Logo MSV Normandie officiel.png

La Ferme de la mare des Rufaux

De Triple Performance
Aller à :navigation, rechercher


Edouard Stalin, Louise Deffontaines
MSV Normandie Eure (département) Maraîchage

Edouard Stalin, Louise Deffontaines.jpgFerme de la mare des Ruffaux - Bannière.jpg

Présentation du contexte et des itinéraires techniques mis en place par Edouard Stalin et Louise Deffontaines à la ferme des mares de Ruffaux, petite surface en maraîchage sol vivant à Bouquetot (27). Les informations présentées sur cette page sont issues de plusieurs comptes rendus de visites de ferme réalisées depuis 2019.

Présentation générale de la ferme

céréalière (2 ha), apport massif de fumier puis entretien par apport de broyat.

Edouard Stalin a créé sa ferme en 2012. Le système de production s’appuie sur les liens avec la nature notamment avec la mise en place d’un verger maraîcher et l’installation de nichoirs. En 2019, Louise Deffontaines (BTSA Aménagements Paysagers, Ingénieur à l’Institut Technique en Ingénierie de l’Aménagement du Paysage & de l’Espace) rejoint l’aventure. Edouard & Louise cultivent principalement des variétés anciennes pour leurs qualités gustatives et commercialisent leurs produits en circuits courts.

Objectifs avant l'installation

Création d’un système très diversifié et régénération des sols et de la biodiversité pour gagner en externalités positives sur le système. Indépendance vis-à-vis des banques (pas de prêt bancaire, apports personnels, DJA, subventions et financement participatif). Vente uniquement en circuits courts et centralisation des débouchés à la ferme pour optimiser les déplacements et le temps de travail.

Gestion de la fertilité des sols

Gestion globale cherchant les externalités positives d’un système naturel par la restauration des écosystèmes et optimisation de la biodiversité. Régénération progressive des sols anciennement travaillés par apport de compost et de fumier pour ensemencer en micro-organismes puis amendement sous forme de broyat (depuis 2018 : uniquement broyat).

Perspectives à venir

Développement de l’atelier de plantes aromatiques et médicinales (séchoir et laboratoire de transformation), augmentation de la production de fruits), limitation de la mécanisation sauf pour certains itinéraires culturaux pour gagner en confort de travail.

Résultats économiques

Stratégie commerciale

Edouard ne se déplace que pour livrer les légumes et fruits aux restaurateurs. La majorité des clients viennent sur la ferme pour récupérer leur panier ou lorsque le magasin est ouvert.


Analyse environnementale

  • Taux de matière organique : Entre 1,5 et 8% de taux de matière organique.[1]
  • Nombre d'espèces cultivées : 100% au delà de 30 espèces cultivées sur la ferme.
  • Absence de chimie : 100% quand la ferme est en bio.
  • Non travail du sol : % de la SAU qui n'est jamais travaillée.
  • Biodiversité : Pourcentage de la surface d'intérêt écologique sur la SAU.
  • Couverture de sol : 100% quand moins de 10 jours de sols nus dans l'année - 0% au delà de 150 j/an.

Analyse socio-économique

Edouard et Louise se disent satisfaits de leur cadre de vie et attribuent une note de 8 pour les indicateurs économiques car il y a toujours une marge de progression. Edouard & Louise transmettent leurs connaissances en accueillant deux stagiaires de Mars à fin Septembre via le programme de compagnonnage proposé par Fermes d'Avenir. Les stagiaires sont nourris, logés et blanchis. De plus, Edouard donne des cours d'agronomie à la MFR de Coqueréaumont (15 jours en total), ce qui lui permet de transmettre son expertise aux futur(e)s maraîcher(e)s. La ferme de la mare des Rufaux s'inscrit donc dans des démarches de transmission au niveau territorial. 


Capacité d'autoproduction

Edouard & Louise achètent les plants de patates. Un chantier de plantation est organisé avec leur voisin agriculteur. La production de patates est donc mutualisée avec les voisins.

Ressources en matières organiques

Apport en routine
Type de matière organique Objectif de l'apport Prix €/t (livrée) Quantité par an (t) Surface (m²) Epandage simple

/incorporation

Broyat Amendement 10 15 100% Epandage simple
Paille Paillage & amendement 77 15 100% Epandage simple


Gestion maladies & ravageurs

Type de maladies

/ravageurs

/adventices

Culture concernées Intensité de la pression de 0 à 10 Moyens de lutte
Rongeurs Choux 8 Fissuration avec un canadien pour détruire les galeries et les nids
Limaces A la plantation 6 Sluxx
Pucerons Fèves, salades 3 Syrphes, chrysopes, coccinelles, carabes,

microguèpes parasites abrités dans les arbres et abords + nichoirs pour mésanges bleues et charbonnières

Mildiou Tomates et concombre en fin de cycle 3 Reproduction et sélection de tomates

résistantes et adaptées à la région

Acariens Aubergines 5 Garder les serres humides pendant l'hiver
Lapin Poireaux 1 Filets anti-insectes

Focus techniques

La culture des carottes

Les carottes sont cultivées, en plein champ ou sous serre, dans du broyat fin de déchets verts. Le précédent est occulté par bâche pendant 2 à 6 mois. La bâche est retirée et une couche de 5 à 7cm de broyat est déposée à la main. Les carottes sont ensuite semées au semoir Earthway dans le broyat sur 5 rangs par planche de 1"m de large. Un voile est installé après un arrosage. Plusieurs éclaircissage et désherbages manuels peuvent être réalisés.

Agroforesterie

L’une de ses premières actions à était d’acheter à un pépiniériste qui partait à la retraite 200 arbres (pommiers et poiriers) qu’ils a planté en 2012. Ces arbres qui avaient entre 3 et 5 ans sont des hautes tiges (franc) avec 2 points de greffes. La système racinaire est celui d’un franc (c’est à dire qu’on part du pépin) ce qui procure à l’arbre un système racinaire puissant qui va s'ancrer profondément et donner le caractère vigoureux et puissant de l’arbre haute tige. Le tronc à été sélectionné pour être bien droit et le point de greffe fait à 1,8 m du sol donne la variété choisie et détermine les propriétés gustatives des fruits. Il y a en tout 12 variétés qui n’ont pas été sur-greffées. Edouard a pu faire le pari de planter autant d'arbres car il les a achetés à environ 3 euros pièces. Le verger est planté est/ouest pour limiter l’ombre portée sur les légumes, car le maraîchage reste l’activité principale de la ferme contrairement aux vergers classiques qui sont plantés nord/sud pour avoir un mûrissement des fruits homogène sur l’arbre.

Il a aussi installé ses planches entre les arbres. Les deux premières années Edouard utilisait la charrue, donc il a contraint les racines des arbres à descendre dans le sol ce qui limite aujourd’hui la concurrence pour l’eau avec les légumes. Les rangs d’arbres sont tous les 8 m avec 4 planches de légumes entre chaque rang d’arbre. Au début les arbres ne posaient pas de problème malgré la taille de formation en gobelet mais avec la croissance ils commençaient à faire trop d’ombre et le passage avec le tracteur devenait difficile. Si c’était à refaire, il conseillerait d’enlever un rang sur 2.

Une taille des arbres est faite 1 fois par an par un tailleur professionnel. Avec l’aide de Mathias André, ils ont décidé de revoir la formation initiale des arbres, de couper des charpentières et de donner une forme palissée aux arbres sans pour autant les contraindre avec des fils. Sous ces arbres il y a des framboisiers, de la rhubarbe ou des cardons sur bâche, pour gérer l’enherbement. Cette nouvelle taille apporte de la lumière aux planches et réduit la production des arbres le temps qu’ils se rééquilibrent. En 2021 il y avait 8 tonnes de pommes dont 6 sont transformées et après retaillage du verger 4 tonnes. Les pommes sont vendues en direct et/ou transformées en jus de pomme pressé et stérilisé dans un pressoir chez un ami céréalier/chimiste.

L’entretien du verger est fait uniquement avec de la taille, déléguée à Mathias André. Il n’y a aucun produit ou décoction d'appliqué. Il n’y a pas non plus de de fertilisation, les arbres récupèrent les reliquats de paillage (paille ou compost de déchets verts des planches de légumes). Edouard fait appelle aux “insecticides gratuits” c'est -à -dire les mésanges qui luttent contre le carpocapse. C’est pourquoi il a installé 50 nichoirs pour ces dernières, afin qu’elles trouvent le gîte et le couvert et restent dans le verger.


Le chancre est limité aussi avec la taille. Il est séparé des branches qui seront misent en tas et broyées pour limiter la dispersion. Dans les années à venir le broyage devrait être simplifié car il sera fait en place par un broyeur qui peut broyer des sections jusqu'à 5 cm, plutôt que de déplacer les déchets de taille et faire ensuite appel à une cuma pour le broyage.


"Les arbres ont de nombreux avantages : ce sont des brises vent , ils régulent la température et apportent de l’ombre l’été. Ils permettent aussi de diversifier la gamme de produits proposés à la clientèle. Les jus de pomme et les petits fruits sont très appréciés. Pour nous, c’est aussi très agréable de travailler dans un cadre arboré, on voit énormément d’oiseaux et d’insectes revenir au jardin grâce aux arbres". - Edouard Stalin.

En plus des fruitiers, il a planté une haie double de saules avec des arbres bocagers tous les 10m qui ceinturent la parcelle et fait une rupture entre sa parcelle et celle du voisin qui cultive des céréales. Il a choisi le saule car c’est un arbre facile à bouturer et qui a une croissance très rapide ils peuvent rapidement être efficace pour briser les vents. Les bouleaux eux sont arrivés de façon spontanée. Le long des haies il y a un chemin d’accès car les racines créent de la portance et limitent la concurrence à l’eau, c'est pourquoi les planches ne sont pas collées aux haies. Ce chemin sert aussi d'accès lors de l'entretien avec un tracteur et une épareuse.

Photos


  1. Dans l'analyse de terre, la matières organiques (MO) est quantifiée à partir du dosage de la teneur en carbone organique (C) son constituant majeur, que l'on multiplie par un coefficient censé refléter la teneur en carbone de la MO, qui peut différer selon les laboratoires Français : 1.72 ou 2. Ce coefficient est toujours précisé sur les bulletins d'analyse. Il est donc nécessaire de vérifier le coefficient utilisé si on change de laboratoire pour éviter une interprétation erronée de l'évolution de la teneur en MO.
Partager sur :