcelle propre quand on souhaite faire un couvert permanent. Par exemple, sur des parcelles avec des rumex qu’il pensait disparus, quand Jérôme a semé du trèfle violet, il a levé leur dormance et n’a pas pu les détruire car les produits désherbant le rumex désherbant également le trèfle.
  • En ne faisant qu’un seul méteil dans la rotation, les parcelles restent “sales”. Enchaîner 2 méteils à la suite dans sa rotation, permet d’avoir un blé plus propre. En effet, comme Jérôme implante un méteil après prairie avec stock de graine très important, deux années de glyphosate de suite sur le méteil permettent d’avoir des parcelles davantage propres.
  • La gestion de la concurrence nécessite de la surveillance, car aucune  année ne se déroule de la même façon. Il faut que le trèfle soit à côté du blé sans le gêner et il ne doit pas approcher les 3 dernières feuilles étalées du blé. Certaines années, pour sauver une récolte de blé, Jérôme a été contraint de l'ensiler pour son élevage.  
  • L’implantation du trèfle serait plus simple avec un semoir à dents.
  • Il faut que les couverts permanents soient semés en de bonnes conditions, par exemple en fin d’année 2024 les conditions étaient très mauvaises, dû aux pluviométries très fortes et l'humidité. Jérôme n’a pas pu mettre de couverts permanents avec le méteil : “Un couvert permanent, il faut l'implanter pour plusieurs années, si en passant avec le semoir tu bousilles ton sol, tu le bousilles pour plusieurs années”.
  • Une technique chronophage : pour l’instant, Jérôme refuse de mettre un coup de charrue bien qu’il l’ait fait l’année dernière à certains endroits. Il souhaite être plus en harmonie avec le rythme de la nature.
  • Jérôme a un parcellaire morcelé et des petites parcelles, donc pour 2 ha “sales” il ne sort pas le pulvérisateur et préfère perdre des quintaux. Ainsi, la gestion de la concurrence entre le couvert permanent et la culture principale est variable en fonction de la taille et la distance des parcelles.

Améliorations successives

  • Investissements dans la mise en place de couverts végétaux sur la ferme :
    • Mécaniquement : Semoir Sky à disques avec 3 cuves à 50 000 €, subventionnés en partie par le PCAE (Plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles) . Jérôme serait plus agile avec un semoir à dents .
    • Temps de formation : Environ 3 formations par an notamment en agriculture de conservation des sols (Selosse, Serge Zaka, Frédéric Thomas, Sarah Singla…) .
    • Jérôme explique qu'il y a des charges d’investissements mais qu’il y a une baisse des charges opérationnelles (semences, engrais etc.).

Itinéraires techniques

La rotation de Jérôme peut varier entre 6 et 10 ans et elle n’est jamais fixée. En effet, sur ses 300 ha dans des sols et milieux hétérogènes en termes de taille et pente, puis en fonction des besoins du troupeau et du climat, il s’adapte constamment.


Méteil sous couvert de prairie
  • Prairie temporaire de 4 ou 7 ans selon les mélanges  + méteil ( méteil = 45 kg de pois fourrager, 30 kg d’avoine et 60 kg de triticale, 3 ou 4 kg de trèfle).
    • Semis au 15 octobre : Il ne rappuie pas forcément après tous les semis, cela dépend de la météo mais il essaye de le faire.
    • Herbicides  : 1,5 à 2L de Glyphosate 360 en fonction du salissement de la parcelle (entre le 1er et le 15 oct) . Application jusqu'à j + 2 après le semis, mais cela dépend de son emploi du temps. S’il y a de la pluie, il sème et traite après s’il fait beau.
    • La prairie pousse sous le méteil en hiver, elle voit la lumière lors de l’ensilage du méteil début mai et ensuite elle se développe.
    • Destruction chimiquement avec implantation du premier méteil quand la prairie n’est plus productive. Glypho 5 jours avant  le semis du méteil soit 5 jours après.



  • Deuxième méteil ( récolté humide, ensilage)
    • Semis au 15 oct - récolté au mois de mai.


Récolte de méteil
Méteil
  • Interculture , couvert annuel (jusqu’au 15 oct).
    • Semis mi-mai
    • Espèces : Mélange du GIEE Magellan composé de niger, radis chinois, moutarde d'Abyssinie, trèfle d'Alexandrie et phacélie. Généralement jerome rajoute des féveroles, vesce et du  tournesol (entre 1 et 2 kg/ha).
    • Densité : 13 kg / ha.
    • Objectifs : La priorité est de nourrir les animaux, puis de maintenir ou améliorer la teneur en matière organique (MO) du sol, bien “nettoyer le sol” avant l’implantation du couvert permanent. Possibilité de faire pâturer ce couvert si c’est une année sèche et qu’il manque de fourrages.
    • Biomasse très variable, entre 1, 5 t et 10 t.
    • Destruction  mi-octobre du couvert avant implantation du méteil. Glyphosate 1,5 L  /ha en fonction du salissement.
  • Méteil avec couvert permanent si la parcelle est propre (trèfle violet et/ou trèfle blanc et/ou lotier) .
    • Date de semis : ~ mi-octobre.
    • Type de semis : Semis direct.
    • Espèces :  Triticale, avoine, trèfle d'Alexandrie et pois fourrager.
    • Traitement des semences : Non.
    • Herbicides  : 1,5 à 2L de Glyphosate en fonction du salissement de la parcelle (entre le 1er et le 15 oct).
    • Densité et profondeur de semis : 2,5 cm , 130 kg / ha , petit PMG donc baisse les kg/ha.
    • Coût des semences : 45/50 eu par ha en semences fermières (dans le commerce cela peut s'élever à 120 eu l’ha).
    • Gestion du couvert permanent : L’objectif est de garder le trèfle pour les vaches, il n’est donc pas du tout régulé dans le méteil.
    • Fertilisation: Environ 50 U d’N. Jérôme suit les préconisations  d’Arvalis pour déclencher ses premiers apports.
    • Gestion ravageurs et maladies : Le méteil est ensilé donc pas vraiment de gestion de maladies qui arrivent fin mai début juin, comme c’est un mélange c’est moins sensible aux maladies.
    • Rendements : Entre 5,5 t et 8 t  avec le couvert permanent en place.
Blé et couvert permanent de trèfle
  • Blé avec couvert permanent ( trèfle violet et/ou trèfle blanc et/ou lotier )
    • Variétés de blé : Fantomas (25 kg), Passion (25kg) , Absalon (25kg) , Complice (25kg).
    • Date de semis : En théorie ce qui marche bien c’est début Octobre.
    • Régulation du couvert :
      • Il regarde le salissement de la parcelle : le trèfle arrive en dormance l’hiver, donc pas d'herbicide en principe à l’implantation.
      • Au printemps/stade 2 nœuds du blé : Starane 200 (hormone) 0,25 L/ha. En un ou deux passages. Si besoin 3eme passage fin mars ou début avril.
  • Herbicides pour le blé  : désherbage d'automne, post semis pré levée, glyphosate 1,5 soit trooper 2,5 à pleine dose.
  • Amendements pour le blé: Azote soufré (Ammonitrate 27 + 12 soufre ) à 50 u N en premier apport, épi 1 cm, en prévision d’une pluie. Ensuite 2 ou 3 apports d’azote selon les besoins du blé. S’il n’y a pas de prévision de pluie, Jerome apporte de l’azote sous forme uréique 46.
  • Moisson du ble au mois de juillet.
  • Arrêt du couvert quand sa productivité baisse. Jerome préfère le laisser le plus longtemps possible et limiter la chimie car “le plus longtemps il restera, plus il fera des nodosités, apportera de la MO, et rentabilisera la dépense en semences”.  En général quand le couvert baisse en productivité, Jerome réimplante une prairie associée à un méteil et “comme il faut des légumineuses”, il ne détruit pas le trèfle.

Gestion du couvert permanent en interculture :

  • Date de semis : Entre mai et octobre.
  • Mode de semis : Semis avec l’Easydrill en même temps que le méteil.
  • Coût des semences : entre 30-40 € / ha.
  • Espèces et variétés : Trèfle blanc et/ou trèfle violet et/ou lotier ( en général 3 ou 4 kg/ha). Il fait souvent un mélange qui fait au total 12 kg/ha car ayant des sols hétérogènes, “c’est la bonne graine qui pousse au bon endroit”. Il fait donc un mix intelligent de 50% de trèfle blanc et 50% de trèfle violet.
Couvert permanent après récolte du blé.



Avantages :

  • Implantation et longévité du couvert permanent avec associations trèfle blanc et violet  : Le trèfle violet dure entre 18 mois et 3 ans, sa  longévité est plus courte que celle du trèfle blanc qui durera entre 4 et 5 ans. En termes de rapidité d’implantation, le trèfle blanc s’installera plus lentement, contrairement au trèfle violet qui va s’implanter rapidement et produire beaucoup de biomasse. Donc en associant les deux, Jérôme sécurise l’installation de ses trèfles et notamment du trèfle blanc, la première année le trèfle violet colonisera les espaces laissés par le trèfle blanc et au fur et à mesure le trèfle blanc prendra la place du trèfle violet qui disparaitra naturellement.
  • Trèfle blanc : Très bonne couverture du sol et concurrence vis à vis des adventices grâce à ses stolons. Possibilité d'exportation en interculture si l’année est favorable.
  • Trèfle violet : Couverture du sol intéressante, installation rapide, moins concurrentiel que le trèfle blanc car enracinement plus profond (jusqu’à 2m) et exportation en interculture élevé.
  • Jérôme préconise le lotier sur ses terres superficielles à petit potentiel, c’est seulement son prix (environ 70 eu/ha à 10kg/ha), qui limite son utilisation. Son système racinaire est profond (2 à 4 m) limitant ainsi sa concurrence vis à vis des cultures.


Les attentions à avoir :

  • Les trèfles violet et blanc occupent les mêmes strates que les cultures (entre 80 et 120 cm de profondeur ), ce qui est pénalisant dans les sols superficiels, les années sèches ou avec des cultures à enracinement superficiel.
  • Le trèfle blanc s’installe lentement dans la parcelle.
  • Forte sensibilité aux herbicides pour le trèfle violet et sensibilité moyenne pour le trèfle blanc (notamment par rapport aux sulfonylurées).
  • Ne pas faire suivre un couvert de légumineuses par d’autres légumineuses (féverole, soja, pois chiche, pois, lentille…) ou tournesol et betterave.
  • Densité et profondeur de semis  : 2,5 cm de profondeur, entre 10 et 12 kg/ha toutes semences confondues. Le GIEE Magellan proposer pour un mélange pour débuter composé de 3 à 4kg/ha de trèfle violet puis de 1,5 à 2 kg pour du trèfle blanc.


Entretien du couvert en interculture :

  • Si le couvert n’est pas très développé Jérôme fait pâturer ses vaches.
  • Si le couvert est très développé : Une ou deux fauches, à 8, 10 cm du sol.
  • Pour ce qui est du broyage : Jérôme le pratique rarement, il le fait seulement si les vaches ont assez à manger.
Troupeau de vaches allaitantes





Consignes pour le pâturage du trèfle :

  • Le trèfle peut être dangereux et mettre les vaches en acidose. Pour éliminer ce risque, Jérôme met les vaches à pâturer le couvert le plus tard possible avec plus de 50% de la parcelle avec des boutons fanés. Cela est profitable également car les graines de trèfle seront tombées et participeront au réensemencement de sa parcelle.
  • Foin à volonté pour que les vaches puissent avoir autre chose que du trèfle.
  • Pâturage tournant. Pour l’instant Jérôme n’a pas la possibilité du pâturage tournant dynamique car son parcellaire n’est ni regroupé ni homogène et qu’il n’a pas beaucoup de connaissances sur le sujet, il fait donc du pâturage tournant : généralement il change les vaches  de parcelle 1 fois par semaine, quand “l’herbe est en dessous de la cheville”. Il constate depuis d’adoption de cette pratique qu’il a une meilleure production d’herbe. Chaque lot a un parcours entre 4 et 6 parcelles.
    • Précisions sur pilotage du pâturage : Sur les petites parcelles, d'environ 50 ares, les vaches restent moins longtemps et les parcelles sont moins chargées : environ un lot de 50 vaches pendant 1 journée par exemple. Il y a aussi des îlots de 60 ha découpé en 9 parcelles avec des tailles aléatoires (la plus grande atteint 16 ha et la plus petite fait  4,5 ha), sur ces ilots Jérôme répartit 40 vaches. Le pilotage du changement de parcelle se fait à vue, et la mesure pour la hauteur de sortie c’est “la hauteur de la cheville”.

Amendements à l’échelle de la rotation

  • Le curage des étables est fait en janvier, puis le fumier pailleux est composté en mars pour ne pas ramener d’adventices au champ : depuis, Jérôme constate une baisse de la quantité de rumex.
  • Il épand 12 t / ha en août ou septembre (pas systématiquement tous les ans) avant l’implantation des cultures ou des prairies (soit couvert permanent soit couvert annuel, il s’adapte en fonction de la localisation des tas de fumier). Il est opportun de le mettre après le pâturage des vaches ou après une fauche.

Stratégie de maîtrise des adventices à l’échelle de la rotation/du système

  • Une longue rotation, constituée notamment de deux méteils qui se suivent, ce qui nettoie bien les parcelles .
  • L’alternance des modes de récolte : ensilage, foin ou pâturage (pas tout le temps les mêmes parcelles, pas les mêmes dates pour pouvoir en nettoyer d’autres. Pour l’ensilage, qui est récolté est à un stade immature, les graines sont présentes mais pas à maturité donc cela vient appauvrir le stock de graines dans le sol.
  • Alternance des dates de semis : Il fait des semis au mois d’octobre pour le méteil et le trèfle et les couverts annuels au mois de mai par exemple. Le fait de semer à plusieurs dates perturbe les levées de dormance des adventices et limite le salissement.
  • Semer à 5, 6 km / ha maximum, au-delà de 7 km / ha il y a plus de terre fine qui est crée et de levée de dormance, ce qui favorise un meilleur contact sol-graine.
  • Au niveau de la chimie, Jérôme en utilise pour le blé et le trèfle (Kerb afin de lutter contre les vulpies)  et sinon simplement le glyphosate avant implantation.

Niveau de pression adventices :

  • A part vulpies pas de grands problèmes au niveau des adventices.
  • Pas de résistances Ray-grass, vulpin.

Bilan sur l’effet des couverts

  • Pour l'instant, Jérôme n'a pas de retour quantifiable sur l’effet des couverts permanents sur les cultures et sur la pression des adventices. Cette technique lui permet en tout cas d’implanter son blé en semis direct, ce qui ne serait pas possible sans couvert permanent face aux sécheresses et à la pauvreté de son sol.
  • Diminution des besoins en azote : Jérôme utilise entre 90 et 120 U d’azote pour les céréales, pour les cultures fourragères entre 30 et 60 U d’azote, une moyenne basse selon Jérôme dans son secteur,  pour des rendements qui ont augmenté, oscillant entre 60 et 70 quintaux, bien que son objectif ne soit pas d’aller chercher les derniers quintaux, car il est éleveur.
  • Au niveau de la biodiversité, il est difficile de voir des différences avant/après l'implantation de couverts permanents car la ferme contient beaucoup de haies et est à proximité de forêts.
  • Son système d'élevage fait qu’il y a toujours une roue de secours quand le blé se fait rattraper par le couvert permanent, car il y a la possibilité d’ensiler la culture.
  • "Les années se suivent mais ne se ressemblent pas". Selon Jérôme, il faut être prêt à "prendre des gamelles, être observateur, vouloir comprendre pourquoi".


Les avantages des pratiques mises en place (au niveau environnemental, économique et social) :

  • La couverture du sol limite l’utilisation de chimie.
  • Autonomie en protéines.


Les points de vigilance :

  • Technicité au niveau du trèfle, il ne faut bien gérer la concurrence pour récolter du blé : "Il faut être réaliste cette technique n’est pas évidente à maîtriser, l’effet parcelle et l’effet année, apportent beaucoup de variantes et donc on est en adaptation permanente."
  • Certaines de ses terres sont trop acides il prévoit donc de faire des apports de calcaire pour augmenter le pH. Cela pourrait améliorer l’implantation de ses trèfles qui se développent mieux dans des terres où le pH environne 7.