Domaine la Carbonelle
Catherine Bernard, ex-journaliste et passionnée par l'agriculture, travaille avec son fils Nicolas dans un projet de diversification végétale en considérant les enjeux pédoclimatiques et sociaux du Languedoc.
Contexte
- Localisation : Mas du Baron, Restinclières, Hérault (34)
- Nom de l’exploitation : Jardin expérimental de la culture de la vigne radicalement différente pour vivre de la terre en Languedoc
- Production : Viticulture
- UTH : 2
- SAU : 3,75 ha
- Cultures : Vigne, PPAM, Fruitiers (abricotiers, muriers, cerisiers)
- Label : Agriculture Biologique
- Formation : Brevet professionnel en viticulture et œnologie
- En fermage (propriété d’un GFA : Groupement Foncier Agricole)
- Sol : Argilo calcaire avec des galets roulés (venant du Rhône)
- Climat :
- Climat méditerranéen : été chaud et sec, hivers doux, précipitations irrégulières avec des épisodes cévenols
- Précipitations = 700 à 900mm/an
- Tmoy = 15,3 °C
Historique
- 2005 : Après 20 ans d’une carrière de journaliste à La Tribune de Libération, et l’obtention d’un brevet professionnel en viti-oenologie, Catherine se convertit à la viticulture sur 3 ha de terres. Elle a alors 1 ha de vigne, dont 50 ares de grenache et 50 ares de mourvèdre.
- 2012 : Plantation d’une haie d’arbres fruitiers à “la Carbonelle”
- 2014 : Passe de l’utilisation des huiles essentielles à l’utilisation de tisanes pour le traitement de ses vignes
- 2015 : Début de la construction de sa propre cave “couteau suisse”
- 2019 : Arrêt de l’enfouissement de ses couverts
- 2020 : Construction de son bassin
- 2021 : Plantation de plusieurs arbres
- 2022 : Fin des travaux autour de la cave
Calendrier PRÉVISIONNEL de la Carbonelle
- Novembre 2023 :
- Arrachage des vignes
- Préparation du sol pour la plantation (décompaction)
- Décembre 2023 :
- Traçage des courbes de niveau et zones de plantation selon le principe du Keyline design
- Semis engrais verts (graminées et légumineuses), céréales et pois chiches dans l’inter-rang pour couvrir les sols et apporter de la biomasse
- Janvier/Février 2024 :
- Avril 2024 : Plantation des oliveraies (50 ares)
Enjeux locaux
Les enjeux locaux sont multiples. D’une part, il y a comme partout l’enjeu du réchauffement climatique, et plus particulièrement dans le Languedoc avec les problèmes de stress hydrique. Ensuite, il y a des enjeux politiques avec des programmes de diversification centrés sur quelques espèces pouvant induire une saturation des marchés. Enfin, il y a des enjeux environnementaux avec des programmes de préservation de la biodiversité (programmes auxquels Catherine a participé) et de préservation des sols.
Cheminement vers une agriculture plus durable
Les étapes vers un changement de pensées
- Jusqu’en 2014, le changement climatique n’était pas pour elle une donnée. “J’avais assez à faire de comprendre comment faire du vin, de cultiver la vigne, et de m’occuper de la vente”.
- Premier déclic car elle remarque les décalages de pluie, les événements climatiques extrêmes, et la difficulté rencontrée pour la vinification de ses vins.
- Par ailleurs, Catherine décide de construire sa propre cave “bioclimatique et multifonctionnelle” lorsqu’il n’y a plus de place dans le lieu où elle avait l’habitude de vinifier. Construction de son lieu de stockage. L’idée était de travailler avec les éléments du climats (vent, température…) pour être le moins énergivore possible.
- Plantation des haies avec l’aide du département, et mise en place des nichoirs à chauve souris à la Carbonelle.
- 28 juin 2019 : Jour de très forte chaleur (44°C à l’ombre). Aux alentours de 17h son voisin l’appelle et lui annonce : “les vignes ont brûlé”. Vent chaud qui passe sur la Carbonelle. Les galets roulés de la parcelle, abondamment présents, ont relâché la chaleur emmagasinée la journée. Les grands arbres présents au bout de La Carbonelle ont retenu cet air chaud.
- Passage de la transition douce à une transition forte.
- Autoformation sur le mode de culture des Etrusques et en Grèce antique, pendant que son fils s'informait sur la question d’un point de vue botanique, en s'intéressant aux espèces méditerranéennes.
- Objectif : Diversifier des espèces présentes, de telle sorte à ce qu’elles soient complémentaires, d’un point de vue du sol, mais aussi d’un point de vue aérien ainsi que dans leurs “vertus”.
- Adaptation au sol, et au climat, avant qu’elle ne soit économique.
- Avoir d’abord un système qui fonctionne et qui est adapté à son environnement avant de penser à ce que l’on veut commercialiser (saturation des marchés si on se met tous à faire la même chose au même moment, exemple du pistachier). Enfin, son dernier constat concerne la rencontre entre le réchauffement climatique et l’appauvrissement génétique de la vigne, qui la conduit à se tourner vers la plantation de franc de pied, plutôt que de souder greffer ainsi qu’à ne plus utiliser de clones pour sa production.
Objectifs souhaités
Le projet de Catherine avait plusieurs objectifs :
- Tester la résistance aux maladies, dont le phylloxéra, et au stress hydrique de la vigne ainsi conduite
- Tester les cépages en puisant dans le patrimoine méditerranéen des vignes qui ont résisté au phylloxéra (Espagne, Portugal, cépages historiques en Languedoc tel le Terret )
- Recréer un écosystème diversifié, équilibré et adapté à un climat qui devient semi-aride
- Déterminer les associations d’arbres/arbustes/fruitiers/plantes qui fonctionnent bien, les densités de plantation
- Trouver un modèle économique ne reposant plus exclusivement sur le vin, mais diversifié, à l’image de la diversité végétale mise en œuvre sur la parcelle, et local. Les pistes envisagées : cueillette des fruits sur l’arbre par le consommateur, séchage de fruits (raisins, figues), eau de vie de fruits méditerranéens (arbouses, figues), transmission du savoir…
- Garder le goût du travail de la terre à pas d’homme, à portée de pioche et de sécateur.
Effets des pratiques innovantes
Le projet ayant été mis en place récemment, peu d’effets sont dès à présent visibles sur la parcelle de la Carbonelle. Catherine a cependant constaté une abondance d’insectes et d’oiseaux autour de sa cave, et trouve que ces arbres, en association avec des PPAM ou d’autres plantes compagnes, se portent bien.
Expérimentations et objectifs à venir
Catherine et son fils ont mis en place de nombreuses expérimentations sur leurs terres. Par exemple, ils ont essayé d’avoir constamment une espèce au moins en fleur tout au long de l’année (thym, romarin, lavande, prêle, sauge…) pour la pollinisation et les insectes, ce qui est un pari réussi. En effet, ils observent de nombreux insectes et oiseaux tout au long de l'année, cela les a conduit à faire appel à un ami pour installer deux ruches autour de la cave. De plus, ils ont constaté visuellement que les plantes compagnes, associées à des arbres (abricotier et romarin par exemple) fonctionnaient bien, ainsi que les associations entre arbres, plantes médicinales, et espèces fixatrices d’azote. Enfin, ils attendent les résultats du système mis en place sur La Carbonelle, notamment en ce qui concerne l’effet du microclimat créé par les arbres, et sur l’utilisation des résidus des grappes de raisins pressés, pour produire de nouvelles vignes.
Système de production
Conceptualisation de la cave
Après avoir arrêté de vinifier dans des caves partagées, et après avoir cherché des locations de caves sans résultat, Catherine s’est décidée à construire sa propre cave. Ses critères étaient d’avoir une cave “bioclimatique” c'est-à-dire qui utilise les éléments naturels pour être le moins énergivore possible. Ainsi, sa cave est intégralement construite en palettes, ce qui laisse de grands espaces pour que le vent puisse circuler, et ainsi refroidir l’intérieur de la cave. En effet, l’air chaud étant plus léger que l’air froid, a tendance à monter et ainsi à s’évacuer par les ouvertures plus larges qui ont été laissées sous le toit. Cette circulation de l’air permet à Catherine d’imaginer un futur atelier de séchoir (fruits, tisanes…) en parallèle de sa production viticole. Elle imagine en effet sa cave comme un espace “multifonctionnel”. Ainsi, elle accueille dans cet espace, Lana, qui distille du vin, de l'absinthe, du fenouil et de l’anis, entre autres.
Par ailleurs, le vin est un produit qui doit être conservé à de basses températures, et subir peu de variations rapides de températures. Pour pallier cette problématique dans le Languedoc, elle a enterré son espace d’élevage et de stockage du vin de telle sorte à utiliser la fraîcheur naturelle du sol plutôt que d’utiliser une pompe à chaleur. Cet espace est situé en dessous de son espace de vinification en palette, ainsi elle peut utiliser la gravité pour transférer son vin vers ses barriques d’élevage.
Aménagements autour de la cave
Divers aménagements ont également été construits autour de la cave avec plusieurs objectifs :
- Dichotomie entre les besoins en eau d’une production viticole et la rareté de cette denrée dans le Languedoc.
- Récupération de l’eau de pluie et stockage dans d’anciennes cuves béton.
- Filtration de l’eau (papier - charbon - papier - UV).
- Traitement de l’eau sur place via les aménagements autour de la cave.
- Déversement dans un lombricompost, qui réalise un premier traitement. Elle subit ensuite un second traitement des effluents vinicoles par des roseaux (phytoépuration), avant d’être amenée dans une mare, d'où elle pourra s'infiltrer à nouveau dans le sol. En plus de permettre le traitement local de ses déchets, cela crée des milieux variés qui attirent la biodiversité. Il s’agit d’une “zone humide” conservée par Catherine.
Cette question de l’eau est également prise en compte dans la “conduite” de quelques arbres fruitiers (prunier, abricotier, poirier, pommier,…), qui sont nombreux autour de sa cave. En effet, ses arbres sont plantés en ligne le long d’un canal qui mène à la mare évoquée précédemment. Une pompe à été installée à l'entrée de ce canal, et y déverse l’eau pompée en cas de besoin en eau des arbres.
Atelier vitivinicole
La production de Catherine est labellisée en Agriculture Biologique, bien qu’elle ne revendique pas cette appellation sur ses produits. En effet, elle considère que la “certification fossilise les pensées”. Ainsi, pour ce qui concerne la protection de ses cultures, Catherine considère que la diversité est sa meilleure alliée. Par le passé, elle utilisait des huiles essentielles (lavande notamment) pour traiter ses vignes contre les maladies cryptogamiques et les attaques des ravageurs. Cependant, elle a constaté que ces huiles avaient tendance à intensifier l’action du soleil sur ses vignes. Elle utilise depuis des tisanes et des décoctions ainsi que du petit lait des chèvres de son voisin à cet effet (par aspersion).
- Les anticryptogamiques : Sauge, thym citronné, lavande et l’origan.
- L’ insecticide utilisé est la tanaisie.
Elle nous confie utiliser également dans ses préparations des doses homéopathiques de soufre et de cuivre.
Toutes les essences citées ne sont pas utilisées en même temps :
- Prêle en purin ou décoction ainsi que l’ortie comme base.
- Ajout des autres plantes en fonction des disponibilités.
Elle décrit ses pratiques comme étant similaires à celles d’autres agriculteurs, parmi lesquels Pierre MASSON, un agriculteur en biodynamie, ou encore l’agriculture des grecs de la Grèce Antique. En terme de dose, elle réalise ses préparations en utilisant ⅓ de plantes et ⅔ d’eau de pluie récupérée, plus acide.
Fertilisation et gestion du couvert du jardin expérimental
- 1 à 3 tonnes /ha de fumier de brebis ou de cheval en fonction de ce qu'elle trouve.
- Engrais verts entre ses rangs de vigne :
- Semis à la volée (à la main) avant une pluie, car pas de matériel adéquat, et déplore la faible quantité de graines qui lèvent effectivement. Elle a réussi à augmenter le taux de germination en utilisant les graines de ses voisins plutôt que des graines achetées à des grandes entreprises. Ces graines locales seraient plus adaptées à son environnement.
- Espèces semées : seigle, la vesce, la féverole et l’orge. Elle sème ainsi un inter-rang sur deux de la féverole, et sur les autres inter-rangs le reste des espèces citées.
- Couvert semé à la densité recommandée de l’agriculteur qui lui vend (parfois un peu plus) car elle sait que les taux de levée sont inférieurs lorsque les semis ont été réalisés à la volée.
- Destruction au printemps pour éviter la compétition pour l’eau avec les vignes. Jusqu’en 2019, cette destruction était faite à l’aide d’un rouleau faca construit par son fils, mais depuis cette date, ils sont détruits par broyage ou par fauche. Ces couverts ont pour objectif de protéger le sol ainsi que de limiter l’évapotranspiration de celui-ci.
- Paillage avec du foin de méteil sous les rangs des arbres et vignes plantés en 2024 sur la parcelle de La Carbonelle.
Elle nous confie que ses rendements sont très variables d’une année sur l’autre, pouvant aller de 4hL/ha en 2024 à 40 hL/ha, pour une moyenne située aux alentours de 20 hL/ha en ce qui concerne les carignans et 15 hL en moyenne pour La Carbonelle.
Commercialisation et stockage de la production
Catherine vinifie sa production au sein de sa cave “bioclimatique”. 50% de sa production est exportée, 40% part chez des cavistes et il y a 10% en vente directe. La commercialisation n’est pas gérée par Catherine mais par son fils Nicolas. De plus, il y a une activité de négoce. Catherine achète des raisins de son voisin Laurent pour les vinifier et en faire des cuvées “spéciales”.
Elle rêve que son jardin expérimental devienne un ferme où la majorité de la production (vitivinicole, fruitiers et PPAM) serait vendue en circuit court et en direct à la ferme. Lorsqu’elle a conçu ce projet (toujours en cours) avec son fils, Catherine imaginait déjà vendre son vin, ses tisanes, ses fruits (abricots, griottes…) séchés à la ferme.
Les produits qui seront vendus seront transformés car la transformation “c’est la patte de l’Homme” et la conservation des produits est plus simple que des fruits frais par exemple.
Freins à la transition
Catherine identifie plusieurs freins à la transition agroécologique :
- Le rapport au temps. En effet, tout va très vite et “on ne se laisse plus le temps de penser, regarder et observer”. De plus, la transition notamment avec des cultures pérennes est longue, il faut donc persévérer même si les résultats ne sont pas visibles immédiatement.
- Grâce à son ancienne profession, Catherine avait un peu d’argent de côté, ce qui lui a permis de prendre des risques dans cette transition. Un certain bagage financier est nécessaire pour pouvoir s’adapter et être plus résilient face à de potentiels obstacles/problèmes (marchés, pédoclimatique…). “Il est important de ne pas se mettre financièrement en danger, si l'on veut garder une approche humaine du travail de la terre. J'ai continué pendant dix ans à garder un pied dans le journalisme en faisant une revue de presse pour le site Vitisphere. Cela m'a permis d'assurer le quotidien.”
- Dans cette même optique, elle insiste sur le fait de ne pas se mettre en danger financièrement en gardant toujours quelque chose en production, tant que cela n’est pas trop chronophage et que le temps est majoritairement occupé par son système en transition. C’est “du patinage artistique entre ce que l’on veut faire et le fait qu’on a besoin de se sortir un salaire”.
- La transition demande aussi de sortir des visions standardisées (5 semaines de vacances/an…) sinon il y a un risque de frustration.
- Problème de compétences : Dans un projet de diversification comme celui de Catherine, il y a un enjeu sur l’acquisition de compétences dans des domaines qu’on ne connaît pas (ex : de la taille des arbres fruitiers). Il faut donc prendre du temps pour s’informer et apprendre en amont ou en parallèle de la transition.
Bilan social
Dans le cadre de ce projet, Catherine n’est pas seule. En effet, elle s’entoure de professionnels comme un paysagiste et d’autres agriculteurs afin de réfléchir à l’expérimentation de diversification qu’elle souhaitait mettre en place.
Elle a été fortement soutenue par le GFA auquel elle appartient. Il faut, selon elle, “rester ouvert d’esprit, mais prendre ses propres décisions”. Catherine n’était et n’est pas seule dans sa transition qui s’inscrit dans une dynamique sociale et de soutien moral dans les moments les plus compliqués. Le collectif est une condition de réussite dans la mise en place du projet, mais toujours en gardant une certaine indépendance.
Volet économique
Catherine a bénéficié de nombreuses aides pour cette transition :
- Aide départementale demandée au nom du GFA de La Carbonelle dans le cadre d’un programme de diversification végétale, plantation de haies et conservation de la biodiversité. Elle présente son projet à une technicienne de département qui le défend pour que Catherine soit subventionnée.
- Aide régionale demandée au nom de son fils Nicolas Allain, fermier de la parcelle La Carbonelle.
Le GFA était aussi considéré comme le porte garant auprès des banques. Elle réinvestit également l’argent de la vente de deux parcelles de vignes non productives arrachées.
Les subventions ont permis de financer à hauteur de 40% environ son projet.
Ancienne journaliste, Catherine avait aussi de l’argent de côté ce qui lui permettait de prendre des risques. Puis, les charges sont très réduites (pas de travail du sol, pas de traitements phytosanitaires…), ce qui permet en cas de très faible production de limiter les pertes. Elle est satisfaite de son mode de production et vit avec un SMIC.
Enjeux et perspectives
Son projet de transition s’inscrit dans un cadre de protection et conservation de la biodiversité et de l’environnement :
- Plantation de haies autour des parcelles
- Forte diversification végétale avec plus de 100 espèces différentes (PPAM, haies, espèces végétales productives…)
- Aménagement pour la gestion de l’eau, préservation d’une zone humide et récupération des eaux de pluies
- Aucun traitement phytosanitaire
- Valorisation des déchets vinicoles (phytoépuration, lombricompost)
Conseils pour d’autres agriculteurs
Catherine ne considère pas son jardin expérimental comme un modèle agroécologique. Il s’agit d’un modèle qui correspond à sa manière de voir les choses et à ce “qu’elle s’était promise plus jeune”.
Ses conseils sont les suivants:
- Faire et tester ce que l’on a envie, “être en accord avec soi-même”.
- Ne pas travailler et réfléchir uniquement en fonction du marché, de l’économie, des courbes de la bourse.
Avenir de la profession agricole
L’avenir de la profession en viticulture dans l’Hérault est assez négatif.
- Selon Catherine, nous nous dirigeons vers un arrachage massif (programme d’arrachage) qui se réaliserait en 2 vagues (“diminution par 2 des surfaces viticoles”) et un appauvrissement génétique des vignes. Nous serions dans la première vague qui peut durer jusqu’à 3-4 ans. Dans son cas, avec le GFA ils ont conservé des anciens cépages adaptés aux conditions pédoclimatiques comme le terret afin de faire face aux conséquences du dérèglement climatique même si la production est plus faible.
- La deuxième impasse est l’irrigation dont l’installation semble complexe en milieu méditerranéen.
- A cela s’ajoute un approvisionnement des engrais et produits phytosanitaires de plus en plus compliqué, d’autant plus que les produits sont plus chers.
Elle pense qu’on se dirige vers une déprise agricole, mais cela “permettrait une régénérescence de la nature.” Le risque est la désertification mais “La main de l’Homme est prédatrice mais aussi créatrice”. Elle souligne l’importance de trouver des alternatives à la monoculture et au système d’élevage intensif, en diversifiant les productions et en retournant vers des systèmes d’élevage plus extensifs (pâturage).
Perspectives
Plusieurs pratiques innovantes vont être/sont mises en place par Catherine :
- Culture de service semée et couvert spontané dans l’inter-rang
- Vitiforesterie (à venir, lorsque ça aura poussé)
- Paillage sur les rangées d’arbres fruitiers et vigne
- Haies
- Plantation selon les courbes de niveau (keyline design)
Couverts végétaux
Le couvert végétal est une “pratique courante” en viticulture, notamment dans les régions où l’eau (stress hydrique) n’est pas un enjeu majeur. Les dispositions spatiale et temporelle du couvert sont très variables : un inter-rang sur deux, sur trois ou encore toute la parcelle et ces couverts peuvent être présents en permanence ou uniquement pendant la dormance de la vigne.
La gestion et la composition des couverts sont très importantes car elles déterminent les compromis entre production, services écosystémiques et dysservices[1]. Chez Catherine les graminées comme le seigle permettent d’améliorer la portance du sol, d’avoir une couverture rapide limitant la présence d’adventices tandis que la féverole permet lors de sa restitution une fertilisation en azote du sol[2].
En revanche, une mauvaise gestion du couvert intensifierait la compétition pour les ressources telles que l’eau ou l’azote[3][4][1].
Vitiforesterie
La vitiforesterie est l’une des pratiques agroécologiques en viticulture, mais peu développée aujourd’hui en France[5].
Comme pour les couverts, une gestion réfléchie de cette pratique permettrait de trouver des compromis entre services et dysservices :
- Amélioration de la biodiversité
- Protection contre les ravageurs
- Fertilité du sol
- Micro-climat favorable à la présence d’auxiliaires
- Protection contre le vent, la grêle[6]
- Compétition pour les ressources : eau et N[7]
- Compétition pour la lumière
Paillage
Catherine met en place un paillage sous les rangs des fruitiers et ‘vignes qui seront mariées’ aux fruitiers. Cette pratique permettrait de limiter les effets du dérèglement climatique en limitant l’évaporation[8]. Elle permettrait également d’étouffer les adventices, d’apporter de la matière organique, d'améliorer la vie au niveau du sol…[9]
Keyline design
Enfin, Catherine applique sur ce jardin expérimental le principe des keylines, consistant à planter selon les courbes de niveau. Cette pratique permettrait de limiter l’érosion hydrique (via le ruissellement)[10]. La présence d’un couvert en inter-rang renforce l’efficacité de ce type de plantation en favorisant l’infiltration pendant la période hivernale[1].
Sources et références
La version initiale de cet article a été rédigée par Jarod Garin, Coraline Guigou et Lucile Regouby,
étudiants en agronomie à l'Institut Agro Montpellier, suite à l'interview de Catherine Bernard, réalisée le 24/02/2025.
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