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Optimisation de la production grainière à bas intrants - retour d'expérience (Robert Melix - Aglae)

De Triple Performance
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Association orge / pois. Crédit photo : Loïc Doussat.
Retour d’expérience d’agriculteur, qualifié par un groupe d’expert dans le cadre du projet Aglae porté par la Chambre d’Agriculture d’Occitanie.

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Retour d'expérience de Robert Melix, dans le cadre du projet Aglae. Il nous présente comment il optimise sa production grainière en bas intrants.

Motivations

Je fais partie des groupes DEPHY Grandes Cultures de l’Aude qui s’intéresse à la diversité génétique à l’échelle de la parcelle. En parallèle, les réseaux DEPHY Polyculture élevage ont travaillé l’intérêt des méteils grains ou fourragers. J’ai pu observer les avantages des mélanges variétaux et des cultures ou couverts associés.

En 2016, je suis passé en Agriculture Biologique, dans une logique de mise en place d’un système bas intrants, en cherchant à maximiser le volume récolté sur mes parcelles. Globalement le mélange semé permet de diminuer la pression des bioagresseurs observés :

  • La densité de semis et les différents ports des plantes limitent la présence des adventices.
  • La diversité des espèces limite l’appétence des ravageurs spécifiques et limite leur nuisibilité.
  • Le mélange génétique ralentit le développement des maladies.
  • Les différents besoins (éléments minéraux, lumière, eau) des plantes permettent une meilleure valorisation des ressources en situation de contrainte.

Je suis convaincu que ces associations assureront la pérennité des systèmes à bas intrants.

L'exploitation

Mise en pratique

Mise en place en 2016.

Mon système de culture

En sec sur 250 ha. Rotation sur 4 ans.

Robert Melix Rotation Association.png

Seules les pratiques mises œuvre autour des associations et en lien avec la gestion de la flore adventice sont présentées ici.

Optimisation de la production grainière à bas intrants : ma façon de faire

Pour commencer, j’ai mis en pratique une association maîtrisée par les producteurs en polyculture élevage : l’association orge/pois pour un débouché alimentation animale. Globalement, l’itinéraire technique est proche de celui d’une céréale d’hiver :

Octobre

Je prépare ma parcelle pour réaliser un semis sur un sol propre et bien nivelé pour assurer l’efficacité des interventions de désherbage mécanique le cas échéant. Le dernier passage est réalisé au vibroculteur à cœurs pour un « binage » intégral de la parcelle (voir la page de cette pratique détaillée par Damien Carpene).

Novembre, Décembre

Je réalise mes semis. L’état du salissement des parcelles détermine la date de semis. Je sème avec un semoir à céréales classique, en 1 seul passage, les deux espèces mélangées. Je mélange les semences d’orge et de pois dans une remorque qui me sert de réserve pour remplir mon semoir.

Mon mélange consiste à mettre 1 dose de céréales (orge : 250 à 300 g/ m² soit environ 120 kg/ha) et 1/2 dose de légumineuse (pois : 40 à 50 graines/m² soit environ 90 kg/ha). Le mélange est à adapter en fonction du salissement et de la réserve hydrique des parcelles. Les semis de méteil demandent une bonne logistique d’approvisionnement.

Janvier, Février

Association orge/pois en début de cycle. Crédit photo : Loïc Doussat.

Si nécessaire, un passage de herse étrille ou de houe rotative entre les stades 3 feuilles et redressement de la céréale, et les stades 2 feuilles et formation des vrilles du pois. L’effet de l’association sur les adventices autorise les impasses de désherbage.

Juillet

La récolte se réalise classiquement à la moissonneuse-batteuse avec un réglage moyen entre les 2 espèces. Les moissonneuses-batteuses type axial ou avec un double batteur permettent un meilleur dépicage (réglage du batteur à l’entrée pour l’espèce la plus sensible à la casse, réglage à la sortie pour l’espèce la plus difficile à séparer). Les graines sont triées grâce à un trieur–séparateur rotatif.


Trieur – séparateur rotatif. Crédit photo : Natacha Legroux

Mélange d’espèces : mes critères de choix

Je dois choisir des espèces dont les graines sont faciles à trier. En effet, la partie technique est la gestion du lot après récolte, plus que la production au champs. Le travail de triage est pointu, surtout lorsque les lots sont destinés à des débouchés autres que l’alimentation animale.

Pour maximiser le rendement, la densité au champs doit être forte et pour cela je dois choisir des espèces qui ne doivent pas se faire concurrence.

En fonction du débouché de l’espèce choisie, je vais considérer que c’est un couvert associé ou une culture associée.

Par exemple, dans mon association lentille / cameline, la cameline sert de tuteur à la lentille. Je vais d’ailleurs écimer une partie de la cameline en fin de cycle. Ainsi la cameline n’a pas vocation a être récoltée, je la considère donc comme un couvert associé.

Les autres associations que j’ai testées


Cette technique est satisfaisante pour les parcelles gérées à très bas intrants (0-50 unités d’azote).

Les autres leviers que j'utilise

  • Densité de semis.
  • Désherbage mécanique.
  • Rotation longue.
  • Mélange d’espèces et de variétés.
  • Faux semis.
  • Décalage des dates de semis.

Mon analyse sur la combinaison de leviers que j'utilise

Intérêts

  • Meilleure gestion des adventices.
  • Diminution de la nuisibilité des maladies.
  • Perturbation des ravageurs (oiseaux, limaces).
  • Production rustique et adaptable.

Points de vigilance

  • Difficulté de gestion des lots récoltés (triage).
  • Attention aux débouchés pour des espèces intéressantes agronomiquement (cameline).
  • Manque de références (tout est à inventer).
  • Logistique de semis plus complexe (gros volume et mélange d’espèces).

Mes conseils pour réussir

Robert Melix
  • Anticiper la recherche du débouché.
  • Commencer avec des mélanges à destination de l’alimentation animale, moins contraignants sur le triage.
  • Limiter les apports d’azote (50 U maximum) et éviter les situations à forts reliquats azotés qui favorisent les graminées (dont les céréales) au détriment de l’autre espèce.

Mes perspectives

De nombreuses réflexions d’association sont encore en cours de test :

Différentes réflexions sont menées pour améliorer la gestion des lots après récolte, sur les dates de semis ou encore les pourcentages de chaque espèces en mélanges.

L'avis du comité d'experts

Evaluation selon la grille d'analyse ESR.

Reconception

La protection intégrée nécessite une combinaison de l’ensemble des moyens disponibles qui obligent à une reconception des systèmes pour les rendre moins dépendants des produits phytopharmaceutiques. Cela passe ainsi par une approche privilégiant la prévention et la prophylaxie pour placer les cultures dans les meilleures conditions tout en défavorisant les bio-agresseurs.


Evaluation selon la grille d'analyse ESR : Reconception


Agriculteur membre du réseau DEPHY Ferme, animé par la Chambre d’Agriculture de l’Aude.

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Auteur de la fiche : Loïc Doussat.

Date d'édition : 2021.

Annexes et liens


Matériel évoqué dans ce retour d'expérience

Cultures évoquées

Bioagresseurs évoqués dans ce retour d'expérience

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