Keyline design

De Triple Performance
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Keyline Design au Domaine des Quarres en Layon. Crédit photo : Domaine des Quarres.


Le keyline design est une technique d'aménagement paysager visant à maximiser l'utilisation bénéfique des ressources d'une parcelle.


Description et objectifs

Keylines tracées dans un champ pour la production de luzerne, sur chacune d’entre-elles une ligne d’arbres a été plantée. Crédit photo : Alain Malard.

La keyline dénomme une caractéristique topographique spécifique liée à l'écoulement naturel de l'eau. La conception en keylines est un système de principes et de techniques de développement des paysages pour optimiser l'utilisation de leurs ressources : eau, ensoleillement, exposition, vent, flore et faune. Chaque paysage (espace agricole dans sa globalité) présente des particularités climatiques et topographiques. Le keyline design est à appliquer à chaque ferme ou terrain de façon personnalisée. Il est un des éléments à la base du design en permaculture.


En prenant en compte l’ensemble des éléments d’un paysage, cette approche participe à la reconstruction et la consolidation des écosystèmes. En cela, son application ne se limite pas aux zones arides et aux grandes parcelles. On peut donc s’en inspirer quelle que soit la zone climatique où l’on se situe et quelle que soit la taille du terrain considéré. Il permettra à la fois de diriger, infiltrer, stocker, répartir les eaux de ruissellement et d'en évacuer l’excédent, mais aussi d’infiltrer de l’oxygène et des nutriments tout ceci dans le but de favoriser le développement d'un sol vivant, profond et présentant une grande fertilité biologique. Il est moins coûteux d’atteindre ce but dans un paysage qui a été organisé à cette fin.


Si le sol est sec, lorsqu'une pluie surviendra, l'eau de ruissèlement sera alors captée dans les sillons et évitera les phénomènes d'érosion. A l'inverse si le sol est déjà saturé en eau, lors d'une pluie, l'eau de ruissèlement sera également dirigée dans les sillons et pourra être évacuée dans une zone de rétention (cuvette, mare, noue).


L'agriculteur et ingénieur australien P. A. Yeomans a inventé et développé le keyline design dans ses livres "The Keyline Plan", "The Challenge of Landscape", "Water For Every Farm" et "The City Forest".

Le keyline design est apparu au moment de l’avènement de l’agriculture chimique et fut boudé. Dans la période actuelle de transition agricole, la permaculture, le keyline design, l’holistic management, la biodynamie, l’agroécologie … sont autant d’outils disponibles pour nous aider à exprimer au mieux le potentiel de chaque terrain, de chaque terroir.


Avantages

  • Meilleure infiltration et répartition de l'eau --> limitation du ruissèlement et donc du risque d'érosion.
  • Gestion et régulation des excédents--> remplissage des nappes phréatiques.
  • Meilleurs échanges air-eau avec les plantes, le sol et le sous-sol --> meilleure pénétration des racines qui en se décomposant créent de l'humus.


En résumé : Les keylines créent une zone de production qui favorise l'enracinement, qui maximise l'utilisation de l'eau, la vie et la régénération rapide du milieu en évitant les dégâts dus aux excès (chaleur, sécheresse et/ou inondations).


Mise en place

Sous-soleuse de Yeomans qui peut aussi être composée de dents de différentes profondeurs, de 30 à 90cm. Crédit photo : Alain Malard.

Dans la nature, les lignes droites sont quasi inexistantes et les sols parfaitement plats sont très rares. En prenant en compte l’ensemble des éléments d’un paysage, le keyline design participe à la reconstruction et la consolidation des écosystèmes. La gestion de la ressource en eau du paysage est à designer après avoir considéré le climat et la topographie (les formes et les pentes du terrain).


Le travail de mise en place des keylines va être réalisé à l'aide d'un ripper ou d'une sous-soleuse (Yeomans) qui travaille le sol sans en perturber les horizons. Pour cela il va falloir attendre que le sol de la parcelle soit bien ressuyé et pas trop sec. Il faudra alors suivre les courbes de niveau et tracer les keylines perpendiculairement à la pente.

Tracage de keylines avec une sous-soleuse. Crédit photo : Fabian Féraux.

Ce décompactage du sol laisse comme un motif gravé sur le sol qui influence les mouvements de l’eau en surface. C’est plus d’une centaine de petits sillons par hectare qui piègent l’eau, lui permettant de s’infiltrer. Quand le sol est imbibé, l’eau suit ces sillons qui sont autant de petits canaux. En organisant la disposition de ces canaux, on peut agir sur la répartition de l’eau sur le terrain et conduire l’eau des creux (appelé vallées en langage keyline) où elle a tendance à s'accumuler vers les bosses (appelé crêtes) qui s’assèchent. Yeomans nous a transmis un savoir-faire sur la façon de passer la sous-soleuse pour obtenir cet effet, basé sur la détermination des points clé et des lignes clés. On appelle ces sillons des keylines et on parle de travailler le sol en keyline. Ces keylines servent également à l’irrigation gravitaire, par diffusion de l’eau à la fois horizontalement et verticalement.


Avec le temps ces sillons risquent de se reboucher. Pour éviter ce phénomène, le meilleur moyen est de planter des végétaux qui ont de l'ancrage comme les plantes pérennes (haie, arbres, vigne, plantes aromatiques...) pour continuer à avoir cet effet de rétention et de distribution de l'eau le long des courbes de niveau.


La prise en compte des "points clés"

KeylineDesign PointCle.jpg

Les courbes de niveau sont jalonnées de lignes de talweg (creux) et de lignes de crête (bosse) qui se succèdent au fil du relief, certaines lignes étant plus prononcées que d’autres. La courbe de niveau la plus importante sera celle qui prendra son départ sur un point situé sur une des lignes de talweg où la vitesse du ruissellement sera la plus importante. Ce point où les eaux se rassemblent est appelé "point clé", c’est à partir de ce point que les ravines se forment car c'est là que le courant d'eau est le plus fort.

La courbe de niveau qui passe par ce point clé se nomme "ligne clé" soit littéralement "key" "line" en anglais, d’où le nom de "keyline". C’est à partir du point clé que l’on trace la première keyline, les suivantes suivront parallèlement cette ligne tant que la topographie restera homogène.


Les keylines seront tracées avec une ou plusieurs dents, le plus profondément possible : 60 à 80cm, tous les 0,75m à 1,50m en largeur (en vigne), en fonction de la pente et du matériel utilisé.



Les noues

Noues. Crédit photo : Alain Malard.

Les noues, suivent aussi les courbes de niveau, ce sont des fossés fermés. Il faut essayer de positionner les noues à partir du « point clé » de la première keyline. La noue deviendra une super keyline qui accumulera beaucoup plus d’eau. Elle sera en aval de la pente, surplombée d’une petite butte permettant d’augmenter la capacité de stockage de l’eau. C’est sur cette butte que seront plantés les diverses essences forestières et les arbres fruitiers, les petits fruits et les cultures légumières pérennes. Cette noue, va elle aussi répartir, infiltrer, stocker les eaux de ruissellement. Chaque noue sera équipée, à l’une de ses extrémités, d’un « trop plein » qui évacuera les excédents d’eau vers différents fossés qui peuvent alimenter une ou plusieurs mares.


Pour aller plus loin

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Sources


Annexes

Cette technique s'applique aux cultures suivantes

La technique permet de favoriser la présence des auxiliaires et bioagresseurs suivants

La technique est complémentaire des techniques suivantes

Cette technique utilise le matériel suivants

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