Mettre en place des dispositifs physiques anti-insectes
Présentation
Caractérisation de la technique
Principe
Il s'agit de de protéger les cultures des attaques d’insectes ravageurs via l’installation de bâches, de voiles ou de filets, sur ou autour de la culture, pour empêcher physiquement l’accès des bioagresseurs aux plantes. Pour les insectes qui volent au ras du sol, on peut disposer des filets verticaux autour de la culture, pour les autres, il est nécessaire de recouvrir touts les plants. Une difficulté est de savoir à quel moment mettre en place ces protections, qui ne peuvent en général pas être permanentes du fait des autres interventions à réaliser sur la culture.
Précision sur la technique :
Mettre en place la barrière physique en cas de risque, surtout avant les premiers vols du ou des bio-agresseur(s) visé(s).
Les barrières sont installées au niveau des ouvrants dans les cultures sous abri ou sous serre, à plat sur la culture en plein champ ou en tunnels, verticalement en plein champ pour lutter contre les ravageurs se déplaçant sous le couvert végétal ou au ras de la culture (mouche de la carotte, mouche du chou).
Après la pose, il faut vérifier l’étanchéité de la barrière physique.
Pour certaines techniques, la barrière doit être retirée avant toute autre intervention.
- Période de mise en œuvre : Sur culture implantée
- Echelle spatiale de mise en œuvre : Parcelle
Application de la technique à...
Toutes les cultures : Généralisation parfois délicate . Cette technique n'est applicable que sur des cultures qui occuppent des surfaces limitées. Toutefois, la technique peut être appliquée à diverses cultures de plein champ (carotte, navet, chou), d’abri et de serre (concombre, tomate…).
Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Effet sur la qualité de l'air : En augmentation
émission phytosanitaires : DIMINUTION
Effet sur la qualité de l'eau : En augmentation
- N.P. : DIMINUTION
- pesticides : DIMINUTION
- turbidite : DIMINUTION
Commentaires
Qualité de l'air et de l'eau
Diminution des transferts de polluants vers l’eau et l’air grâce à la réduction des insecticides. La technique permet de remplacer les insecticides. Leur transfert éventuel devient nul.
Energies fossiles et GES
La pose est manuelle, il y a donc une réduction de la consommation d'énergies fossiles si le filet remplace des traitements. Cependant, l'impact de la fabrication n'est pas connu. Il est possible que la minéralisation de l'azote soit stimulée et être à l'origine d'émissions de N2O.
Production de déchets
Les filets doivent être retraités après usage et représentent d'assez grandes quantités de plastique.
Critères "agronomiques"
Productivité : Pas d'effet (neutre)
Qualité de la production : Pas d'effet (neutre). Pas d'incidence sauf si développement de maladies (ex : pourriture grise)
Fertilité du sol : Variable. Dans le cas où les filets ont un effet thermique, il peut y avoir stimulation de la minéralisation de l'azote (c'est intéressant en agriculture biologique).
Stress hydrique : Pas de connaissance sur impact. Si le filet utilisé a un effet climatique, stimulation de l'évapotranspiration ?
Biodiversité fonctionnelle : Pas de connaissance sur impact. Effet sur les déplacement d'autres insectes et organismes vivants que les cibles.
Autres critères agronomiques :
Le risque de transmission de virus par certains pucerons ou cicadelles est réduit.
- Microclimat : lien=|alt=visage rouge taille 10
Problème de microclimat favorable aux maladies.
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : En augmentation
Nécessite un investissement en fonction de la barrière choisie et de sa qualité :
- Filets en polyéthylène réutilisables 2 à 3 ans : 0,6 à 0,8 euros/m².
- Filets en polyamide une seule année d'utilisation : 0,3 à 0,4 euros/m².
Charges de mécanisation : En diminution
La pose de barrières physiques se fait à la main donc réduction de la consommation de carburant si diminution des traitements.
Marge : Variable
Cette technique augmente le coût de la protection de la culture par rappor à une protection chimique, notamment du fait de la main d'œuvre nécessaire. Elle est de ce fait souvent mise en œuvre en agriculture biologique, filière dans laquelle la valorisation du produit permet de limiter l'effet sur les marges.
Critères "sociaux"
Temps de travail : En diminution
En diminution si le filet remplace un ou des passages de pulvérisateur.
Période de pointe : En augmentation
Le temps de pose est relativement important.
Effet sur la santé de l'agriculteur : Pas de connaissance sur impact
Cependant, augmentation de la pénibilité du travail, sous serre et abri, lorsque les barrières engendrent une élévation de température.
Temps d'observation : Pas d'effet (neutre)
Comme les traitements chimiques, la pose des filets doit être bien positionnée par rapport au cycle du ravageur cible.
Organismes favorisés ou défavorisés
Bioagresseurs favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|---|---|---|
adventices | FORTE | adventices | La présence de filets crée un microclimat favorable au développement des adventices (augmentation de la température et de l’humidité) |
mouches des cultures légumières | FORTE | ravageur, prédateur ou parasite | Si le filet est posé sur un sol infesté de pupes, ou si des mouches arrivent à pénétrer sous le filet, la technique favorise le développement de populations de mouches par un effet de confinement |
Bioagresseurs défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|---|---|---|
Tuta absoluta | FORTE | ravageur, prédateur ou parasite | L’efficacité de la technique dépend de la taille de la maille (il faut qu’elle soit adaptée au bioagresseur ciblé) et de l’étanchéité du dispositif |
mouche du chou | FORTE | ravageur, prédateur ou parasite | Efficacité forte même si technique utilisée seule. Toutefois, l’efficacité de la technique dépend de la taille de la maille (il faut qu’elle soit adaptée au bioagresseur ciblé) et de l’étanchéité du dispositif |
mouches des cultures légumières | FORTE | ravageur, prédateur ou parasite | L’efficacité de la technique dépend de la taille de la maille (il faut qu’elle soit adaptée au bioagresseur ciblé) et de l’étanchéité du dispositif. Il est possible d’utiliser de filets verticaux ou posés sur arceaux pour protéger les cultures de brassicacées contre la mouche delia radicum, qui vole plutôt à ras du sol |
noctuelles des cultures légumières | FORTE | ravageur, prédateur ou parasite | L’efficacité de la technique dépend de la taille de la maille (il faut qu’elle soit adaptée au bioagresseur ciblé) et de l’étanchéité du dispositif |
petite altise | MOYENNE | ravageur, prédateur ou parasite | L’efficacité de la technique dépend de la taille de la maille (il faut qu’elle soit adaptée au bioagresseur ciblé) et de l’étanchéité du dispositif |
puceron | MOYENNE | ravageur, prédateur ou parasite | L’efficacité de la technique dépend de la taille de la maille (il faut qu’elle soit adaptée au bioagresseur ciblé) et de l’étanchéité du dispositif |
punaise (bioagresseur) | FORTE | ravageur, prédateur ou parasite | L’efficacité de la technique dépend de la taille de la maille (il faut qu’elle soit adaptée au bioagresseur ciblé) et de l’étanchéité du dispositif |
thrips des cultures légumières | FAIBLE | ravageur, prédateur ou parasite | L’efficacité de la technique dépend de la taille de la maille (il faut qu’elle soit adaptée au bioagresseur ciblé) et de l’étanchéité du dispositif |
Auxiliaires défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|---|---|---|
Arthropodes prédateurs et granivores | FORTE | Ennemis naturels des bioagresseurs | Tous les arthropodes prédateurs se déplaçant par voie aérienne (syrphes, coccinelles, chrysopes…) sont défavorisés par la technique |
Pour en savoir plus
- Contre les mouches du chou des cultures en agriculture biologique, les filets verticaux comme moyen de protection
- -Picault S.CTIFL, Brochure technique, 2008Infos CTIFL, n° 244, 36-40.Pour accéder à la brochure voir lien
- Dispositifs physiques anti-insectes
- Guide pratique pour la conception de systèmes de culture légumiers économes en produits phytopharmaceutiques. Fiche technique T21.
- -Launais M., Bzdrenga L., Estorgues V., Faloya V., Jeannequin B., Lheureux S., Nivet L., Scherrer B., Sinoir N., Szilvasi S., Taussig C., Terrentroy A., Trottin-Caudal Y., Villeneuve F. Ministère chargé de l’agriculture, Agence Française pour la Biodiversité, GIS PIClég., Ouvrage, 2014. Pour accéder au Guide voir lien
- Le point sur les méthodes alternatives : les filets de protection
- -Prisca S., Picault S.CTIFL, Brochure technique, 2016. Pour accéder à la brochure voir lien
- Les altises, poinçonneurs des crucifères
- -Bosse-Platière A. (Terre Vivante). Site internet de Terre Vivante, page visitée le 26/01/2012, Site Internet, 2012. Lien
- Les fiches légumes : Comment utiliser les voiles et filets en maraîchage biologique ?
- -Vetabio. Vetabio, Brochure technique, 2011. voir lien
- Maladies et ravageurs des légumes de plein champ en Bretagne
- -Estorgues V. (Chambre d'agriculture du Finistère, coordination) ; conseillers légumes des 4 chambres d'agriculture de Bretagne. Chambres d'Agriculture de Bretagne, Ouvrage, 2005
- Mise en œuvre de filets « insect-proof » en culture sous serre ; incidences sur le choix des matériaux de couverture et des systèmes d’aération, Journées plastique et horticulture.
- -Lagier J.INRA, Article de revue sans comité, 2002. voir lien
- Méhtodes alternatives en cultures légumières
- -Oste S. , Legrand M. , Roy G. (FREDON Nord Pas-de-Calais). Phytoma n°613, mars 2008, pp26-29, Article de presse, 2008
Mots clés
- Méthode de contrôle des bioagresseurs : Lutte physique
- Mode d'action : Evitement
- Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Substitution
Galerie photo
Annexes
S'applique aux cultures suivantes
Favorise les bioagresseurs suivants
Défavorise les bioagresseurs suivants
- Mouche du chou
- Mouches des cultures légumières
- Noctuelles des cultures légumières
- Petite altise
- Puceron
- Punaise (bioagresseur)
- Thrips des cultures légumières
- Tuta absoluta
Défavorise les auxiliaires