Le Jardin de Manspach
ITK Maraîchage Sol Vivant
Fabrice Meyer
Ancien pâtissier, Fabrice s'est reconverti par besoin de reconnection à la nature, aux saisons. En 2006-2007, lors de sa formation agricole en BPREA, il se découvre une vraie passion pour l'agronomie. Après une première année en 2010 mécanisée avec motoculteur, puis petit tracteur la seconde, il se forme à la traction animale en 2012 et achète une jument en 2013 et abandonne son tracteur. Cette même année il rencontre les premiers membres du réseau Maraîchage Sol Vivant et s'intéresse à ces expérimentations et techniques. Il réduit progressivement le travail du sol dès 2013 et est convaincu par les résultats observés chez lui, puis stoppe intégralement le travail du sol en 2016. Il est aujourd'hui président de l'antenne régionale MSV Grand-Est.
Présentation générale de la ferme
Chiffres clefs
- Année d'installation : 2010.
- Statut : EI.
- Formation : BPREA et BTS Production Horticole.
- Travail du sol : Non.
- Surface totale de la ferme : 3 ha.
- Surface cultivée en plein champ : 0,9 ha.
- Surface cultivée sous abris : 0,1 ha.
- Surface autres ateliers (framboises, asperges, pré (cheval)) : 0,01 ha.
- UTH : 1.
- Temps de travail en pleine saison/UTH : 60 h / semaine.
- Temps de travail en hors saison/UTH : 30 h / semaine.
- Congés/an (hors week-end) : 2 semaines.
- Cahier des charges : Agriculture Biologique, sans traitement, MSV.
- Historique du terrain : Ancienne pâture à chevaux devenue une prairie à foin.
- Production : Cultures de saison uniquement (pas d'achat-revente) :
Ail, artichauts, asperges, aubergines, blettes, carottes, choux (Chou-fleur, pointu, rouge, brocoli, Bruxelles, vert et le classique cabus pour choucroute ou consommation directe), concombres, courges, courgettes, échalotes, épinards, fenouil,fèves, haricots verts, navet rose, oignons, petits pois, poireaux, poivrons, pommes de terre, radis d'hiver (noirs et verts), salades, tomates.
Objectif à l'installation
Fabrice s’est installé sur une ancienne pâture à chevaux devenue une prairie à foin. Il rêve d’un sol autofertile et se lance chaque année dans des expérimentations. Ses parcelles, en locations, présentent des contraintes de pente et le sol à forte tendance hydromorphe y est engorgé une partie de l’année, avec un fort risque d’érosion. Un grand bassin de rétention en amont de la parcelle est complété par des trous d’eau à divers endroits. Des saules tressés y poussent.
Deux chèvres parcourent les parcelles, à l’attache et Fabrice les positionne en fonction des besoins de débroussaillage et de fertilisation azotée.
Il a souhaité, dès son installation, avoir des charges et des investissement minimaux, et une autonomie maximale, en terme d'énergie, de matériel, et de fertilisation.
Sources d'inspiration
Ses sources d’inspirations sont multiples : Masanobou Fukuoka, Konrad Schreiber, François Mulet, Laurent Welsch, Marcel Bouché, Olivier Husson, la thématique RedOx (Bioélectronique Vincent) est un de ses centres d’intérêt. Ainsi que les travaux du Professeur Marc Henry, l’approche homéopathique appliquée au végétal, la musique pour les plantes, les protéodies (J. Sternheimer).
Depuis quelques années, Fabrice se passionne pour la musique des plantes. Il a toujours été attiré par les aspects vibratoires du vivant, la musique et la physique quantique.
Pourquoi le MSV :
En observant une bonne croissance des cultures sur ses premiers essais en 2013-2014 sans aucun travail du sol, il remet en question les pratiques agronomiques classiques qui lui ont été enseignées lors de ses formations (BPREA, BTS Production Horticole). De plus le MSV lui semble plus agréable, moins chronophage, et répond à son idéal envisagé lors de son installation : l’harmonie avec le Vivant et des pratiques durables.
Passage en MSV
Du fait des contraintes de terrain, la longueur des planches n’est pas homogène. Initialement, le terrain était traversé par de grandes buttes de 10 à 25 m de large, modelées à l’époque dans le sens de la pente pour drainer l’excédent d’eau et éviter la stagnation d’eau issues des mouillères présentes du fait d’un sous-sol 100% argileux parcouru par de nombreuses veines d’eau. Contre le risque d’érosion du sol, Fabrice a créé des planches permanentes surélevées perpendiculaires à la pente tout en conservant le relief de départ pour évacuer l’eau, sans pour autant réussir à éviter l’hydromorphie et les asphyxies racinaires. En 2020, n’ayant plus de risque d’érosion suite aux pratiques MSV, il reconfigure les planches des zones concernées dans le sens du dénivelé pour améliorer le drainage des mouillères grâce aux passe-pieds. Du fait de cette circulation d’eau souterraine, les qualités du sol sont très hétérogènes. La situation s’est nettement améliorée même si certaines zones sont encore trop humides lors de longue périodes pluvieuses. Lors des années sèches, cet inconvénient devient un avantage. Les planches mesurent 40, 20 ou 10m par 1,20 m de large + 40 cm de passe pied. L’assolement prend en compte cette hétérogénéité.
Environnement global
- Taux de matière organique : Entre 1,5 et 8% de taux de matière organique.[1]
- Nombre d'espèces cultivées : 100% au delà de 30 espèces cultivées sur la ferme.
- Absence de chimie : 100% quand la ferme est en bio.
- Non travail du sol : % de la SAU qui n'est jamais travaillée.
- Biodiversité : Pourcentage de la surface d'intérêt écologique sur la SAU.
- Couverture de sol : 100% quand moins de 10 jours de sols nus dans l'année - 0% au delà de 150 j/an.
Tout le bordure de la parcelle cultivée est bordée d'une haie diversifiée (env 450m). Les arbres (saules) sont très présents autours des mares et du bassin de rétention.
Stratégie commerciale - Comptabilité - investissements
Stratégie commerciale
Graphique Compta
Commentaires :
- 2021, année très humide, même en été, entraînant une forte asphixie racinaire sur le terrain au sous-sol à quasi 100% d'argile et à la présence de nombreuses mouillères entraînant une tendance très hydromorphe lors de périodes très humides.
- Baisse de production à partir de 2020 conséquente à une leptospirose aigue en septembre 2019 qui a beaucoup affaibli fabrice (4 semaines d'hospitalisation et 4 semaines de maison de repos), suivi d'une grosse fatigue "chronique" entrainant une baisse de motivation,en 2020 et 2021. Cette fatigue se dissipe petit à petit.
- Avait comptable jusqu'en 2019, maintenant : réél simplifié (Remplace le forfait et va jusqu'à 80000€).
Description des investissements entre 2010 et 2018
Matériel et outils : TOTAL 20 617€
- Matériel et outils (hors traction animale) 15 807€
- 2010 Débrousailleuse combiné Stihl 610€
- 2010 Semoir à soc EBRA 1489€
- 2010 Motteuse triple bande petites et grosses mottes + 500€ caisses à motte 3010€
- 2011 Génératrice à prise de force 25 kW 1300€
- 2011 Tracteur Renauly Super 6D 2550€
- 2011 3 Chassis + Buttoirs pour tracteur 600€
- 2012 Bâche tissées 4000 m² pour occultation 20 rouleaux de 100m x 2m 2436€
- 2013 Tronconneuse Stihl 80cm3 occasion 190€
- 2014 Génératrice à prise de force 15 kW (la premiere à grillé) 1962€
- 2016 Bâche d'ensillage occultation 4 rouleaux 260€
- 2017 Bâche Tunnel Nordiclair pour changement (ancienne recylclée sur tunnel moyen) 700€
- 2019 Bâche d'ensillage occultation 330m² 4 rouleaux 260€
- 2019 Tronconneuse Stihl 50cm3 neuve 180€
- 2022 Bâche d'ensillage occultation 330m² 4 rouleaux 260€
- Matériels et outils traction animale 4810€
- 2013 Cheval de trait comtois 4000€
- 2013 Harnais d'attelage 250€
- 2013 Canadien Occasion 40€
- 2013 Candien Occasion 50€
- 2013 Binneuse dirigeable Bové Occasion 100€
- 2013 Charrue réversible Occasion 60€
- 2013 Buttoir Occasion 20€
- 2013 Buttoir Occasion 40€
- 2013 Cultivateur avec relevage Occasion 120€
- 2013 Collier occasion 40€
- 2015 Collier occasion 40€
- 2017 Collier occasion 50€
Irrigation : TOTAL 7788€
- 2010 Bassin de rétention d'eau 500m² 1000€
- 2010 10 petites mares tampon fonctions diffusion de l'eau/drainage/biodiversité 800€
- 210 Irrigation Aspertion intégrale 1ere partie 2377€
- 2010 Pompe Thermique Honda 375€
- 2010 Micro aspertion tunnel Nordiclair 1000€
- 2011 Irrigation aspersion 2° partie 2236€
Tunnels et serres : TOTAL 12691€
- 2010 Tunnel Nordiclair 8x50 m = 400m² Neuf 9152€
- 2010 PetitsTunnels Casado déplaçables 5 tunnels 5x20m = 500m² Neuf 2539€
- 2012 Moyen Tunnel Occasion 7x36m (montés en 1 tunnel 22m (154m² + 2 abris) 1000€
Plantations perennes : TOTAL 611€
- 22014 Asperges 461€
- 2014 Fruitiers 150€
Radars satisfaction
Gestion de l’eau
- 9 mares de 3 x 5m : bordées de saules conduits en trognes ou têtards, élagués tous les 1 à 3 ans
- 1 grand bassin de rétention d’eau 10x40m alimentés par des sources (débit: 12 L/min prélevés sur 3 sources en période estivale sèche).
- 1 source à 3m3/jour est conduite directement dans les tunnels (irrigation par gravité). Le tuyau est déplacé régulièrement.
- Sous-abris : micro aspersion (permet l’arrosage des semis et jeune plantation).
- Plein champ : équipé d’aspersion en couverture intégrale qui permet un gain de temps.
Les autres parcelles sont longées par des cours d’eau
Agronomie
Historique des façons culturales et Gestion de la fertilité
- 2010 à 2015 : Travail du sol léger avec outil à griffes (vibroculteur avec pattes d'oie et buttage au motoculteur, puis tracteur, puis traction animale).
- 2015-2016 : Arrêt intégral du travail du sol.
A ce moment différentes zones sont délimitées, alimentées par différentes sources de MO :
- APPORTS UNIQUEMENT CARBONES pour tester la théorie de la fixation de l'azote gazeux par les bactéries libres fixatrices d'azote atmosphérique (N2) : Couvert végétaux uniquement, CV + Bois broyé (3 à 10 cm selon parcelles),
- APPORTS CARBONES+AZOTES : CV + Fumier animal composté demi-mûr, CV+Bois Broyé+Fumier animal demi mûr... Bois broyé + fumier frais. Même des branches entières parfois. Ajout de foin importé pour augmenter l'épaisseur de la couverture des CV si besoin pour une meilleure gestion de l'enherbement et pour les culture de pomme de terre.
- Depuis 2021, essentiellement couverts végétaux ou spontanés (+parfois bois broyé) + Pâturage de 2 chèvres pour fertilisation azotée "starter" début d'année (janvier à début avril) avant la montée du couvert, et à d'autres moments si pas de cultures. Parfois Juste avant ou après roulage du couvert. Encore apport de foin importé acheté si nécessaire, et/ou d'orties fauchées sur les parcelles de la ferme ou dans les chemin du village en guise de paillage (prévu d'être employé de plus en plus en guise de remplacer le foin acheté).
Acquisition d'autonomie en MO grandissante grâce au CV et au Bois broyé issus de l'élagage des haies et nombreuses trognes ainsi qu'aux fauches d'orties.
La fertilité est entretenue par les apports de MO, et en favorisant l’expression de la vie du sol qui crée et maintient la porosité. Zéro travail du sol mécanique pour éviter de détruire les galeries et champignons. Les chèvres apportent l’azote “starter” pour combler le lent réchauffement du sol.
Gestion de l’enherbement
- Arrachage manuel si besoin
- Annuelles : Faux semis par occultation, 1, 2 voir 3 fois /an.
- Bisannuelles : Pas très grave si pas dense, couper les feuilles dès leur apparition pour épuiser les réserves. Une occultation par bâche peut attirer les limaces qui peuvent les manger (vu sur rumex, mais pas systématique)
- Vivaces : occultation longue avec culture sur bâche (1 an pour ortie, potentille, 2 à 3 ans pour ronces)
- Passe-pied : Couchage de l’enherbement si nécessaire suivi éventuellement d’une occultation de 2-3 semaines
- Chemins, ronceset arbustes en bordures… : pâturage par chèvres et cheval.
Occupation du sol et de la lumière par les cultures (associées, dérobées, couverts végétaux…).
Liseron : 3 ans d’occultation du printemps à l’automne et couvert végétal en hiver.
Observation : fort développement des vivaces au bout de 4-5 ans sans travail du sol.
Isothérapie (homéopathie) à tester, notamment sur liserons
Gestion des maladies et ravageurs
- Recherche d’un bon fonctionnement du sol pour une bonne nutrition de la plante, éviter l’apport de substances solubles (théorie de la trophobiose, cf F. Chaboussou), et cibler un bon équilibre pH/RedOx (Bioélectronique Vincent, cf. O. Husson).
- Favoriser la biodiversité (attention toutefois aux rongeurs et limaces qui adorent les sols couverts non travaillés)
- Rongeurs et limaces : Isothérapie (homéopathie). Emploi uniquement de l'anti limace avec grande parcimonie
- Autres soucis rencontrés :
Assolement
Exemple ITK oignons sur liseron des haies bâché
Précédent : 2021, plantation de choux envahis de liserons des haies. Le liseron fane durant l’hiver.
Occultation : mise en place d’une bâche d’ensilage début mars 2022 avant la repousse du liseron.
Préparation du sol : pas d’intervention avec des outils. Le sol est préparé par la vie du sol (racines comprises).
Apports MO : pâturage par les chèvres durant 4 jours qui déposent ainsi crottin et urine dans le paillage de tiges de liseron dense et le couvert d'enherbement spontané.
Plantation : Mi-mars perçage de la bâche à la grelinette auto-construite de 1m à 10 dents, espacement 10 x 12 cm, peut être améliorer par un rouleau perceur (prévu d’être auto construit) pour un fort gain de temps. Plantation manuelle. 80% des bulbilles poussent, les autres se perdent.
La plantation peut aussi se faire avec une roue semeuse adaptée, qui perce la bâche, mais dans ce cas les trous sont plus gros et risquent de laisser passer plus le liseron.
Paillage : pas de paillage supplémentaire.
Désherbage : Un seul désherbage en début de culture pour éliminer les pousses de liseron qui sortent par les trous (rapide, environ 1h pour 10 000 oignons planté sur 120 m²).
Gestion des ravageurs et maladies : Pas de ravageur, culture parfaitement saine.
Irrigation : Pas d’irrigation malgré une année très chaude et très sèche (eau puisée dans le sous-sol argileux par les racines et mycorhizes).
Récolte : au début, récolte en vert en tirant les oignons par les trous pour éviter de casser les tiges, élargir un peu le trou à l’aide d’un tournevis si nécessaire pour que le bulbe puisse sortir. Puis, pour la récolte des oignons de conservation, on retire la bâche et on arrache les oignons.
Stockage : Vendu en vert début d’été.
Oignons de conservation : stockage en caisses bien aérées.
EV : après récolte occultation puis debachage et semi en septembre d’un couvert d’hiver base seigle pois, avec éventuellement phacélie et sarrasin pour concurrencer le liseron au printemps puis rebâchage fin avril début mai pour la culture suivante.
Cultures n+1 : Courges, courgettes, salades ou autre culture bâchée .
En 3 ans, le liseron à l’air de se nettoyer. D’autres planches ont été nettoyées avec des ITK similaires.
Si pas de liseron ou autres vivaces, la culture d’oignons se fait plus classiquement sur CV avec complément de foin pour une bonne gestion des adventices annuelles
Exemple ITK Grosse graines Haricot rame
Précédent : Tomate, présence de ronces.
Occultation : Occultation par bâche du sol après débroussaillage des ronces en surface, sans déterrer les racines.
Préparation du sol : pas d’intervention avec des outils. Le sol est préparé par la vie du sol (racines comprises).
Apports MO : N1 : Apport de bois broyé 1-2cm, foin 8-10 cm, crottin de cheval et chèvre puis bâchage.
Plantation : Sous abri avec ronces : Haricot rame 5 graines tous les 33 cm à la canne semeuse .Sous abri sans ronce : Implantation de plants poquet de 5 plants/33cm pour les premieres cultures de l'année, puis semi direct à la roue semeuse pour les tournées suivantes (poquet 4 graines/22 cm) Paillage : Foin éventuellement bois broyé 1cm
Désherbage : bâchage permanent, pas de désherbage.
Gestion des ravageurs et maladies : Optimisation du fonctionnement du sol pour un bon fonctionnement de la culture.
Irrigation : amicro aspersion.
Récolte : Manuelle.
Stockage : Vente en frais le jour de la récolte ou max 3 jour après récolte.
Cultures n+1 : Concombres.
Galerie photos
- ↑ Dans l'analyse de terre, la matières organiques (MO) est quantifiée à partir du dosage de la teneur en carbone organique (C) son constituant majeur, que l'on multiplie par un coefficient censé refléter la teneur en carbone de la MO, qui peut différer selon les laboratoires Français : 1.72 ou 2. Ce coefficient est toujours précisé sur les bulletins d'analyse. Il est donc nécessaire de vérifier le coefficient utilisé si on change de laboratoire pour éviter une interprétation erronée de l'évolution de la teneur en MO.