Produire et consommer localement des concentrés protéiques

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Concentrés à base de tourteau de colza


Les concentrés permettent de compléter la ration fourragère pour couvrir les besoins des animaux. Plusieurs concentrés peuvent être intégrés dans la ration. Dans le cadre de l'autonomie protéique, il est nécessaire de s'intéresser à la fabrication in-situ de ces concentrés, pour devenir indépendant des achats du commerce tout en couvrant les besoins en protéines des ruminants.


Production des concentrés protéiques

Légumineuses/protéagineux à graines

Légumineuses

On parle de protéagineux à graines lorsque l’on cite le lupin, le pois et la féverole. Ce sont des légumineuses et sont donc capables de fixer l’azote atmosphérique. Ainsi, ce sont de très bons précédents céréales car elles laissent à leur successeur un surplus d'azote de 20 à 30 kg N/ha. En fonction du système et de la rotation, ils peuvent contribuer à l’amélioration de la structure du sol, rompre les cycles de certains bioagresseurs des céréales et être une source d’azote pour le système de culture.

Le lupin est la culture la plus protéique (32-38% de la MS de la graine) mais les taux du pois (20-25%) et de la féverole (25-30%) sont également très intéressants.

Valeurs azotées de différents protéagineux à graines selon les tables de l'INRA
Indicateur PDIN (g/kg) PDIE (g/kg)
Lupin 240 120
Pois 150 97
Féverole 198 112

Les concentrés sont évidemment à intégrer dans une ration avec des fourrages pour couvrir les besoins des animaux.

Les légumineuses en culture pure sont particulièrement sensibles aux adventices, et notamment en début de culture où elles sont peu couvrantes. L'enjeu majeur est donc de maîtriser l'enherbement. Il faut aussi prendre en compte un délai de retour d'au moins cinq ans et favoriser une implantation sur un sol bien structuré pour favoriser la formation des nodosités.[1]


Méteil grain

Méteil grain

Le méteil grain est un mélange de céréales et de protéagineux cultivés ensemble sur une même parcelle. Il consomme très peu d’intrants (peu d’N grâce aux légumineuses, pas de fongicides ou d’herbicides). Le méteil est une solution pour maîtriser l'enherbement des protéagineux. Comme tous les mélanges, le méteil est plus résistant face aux aléas climatiques, aux adventices, aux maladies et aux ravageurs. Le mélange sécurise également les rendements de protéagineux, très variables en culture pure. Les charges opérationnelles sont plus faibles lorsque l'on produit localement que lorsqu'on achète dans le commerce.

Itinéraire technique

L'objectif lors de la production de méteil est de récolter au moins 30 % de protéagineux pour obtenir un méteil à 16% de protéines.


Densité de semis

Quantité de grains de céréales par m² :


Densité protéagineux :

Cette densité peut être augmentée sur les parcelles froides ou en altitude pour compenser les pertes climatiques.

Il faut utiliser des variétés à maturités proches. Il est possible d'associer deux variétés par espèce pour sécuriser le rendement.

Cependant, ce que l'on récolte est différent de ce que l’on sème. Il faut donc vérifier la valeur alimentaire pour vérifier qu'elle couvre les besoins des animaux . Pour cela il faut soit réaliser un comptage et estimer la valeur alimentaire grâce aux tables de l’INRA, soit réaliser des analyses par un laboratoire.

Il peut être nécessaire d’ajouter une source de protéines : fourrage riche en légumineuses (foin de luzerne par ex), tourteau d’oléagineux.


Proposition de mélanges[2]

Proposition de mélange en semis conventionnel
PMG moyen Densité de semis (kg/ha)
Triticale 45 55
Avoine 30-35 15
Blé 45 55
Pois fourrager 150 20
Vesce 60 3
Féverole 500 50
Proposition de mélange en semis bio
PMG moyen Densité de semis (kg/ha)
Triticale 45 50
Seigle 35 35
Epeautre 45 60
Pois fourrager 150 15
Vesce 60 3

Conduite de culture[2]

  • Ne pas semer sur des parcelles humides : disparition des protéagineux.
  • Semer à la même période que les céréales, un seul passage, 3 cm de profondeur environ.
  • Apport de calcium nécessaire pour le bon développement des nodosités sur les racines.
  • Vérifier pendant le semis que les graines ne se trient pas.
  • Apport de fumier (12 t/ha) pour apporter la fertilisation nécessaire.
  • Roulage de la parcelle après semis pour niveler et améliorer la capacité de germination.
  • Pour la récolte, se caler sur la maturité des protéagineux car l’objectif est de produire de la protéine.


L'avis de Michel Bromet, éleveur de vaches laitières

"Ces méteils répondent à nos objectifs car :

  • Ils permettent d’assurer l’autonomie azotée pour l’alimentation animale
  • Ils ont un effet structurant sur le sol grâce aux protéagineux
  • Ils laissent un reliquat azoté dans le sol
  • Ils sont assez étouffants pour éviter le salissement et réduire le nombre d’opérations de désherbage par rapport au système précédent."


Tourteau de colza

Lors de la production d'huile de colza on obtient de l'huile qui peut servir de biocarburant et du tourteau qui est une bonne source de protéine. La production sur l'exploitation est donc doublement bénéfique, et un levier pour tendre vers l'autonomie protéique.

Cela nécessite soit un investissement dans une presse artisanale soit une adhésion à une Cuma équipée. Cette deuxième option peut-être bien plus économique.

Deux choix de presse :

  • Le presse à vis : débit faible mais prix abordable. Elle est plus adaptée à des usages occasionnels ou individuels.
  • La presse à barreau : les débits sont plus élevés mais elle engendre des coûts plus élevés.

Du travail supplémentaire est évidemment nécessaire, mais le revenu peut augmenter jusqu'à 1200 euros selon le prix du tourteau et du fuel pour 3800L d'huile et 7,5t de tourteau[3]. Cette augmentation est en grande partie permise par l'utilisation de l'huile comme biocarburant. Les tourteaux eux, permettent de tendre et d'atteindre l'autonomie protéique.


Attention :

  • Après la production des tourteaux, il faut les laisser refroidir et les sécher pour éviter les moisissures.
  • Il ne faut pas les donner aux animaux après plus de quatre mois car il y a un risque de rancissement de la matière grasse.


Autres tourteaux

D'autres tourteaux sont également fabricables localement : le tourteau de soja, le tourteau de lin, ou encore le tourteau de tournesol.

Dans tous les cas, on constate un gain économique.

Valeurs azotées de différents tourteaux selon les tables de l'INRA
Indicateur PDIN (g/kg) PDIE (g/kg)
Tourteau de colza 247 155
Tourteau de soja 201 377
Tourteau de lin 256 202
Tourteau de tournesol non décortiqué 201 105

Les concentrés sont évidemment à intégrer dans une ration avec des fourrages pour couvrir les besoins des animaux.


Valoriser des coproduits locaux

S'il est impossible ou difficile de produire soi-même des coproduits, il est possible d'en acheter. Dans le cadre de l'autonomie protéique, différentes échelles sont possibles : celle de l'exploitation, le canton, la région ou même de façon nationale. Acheter des coproduits localement peut aider l'éleveur à atteindre cet objectif d'autonomie s'il ne souhaite pas une autonomie à l'échelle de l'exploitation.

Plusieurs coproduits existent sur le marché, quelques exemples et leurs coûts sont décrits ci-dessous.

Exemples de concentrés pouvant être achetés localement[4]
Aliment PDIN (g/kg MS) PDIE (g/kg MS) MS % Coût à la tonne moyen
Tourteau de colza 247 155 89 405 €[5]
Drêche de blé distillerie 114 115 91 222 €
Tourteau de lin 244 190 90 156 €
Pulpe de betterave déshydratée 66 109 89 330 €[6]
Pulpe surpressée 60 84 27 30 €
Drêches

Les prix varient d'une région à l'autre, et certains coproduits ne sont pas disponibles dans toutes les régions. Il faut ainsi adapter son choix selon la localisation de l'exploitation. Les coûts des coproduits sont variables en fonction de leur disponibilité et de leur intérêt nutritionnel. Il est nécessaire de comparer ces coûts avec celui des différentes alternatives - en valeur relative rapportée à l’unité d’apport protéique - afin de vérifier que ces achats seront un gain et non une perte financière.

Notre série de guides sur l'autonomie protéique


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Cette page a été rédigée en partenariat avec Plein Champ

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Annexes


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