Ecophyto Dephy.png

Méteils céréales-protéagineux et prairies multi-espèces pour l'autonomie alimentaire et réduire les intrants

De Triple Performance
Aller à :navigation, rechercher
Jérôme Audurier. Crédit photo : Céline Vromandt.


Cet article est issu de la base GECO. Cliquez ici pour accéder à la page d’origine : Logo Geco


Jérôme Audurier est éleveur laitier dans les Deux-Sèvres. Agriculteur conventionnel au départ, il avait recours aux produits phytosanitaires pour la gestion des cultures et considérait que ça faisait partie du métier. Il a commencé par rencontrer d’autres agriculteurs et pris conscience qu’une autre manière de travailler était possible tout en étant efficace tant techniquement que financièrement. Il a alors décidé de réduire l'impact environnemental de sa pratique. Pour ce faire, il a fait évoluer sa rotation vers plus de prairies multi-espèces et des mélanges d'espèces et de variétés de céréales / protéagineux. Il a ainsi supprimé les produits phytosanitaires tout en maintenant les performances techniques et économiques de son système.


Contexte de l'exploitation

  • Localisation : St Varent, Deux Sèvres (79).
  • Ateliers / Productions : 100 vaches laitières (700 000 L), 125 ha de surfaces fourragères, 60 ha de cultures, 190 brebis.
  • Main d’œuvre : 4.
  • SAU : 190 ha (75% engagés dans DEPHY).
  • Assolement 2014 (tous systèmes de culture) : 115 ha de prairie temporaire, 28 ha de mélanges céréaliers, 17 ha de maïs ensilage, 16 ha de féverole/pois, 12 ha de prairie permanente, 2 ha d'autres céréales.
  • Type de sol : Limons sablo-argileux 75 %, limons-sableux 25 %.
  • Spécificités exploitation / Enjeux locaux : Exploitation située dans en zone vulnérable entre bocage et plaine.


Le système initial

Dans cette exploitation familiale, le système initial était constitué de prairies de courte durée (RGI/RGH), de maïs, tournesol, de colza et de céréales pures destinées à l’alimentation du bétail ou à la vente.


Objectifs et motivations des évolutions

  • Efficacité économique de l’exploitation.
  • Bonne valorisation de l’ensemble des ateliers.
  • Un maximum d’autonomie dans le fonctionnement.
  • Motivation à réduire l’impact des pratiques agricoles sur l’environnement.
  • Charge de travail raisonnable.


Les changements opérés

Les changements ont été progressifs. D’abord par évitement sur le colza puis par l’introduction de prairies multi-espèces variées pâturées et une remise en question des rotations, avec l’introduction de mélanges d’espèces et de variétés. Jérôme Audurier est également devenu très observateur et attentif à la gestion des matières organiques et au fonctionnement du sol.

-100% d’IFT entre l’entrée dans le réseau et 2013-2014.


Le système de culture actuel

Audurier LegendeSysteme.png
Audurier Systeme1.png

Mélange Cér (1) = mélanges céréaliers binaires. Mélange Cér (2) = mélanges céréaliers complexes.


Résultats attendus


Focus 1 : Introduire les mélanges céréaliers binaires ou complexes

Mélange céréalier Féverole – Triticale - Pois.

Jérôme introduit des associations céréales - protéagineux : Les stocks sont assurés (rendements réguliers face aux aléas climatiques et richesse en protéines grâce à l’introduction des légumineuses). Ils sont moins exigeants en intrants (pas de fertilisation azotée grâce aux légumineuses, bonne compétitivité vis-à-vis des adventices et meilleure résistance aux maladies grâce au mélange d’espèces). Les mélanges binaires peuvent être mis sur le marché, ils permettent donc de s’adapter en fonction du stock disponible.


Focus 2 : L’introduction des prairies multi-espèces dans la rotation

Prairie multi-espèces. Crédit photo : C. Vromandt

En associant graminées et légumineuses, les prairies offrent un fourrage de haute valeur alimentaire et permettent de réduire les besoins d’achats de concentrés. Coût d’alimentation imbattable ! Pâturées, elles permettent de limiter les coûts/ha : ce sont les animaux qui réalisent les travaux de récolte, de distribution et de fertilisation. Elles ont des effets “santé” non négligeables sur l’animal. Elles fournissent des éléments fertilisants aux cultures suivantes et contribuent à limiter les besoins d’engrais de synthèse et d’herbicides. Sur le plan agronomique, elles ont des effets positifs sur la structure du sol et sur la diminution de la pression des adventices (les maïs derrière prairies sont plus faciles à gérer sans phyto).

"L’introduction des prairies multi-espèces pâturées dans les rotations est une des clés de réussite des systèmes de cultures économes et autonomes."


Témoignage du producteur

Pourquoi avoir modifié vos pratiques ?

"Je souhaitais réduire ma consommation de produits phytosanitaires. Je me posais des questions pour ma santé et celle de ma famille. Dans le même temps, j’ai rencontré des agriculteurs qui travaillaient autrement et qui combinaient pratiques agricoles durables et efficacité économique. Alors, j’ai commencé à remettre mon système en question et j’ai participé, avec le CIVAM, à des échanges avec d’autres agriculteurs, à des formations et des visites qui ont été les déclencheurs des changements de pratiques sur ma ferme. Je trouve chaque année de nouvelles solutions techniques et agronomiques que je teste petit à petit, tout en maintenant mes exigences économiques."


Quelles sont les conséquences sur votre travail ?

"Les changements apportés ont amélioré l’équilibre du système. Ils ont permis le recrutement de 2 personnes en plus, de mieux prendre en compte notre environnement et d’améliorer les résultats économiques. J’ai l’impression d’avoir élargi le champ des actions possibles! Le mieux, c’est que je travaille aujourd’hui avec beaucoup de plaisir !"


Si c’était à refaire ?

"Je recommencerais sans hésiter ! Je considère que si j’ai pu améliorer le système en changeant mes pratiques, c’est parce que les changements ont été mis en place progressivement, ce qui a permis de ne pas bouleverser l’équilibre de l’exploitation."


Quelles perspectives pour demain ?

"Mon système est en perpétuelle évolution ! Il y a toujours des choses à améliorer ! J’ai l’impression qu’en ayant changé ma manière de travailler, j’ai plus de marges de manœuvres. J’espère donc continuer à améliorer la gestion du pâturage, le travail du sol et la gestion des cultures pour encore améliorer les performances techniques et économiques de l’exploitation."


Le regard de l’ingénieur réseau DEPHY Céline Vromandt

Céline Vromandt.

Ce système d’exploitation est une référence pour les agriculteurs du groupe DEPHY et du territoire.

Jérôme accorde une attention particulière à chaque élément du système (herbe, animaux, cultures, sol, temps de travail, filière…). Le système n’est pas figé, ce qui lui permet une grande capacité d’adaptation. Toutes les décisions sont prises en tenant compte des conditions pédoclimatiques ou contextuelles qui s’imposent à lui.

Son système me semble répondre aux enjeux fondamentaux d’une agriculture performante et respectueuse de l’environnement.

Sa trajectoire est remarquable et il contribue à montrer que travailler sans produits phytosanitaires et être performant techniquement ET économiquement, c’est possible!

Il s’implique aujourd’hui dans le groupe DEPHY pour transmettre les clés de réussite de ses expériences auprès de ceux qui souhaitent faire évoluer leur système et s’engager à travailler autrement.


Les performances du système de culture

Depuis 2012, la baisse s'explique notamment par l’introduction du désherbage mécanique et l’engagement dans la filière biologique.

Audurier EvolutionIFT.png


Autres indicateurs Evolution Remarques
Economique Produit brut + Depuis la mise en place du nouveau système, la marge brute (hors aides) a augmenté, avant même la valorisation du lait en filière biologique. La réduction des postes phytosanitaires, engrais et semences a été conséquente.
Charges phytos -
Charges totales -
Marge brute +
Charges de mécanisation + Légère augmentation des charges de mécanisation sans augmentation de la charge de carburants.
Temps de travail = Le temps de travail s’est déplacé vers plus d’observation et un meilleur équilibre de la charge de travail : "nous pouvons prendre 4 semaines de vacances / an et des week-ends ! " " Nous sommes maintenant 4 à travailler sur 190 ha."
Rendement - Rendements en baisse mais revenus en hausse !
Niveau de maîtrise Adventices +
Maladies +
Ravageurs +


Source

Travailler mieux et gagner plus ! Fiche trajectoire DEPHY. Document réalisé par Céline Vromandt, Ingénieur réseau DEPHY, CIVAM du Haut Bocage 79 en décembre 2014.


Action pilotée par le ministère chargé de l'agriculture, avec l’appui financier de l’Office national de l'eau et des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto

Logos REXAudurier.png


Annexes

Leviers évoqués dans ce système

Contribue à


Partager sur :