Implantation, taille et entretien des arbres en agroforesterie

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Agroforesterie intra-parcellaire


La conduite des arbres est un point clé dans la mise en place d'aménagements agroforestiers. La rentabilité finale des parcelles agroforestières provient essentiellement de la production du bois. La valeur de ce bois étant directement proportionnelle à la qualité du suivi mis en œuvre depuis la plantation, il est nécessaire de soigner toutes les étapes de mise en place d'arbres sur les parcelles agricoles.

Ce travail de suivi commence dès la préparation du site de plantation, la mise en place des plants et le paillage jusqu'aux opérations de taille (pour la formation de l’axe de l’arbre) et d’élagage au fil des années[1].

Plantation

Aménagements de la plantation

Pour les lignes intra-parcellaires, il est généralement préconiser de[1] :

  • Se caler sur le bord le plus long de la parcelle pour positionner les premières lignes d’arbres.
  • Suivre la courbe dessinée par cette bordure qui s’atténuera petit à petit.
  • Si la forme et l’orientation de la parcelle le permettent : positionner les lignes d’arbres dans l’axe Nord-Sud pour limiter l’ombrage et équilibrer la lumière sur la parcelle.

Pour des haies et brise-vent, il est préconisé de[1] :

  • Laisser un espacement de 100 à 200 m entre deux haies.
  • Connecter les lignes d’arbres plantés aux structures existantes (lisière de bois, haie, ripisylve, prairie...)

Ces conseils sont applicables à toutes les cultures mais d'autres préconisations existent dans le cas d'agroforesterie en grandes cultures, en viticulture et en élevage.

Piquetage de la parcelle

Avant de planter les arbres il est important de définir la position des futures lignes d’arbres, soit manuellement à l’aide de piquets alignés positionnés comme jalons, soit avec l’utilisation d’un GPS[1].

Préparation du sol

Une bonne préparation du sol permet d’assurer un enracinement et un développement optimal des jeunes arbres[2]. Elle doit être effectuée en conditions sèches. Un travail du sol convenable doit aboutir à une structure perméable sur une épaisseur maximale (min 60 cm)[1].

Pour les haies

Le sol doit être préparé sur environ 1,50m de large, de préférence à l’automne avant la plantation des arbres en hiver ou au début du printemps[2] :


Pour les arbres isolés

Pour les arbres isolés, on réalise des «potets»[2] :

  • ameublir sur 1m³ avec un outil type pelleteuse
  • affiner la surface avec un motoculteur


La mise en terre des plants

Il est préférable de réaliser les plantations en hiver, en période de repos végétatif et en conditions climatiques favorables : éviter les jours de gel, de vents violent ou des conditions climatiques trop humides[1].

Il y a quelques règles de plantation à respecter pour favoriser la reprise des arbres :

  • Le plant doit être bien vertical et les racines bien étalées et orientées vers le bas.
  • Le collet doit être légèrement en dessous du niveau du sol.
  • Les racines doivent être recouvertes de terre fine.
  • Le tour du plant doit être tassé en formant une cuvette pour assurer la collecte de l’eau de pluie.


Les paillages

Un paillage peut être déposé sur une surface de 1m² autour des jeunes arbres pour limiter la concurrence herbacée et conserver l’humidité du sol. Quelques soit le type utilisé, il est nécessaire d'étendre le paillage sur une largeur minimum de 20 cm de chaque côté du plant[2]. L'objectif de ce paillage est d'offrir un milieu favorable à la reprise et à la croissance des jeunes plants.

Le paillage a divers fonctions[1] :

  • il maintient une humidité constante
  • il réchauffe le sol
  • il conserve une structure de sol stable
  • il réduit la concurrence avec les herbacées
  • il contribue à nourrir le sol lorsqu'il est d'origine végétale.
Paillage biofilm.


Les paillages à dérouler ou à poser

Paillage paille.


Paille

La paille est disposée aux pieds des arbres, sur environ 25cm d’épaisseur pour une densité variant de 15 kg par mètre carré à 20 kg par mètre carré. La largeur du paillage dépend du type de haie (simple, double, triple, …)[2].

Paillage BRF.

BRF, Bois broyé

Le bois broyé provient d’un mélange de bois de feuillus varié, sous forme de copeaux d’environ 3cm. La quantité doit être déterminée en m³. Ce type de paillage a une épaisseur d’environ 15cm soit 0,15m³ ou 100L par arbre[2].

Protéger les arbres

Les arbres sont protégés du broutage et frottage des animaux grâce à l’association d’un piquet et d’une gaine (qui servent aussi de tuteurs), installés de la façon suivante[2] :

  • Un piquet par arbre, en châtaignier, 1m50 de hauteur (possibilité d’utiliser des piquets de 1m80), section transversale 18/24 cm² pour les arbres isolés et 11/13 cm² pour les arbres à protéger dans les haies.
  • Si besoin, il est possible d'installer des gaines de protection de ce typeou de ce typecontre les chevreuils, les lapins et les lièvres .

La taille

Principe

L’arbre est capable de régénération, il peut prendre vie plusieurs fois à partir de sa base. Pour les feuillus principalement, la base de toute coupe produit des ramifications sur les branches et les troncs sectionnés (réitérations). S’il est endommagé, malade, ou dépérissant, il est possible d’intervenir progressivement en supprimant les parties défectueuses ou mortes : les branches trop longues, malades ou épuisées.

La taille de formation

La taille de formation

Pour les arbres de hauts-jets

La taille de formation d’un arbre de haut-jet favorise une croissance verticale et rapide, et corrige certains défauts de conformation qui donneront une meilleure valeur marchande à la « bille de pied » :

  • Élagage sur le tiers inférieur de la hauteur de l’arbre.
  • Défourchage éventuel de la cime, pour sélectionner un brin vertical dominant ou “apex”.
  • Taille de formation pour maintenir l’équilibre de l’arbre et éviter la concurrence entre les branches. S’il est endommagé, malade, ou dépérissant, il est possible d’intervenir progressivement en supprimant les parties défectueuses ou mortes : les branches trop longues, malades ou épuisées.
Arbustes et buissonnants

Pour les arbustes et les buissonnants

On recherche une bonne croissance latérale et en épaisseur pour favoriser leur rôle de “bourrage” :

  • Le recépage à la plantation ou durant les premières années est presque toujours indispensable. Cette opération consiste à supprimer l’ensemble des parties aériennes le plus près possible du niveau du sol pour favoriser les repousses et donner plus de vigueur et de volume au plant. Un haut-jet très endommagé peut-être “récupéré” de la même façon, par recépage.
  • Une taille de formation visant à équilibrer l’arbuste peut être nécessaire. La suppression de branches trop dominantes est notamment recommandée.

Tailles d’entretien et d’élagage

Bourrelet de recouvrement (gauche) et chicot (droite)

Matériel

  • Gros sécateur à bras ou scie à main.
  • Tronçonneuse.
  • Nacelle pour des interventions de précision (utilisation régie par le code du travail 47-1592-65-48).
  • Élagueuse sur perche.
Élévation de la couronne

L’élagage

Il consiste à dresser le tronc pour des raisons techniques en enlevant les branches latérales encombrantes. Ce qui a pour effet de “relever“ le houppier. D’un point de vue règlementaire, en bordure de voirie, les arbres doivent être dégagés sur une hauteur de 4,5 mètres. Ce gabarit peut également être recherché en bordure de parcelle cultivée.

Principe

Pour supprimer de manière définitive une branche, une coupe franche et nette doit être pratiquée contre le renflement qui la raccorde à son support : le tronc ou une branche principale.

Ce renflement ou “bourrelet d’insertion” se refermera naturellement, recouvrant d’écorce la plaie de la coupe. Aucun rejet ne doit en principe repartir. Pour éviter un déchirement des tissus, on peut sectionner la branche à distance du tronc pour décharger le poids, puis pratiquer une coupe nette contre le bourrelet d’insertion. Avant une intervention mécanique sur des linéaires, un élagage individuel des arbres permet d’ouvrir le chantier et de simplifier le traitement latéral des haies, lisières et ripisylves.

Taille d’allègement ou d’équilibrage

Taille d’allègement ou d’équilibrage

Il est parfois nécessaire d’aider l’arbre à retrouver un équilibre mécanique (sujets en bascule ou dissymétriques) afin de conforter leur tenue et d’anticiper d’éventuels phénomènes gravitaires : chutes, décollement, déchirement, qui peuvent être accentués par des événements climatiques (vent, neige, gel, etc.). La taille consiste en la sélection et l’élagage des branches en porte-à-faux ou horizontales, pour redonner à l’arbre sa verticalité.

Taille sanitaire

  • Éliminer les parties malades ou endommagées par une coupe réalisée bien en-dessous de la partie à éliminer.
  • Éliminer les chicots ou les moignons par une coupe nette contre le bourrelet d’insertion.

Taille d’éclaircie

Bien que rarement nécessaire, elle consiste en l’élimination de branches lorsque le houppier est très encombré de branches entremêlées et concurrentes qui se mutilent entre elles par frottements. Cette taille conserve la structure fondamentale de l’arbre : elle ne modifie pas son port naturel, la silhouette qui lui est propre et qui est une des caractéristiques de l’espèce. L’ensemble des ramifications fonctionne comme un réseau, coordonné par “l’assemblée des bourgeons”. Aussi, toutes les coupes doivent être effectuées en conservant un prolongement naturel ou un tire-sève en bon état de marche.

Tailles de restructuration et de régénération

Tailles de restructuration et de régénération

Face à un arbre mal conformé, peu vigoureux, déséquilibré, ou trop développé, il est possible d’intervenir pour favoriser une nouvelle pousse, à partir des branches, du tronc ou de la souche. On évite ainsi de condamner l’arbre.

Matériel

  • Gros sécateur à bras ou scie à main.
  • Tronçonneuse.
  • Nacelle pour des interventions de précision (utilisation régie par le code du travail 47-1592-65-48).
  • Élagueuse sur perche.

Taille de rajeunissement ou réduction de couronne

Il s’agit de traiter le houppier sur sa périphérie en conservant une disposition équitable des branchages et la forme choisie par l’arbre, si possible. Utile pour limiter une ombre trop importante ou contenir le volume de l’arbre.

L’ébranchage ou traitement des charpentières

Les branches secondaires sont éliminées lorsqu’elles gênent ou bien déséquilibrent l’arbre.

L'étêtage, suppression des charpentières ou trognage

Une « trogne », ou « arbre têtard », est un arbre auquel on a coupé le tronc ou les branches maîtresses, à un niveau plus ou moins élevé, pour provoquer le développement de rejets que l’on récolte périodiquement. L’arbre têtard est plus trapu, il craint moins les vents violents ainsi que les agressions de certains parasites. Il a moins besoin d’eau et de sel minéraux. La taille en trogne permet de « contenir » l’arbre. On décide de la régularité des cycles de taille et de la hauteur du (ou des) tronc(s) principal(aux) en fonction des contraintes du milieu. Le volume de la partie aérienne d’un arbre étant proportionnel au volume de sa partie souterraine, en réduisant le houppier, on réduit également le système racinaire, ce qui peut être intéressant, notamment en zone urbaine ou cultivée.

Le recépage, une seconde jeunesse

Recépage

Le recépage consiste à supprimer la partie aérienne de l’arbre, au-dessus du collet. Si celui-ci est sain, il rejettera de souche, c'est-à-dire qu’il va émettre de nouvelles tiges vigoureuses donnant une nouvelle génération de bois sur plusieurs troncs : cépée ou “mate”. A partir de ces rejets on pourra éventuellement sélectionner une tige unique (balivage) pour former un nouveau tronc.

Toutes les espèces ne rejettent pas de souche : c’est le cas d’une grande majorité de résineux.

L’abattage

Lorsqu’on souhaite éliminer entièrement un arbre dépérissant, dangereux ou indésirable, il faut détruire la souche. Pour cela, il faut éviter le déssouchage coûteux et qui déstabilise le sol. On préfèrera le broyage ou la désactivation chimique de la souche.


Entretien et gestion des arbres

Gestion de la ligne des arbres

Il est possible d'implanter une bande enherbée sur la ligne d'arbres. Pour cela, il est préférable de respecter quelques principes[1] :

  • Favoriser un semis d’herbacées appropriées : a minima, il serait bien d’utiliser un mélange de graminées et de légumineuses adaptées au contexte de la parcelle.
  • Faire un semis suffisamment dense et à une période adéquate pour ne pas laisser le temps à certaines adventices problématiques de s’installer (folle avoine, chardon...).
  • Entretenir cette bande, notamment avant la montée en graine des adventices problématiques, tout en respectant le cycle biologique de la faune qui peut trouver nourriture et habitat dans cette végétation à une époque donnée.

Remplacer les manquants

Lorsque les étapes de plantation sont correctement réalisées, les taux de mortalité des jeunes plants sont généralement faibles. Cependant, si cela arrive, il est important d'assurer le remplacement des arbres morts lors des 3 premières années[1].

Formation des arbres

La formation des arbres est une étape importante dans la gestion des plantations puisqu'elle permet de garantir la vocation de la plantation (production de bois d'œuvre, production de fruits, production de bois énergie, protection...).

Qu'il s'agisse de haies ou d'arbres isolés, il est primordial de former les arbres dès les 5-8 premières années[2].

Arbres isolés

Pour les arbres isolés, il s'agit de former le tronc et de le dégager de ses branches sur une hauteur d'au moins 2 mètres, idéalement sur 5 ou 6 mètres, notamment pour produire du bois d’œuvre.

Dans le cas de la production de bois d'œuvre, la taille consiste à rechercher une croissance verticale et à former un tronc droit au fut élancé. Pour atteindre cet objectif, il faut[1] :

  • Elaguer sur le tiers inférieur de la hauteur de l’arbre.
  • Défourcher éventuellement la cime, pour sélectionner un brin dominant.
  • Tailler pour maintenir l’équilibre de l’arbre et éviter la concurrence entre les branches.


Les arbres isolés peuvent également produire du bois d'énergie. Dans ce cas, il faut réaliser la taille décrite ci-dessus sur 3 à 4m puis mettre en place une taille têtard en écimant au dessus. L'arbre sera ainsi régulièrement étêté (tous les 7 ans par exemple) pour valoriser des branches en bois énergie. Cette taille permet également de limiter l'ombrage des arbres. Cela permet de dégager la couronne et, au fil des années, ces tailles successives vont participer à la formation de cavités dans le tronc, apportant ainsi de nouveaux refuges pour la faune.

Haies

Pour les haies, il s'agit d'assurer une contention horizontale pour éviter son développement dans l'inter-rang des cultures. Selon les essences d'arbres choisies, l'ombre portée sera plus ou moins forte[2].


Différents usages et formes d'arbres sont donc possible en agroforesterie :

Diverses formes d'arbres sont possibles en agroforesterie.

Quelques points de vigilance

Il est nécessaire d'anticiper certains problèmes liés à la plantation des arbres et limiter les charges de travail en mettant en place des équipements et des techniques adaptés[1] :

  • Préparer le terrain et planter les arbres à la bonne période, selon les règles présentées dans cet article pour maximiser les chances de reprise des jeunes plants et leurs bons enracinement et démarrage.
  • Choisir des espèces d'arbres adaptées aux conditions pédoclimatiques de l'exploitation.
  • Utiliser un matériel végétal de bonne qualité (origine tracée, qualité sanitaire, bonne conformation, âge).
  • Anticiper les techniques culturales et les outils associés au moment du choix de la distance de plantation.
  • Protéger systématiquement les troncs des arbres, en adaptant le type de protection à la pression animale (grand gibier, bovins, ovins, caprins, équidés, volailles (notamment pintades).
  • Mettre en place d’un paillage biodégradable pour éviter la concurrence avec les herbacées en place et éviter que les jeunes arbres soient pénalisés au démarrage.
  • Anticiper les problèmes de perchage de rapaces qui risquent de casser les cimes d’arbres en intégrant dans la parcelle quelques perchoirs.
  • Anticiper les attaques de gros gibiers, en plantant ou en laissant pousser dans la ligne agroforestière, des arbres que l’on qualifie de «martyrs» qui retiendront l’attention des animaux.
  • Prendre en main la taille de formation des jeunes arbres dès les premières années.



Annexes et liens

Est complémentaire des leviers


Sources

Le vademecum, 2022, Arbre et paysage 32

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