EARL La Robe des Champs

De Triple Performance
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Une rotation de 2 ans sur pomme de terre en ACS
Nicolas Hallegouet, Roland Hallegouet
Ver de Terre Production Finistère (département) Grandes cultures

Ferme du hameau de la Reine (4).jpg

Nicolas Hallegouet © Plantation de pomme de terre

Nicolas et Roland Hallegouet sont producteurs de pommes de terre en agriculture de conservation dans le Finistère. En 1999, Nicolas s’installe sur la ferme de son père en système labour classique.  Roland le rejoint en 2016. La surface est de petite taille : 30 hectares, il faut donc assurer une rentabilité pour compenser le peu de foncier. Nicolas produit donc des pommes de terre de consommation, des primeurs et les vend en direct, c'est donc le débouché principal de la ferme.

En 2002 le travail étant trop conséquent Nicolas décide de passer en travail simplifié du sol. Depuis cette date les Frères Hallegouet ont fait évoluer leur système pour correspondre à leur objectif d'efficacité en termes de temps de travail et de conservation de la qualité de leur sol. Les 2 frères Hallegouet ont pour ambition de conserver une bonne vie du sol en favorisant les micro-organismes et les vers de terre malgré le travail du sol nécessaire à la production de pommes de terre. Nous allons donc voir comment Nicolas et Roland Hallegouet ont mis en place un système agricole agroécologique et productif pour atteindre leur objectif.


Caractéristiques

Nom de la ferme EARL la Robe des Champs
Exploitants Nicolas et Roland Hallegouet
Localisation 29490 Guipavas Finistère
Surface agricole utile (SAU) 33 HA
Proximité du foncier 85% des terres à moins de 3km de la ferme
Unité de Travail Humain (UTH) 2 UTH
Sol Sablo limoneux humifère

<15% d'argile 50-60% de limon

Cultures principales Blé de d’hiver, pommes de terre primeur et de consommation
Labels Aucun label, car ils trouvent ça peu rémunérateur pour le producteur,

compte tenu de l’administratif que cela entraîne.

Mode de commercialisation
  • Pommes de terre : vente directe à une quarantaine de clients (restaurants)
  • Blé fourrager : vendu en direct à un éleveur de porcs.
Engagements Membre des groupes TCS 29 et Sols d'Armoric


Spécificités

Étapes de transition

  • 1999 : Nicolas s’installe sur 30 ha en système labour classique.
  • 2002 : suite à une surcharge de travail occasionnée par la vente directe :  Nicolas arrête le labour et se rapproche de la chambre d'agriculture pour se former à la technique ; il intègre un groupe: TCS 29.
  • 2009 : achat d'un semoir semi direct (kuhn sd 3000).
  • 2013 : tentative de couvert permanent de Luzerne, sans conclusion positive.
  • 2016 : installation de Roland, son frère.
  • 2019 : Mise en place de couvert permanent de trèfle avec le blé sur 2-3 ans.


Objectifs globaux

  • Avoir des cultures rentables.
  • Conserver une bonne vie du sol en favorisant les micro -organismes et les vers de terre malgré le travail du sol nécessaire à la production de pomme de terre. Suivant une stratégie de compensation par des couverts végétaux.
  • Produire du carbone afin d’enrichir le sol (donc pas de réduction d'engrais azotés pour l’instant).


Contexte pédoclimatique de la ferme

Contexte pédoclimatique
Texture de sol Sablo limoneux humifère

< 15% d’argile

50-60% de limon

Taux de MO[1] (stable sur 20 ans) 3-6%
potassium (pas d'apport depuis 20 ans) 5%
PH du sol 5,8-6
Vers de terre à l'ha 1,5-2,5 tonnes
Pluviométrie annuelle moyenne (mm) 1000 (source: Hallegouet)
Température moyenne maximale 23°C (source: Hallegouet)
Température moyenne minimale 11°C (source: Hallegouet)


Un climat océanique

La ferme EARL La Robe des Champs bénéficie d’un climat océanique doux et tempéré, largement influencé par la proximité de la Manche. Cette influence maritime permet de maintenir des températures modérées tout au long de l’année, avec des moyennes comprises entre 10 et 12°C en hiver et 20 à 25°C en été. Les précipitations annuelles avoisinent les 1000 mm, réparties de manière relativement homogène sur l’année. Toutefois, on observe une certaine saisonnalité, avec des printemps généralement secs, tandis que les hivers sont doux, humides et relativement pluvieux.


Des sols superficiels

Les sols de l’exploitation sont à dominante sablo limoneuse, avec une profondeur moyenne de 22 cm. Ce type de sol, bien que humifère, est sujet à des problèmes de battance, notamment en raison de sa faible teneur en argile. Les exploitants réalisent des apports réguliers de magnésium pour pallier ce problème. Ces apports permettent de stabiliser la structure du sol en créant “un lien entre la matière organique” et les minéraux, favorisant ainsi une meilleure activité biologique.

Un PH en phase de progression

Le pH du sol est en phase de redressement, actuellement compris entre 5,8 et 6. L’objectif des exploitants est de l’amener progressivement entre 6 et 7, afin d’améliorer la fertilité du sol et l’efficacité des nutriments. Pour cela, un apport est fait tous les deux ans de carbonate de calcium sous forme de dolomie, afin d’atteindre 48 % de saturation du complexe argilo-humique (CAH).


Une répartition du parcellaire homogène

L’exploitation est constituée de 21 parcelles, avec une surface moyenne de 1,57 hectare chacune. Ces parcelles peuvent être regroupées en deux grands types de sols : les zones situées en fond de vallée, plus riches en limons (plus de 60 %) mais avec un taux de matière organique plus faible (3 %), et les autres parcelles présentant une texture plus équilibrée. La proximité du parcellaire est un atout majeur, avec 85 % des terres situées à moins de 300 mètres du bâtiment principal et aucune à plus de 1,5 km.

Les exploitants doivent enfin faire face à une pression urbaine non négligeable qui restreint l’agrandissement.


L’approche du sol basé sur l’équilibre physico chimique des éléments

La stratégie d’apport d’amendement se fait à l’échelle de la rotation, la clé d’un sol productif repose sur un équilibre physico-chimique solide avant même de travailler sur sa biologie. Comme il l’explique, “un sol productif agricole, c'est pas un sol forestier”. Contrairement à un sol forestier, où la production de matière sèche est limitée à environ 5 tonnes par hectare par an dans un climat tempéré, un sol agricole doit générer entre 20 et 25 tonnes de matière sèche. Cela nécessite une minéralisation importante, notamment de l’azote, pour soutenir cette forte productivité.

Cet équilibre chimique, en particulier entre le calcium et le magnésium, joue un rôle fondamental dans la structure du sol. “le bon équilibre calcium magnésium fait qu'on a une terre très souple et très grumeleuse”, un état qui favorise à la fois la vie biologique du sol et la santé des cultures. Grâce à des apports d’amendements magnésium et en calcium réguliers, Nicolas et Roland ont observé une nette diminution des pathogènes du sol tels que le rhizoctone ou encore le taupin.

Les exploitants travaillent selon une approche multifactorielle, en intégrant également les interactions entre champignons, bactéries, carbone, azote, et les équilibres en air et en eau dans le sol. Nicolas travaille depuis un certain temps pour développer les bactéries et les champignons en pulvérisant les solutions GAÏAGO (microorganismes). Cette vision globale leur permet de gérer les pathogènes tout en augmentant la capacité de réserve hydrique des sols. L’objectif est d’atteindre un niveau de calcium de 68 % de la CEC afin de réduire notamment les problèmes de ravageurs et surtout d'augmenter la capacité de réserve hydrique du sol.

Optimisation des analyses de sol

Afin de corriger les déficits, des analyses sont réalisées tous les 2-3 ans mais sans mélanger les prélèvements sur les zones meilleures avec les moins bonnes afin de rééquilibrer les endroits plus faibles. C'est-à-dire que les analyses de sols sur les parcelles sont faites par zones et non par parcelles, car  “Si on veut gagner en rentabilité à l'hectare, il faut absolument améliorer les zones qui ont plus de difficultés.” et c’est ici que les ravageurs sont les plus présents.


Nourrir son sol : suivi des cultures

Assolement


Descriptif de la Rotation

Schéma des rotations


Comme on peut le voir sur le schéma ci-dessus, Nicolas et Roland Hallegouet ont mis en place 3 rotation différentes en fonction des parcelles:

Rotation courte (2 ans) : Pomme de terre primeur et blé

Cette rotation rapide est dédiée aux pommes de terre primeur, qui sont plantées entre janvier et février, puis récoltées en mai. Après la récolte, un couvert spontané se développe naturellement (renouée, chénopode, graminées estivales) après un passage de canadiens. En octobre, le blé est semé directement dans ce couvert. L'objectif est de maximiser la densité végétale et d’assurer une bonne structuration du sol après le passage de la pomme de terre. Cette rotation permet une commercialisation précoce et une valorisation rapide des cultures.

Rotation intermédiaire (3 ans) : Pomme de terre de saison et blé

Dans cette rotation, les pommes de terre sont plantées plus tard, en mars-avril, et récoltées à la fin de l’été. Après la récolte, le blé est semé avec du trèfle blanc, un deuxième blé est semé l’année d’après dans le trèfle (qui a été régulé chimiquement). Cette rotation vise à optimiser la fertilité du sol en intégrant un couvert de trèfle blanc sous le blé, qui permet d'améliorer la structure et la vie du sol. Le trèfle est détruit avant la troisième année, avant de semer un couvert d’avoine en prévision de la pomme de terre. L'objectif est d'avoir une couverture maximale en surface et un travail racinaire conséquent. La forte densité de l'avoine (150-180 kg/ha) limite son tallage et facilite ainsi la dégradation lors de sa destruction en février.

Rotation longue (4 ans) : Pomme de terre de conservation et trois blés successifs

Après la récolte des pommes de terre, de la même façon que la rotation 2 le blé  est semé en octobre et est suivi de deux autres blés successifs.


Gestion des IFT et des amendements

Actuellement, le programme de fertilisation n’a pas été modifié, même avec la présence de trèfles permanents dans le système de culture. En ce qui concerne les amendements, les apports de carbonate de calcium sont réalisés en surface, directement sur le couvert de trèfle, afin d’éviter un excès de calcium qui pourrait asphyxier les racines. Par ailleurs, les exploitants n'utilisent pas d’applications spécifiques pour calculer les besoins en fertilisation, mais privilégient une approche fondée sur l’expérience et l’observation du sol.

Concernant les IFT (Indicateurs de Fréquence de Traitements), une baisse progressive est observée dans la rotation longue entre un premier et un troisième blé, car l’amélioration de la santé du sol permet de réduire progressivement les traitements. Cependant, malgré une tentative d’arrêt des fongicides sur blé, les conditions climatiques locales, marquées par une forte hygrométrie liée au climat océanique, ont contraint les exploitants à reprendre leur usage.

Aperçu des IFT par cultures 2024
Culture Scénario Herbicides Fongicides Insecticides IFT Total
Blé N°1 2,33 0,91 0,33 3,57
N°2 2,33 1,16 0 3,49
N°3 2,33 0,66 0 2,99
Pommes

de terre

Primeurs 1,66 0 0 1,66
Conservation 2,86 5,00 0 9,33


Mise en place et gestion du trèfle permanent

L’implantation d’un couvert végétal permanent de trèfle blanc demande un certain temps d’adaptation. Les premières années d’apprentissage ont été marquées par des ajustements importants, “ça nous arrivait de faire du 30 quintaux en blé au lieu d'en faire 80”. Un trèfle met 6 mois pour s'installer , c'est très long, c'est pourquoi il doit s'inscrire dans la durée pour être valorisé. Cette lenteur exige de limiter les traitements herbicides notamment la première année, pour ne pas compromettre son développement. En revanche, dès la deuxième année, le trèfle est suffisamment enraciné pour supporter des programmes herbicides plus conséquents.

Les exploitants utilisent des variétés adaptées, comme le trèfle nain des variétés: "Huia et Aberace", connu pour leur agressivité racinaire, qui favorise une implantation durable et efficace. Ils constatent également que l’effet bénéfique du trèfle se renforce avec le temps. Par exemple, les troisièmes blés de la rotation offrent toujours de meilleurs résultats que les deuxièmes, grâce à l’amélioration progressive des sols induite par le trèfle.

La régulation du trèfle est en cours d’évolution, initialement il y avait seulement une régulation chimique mais depuis un an ils fauchent le chaume et le trèfle après la moisson au rat du sol afin de mélanger les résidus de paille au trèfle et d’accélérer leur décomposition. Cette pratique limite les effets secondaires du glyphosate, connu pour ralentir la dégradation des pailles. Ainsi, lorsque le glyphosate est appliqué au mois d’octobre, la majeure partie des pailles a déjà disparu.

Il faut cependant noter que la réaction du trèfle à une dose d'herbicide donnée varie considérablement selon s'il est au stade de dormance (peu de réactivité) ou au stade de montaison (très sensible).

Un bilan sur la mise en place du trèfle

En définitive, le couvert de trèfle a l’avantage d’améliorer la structure du sol et donc son érosion, grâce notamment aux stolons (photo ci-dessous) du trèfle. Cette bonne texture, maintient une bonne fertilité et une meilleure gestion de l'eau malgré la culture de la pomme de terre. Il contribue également à la lutte contre les ravageurs puisque les limaces restent sur le trèfle au lieu d’aller sur le blé. Si la présence de légumineuses dans la rotation a des impacts indéniables sur la fertilité globale du sol, les exploitants ne voient pas encore d’effets azotés sur la culture associée.  Cependant, sa mise en place requiert une adaptation des pratiques et pour éviter une concurrence avec la culture principale pour l’eau et les nutriments. Il faut faire le bon choix d’espèces et les méthodes de destruction.

La gestion du trèfle ne nécessite pas spécialement de travail supplémentaire puisqu’elle se fait principalement de manière chimique et elle ne compense pas le gain de temps occasionné par l’arrêt du labour.

Le système racinaire du trèfle en forme de stolon

Modification de la date de semis

Avec le trèfle permanent, les semis d’automne sont avancés de trois semaines, tandis que ceux de printemps sont retardés de quinze jours. En effet, le sol se réchauffe moins vite au printemps et il faut que les cultures aient leur somme de températures nécessaire pour pousser.


Gestion de la pression sur les cultures

Limaces : Faibles pression car elles trouvent suffisamment de nourriture dans les trèfles qui sont présents en couverture, ce qui évite les  nuisances sur le blé.

Taupin : Il est géré grâce à un équilibre chimique du sol optimisé.

Les adventices : Globalement bien géré par le couvert.




Impact observé des nouvelles pratiques

Les suivis réalisés sur la ferme EARL La Robe des Champs ont permis d’observer plusieurs évolutions positives liées aux pratiques mises en place.

  • Le comptage des vers de terre anéciques, effectué tous les deux ans, a mis en évidence une augmentation de leur population, ce qui témoigne d’une amélioration de l’activité biologique du sol (facteur 4) . Même si la production de pommes de terre entraîne une perte annuelle d’environ une tonne de vers de terre, avec un point de départ estimé à 2,5 tonnes par hectare.
  • L’un des effets notables des nouvelles pratiques est une plus grande régularité du pH, permettant une meilleure stabilité chimique du sol.
  • L’amélioration de la capacité d’infiltration et de stockage de l’eau constitue un autre impact majeur. Cette évolution offre des fenêtres météorologiques plus larges, permettant une gestion plus souple des interventions agricoles.
  • L’épandage de lisier dans un deuxième blé sous couvert de trèfle peut ainsi être réalisé sans affecter la structure du sol. Enfin pour les pommes de terre primeurs, les sols étant mieux ressuyés, la plantation peut être anticipée d’un mois, ce qui offre un avantage pour la commercialisation.


Biodiversité sur la ferme

La ferme EARL La Robe des Champs bénéficie d’une biodiversité riche par la présence de 4,5 km de bocage. On observe une grande diversité de champignons, de carabes et d’araignées, contribuant à la régulation naturelle des ravageurs et au maintien de la santé des sols. Cette biodiversité renforce la résilience du système agricole tout en réduisant la pression des maladies et des insectes nuisibles.

"La biodiversité végétale repose sur la diversité de la flore et des essences d'arbres sur le bocage. La biodiversité animale s'appuie sur une biomasse entre 10 et 12 tonnes par ha, sans compter tous les oiseaux qui viennent se nourrir en hiver tout en apportant du phosphore par leur fientes."

Valorisation et gestion des approvisionnements

Toutes les productions de la ferme EARL La Robe des Champs sont commercialisées en vente directe, pour garantir une meilleure valorisation. Les pommes de terres sont toutes calibrées à la récolte et stockées dans des palox d'une tonne entre 8 et 12 degrés. Quant au plant, afin de garder la certification il est acheté chaque année. En revanche, pour la semence de blé, ils disposent d'un trieur à céréales afin de produire leur propre semence.

Organisation des ventes  

  • Pomme de terre

L’EARL La Robe des Champs privilégie un système de vente directe, avec une commercialisation principalement tournée vers la restauration locale. Environ 80 % des ventes sont destinées à une quarantaine de restaurateurs, complétés par trois magasins fermiers, un drive et quatre poissonneries. Ce choix s’explique par la nécessité de valoriser au mieux la production sur une faible surface foncière. Cependant, la ferme doit faire face à une forte concurrence, notamment avec les producteurs des Hauts-de-France et l’importation de certains produits depuis la Chine, ainsi qu’à une baisse globale de la consommation, particulièrement chez les jeunes.

  • Blé fourrager

La totalité du blé est aussi commercialisée en direct auprès d’un producteur de porc à proximité.


Equipement

Actuellement, pour les travaux de semis et de plantation Nicolas et Roland utilisent un semoir KUHN SD 3000, un  canadien équipé de dents droites, une planteuse et une tamiseuse, en propriété. C’est là leurs principaux matériels.

Les récoltes et les semis sont réalisés individuellement, ce qui permet de mieux contrôler chaque étape du processus. Cependant, l'épandage du lisier est fait par ETA (Entreprise de Travail Agricole), tandis que l'épandeur à engrais est en CUMA (Coopérative d'Utilisation de Matériel Agricole), ce qui permet de partager les coûts.


Canadien à dent droite
semoir Kuhn SD 3000 dans un couvert spontané


Organisation du travail

Il y a deux UTH (Unité de travail Humain) sur l’exploitation, dont une personne dédiée à plein temps à la commercialisation. L’objectif des exploitants est de limiter le temps de travail à 50 heures par semaine sur cinq jours, rendant ainsi le travail le week-end très rare. Cette organisation permet également de bénéficier de cinq semaines de congés par an chacun.

Les exploitants sont également impliqués dans un groupe d’essai “TCS 29”, un collectif dynamique favorisant l’échange de pratiques et l’accompagnement dans les évolutions techniques. Bien que la distance puisse parfois être un frein, cette participation leur a permis de se conforter dans leurs choix et d’améliorer en continu leurs méthodes de travail.


L’autonomie sur la ferme

Semences : La ferme privilégie les semences fermières pour le blé fourrager, favorisant l’adaptation locale et la réduction des coûts. En revanche, en pomme de terre, les plants sont achetés à l'extérieur afin d’avoir des plans certifiés. Enfin la mise en place du couvert spontané nécessite qu’un passage de canadiens et n’engendre donc aucun coût de semence.

Fertilisation : Le lisier de porc vient d’un producteur à proximité, ce qui limite les coûts de fertilisation.

Organisation du travail : Le temps de travail sur les cultures est optimisé par le semis direct, ils font cependant appel à l’extérieur seulement pour le lisier.

La commercialisation : La totalité de la production étant commercialisée en direct, les exploitants ont donc la liberté de fixer eux même leur prix.

Indépendance économique : La ferme ne souhaite pas dépendre des subventions de la PAC,(elle n’y est pas éligible à cause des rotations courtes), mais ils préfèrent avoir une liberté d’innovation et une rentabilité durable.


Conseil pour faire la transition  

  • Il est essentiel de “faire partie d’un groupe d'échange” , afin de partager des expériences, bénéficier de conseils et éviter certaines erreurs grâce aux retours d’autres agriculteurs.
  • Il faut prendre du temps pour se former.
  • Pour débuter dans ce type de pratique, il faut commencer par équilibrer chimiquement son sol.


Les évolutions à venir: axes d’amélioration

L’objectif à l’avenir est d’optimiser les ruptures parasitaires en améliorant la dégradation des pailles, puis d’ajuster les rapports carbone/azote (C/N) afin d’assurer une nutrition continue du sol. Les exploitants cherchent à s’approcher des 68% de calcium pour atteindre un bon équilibre chimique afin de permettre une meilleure gestion des ravageurs et des pathogènes tout en renforçant la capacité de rétention en eau du sol.

Enfin, cette année, a été lancé un nouveau programme avec la société zéro résidus visant à remplacer une partie de la chimie de synthèse par du bio contrôle, dans le but de toujours améliorer le système.

Des Facteurs limitants

En blé, ce sont les facteurs pédoclimatiques qui limitent le rendement. Le rayonnement solaire est parfois limité en juin lors du remplissage du grain car le climat n'est pas assez continental. Par ailleurs, le blé s'exprime davantage dans des sols profonds que dans des sols superficiels.

Economie

Les rendements en blé fourrager varient fortement en raison d'ajustements encore nécessaires.

  • En pommes de terre : 40-45 t/ha
  • En Blé Fourrager : 30-95 qtx/ha

"Ces derniers peuvent grandement s'améliorer. La mise en place d'un couvert permanent associé à une céréales demande de nombreuses années, car l'acquisition d'un savoir-faire est nécessaire pour bien gérer le couvert, seule la multiplication des expériences permet cet apprentissage. Il faut être très persévérant…"

Les résultats économiques sont correct grâce à de très faibles charges de production:

  • Marge Brute Pomme de Terre  : 15 000 €/ha
  • Marge Brute Blé : 750 €/ha
    • EBE[2] > 100 000 €

Cependant la ferme à été très impactée par la fermeture des restaurants suite au Covid 19 avec des conséquences sur 3 années consécutives. Ce facteur est donc à prendre en compte dans l'interprétation de ces résultats de 2022. Les chiffres 2024 sont en forte progression.

Sources

  1. Matière Organique
  2. Excédent Brute d'Exploitation
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