Produire des cultures fourragères riches en protéines

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Champ de luzerne en Dordogne, France.


Les fourrages sont la principale source d'alimentation en élevage. Il est donc essentiel, dans le cadre de l'autonomie protéique, de se tourner vers des fourrages riches en protéines. La question qui se pose alors est le choix de ces fourrages à cultiver afin de couvrir les besoins en protéines des animaux.

Production de protéines par unité de surface pour différentes cultures
Luzerne Colza Tournesol Pois Blé
Rendement (t/ha) 13 3 2,36 5 7
Protéines (kg/ha) 2600 567 502 1150 700


Légumineuses fourragères

PDIE et PDIN des légumineuses présentées (g/kg MS)
Luzerne Trèfle violet Trèfle blanc Sainfoin Vesce
PDIE 90 90 100 100 100
PDIN 130 120 150 100 150
Luzerne


Luzerne

La luzerne est principalement utilisée en pur pour être fauchée et éventuellement déshydratée. Mais elle peut être aussi pâturée lorsqu’elle est incorporée dans un mélange multi-espèces ou en fin de saison. En association avec du dactyle ou du brome, elle peut être utilisée de multiples façons. En effet, la luzerne atteindra le même potentiel qu'en pur car elle n'explore pas les mêmes horizons racinaires que le dactyle ou le brome, et n'entre donc pas en compétition avec eux. Elle possède un fort potentiel de rendement et résiste à la sécheresse et aux fortes températures. Si elle supporte les sols séchants, elle ne pourra pas se développer dans des sols compactés ou dans un contexte d'excès en eau. Elle a aussi des difficultés à s'implanter dans un sol acide. Elle permet de diversifier l’assolement en ciblant les sols sains et profonds. La culture de luzerne permet la production de fourrages très ingestibles / digestibles et riches en protéines. Elle est cependant à éviter s'il existe une tension sur la main-d’œuvre car la délégation est très coûteuse. [1]


Trèfle violet

Le trèfle violet partage plusieurs atouts de la luzerne. C'est en effet aussi une culture économe en intrants. C'est une légumineuse, et n'a donc pas besoin de fertilisation minérale et permet une restitution d'azote à la culture suivante. Elle nécessite aussi peu de traitements phytosanitaires car le trèfle violet est plus agressif que la luzerne au démarrage et donc plus compétitif face aux adventices. Comme la luzerne, il craint les périodes de sécheresse. Contrairement à la luzerne, le trèfle violet s’implante mieux en sol acide. En association avec une graminée, il n'est pas utile de désherber et cela assure une meilleure qualité de la récolte. S'il est difficile à sécher, il est mieux adapté à l'ensilage que la luzerne. [2] Il permet un bon apport en protéines mais la densité énergétique est trop faible.


Trèfle blanc

Pour l'alimentation des animaux, le principal intérêt du trèfle blanc est sa très bonne valeur alimentaire qui vient de sa richesse en protéines, de son appétence et de sa digestibilité. En outre, il est très riche en minéraux et en oligo-éléments. Ces qualités en font une plante idéale pour la pâture.

Cependant, le trèfle blanc est un fourrage météorisant. Il est donc conseillé, comme pour la luzerne et le trèfle violet, de le cultiver en association avec des graminées.


Sainfoin

Sainfoin

Le sainfoin est une légumineuse qui fait face aux sols séchants et pauvres grâce à sa racine qui se développe en profondeur. En plus de sa résistance aux sécheresses, le froid et les gelées ne lui posent aucun problème. Le sainfoin offre du fourrage de qualité et non météorisant. Il est équilibré en énergie et en protéines, et est également appétent et très digestible.

Le sainfoin valorise les sols calcaires, mais redoute les sols humides, argileux ou acides. Il est également économe en engrais et en produits phytosanitaires.[3]


Vesce

La vesce est peu sensible à la sécheresse et est un fourrage appétant. Aucun désherbage ou traitement n'est à prévoir, et elle possède une forte teneur en protéines. Si le pâturage est idéal, il est possible de la donner en affouragement vert en faisant attention à ce que le fourrage ne s'échauffe pas. Elle peut aussi être utilisée en enrubannage. En ensilage, il y a des pertes de jus importantes, cela n'est donc pas conseillé sauf s'il est possible d'y incorporer de la paille ou de la pulpe sèche. [4]


Autres cultures fourragères

PDIE et PDIN des cultures fourragères présentées
Chou fourrager Betterave fourragère Dactyle
PDIE 100 86 65
PDIN 105 62 110


Chou fourrager

Le chou fourrager permet de diversifier la ration hivernale. Il est plutôt utilisé en production laitière pour sa grande digestibilité et sa richesse en azote mais peut aussi être utilisé dans des troupeaux allaitants. Le chou fourrager doit être distribué en complément d'un autre fourrage grossier afin de prévenir des problèmes digestifs. L'ensilage est possible mais une perte importante de jus est à prévoir. L'ensilage peut cependant permettre de sauver la culture en cas de gel.


Betterave fourragère

La betterave fourragère est très bien valorisée par les vaches laitières et bovins à l’engraissement. Pour les porcs, elle peut constituer jusqu'à 40 % de la ration des gestantes et charcutiers. Pour le lait, c’est l’aliment appétent idéal à associer au foin pour la rumination et nécessite un complément en protéines pour l’équilibre "énergie – azote". Il vaut mieux éviter les variétés à trop fort taux de matière sèche (> 13 % MS). La dentition des bovins ne permet pas toujours sa bonne consommation.[5]


Dactyle

Dactyle

Le dactyle est une graminée fourragère parmi les plus pérennes. Beaucoup utilisé en France, le dactyle est bien adapté aux régions à été secs, même s'il se développe aussi très bien dans les sols frais et sains. Fort d’une utilisation mixte en fauche et en pâturage, il fournit des repousses abondantes, même en conditions sèches et chaudes, ce qui en fait une plante idéale pour pâturer l’été. C'est la graminée la plus riche en protéines et elle fonctionne parfaitement en association avec la luzerne ou le trèfle violet pour la fauche. Le dactyle est cependant sensible aux excès d'eau et assez sensible au froid en phase d'installation.

Doses à semer selon le mélange avec le dactyle
Dose à semer (kg/ha) Dactyle Légumineuse
En pur 20 à 25 -
Luzerne 4 à 7 15 à 18
Trèfle violet diploïde 6 à 8 12 à 15
Trèfle blanc géant 20 3 à 4


Augmenter la part des associations : méteils fourragers

En cas de limitation de fertilisation azotée, il peut être intéressant d'utiliser une association graminées-légumineuses, un méteil, qui permet de maintenir une productivité et une teneur en protéines satisfaisantes grâce à la fixation de l'azote atmosphérique par les légumineuses. La légumineuse ne fournit pas directement de protéines à la graminée avec laquelle elle est associée mais la sénescence des racines et des nodosités de celle-ci permet d'augmenter l'apport d'azote au sol et d'en apporter ainsi à la graminée associée. L'association va aussi permettre une meilleure répartition de la production de fourrages au cours de l'année. Les légumineuses ont en effet une production estivale de fourrages plus importante. L'équilibre dans l'association est cependant difficile à gérer, car il dépend notamment de l'aptitude à la compétition des espèces utilisées.

Les méteils restent un vrai levier pour accroître la production de protéines dans l'exploitation tout en limitant les coûts liés à la fertilisation et les pertes par lixiviation d'azote dans le sol.[6]


Stéphane Aissaoui a recueilli le témoignage d'Anton Sidler éleveur en Normandie qui utilise le méteil et l'herbe pour nourrir son troupeau toute l'année, en plus d'avoir des avantages économiques, cette pratique a un impact non négligeable sur la santé du troupeau.


Stratégies d'étalement temporel des ressources

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Dans le cas des élevages bovins, les stratégies d'étalement des ressources seront différentes selon la gestion des vêlages.

  • Mises-bas d’automne : importance des fourrages récoltés.
    • L'herbe ne croît pas en cette période de forts besoins.
    • Il faut compter sur la récolte de fourrages conservés de qualité.
    • Il faut plus de surface fauchée, plus tôt (enrubannage, ensilage).
  • Mises-bas de printemps : plus de pâturage.
    • Le pic de croissance de l’herbe est pendant une période de forts besoins.
    • Les femelles sont taries en été et automne.
    • Complémentation aliments conservés pour la lutte (ovins).


Il existe deux manières d'ajuster l'alimentation :

  • Ajuster la disponibilité en fourrage aux besoins : réalisation de stocks, diversification des surfaces pâturées, irrigation (pour une partie des surfaces seulement).
  • Ajuster les besoins du troupeau au fourrage disponible : dimensionnement du troupeau, choix de la race, de l’espèce, choix de(s) période(s) de reproduction, allotement (diversification du troupeau).[7]


Compléments fourragers

Ligneux

Si l'éleveur possède un système agroforestier ou alors des ressources ligneuses digestibles, il y est possible de faire pâturer les animaux.
Les ligneux permettent notamment de renforcer l'autonomie alimentaire des fermes et de sécuriser le système d'élevage face aux aléas climatiques. Les ligneux diversifient la disponibilité alimentaire d'un milieu au cours de l'année. Les animaux peuvent pâturer directement les parties comestibles (bourgeons, fleurs, feuilles, fruits, jeunes rameaux…) ou pâturer les fruits et feuilles au sol. Il est aussi possible de réaliser un étêtage pour couper les branches d'arbres en fin d'été/début automne et de les donner à pâturer en vert ou les stocker en sec pour les distribuer plusieurs mois plus tard. L'exposition doit être croissante afin que les animaux apprennent à éliminer les toxines présentes.[8]


Couverts

Il est possible de faire pâturer les animaux sur des couverts afin de valoriser ces derniers. Les couverts sont constitués de plantes jeunes qui ont donc des valeurs alimentaires importantes. Les animaux peuvent y être introduits sans transition alimentaire.

L'avis de Bruno et Bertrand Barbet, éleveurs laitiers :

"L’implantation de la dérobée permet de couvrir les sols l’hiver et donc de limiter les lessivages d’azote et l’érosion des sols. De plus, nous avons pu cette année réaliser une coupe à huit semaines, puis un pâturage en novembre et enfin un ensilage au printemps (4,5 – 5 t MS/ha). Cette culture nous permet de sécuriser notre stock fourrager."


Notre série de guides sur l'autonomie protéique


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Cette page a été rédigée en partenariat avec Plein Champ

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Annexes


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