Agroforesterie en viticulture
Comment intégrer l'agroforesterie dans une vigne, vitiforesterie, ...
L’agroforesterie est l’association d’arbres et de cultures ou d’animaux sur une même parcelle, en bordure ou en plein champ. Les objectifs de ces systèmes de cultures sont une meilleure utilisation des ressources, une plus grande diversité biologique et la création d’un microclimat favorable à l’augmentation des rendements.
Le terme de Vitiforesterie est parfois utilisé pour désigner l'ensemble des pratiques de l'agroforesterie applicables dans les systèmes viticoles mécanisés. Ce portail liste les différents principes et articles de cet ensemble de pratiques.
Types d'associations
Bien qu’étant elle-même une plante ligneuse et pérenne, la vigne se plait à être protégée par plus grande qu’elle, d’autant qu’elle est avant tout une liane et qu’elle cherche généralement un support pour s’élever au dessus du sol : elle estdonc capable, à son tour, de supporter la présence d’un arbre, et de partager avec lui la lumière dans son houppier, et le sol dans son réseau racinaire. En règle générale, la cohabitation se passe sans soucis, y compris pour les cépages les plus susceptibles.[1]
Les aménagements agroforestiers au sein de parcelles viticoles peuvent prendre jusqu'à trois formes différentes[2] :
- Les haies en bordure de parcelles, ou entre ilots de vigne.
- Les rangées d'arbres intercalées entre les rangs.
- Les arbres isolés au sein du rang.
Choix des essences et entretien
Choix des essences
Le choix des essences agroforestières est à raisonner en fonction de plusieurs critères économiques, agronomiques et environnementaux:
- Des espèces endémiques et adaptées aux conditions pédoclimatiques, ainsi qu'aux problématiques du vignoble (ex: avec un faible feuillage si l'exposition lumineuse est un facteur limitant).
- Des espèces productrices selon les objectifs (énergie, BRF, fruits, bois d'œuvre ...) ou les services (périodes de floraison, ombrage, brise vent...) .
- Des espèces diversifiées pour un peuplement résilient et maximiser les niches écologiques d'auxiliaires.
- Des espèces avec un feuillage léger et peu concurrentiel pour la lumière.
Condition de plantation des rangs
Dans le cas de plantation en rangs, les mesures suivantes sont recommandées : Plantation selon un axe nord-sud préférable, distance minimale de 4 mètre entre le premier rang de vigne et celui d'arbres, 25 à 30 mètres de distance entre chaque rang d'arbres.
Taille des arbres
Dans son guide, l'IFV préconise un trogne hivernale des arbres tous les 5 à 10 ans, mais mentionne également la possibilité d'effectuer les tailles en vert ou le cernage des racines par un outil à dent pour limiter la concurrence. Il est également à prendre en considération l'importance d'une taille régulière dans les 5 à 8 premières années pour assurer la formation d'un tronc haut d'au moins 2 mètres[2].
Réglementation
Pour la déclaration de récolte :
- la surface considérée = surface plantée en vigne - surface des lignes d’arbres.
A savoir que pour une parcelle de 1 ha, avec des rangs de vigne de 2,5 m de largeur et 3 lignes d’arbres dont les pieds sont à 3 m de la vigne, cela représente une surface d’arbres à retirer de 3 ares (0,03 ha).
Le cahier des charges de certaines appelations (IGP, AOC) exige des modes de conduite particuliers, comme par exemple un nombre de pied de vignes minimun/hectare (ex AOC Madiran : 4000 pieds/ha), de la monoculture de variété de vigne (AOC Pic-Saint-Loup), etc.
Impacts économiques et environnementaux
Impact des arbres sur le microclimat du vignoble[2]
Sur la lumière
Selon l'envergure de leur canopée, les arbres ont une incidence sur l'exposition lumineuse des cultures.
On considère que la face nord d'un arbre est en moyenne plus ombragée, alors que la face sud reçoit une exposition lumineuse accrue via la réflexion des rayons solaires sur le feuillage.
Sur le vent
De part sa structure, les rangs d'arbres ont la capacité de modifier durablement les dynamiques des masses d'air sur une parcelle.
Ils peuvent alors jouer le rôle de brise vent, générer des zones ou l'air est ralenti ou accéléré, en fonction de leur disposition par rapport aux cultures et de la provenance du vent. Attention néanmoins à laisser s’écouler les masses d’air froid dans les points bas des parcelles.
Sur le cycle de l'eau
Si les arbres peuvent concurrencer les vignes pour l'accès aux ressource en eau à la surface du sol, ils fournissent des services qui peuvent compenser cette concurrence.
Ils jouent en effet un "rôle d'ascenseur" et font remonter les réserves en eau profondes du sol, généralement peu accessibles pour la vigne. Par ailleurs, ils rejettent une partie de l'eau de leurs cellules dans l'atmosphère, augmentant ainsi l'humidité relative de quelques pourcents. À l'inverse ils ont également propension à capter l'humidité atmosphérique sous forme de rosée, ou en interceptant davantage de précipitation que la vigne.
Impact sur la biodiversité
L'introduction d'arbres dans une parcelle viticole fournit théoriquement une plus grande diversité d'habitats et de ressources à beaucoup d'espèces animales, et permet le maintien de corridors écologiques.
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Sources
Le vademecum, 2022, Arbre et paysage 32
Références
- ↑ Bruno Sirven, Le Génie de l’Arbre.
- ↑ 2,0 2,1 et 2,2 IFV, Agroforesterie et viticulture, 2018. https://www.vignevin.com/wp-content/uploads/2019/03/1811_ESOPE_IFV_Brochure_Agroforesterie_web100_DPI_VF-1.pdf