Augmenter la biodiversité d'un domaine agricole par la voie de l'agroforesterie

De Triple Performance
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Justin, directeur technique, nous explique comment le projet de vitiforesterie a été mis en place au domaine Pierre-Jean Villa, dans la Loire.

Le domaine Pierre-Jean Villa, en bref

Le domaine a été créé en 2009 avec la volonté de devenir une vraie référence dans la région.

  • SAU : 17 ha
  • Domaine situé en zone Natura 2000
  • Appellations du domaine : Côtes Rôties, Condrieu, Saint-Joseph, Crozes-Hermitage, Vins de Pays
  • Parcelles en coteaux : les vignes sont conduites en terrasses
  • Méthode de travail appliquée sur le domaine : l'essentiel des interventions est réalisé à la main, il y a quelques passages de petits engins motorisés pour le travail du sol et la protection de la vigne.
  • La vigne est menée en agriculture biologique. La certification a été obtenue en 2019.
  • Le choix de l'agriculture biologique s'est imposé sur le domaine pour différentes raisons :
    • Conviction environnementale : éviter au maximum l'utilisation de la chimie.
    • Garantir la santé des salariés : beaucoup d'interventions se font à dos et à mains d'hommes, le domaine préfère donc utiliser des produits plus naturels.
  • La protection de la vigne est donc menée en bio : soufre, cuivre, tisanes, purins d’ortie, de consoude, produits à base d’algues pour entretenir le potentiel du feuillage de la vigne.
  • Les vignes sont conduites en palissage en échalas, c’est une technique traditionnelle dans le Rhône Septentrional car les cépages utilisés ont un port retombant.


  • Le choix du végétal est réalisé par sélection massale, il n’y a donc pas deux individus identiques sur les parcelles, ils sont tous génétiquement différents, ce ne sont pas des clones et cela permet donc d’apporter de la diversité.
  • Le mode de culture mis en place sur le domaine a pour vocation de conserver la qualité des sols et sa biodiversité par l'installation de couverts végétaux hivernaux naturels ou semés (féverole, trèfle, pois fourrager, triticale, orge...) détruits au printemps.
  • Circuits de commercialisation :
    • la majorité de la production de vin est vendue dans des circuits professionnels
    • il y a des exports de la production vers le Japon, Brésil, Canada, Etats Unis
    • 10% de vente aux particuliers sur des systèmes d’allocations

Contexte de la mise en œuvre

  • La démarche de production menée au Domain Pierre-Jean Villa se veut ultra qualitative : ce n'est pas le rendement qui est visé mais la qualité du raisin.
  • Depuis sa création, le domaine a mis en place une démarche agroécologique pour conserver les habitats et les espaces naturels.
  • Cette démarche est très poussée sur les nouvelles plantations pour lesquelles les vignes sont insérées dans une zone naturelle.
  • De cette envie de préserver les habitats naturels et les écosystèmes, Justin, agronome de formation et directeur technique du domaine, a décidé avec Pierre-Jean Villa, de développer de l'agroforesterie au sein des parcelles de vigne. En effet, il existe déjà beaucoup d'initiatives de ce type dans toute la France mais très peu dans le Rhône Septentrional, c'est donc l'occasion de le développer dans la région.
  • Sur les nouvelles plantations, ce projet vitiforestier est accompagné par le Parc Naturel Régional (PNR) du Pilat sur l’aspect technique et financier (l'achat des arbres est financé par le PNR). Sur une parcelle d'1 ha, 510 arbres ont été plantés sous forme de haies forestières et d'arbres fruitiers dispersés.

L'agroforesterie en viticulture

Les arbres (bouleaux, vieux chênes...) déjà présents dans les nouvelles parcelles de vignes ont été laissés pour créer des corridors écologiques pour les oiseaux notamment, et apporter de l'ombre ponctuellement sur les vignes en été. L'agroforesterie permet de réguler le microclimat qu'on trouve dans la parcelle et de limiter les écarts de température trop importants en été. Les arbres sont implantés dans les parcelles de vigne de deux façons :

  • Rangs d’arbres au sein de la vigne, pour introduire des haies et des corridors écologiques au sein de la parcelle.
  • Au sein des rangs de vigne, plantation d’arbres fruitiers à la place d’un plant de vigne de façon aléatoire (pommier, abricotier, poirier, amandier…).

Le projet vitiforestier a commencé en Octobre 2020 et les jeunes vignes ont été plantées en février 2021.

Favoriser la biodiversité en viticulture

Au sein des parcelles de vigne conduites en terrasses, les murs en pierres abritent désormais des nichoirs pour les oiseaux et chauve souris. Cela ne possède pas un intérêt direct pour la vigne mais permet une réintroduction de la biodiversité au sein des parcelles.

Pour augmenter la biodiversité en parcelles viticoles, des ruches ont été introduites aux abords pour produire du miel des acacias entourant les parcelles.

Sur les parcelles déjà en place, l'augmentation de la biodiversité est réalisée par :

  • La plantation de haies en périphérie des parcelles mais cela peut être problématique en coteaux.
  • La plantation d'un arbre à la place d'un pied de vigne mourant.


Le domaine n'a rencontré aucune difficulté à mettre en place des parcelles vitiforestières car il possède toutes les compétences nécessaires pour mener à bien ce projet : construction de murs en pierre, conduite de gros engins de travail, compétences agronomiques poussées, accompagnement technique du PNR du Pilat pour choisir des variétés d'arbres locales adaptées aux terrains.

Investissements

Un projet vitiforestier sur une nouvelle plantation représente un investissement de 100 000 euros (hors achat du terrain).  97% ont été financés par le domaine, le reste par le PNR du Pilat.

Bilan

Un projet vitiforestier n'est pas un investissement économiquement rentable pour différentes raisons :

  • Comme on plante des arbres, il y a moins de place pour la culture, il faut donc s'attendre à produire un peu moins.
  • L’intérêt est à plus long terme, la parcelle est plantée pour l’avenir, pour installer la biodiversité durablement.
  • Aujourd'hui, en plein été les coteaux ont une chaleur qui augmente chaque année, les vignes subissent ces coups de chaleur.


Cet investissement a un intérêt qualitatif : à terme, on va retrouver de l’équilibre dans les vins grâce à l’ombrage ponctuel apporté par les arbres, apporter de la matière organique et de la vie dans les sols. Si les sols sont vivants, il va y avoir un pouvoir tampon de la vigne pour affronter des conditions climatiques extrêmes, notamment des sécheresses.

Annexes

Leviers évoqués dans ce système


Cultures évoquées


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