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Un entretien des parcelles combiné dans une approche globale du verger - retour d'expérience (Christian Soler - Aglae)

De Triple Performance
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Christian Soler, co-gérant de l'EARL La Mésange Bleue
Retour d’expérience d’agriculteur, qualifié par un groupe d’expert dans le cadre du projet Aglae porté par la Chambre d’Agriculture d’Occitanie.

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Retour d'expérience de Christian Soler, dans le cadre du projet Aglae. Il nous explique comment il favorise la biodiversité fonctionnelle de ses vergers pour maîtriser les populations de ravageurs et améliorer la qualité du sol.

Motivations

"Je me suis installé en 1984 en agriculture conventionnelle sur 4 ha de pêchers et 10 ha de vignes. Peu à peu, l’exploitation s’est spécialisée en arboriculture, et en 2000, s’est convertie en Bio. J’ai désormais 50 ha de vergers et un recul de 20 ans dans mes pratiques. Je travaille depuis 2000 avec le même type de matériel que j’ai cependant perfectionné. Je suis satisfait de la gestion de mon enherbement rang et inter-rang et de l’état global de mon verger.

Avoir un sol qui fonctionne bien et favoriser la régulation biologique des ravageurs sont mes priorités.

A la plantation des vergers, je sème, à la volée, un mélange fleuri de chaque côté des arbres sur une bande entre le rang travaillé et la zone enherbée qui bénéficie de l’irrigation, afin d’avoir des fleurs toute l’année. Le but est de favoriser le maintien des auxiliaires dans mon enherbement.

Il n’y a jamais de broyage de l’inter-rang pour favoriser la présence de la biodiversité.

Je pratique des apports importants de compost, complétés d’engrais organiques d’origine végétale, et j’ai privilégié une irrigation par microjet."


Je travaille mécaniquement le rang de mes 50 ha. J’utilise deux tracteurs, chacun équipé du même pool de 3 outils : une lame rasette montée à l’avant du tracteur, un rouleau écraseur, et un disque butteur monté sur le côté du rouleau. La pousse de l’herbe est rapide avec l’irrigation par microjet, ce qui m’impose des passages réguliers : jusqu’à 10 par an.

Réseau & partenariat

L'exploitation

Circuit commercial

  • Adhérent à la coopérative TERANEO.
  • Débouché commercial adapté au volume produit sur l’exploitation : 400 tonnes de fruits.

Contexte physique

  • Climat méditerranéen, peu de pluies l’été.
  • Sol sablo-limoneux, assez profond avec des parcelles plus caillouteuses (galets) en bordure de rivière. Anciennes vignes avec niveau de fertilité initial bas et pH 4,5.
  • Temps sec et venté qui limite la pression fongique sur les cultures.
  • Environnement riche en bosquets, haies, friches, bois, du bord de rivière  : diversité d’habitats maintenue, intéressante pour la faune.

Historique

Initialement ouvrier agricole, Christian Soler s’est installé en 1984 en agriculture conventionnelle sur 4 ha de pêchers et 10 ha de vignes. Peu à peu, l’exploitation s’organise en GAEC familial, se spécialise en arboriculture, et en 2000, se convertit en Bio.


La politique foncière locale (PAEN) facilite l’acquisition de foncier pour arriver à 50 ha de vergers en 2019.

Zoom sur l'atelier de production

  • 25 ha de pêchers et 15 ha d’abricotiers en AB
  • 5 ilots regroupés
  • Parcelles en moyenne de 2 ha, en mosaïque séparées par des haies diversifiées.
  • Âge des vergers varié  : 10  % de jeunes vergers, 30 % < 5 ans, 8 % > 12 ans.
  • Conduits en gobelet sur légère butte à 5x3 en abricotiers et 5x2 en pêchers
  • Irrigation au microjet (débit 2mm/h sur pêchers, portée de 1,50m)
  • 4 membres de la famille, un ouvrier tractoriste permanent et une dizaine de saisonniers en été

Strategies de gestion

Objectifs globaux de l’atelier de production

  • Produire 20T/ha de pêches et nectarines de calibre B et 10 à 15T/ha d’abricots de calibre A
  • Bon potentiel de conservation
  • Régulièrement
  • Le plus naturellement possible (pas ou peu d’insecticide)

Objectifs agronomiques

  • Avoir un sol qui fonctionne bien :
    • Gros apports de matière organique (compost déchets verts) pour arriver à 3,5 % de M.O.
    • Irrigation par microjet pour humidifier un volume de sol suffisant et avoir une bonne minéralisation et une alimentation régulière et suffisante de l’arbre
  • Favoriser les régulations biologiques notamment pucerons sur pêcher :
    • Pas de broyage de l’inter rang pour favoriser la biodiversité
    • Bande fleurie en bordure de la zone irriguée
  • Limiter la concurrence des adventices sur le rang :
    • Passages fréquents pour ne jamais se laisser dépasser par l’enherbement sur le rang ; objectif = aller vite
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Mise en œuvre opérationnelle pour atteindre mes objectifs

"A la plantation des vergers je sème, à la volée, un mélange fleuri de chaque côté des arbres sur une bande entre le rang travaillé et la zone enherbée qui bénéficie de l'irrigation, afin d'avoir des fleurs toute l'année. Le but est de favoriser le maintien des auxiliaires dans mon enherbement. Christian Soler Photo1.jpg


Avant plantation, j'apporte 100t/ha de compost en plein, puis chaque année à l'automne 10t/ha de compost (broyat vert de la collectivité composté un an sur l'exploitation) localisé à 60% sur le rang, enfoui superficiellement par un passage de mon outil de désherbage.


En plus des apports de compost, je complète la fertilisation avec des engrais organiques du commerce que j'enfouis. Je privilégie les engrais possédant une base végétale importante ce qui favorise une pousse lente et limite l'attractivité de l'arbre pour les bio- agresseurs.


L'inter-rang est un enherbement spontané. Je le couche avec un rouleau et ainsi il reste un abri pour la faune auxiliaire. Il n'y a jamais de broyage de l'inter rang pour favoriser la vie dans le couvert végétal. Pour mes bois de taille, je suis équipé d'un broyeur " hors- sol ", qui relève les bois sans abîmer l'enherbement, puis redistribue dans l'inter-rang les débris broyés.


Je travaille mécaniquement le rang de mes 50 ha.


J'utilise deux tracteurs, chacun équipé du même pool de 3 outils : une lame rasette, un rouleau écraseur et un disque butteur monté sur le côté du rouleau. Christian Soler Photo2.jpg

Je fais un premier passage avec tous mes outils pour enfouir l'engrais organique avec le disque vers début février et la lame nettoie le rang en même temps. Je refais deux autres passages à l'automne pour apporter le compost.


Au fur et à mesure que l'herbe pousse, je fais des passages quand je juge que c'est le moment de passer mes outils par rapport à la hauteur de l'herbe. Je ne dois jamais être débordé.


La pousse de l'herbe est rapide avec l'irrigation par microjet, ce qui m'impose des passages réguliers, jusqu'à 10 par an. Cependant ces passages fréquents augmentent l'aération de mon sol.


Traditionnellement dans le village, les moutons passent chaque année dans les vergers 3 à 4 fois, en novembre, décembre, janvier".

Zoom sur le mélange fleuri

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Espèces : Alysson maritime, Achillée millefeuille, Trèfle blanc, Oeil de bœuf, Souci des champs, Bleuet et Melilot officinal.


Etudié et adapté aux conditions locales (Voir le Guide d’informations et d’utilisation de bandes fleuries en maraîchage biologique du CIVAM 66)

Focus matériels

Deux tracteurs de 70-80CV, équipés du même train d'outils :

Une lame (rasette)

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Montée à l'avant du tracteur sur un porte-outil qui permet de régler l'inclinaison et de la déporter sur le rang. La lame est équipée d'ailettes qui permettent d'éclater les mottes de terre.

Avec escamotage hydraulique à commande manuelle.

Travail un seul côté du rang à la fois.

Un rouleau écraseur

Rouleau denté, placé à l'arrière du tracteur.

Equipé d'un vérin hydraulique afin de régler le déport.

Outil robuste, fabriqué sur mesure.

Un disque monté sur le côté du rouleau

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Fixé sur le rouleau, du même côté que la rasette.

Il permet de rapporter sur le rang la terre chassée par la rasette.

Il permet aussi d'enfouir l'amendement organique. Le poids important du rouleau permet de retenir la poussée du disque.


  • Positif Passage de la rasette, du rouleau et du disque en un seul passage
  • Positif Rapidité de passage : un passage à 10km/h 1h45 par ha
  • Positif Matériel simple sans entrainement hydraulique, donc plus robuste et solide. Ne nécessite pas de centrale hydraulique et ne fait pas surchauffer l'huile du tracteur


  • Négatif Besoin d'un tractoriste performant ayant un savoir- faire en mécanique, soudure et hydraulique
  • Négatif Problèmes récurrents de casse, notamment à l'avant au niveau de la lame

Indicateurs

IFT herbicide : 0

Passage groupé des 3 outils Semis des bandes fleuries
Coût d'investissement Lame et porte lame : 5000€
Rouleau écraseur + disque : 5000€
Broyeur : 8000€
Coût de fonctionnement (main d'œuvre et carburant, hors amortissement et réparations) Pour les 10 passages évalué à 420 €/ha/an Un semis à la plantation évalué à 370 €/ha
Temps de travaux 1h30 à 2h /ha/passage 5h/ha à la main + 2h/ha de rouleau
Consommation carburant 15 à 20 l/ha/passage, soit 17 € 13 €
Coût des semences 6 kg/ha à 50 €/kg = 300 €/ha
Vitesse d'avancement 6 km/heure NC
Nombre de passages (approche bilan carbone) 10 / an 1 à la plantation

Niveau de satisfaction du producteur

Travaille avec le même type de matériel depuis 2000.

Positif Je suis satisfait de la gestion de mon enherbement rang et inter-rang et de l'état global de mon verger.

Positif Taux de MO en augmentation, vie du sol et bon état sanitaire avec une bonne maitrise du puceron ravageur n°1 du pêcher et la gestion de l'enherbement y est pour beaucoup.

Négatif Oblige à un chauffeur spécialisé

Négatif Pas satisfait par mon bilan carbone.

Perspectives

" Je vais tester des fèves entre les pêchers, pour créer une sorte de paillage.


Pour le matériel, je réfléchis toujours à des évolutions.


Sur les vergers adultes, pour du gain de rapidité, je cherche à éliminer le tâteur de la lame. Pour ce faire, je fixe une tige en plastique (type batteur de machine à vendanger) dans le prolongement de la lame, qui la fait se rétracter lorsqu'elle arrive en butée sur l'arbre.


Et conscient que le nombre de passages répétés sur la parcelle est critiquable (bilan carbone, tassement des sols, temps de passages importants...), je m'intéresse à la robotique. Les ilots importants de mon exploitation, la présence d'électricité à proximité, me permettront certainement de faire le pas vers un robot de désherbage autonome."

Astuces a partager

  • Faire attention de toujours travailler la terre rapportée par le disque. Si cette petite butte n’est pas en place, la lame va constamment évacuer de la terre et vous finirez par abimer le système racinaire de l’arbre.
  • Passer la lame par temps sec, voire venté. Cela permettra de faire sécher l’herbe rapidement et évitera qu’elle réussisse à s’enraciner de nouveau juste après le passage de la lame.

Indice de recul sur la stratégie

Indice de recul sur la stratégie : 3


Auteur de la fiche : Chambre Régionale d’Agriculture d’Occitanie.

Date d'édition : Septembre 2019.

Annexes et liens


Leviers évoqués dans ce système

Matériel évoqué dans ce retour d'expérience

Cultures évoquées

Bioagresseurs évoqués dans ce retour d'expérience

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