GAEC Longy
Ferme d'élevage de broutards et de reproducteurs en conventionnel et élevage porcin bio
Xavier Longy, Antoine Longy
A Sadroc, en Corrèze (19), Xavier et Antoine Longy gèrent ensemble l’exploitation familiale du GAEC Longy sur 160 ha en élevage de broutards et de reproducteurs, et depuis peu de porcs en Agriculture Biologique, en engraissement pur. Xavier a à cœur l’autonomie fourragère du troupeau. Par ailleurs, un incident personnel l’a amené à une prise de recul sur l’utilisation des antibiotiques, notamment par la pratique de l’homéopathie et de l’aromathérapie.
Contexte
- Nom : Xavier Longy
- Localisation : Sadroc, Corrèze (19)
- Productions : Élevage bovin et porcin : broutards et reproducteurs (conventionnel), porcs (bio)
- SAU : 160 ha
- UTH : 2
- Cahiers des charge : Label Rouge, Agriculture Biologique (pour les cultures et les porcs)
- Type de sol : Argileux
- pH acide (5,4) limitant pour le rendement
- MO (matière organique) à 5,8%, analyses de sol tous les 4-5 ans
- Cultures : Maïs épi, épeautre, prairie permanente
- Cheptel : 120 vaches, 25 génisses, 1 taureau vasectomisé (pour détecter les chaleurs), 240 porcs en engraissement
- Contexte pédoclimatique : Pas de zone vulnérable, zone tempérée océanique, pluviométrie 1100-1200 mm/an (propice au maïs), sols très profonds, acides et à tendance argileuse
- Modes de commercialisation : Coopératives
- Historique :
- 1970 : Création de l’exploitation par les parents de Xavier. Elle produisait des broutards avec une quarantaine de vaches sur 40 ha.
- Années 90 : Le père de Xavier souffre d’un cancer dû à ses conditions de travail. Sa femme reprend alors l’exploitation en EARL. Les cultures passent en bio.
- 1998 : Xavier s’installe. L’exploitation passe de nouveau en GAEC. Mise en place du pâturage tournant dynamique.
- 2010 : Sa mère prend sa retraite, l’exploitation repasse en EARL.
- 2014 : Essais sur les pratiques de médecine alternative (homéopathie et aromathérapie).
- 2023 : Le neveu de Xavier, Antoine, rejoint le GAEC Longy en 2023. Création de l’atelier porcin en bio.
- Bâtiments :
- Un bâtiment de stockage de matériel et fourrage,
- L’ancienne stabulation accueille les vaches taries et les génisses,
- Un nouveau bâtiment a été construit en 2024 (avec panneaux solaires) pour abriter les vaches en production
Spécificités
Xavier et Antoine sont spécialisés dans la sélection de reproducteurs de la race limousine. Les veaux conformes à la race sont vendus en tant que taureaux reproducteurs prêts à saillir ou en tant que génisses de reproduction tandis que ceux ne correspondant pas aux caractéristiques de la race sont vendus en broutard.
La ferme de Xavier et Antoine est en autonomie fourragère. En outre, elle se distingue des autres par la réduction des antibiotiques, notamment via l’usage de l’homéopathie et de l’aromathérapie. Il est accompagné pour ce faire par un vétérinaire de l’Allier et fait partie d’un groupe de 10-12 agriculteurs dans un rayon de 20 km à s’être lancés dans cette pratique.
Motivations et objectifs
La pratique de l’homéopathie, permettant de soulager les maux lors de traitements lourds, a été motivée par le cas de cancer déclaré dans la famille. Xavier est aussi sensible au bien-être de son troupeau. Ainsi, il a pour objectif depuis cette année de planter davantage de haies pour créer de l’ombre et avoir un effet brise-vent.
Étapes de transition
- 1990 : Cas de cancer dans la famille, passage des cultures au bio.
- 2014 : Essai des pratiques d’homéopathie.
- 2023 : Création de l’atelier porcins en bio, l’idée était de pouvoir épandre les effluents bios sur les terrains en bio.
- 2025 : Plantations de haies.
Descriptif du système actuel
La SAU est répartie sur 160 ha, dont 10 ha de maïs, 8 ha d'épeautre, une petite surface en luzerne (~2 ha) et le reste en prairie permanente.
Rotation type
1 année maïs, 1 année épeautre puis il sème sa prairie (sert de pâture si proche du bâti, sinon elle est fauchée).
Productions végétales
- Fourrages (142 ha ) :
- Prairie semée à la volée dans l’épeautre (8 ha) :
- Déprimées tous les ans par fauche (2 t/ha de foin)
- Légumineuses (trèfle violet ou blanc, chicorée pour ses vertus anti-parasitaires)
- Graminées (ray-grass anglais et dactyle)
- Prairie permanente (141 ha) :
Temps de retour par paddock : 16 jours au printemps, 21-23 jours en été
Taille de paddock : 2-3 ha pour 40 vaches et 30 veaux en pâturage tournant
- Rendement :
- Maïs : 60-80 qtx/ha.
- Épeautre : 15-20 qtx/ha.
- Foin : 2 tMS fourrages/ha.
Le rendement est limité par le pH faible, Xavier utilise de l’amendement calcique pour le remonter (marne 3t/ha et lithothamne 600 kg/ha pour l’épeautre).
Il n’utilise pas de couvert mais enchaîne toutes les cultures donc le sol n’est jamais nu.
Exemple d’itinéraire technique
Sur une vieille prairie de 10-15 ans, l’itinéraire technique de plantation est :
- Labour classique
- Semis conventionnel de maïs
- Herse étrille pour désherber 1 semaine après le semis
- Sarclage du maïs à 8 feuilles et à nouveau quand il couvre le rang
- Récolte du maïs épi
- Déchaumeur à disque ou cultivateur pour enfouir les résidus du maïs précédent
- Semis épeautre après la récolte du maïs (en ligne ou à la volée)
- Semis de la prairie dans l’épeautre au printemps en plante relais (amendement calcique lithothamne 600 kg/ha + marne 3 t/ha)
Élevage bovin
- Race bovine limousine : Race adaptée à la région (berceau de la limousine), historiquement produite par ses parents. Elle est rustique, présente un vêlage facile et des qualités maternelles reconnues, pas de mauvais pieds ni de pieds trop bas (pathologies du pied chez la vache).
- Les 25 génisses et les vaches en production sont réparties en 2 lots. Deux passes sont faites, une en automne par insémination artificielle, et la seconde en début de printemps en monte naturelle afin d’avoir une production de veau répartie sur l’année.
- Les génisses vêlent à 24-26 mois.
- 2 périodes de vêlage :
- Automne : Les veaux restent dehors jusqu’à mi-novembre puis rentrent au bâtiment jusqu’au 15 mars (4 mois de stabulation). Ils ressortent au printemps : les meilleurs partent en reproduction, les autres restent sous leur mère jusqu’à atteindre 340 kg (8-9 mois) pour être vendus en broutards.
- Printemps : Les veaux naissent dehors et restent 3 semaines au bâtiment puis sont lâchés le 15 mars à l’herbe. En été, ils sont complétés par un nourrisseur. La sélection reste la même que pour le lot d’automne.
- Vêlage extérieur : Xavier fait vêler ses vaches à l’extérieur où il fait froid, cela limite la pression des maladies.
- Pâturage tournant : Volonté d’optimiser la gestion de l’herbe et de limiter les refus.
- Complémentation de l’alimentation du troupeau : Complémentation minérale (bolus) issue du commerce pour les génisses sevrées au printemps et à l’automne. Cela couvre leur période de vêlage.
- Ration :
- Veaux :
- Automne : Lait de leur mère, foin et ensilage herbe les 4 premiers mois en bâtiment. Ensuite ils sortent en mars et pâturent. Ils sont sevrés à la fin du printemps.
- Printemps : Lait de leur mère et herbe en prairie, ils rentrent en bâtiment après leur naissance, jusqu’au 15 mars et pâturent. Ils bénéficient d’un complément de céréales au nourrisseur.
- Vaches d’engraissement : Epeautre + maïs épi + luzerne produite sur l’exploitation (3-4 coupes qui font 6 tMS) en foin ou enrubannage + regain (produit sur l’exploitation, rendement à 1 t/ha qui font 20 tMS) + correcteurs 20 t
- Vaches : Foin + ensilage + herbe + complémentation minérale si besoin
- L’alimentation pourrait être améliorée car manque d’énergie et d’azote
- Veaux :
- Troupeau vacciné contre la FCO (Fièvre Catarrhale Ovine) et la MHE (Maladie Hémorragique Épizootique)
Élevage de porcs (engraissement)
- 2 bandes de 120 porcs sur 1 ha fermé en semi-plein air.
- Les porcs sont récupérés à 1 mois.
- Alimentation : tout acheté (céréales bio, maïs bio) au Moulin Beynel sauf la paille pour la litière. L'alimentation en AB pour les porcins étant assez spécifique, il préfère acheter les aliments adaptés pour les nourrir, comme il n’a pas la fabrique nécessaire sur place. Il est plus simple d’utiliser les aliments disponibles dans le commerce.
Interactions entre les ateliers
Xavier utilise le fumier non composté bovin et porcin pour fertiliser ses sols.
Les doses sont les suivantes :
- Maïs : 20 t/ha
- Epeautre
Pratiques innovantes
Réduction de l’utilisation des antibiotiques sur les bovins
- Homéopathie : Xavier détecte les changements de comportement du troupeau et adapte le traitement en conséquence. Il faut surveiller et prendre en compte la température, la couleur des diarrhées, les préférences de l’animal (eau chaude ou froide), etc. Xavier l’utilise en granules pour traiter les panaris (par exemple Belladonna et Aconit). Il asperge aussi un spray sur le naseau (chlorure de magnésium et pyrogenium) pour les maladies respiratoires du bovin.
- Aromathérapie : Utilisation d’huiles essentielles avec un spray (Cannelle, Thym, Origan, Girofle, Tea Tree, Pin Sylvestre, Eucalyptus globuleux) pour traiter les maladies (plus facile à mettre en place que l’homéopathie).
- Chicorée semée : Xavier explique que cela permettrait de déparasiter les vaches, notamment contre les strongles.
Plantation de haies
- Permettre un ombrage pour les bovins.
- Développer la capacité de brise-vent.
- 1 km planté cette année en bordure de parcelle pour créer de l’ombre autour (noyers, cornouiller sanguin, fusain d’Europe, camérisier à balai, viorne lantane, troène des bois, etc.). Il a bénéficié de subventions à la plantation de la part de l’Etat (2 € le mètre linéaire dont pour 2km il a bénéficié de 4 000€).
Résultats (+ et -) constatés des nouvelles pratiques
- Homéopathie : Xavier note que l’homéopathie fonctionne sur les abcès : panaris et kératite. Cela ne fonctionne pas bien sur les diarrhées.
- Aromathérapie : Cela fonctionne particulièrement bien sur les maladies respiratoires des bovins.
La kératite est toujours présente avec ces deux traitements alternatifs aux antibiotiques mais Xavier refuse d’utiliser des produits chimiques.
Autonomie
Xavier et Antoine sont plutôt autonomes en aliments fourragers (pâture, foin, enrubannage et ensilage). En revanche, Xavier expose qu’ils sont de moins en moins autonomes en céréales et en protéines. Antoine semble être davantage axé sur les bovins de compétition. Il faut donc les nourrir correctement pour qu’ils correspondent aux normes compétitives.
Équipement
Personnel
- 3 tracteurs de 100-130 cv
- Bol mélangeur
- Camion pour emmener les animaux
CUMA
- 1 tracteur de 180 cv pour l’épandage du fumier, le pressage, la fauche et l’ensilage
- Epandeur fumier et engrais
- Herse étrille
- Bétaillère
- Semoirs à céréales et à maïs
- Sarcleuse
- Epareuse
Avec un collègue (⅓ lui, ⅔ Xavier)
- Faucheuse/andaineuse
- Round-baller
- Plateau à foin
Investissements
- 2 tracteurs achetés
Commercialisation
- Bovins reproducteurs : Vendus à d’autres éleveurs de 10 à 14-15 mois, 2800-3000€ pour un taureau prêt à saillir, 1300-1500€/génisse d’1 an)
- Broutards (veaux non conformes aux critères de la race limousine) vendus à la Coopérative Eleveurs du Pays Vert à 4,30€/kg vif
- Vaches de réforme vendues à la coopérative à 5,50€/kg carcasse (poids moyen carcasse d’une vache de réforme : 420 kg)
- Porcs :
- le cours est en baisse (3,70€/kg de carcasse si conforme aux dimensions requises du cahier des charges, sinon 2,70€), vente de 80 porcs à la coopérative SICA Le Pré Vert (pour vente locale et Biocoop)
- porcs vendus à 6 mois (à un poids vif d’environ 100 kg), le TMP (Taux de Muscles des Pièces) doit être supérieur à 36
- Pour la PAC, il est nécessaire de vendre au moins 70 porcs à l’année
- 1 livraison d’animaux par semaine, avec des périodes où les allers-retours sont plus fréquents (broutards et reproducteurs en avril-mai et en septembre-octobre)
Stockage
Foin en botte séché dehors, enrubannage et ensilage.
Bilan économique, social, environnemental
Bilan social
- Xavier suit des formations continues (formations sur la réduction des antibiotiques données par un vétérinaire homéopathe de l’Allier avec la Chambre d’Agriculture).
- Il a effectué un BTS production animale à Limoges avant de s’installer.
- 2 UTH (50h/semaine du lundi au samedi).
- Pic de travail du 15 mai au 20 juin : Ensilage et foin, semis du maïs.
- Pénibilité : Xavier tente au maximum d’avoir du travail mécanisé, contrairement à son neveu.
- Vacances : 3 semaines/an.
- Pas d’agrotourisme mais selon les demandes il ouvre sa ferme pour accueillir des agriculteurs et des formateurs lors de journées techniques par exemple.
- Bonne entraide avec les chasseurs locaux et les voisins, lien avec animateur de la Chambre. Xavier ne se sent donc pas isolé.
- Appartient à des groupes d’agriculteurs : 10-12 collègues qui installent des haies, un autre groupe qui fait de l’homéopathie dans les 20 km alentours.
Bilan économique
- Chiffre d’affaires : 215 000 € en 2023.
- PCAE (Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles) : 40% de 180 000€ pour l’aménagement d’un bâtiment avec panneaux solaires en 2024.
- PAC :
- Subventions d’exploitation : 88 641 €
- ICHN (Indemnité Compensatoire Handicap Naturel)
- Aides bovins
- Avant aides au maintien en bio
PRODUITS | Vente | Var. Stocks | Produits |
---|---|---|---|
Produits animaux | |||
Produits végétaux | -6 507 | -6 507 | |
Produits transformés | |||
Ventes d'animaux | 224 443 | -2 650 | 221 793 |
Travaux à façon | |||
Ventes de marchandises | |||
Autres produits | |||
PRODUCTION VENDUE ET STOCKEE | 224 443 | -9 157 | 215 286 |
Achats d'animaux | -7 701 | ||
Production en cours | |||
Production immobilisée | |||
Production autoconsommée | |||
Indemnités d'exploitation | 2 802 | ||
Subventions d'exploitation | 88 641 | ||
INDEMNITES ET SUBVENTIONS | 91 443 | ||
Reprise sur dépréciation, provisions et amortissements | |||
Transferts de charges d'exploitation | |||
Autres produits d'exploitation | 2 | ||
AUTRES PRODUITS | 2 | ||
PRODUITS FINANCIERS | 97 | ||
TOTAL PRODUITS COURANTS | 299 127 | ||
Vente d'éléments d'actif | 65 000 | ||
Amortissements des subventions d'investissements | 1 621 | ||
Autres produits exceptionnels | |||
PRODUITS EXCEPTIONNELS | 66 621 |
CHARGES | Achats | Var. Stocks | Charges |
---|---|---|---|
Achats de marchandises | |||
Engrais et amendements | 5 880 | -2 880 | 3000 |
Semences et plants | 3 212 | 795 | 4 007 |
Produits de défense des végétaux | |||
Aliments du bétail | 55 944 | 783 | 56 727 |
Produits de défense et reproduction animale | 2 664 | 2 664 | |
Emballages | |||
Combustibles | 22 746 | -68 | 22 679 |
Autres matières premières et fournitures | 2 640 | 2 640 | |
TOTAL APPRVISIONNEMENT | 93 086 | -1 370 | 91 716 |
Achats de travaux et services | 35 364 | ||
Eau, gaz et électricité | 6 503 | ||
Autres fourn. d'entretien et de petits équipements | 7 113 | ||
Crédit bail | |||
Locations et charges locatives | 13 487 | ||
Entretien et réparations | 42 708 | ||
Primes d'assurance | 11 799 | ||
Rémunérations d'intermédiaires et honoraires | 5 853 | ||
Transports | 2 870 | ||
Déplacements, réceptions | 1 112 | ||
Frais postaux, télécommunications | 325 | ||
Autres charges externes | 2 509 | ||
AUTRES ACHATS ET SERVICES EXTERNES | 129 643 | ||
Valeurs comptables des animaux reproducteurs cédés | |||
VALEUR AJOUTEE | -13 774 | ||
IMPOTS ET TAXES | 1 773 | ||
Rémunération du personnel | |||
Charges sociales du personnel | |||
Cotisations sociales de l'exploitant | |||
CHARGES DU PERSONNEL | |||
E.B.E CORRIGE | 75 896 | ||
Dotations aux amortissements | -21 317 | ||
Autres charges de gestion courante | |||
RESULTAT D'EXPLOITATION | 54 580 | ||
Charges financières | 3 177 | ||
TOTAL CHARGES COURANTES | 247 627 | ||
RESULTAT COURANT | 51 500 | ||
Valeurs comptables des éléments d'actif cédés | 860 | ||
Rémunération des associés | 31 200 | ||
Mise à disposition des associés | 2 280 | ||
Autres charges exceptionnelles | |||
CHARGES EXCEPTIONNELLES | 34 340 | ||
RESULTAT DE L'EXERCICE | 83 781 |
Avantages / limites des pratiques mises en place
L’homéopathie est compliquée à mettre en place car elle demande à l’agriculteur de bien suivre le comportement de son troupeau, ce qui peut demander du temps.
L’aromathérapie est moins exigeante, car il suffit de suivre un cahier de prescription.
La plantation de haies est relativement simple à mettre en place, les agriculteurs peuvent en plus disposer de subventions PAC pour ces haies.
Perspectives
Xavier souhaite continuer dans cette direction jusqu’à sa retraite et faire évoluer ses pratiques. Antoine va poursuivre dans la production animale plutôt que végétale.
Il faudrait augmenter l’autonomie en azote avec le trèfle et la luzerne.
Conseils de l’agriculteur
Xavier conseille d’aller voir ce qui est fait ailleurs par le biais de formations et de visites. Il conseille également à chaque agriculteur d’effectuer ces transitions à leur rythme.
Si c’était à refaire ?
Xavier pense qu’il aurait dû faire ses investissements dans les bâtiments plus tôt ce qui aurait permis d’avoir un espace de stockage pour le fourrage et le matériel.
Pour aller plus loin sur les pratiques innovantes
Homéopathie
Définition de l’homéopathie :
- Faire le semblable, accompagner les efforts du corps pour surmonter la maladie (Hippocrate).
- 3 principes :
- Similitude : Administration à un individu malade à petite dose d’une substance qui provoque à dose pondérale chez un individu sain les mêmes symptômes que ceux observés chez le malade dans le but de le guérir.
- Infinitésimalité : La substance administrée est très fortement diluée (facteur 100).
- Individualité : Chaque malade individualise les symptômes. Le remède n’est pas tellement spécifique à l’agresseur, mais plutôt à la réactivité du malade
Pathologies chroniques pouvant être traitées avec de l’homéopathie :
- Mammites (en palliatif dès l'apparition des symptômes ou en préventif, par exemple en accompagnement de la mise-bas ou pendant le tarissement).
- Diarrhées aiguës chez le jeune veau ou l’adulte.
Avantages [1] :
- Utilisation d’un seul remède, un nombre de fois limité et sur une période de temps limitée
- Amélioration rapide qui va de 12 à 36 heures en aiguë à quelques jours sur des cas chroniques
- Temps d’attente nul (pour des bovins lait, l’administration du traitement n’oblige pas le retrait du lait)
- En cas de récidive, le même traitement, s’il a été efficace, peut être réutilisé si les observations se rejoignent
- En cas d’épidémie de mammites identiques, un même remède peut être utilisé chez les vaches présentant les mêmes symptômes
- Coût du médicament très bas
- Pas de danger pour l’environnement
Inconvénients[1] :
- Temps de consultation plus long, avec un recueil de données sur du très long terme
- Temps de surveillance plus long après administration du traitement
- Des repères pour juger de l’efficacité d’un traitement différents de ceux d’un traitement allopathique
- Risque d’évolution vers la chronicité si le traitement est mal conduit
- Si les résultats ne sont pas constatés au bout de 24 à 36 heures, il faut changer le remède
- Un même traitement peut ne pas être efficace sur le reste du troupeau si l’expression clinique est différente
- Coût plus élevé en termes de temps de consultation
- Nécessité de formation pour l’éleveur notamment pour développer ses capacités d’observation
Points de vigilance :
- L’homéopathie ne soigne pas tout
- L’homéopathie est avant tout une médecine de prévention, d’accompagnement, et palliative
- Bilan équilibré des effets positifs entre l’homéopathie et l’allopathie
- L’utilisation d’homéopathie ne permet pas de négliger les conditions d’hygiène et de vie des animaux qui sont indispensables à leur bonne santé et à leur bien-être
- Il est important de souligner qu’aucune étude scientifique ne prouve les effets de l’homéopathie. Celles qui le montrent sont anecdotiques et parfois erronées dans leur contexte expérimental[2]
Aromathérapie
Définition de l’aromathérapie :
Soin des animaux par des huiles essentielles issues de plantes aromatiques par distillation. Même s’il s’agit de substances naturelles, elles sont très concentrées.
Avantages[3] :
- Champ d’application large
- Stimulation des défenses immunitaires de l’animal si utilisées en prévention ou lors des premiers signes d’une infection
Points de vigilance[3] :
- Considérée comme un médicament dans la réglementation si utilisée pour soigner ou faire de la prévention
- Prescription vétérinaire obligatoire
- Délais d’attente forfaitaires : 28 jours pour la viande, 14 jours pour le lait
- Effets secondaires possibles (allant de la simple irritation de la peau et des muqueuses à des conséquences plus grave telles que toxicité ou effets hormonaux, entre autres)
Selon le rapport de l’ANSES, les preuves d’efficacité et d'innocuité des huiles essentielles restent hétérogènes.
Selon les chercheurs de l’INRAE, elles pourraient donc aussi être employées en association avec les antibiotiques, pour en optimiser l’action. Ces hypothèses devront être confirmées lors de futurs tests in vivo.[4]
Sources et références
La version initiale de cet article a été rédigée par Elise Gatel, Eléa Missonnier et Mélodie Calvier.
étudiantes en agronomie à l'Institut Agro Montpellier, suite à l'interview de Xavier Longy, réalisée le 14/02/2025.
- ↑ Revenir plus haut en : 1,0 et 1,1 Yolaine Charpentier. L’ homéopathie vétérinaire dans un élevage bovin, focus sur les principales pathologies. Sciences pharmaceutiques. 2017. hal-01932345
- ↑ Aurélien Vesques. Intérêts de l'homéopathie comme alternative aux antibiotiques dans les élevages vétérinaires : exemple de la prise en charge de la mammite bovine. Sciences pharmaceutiques. 2016. https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01317177v1/file/VESQUES_Aur%C3%A9lien.pdf
- ↑ Revenir plus haut en : 3,0 et 3,1 Le Guénic, Marylise. Médecines alternatives pour animaux : différences et réglementation. Chambre d’agriculture Bretagne. https://bretagne.chambres-agriculture.fr/mes-productions/elevage/bovins-lait/conduite-sante-repro-bien-etre/medecines-alternatives/
- ↑ Taussat-Vayssier Muriel, Médale Françoise, Dequin Sylvie. Réduire l’usage des antibiotiques en élevage. Novembre 2018. Dossier Presse Inra Science et Impact.https://www.inrae.fr/sites/default/files/pdf/dossier-de-presse-reduire-l-usage-des-antibiotiques-en-elevage-3.pdf