Plantation de Haies : de la conception au suivi
Des informations détaillées sur les fonctions, types, essences, entretien et règlementation des haies sont disponibles dans l’article « Haie ».
La plantation de haies est un investissement à long terme qui nécessite une planification minutieuse, du choix des essences à l'entretien initial, afin de garantir leur reprise et leur développement optimal.
Conception et choix des essences
Le choix des essences est crucial et doit tenir compte des conditions pédoclimatiques (sol et climat) de la zone de plantation, ainsi que des objectifs spécifiques visés pour la haie.
Objectifs variés
- Production de bois (œuvre ou énergie).
- Protection du bétail contre les aléas météorologiques.
- Fourrage complémentaire.
- Soutien à la biodiversité et création de corridors écologiques.
- Régulation et infiltration de l'eau, stockage de carbone.
- Brise-vent.
Repères techniques
Conserver au moins 20 % des jeunes arbres de manière permanente pour assurer la régénération naturelle de la haie.
Pour maximiser les effets agroécologiques, conserver une largeur minimale de 1,5 mètre et éviter la recépage en hauteur (topping), qui limite la croissance et diminue la valeur écologique et agronomique.
L’implantation doit tenir compte des caractéristiques de la parcelle : pente, risque d’érosion, vents dominants, sécheresse. L’ombre projetée doit également être anticipée.
| Avantages | Inconvénients | |
|---|---|---|
| Plant | Pousse la plus rapide |
|
| Bouture | Va plus vite que la graine, peut être gratuit | Obtention de clone donc risque accru de maladie, système racinaire moins efficace |
| Graine |
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Pousse la plus lente |

- Privilégier plants issu de graines et prendre des plants les plus jeunes possibles, dans l’idéal des scions de 1 an
- Conservés au réfrigérateur chez le pépiniériste
- Sortir le plant du frigo au dernier moment, avant un jour de pluie, arroser si temps sec
- Planter jusqu’à juin (si le plant n’a pas débourré)
- Pas conservés au réfrigérateur
- Pas de nécessité d’arroser (sauf si conditions particulièrement sèches)
- Planter de fin novembre à mars (avant débourrement)
- Choisir des plants petits, à racines nues
- Plants plus vigoureux qui poussent plus efficacement
- Le collet doit être au niveau du sol, non enterré pour éviter le pourrissement
- Les racines sont étalées et celles trop longues sont coupées pour éviter l’enroulement
- Possibilité de praliner les plants
Mélange de terre argileuse, de fumier (déshydraté ou non), de compost et d’eau, la texture doit être un peu pâteuse, pas complètement liquide ni épaisse
- Permet d’accélérer la cicatrisation des racines abîmées ou coupées
- Empêche les racines fragiles de dessécher avant leur mise en terre
Privilégier les essences locales
- Il est recommandé d'utiliser des essences locales, si possible issues d'individus sauvages. La marque "Végétal local" garantit cette provenance.
- Une composition d'essences locales et adaptées au milieu garantit la pérennité de la haie et offre une diversité de formes, couleurs et senteurs.
Le bon réflexe pour définir son projet de plantation, est de se rapprocher de la mairie afin de prendre connaissance des éventuelles règles spécifiques qui peuvent s’appliquer. Il est également souhaitable de porter une attention sur le choix des essences retenues en ciblant des provenances locales.
A l'arrachage
Le droit commun fixe un certain nombre de règles par ailleurs complétées par les dispositions de la PAC s’agissant des exploitants agricoles. Ainsi, toute personne (morale ou physique) souhaitant arracher une haie doit au préalable s’assurer du respect des réglementations suivantes.

Composition favorable à la biodiversité
- Une haie favorable à la biodiversité est hétérogène par sa composition et sa structure.
- Elle doit être riche en espèces floristiques (floraison étalée sur l'année) et fructifères (ressource alimentaire hivernale pour les oiseaux).
- Intégrer plusieurs strates verticales (arbres, arbustes, lianes) ainsi qu'une banquette herbeuse au pied de haie est essentiel pour offrir divers habitats et sites de nidification.
- Les haies larges (double ou triple rangs) constituent un refuge efficace pour la faune terrestre.
La diversité de strates offre également des sites de nidification à l’ensemble des oiseaux inféodés aux haies (fauvette, grives…).
Il est préférable d’implanter des haies assez larges (double ou triple rangs) pour constituer un refuge efficace à la faune terrestre. Le maintien d’une bande herbeuse en pied de haie est également judicieux pour compléter l’attrait pour les auxiliaires, mais aussi pour faciliter l’accès à la haie par l’agriculteur.
La haie champêtre

La haie champêtre est un milieu en équilibre, à l’aspect naturel mais contenu et délimité artificiellement. Elle nécessite un entretien régulier pour éviter une propagation des végétaux qui conduirait à son élargissement. Certaines essences, mal-aimées ou méconnues, sont absolument nécessaires à la haie champêtre :
- Intégrant épineuses (prunellier, aubépine), essences moins connues (viorne, troène, fusain, cornouiller), lianes (ronce, chèvrefeuille, lierre), et herbacées.
Les herbacées
Ses morphologies

Selon les associations d’arbustes et d’arbres, la diversité des âges et des tailles des végétaux qui la composent, mais surtout selon la volonté du propriétaire et la fréquence des interventions, la haie champêtre présente une grande diversité de morphologies.
Essences à éviter
Pour être accompagné dans un projet de plantation, il est possible de se rapprocher d’une structure locale spécialisée.
- Les conifères sont généralement moins intéressants pour les auxiliaires de cultures et peuvent être hôtes de certains nuisibles (ex: Agrotis).
- Les Prunus (cerisier, merisier à grappes) peuvent héberger des pucerons (ex: Rhopalosiphum padi) s'attaquant aux céréales et au maïs.
- Le prunier est un hôte primaire du puceron vert du pêcher (Myzus persicae) qui peut attaquer le colza.
Exemples d'espèces plantées
Romary Courtois a choisi des tilleuls, ormes, chênes pubescents, mûriers (non locaux mais résistants à la sécheresse), vignes (variétés non fruitières), et troènes pour ses planches fourragères. Jean-Louis Nogues a planté des chênes, noisetiers, châtaigniers, sureaux et prunelliers. (mettre lien vers le rex adapté)
Préparation de la plantation
Une bonne préparation du site est primordiale pour la reprise et le développement optimal des jeunes plants, et permet une mise en œuvre rapide du paillage.
Piquetage et aménagement
- Définir la position des futures lignes d'arbres manuellement avec des piquets ou à l'aide d'un GPS.
- Pour les lignes intra-parcellaires, il est conseillé de se caler sur le bord le plus long de la parcelle et de suivre sa courbe. Pour limiter l'ombrage, positionner les lignes dans l'axe Nord-Sud si possible.
Connecter les lignes d’arbres plantés aux structures existantes (lisière de bois, haie, ripisylve, prairie...)
Ces conseils sont applicables à toutes les cultures mais d'autres préconisations existent dans le cas d'agroforesterie en grandes cultures, en viticulture et en élevage.
- Pour les haies et brise-vent, laisser un espacement de 100 à 200 mètres entre deux haies et connecter les nouvelles lignes aux structures existantes (lisières de bois, haies, ripisylves).
Préparation du sol
Une bonne préparation du sol est primordiale pour une bonne reprise et un développement optimal. Elle permet une mise en œuvre rapide du paillage et facilite la plantation. Un travail du sol convenable doit aboutir à une structure perméable sur une épaisseur maximale (min 60 cm).
- Pour les haies, préparer le sol sur 1,50 mètre de large.
- Travailler en profondeur (de 50 à 80 cm) avec une sous-soleuse, un décompacteur ou un chisel.
- Affiner la surface pour obtenir un lit de semence avec une herse rotative ou un rotavator.
- Cette préparation est préférable à l'automne avant la plantation hivernale ou au début du printemps.
- Pour les arbres isolés, ameublir sur 1 m³ avec une pelle-mécanique ou tractopelle, puis affiner la surface.
Choix des plants
- Privilégier les plants de premier choix, certifiés sainement et génétiquement, issus de pépiniéristes contrôlés.
- Les jeunes plants (1 à 2 ans) sont à privilégier, idéalement des scions de 1 an. Ils doivent être bien formés avec un système racinaire abondant et équilibré, sans spiralement.
- Les plants caducs sont souvent conditionnés en "racine nue", les persistants en godet.
- Il est possible de prélèver de jeunes plants dans les secteurs alentours avec l'autorisation du propriétaire.
- Pour accélérer la cicatrisation des racines et éviter leur dessèchement, le pralinage des plants (mélange de terre argileuse, fumier, compost et eau) est recommandé.

La plantation
Période de plantation
- Les plantations sont de préférence réalisées en hiver, pendant la période de repos végétatif, en évitant les jours de gel, de vents violents ou les conditions trop humides.
- Pour les plants non conservés au réfrigérateur, planter de fin novembre à mars (avant le débourrement).
- Pour les plants conservés au réfrigérateur, il est possible de planter jusqu'en juin, tant que le plant n'a pas débourré.
Technique de plantation
- Planter les arbres de 30 à 50 cm entre chaque pied pour les haies.
- Si un film de paillage est utilisé, l'ouvrir en croix d'environ 20 cm.
- Dégager un trou de la taille des racines avec une pelle-bêche.
- Tailler les plants (tiges et racines).
- Placer le plant à la verticale avec les racines bien étalées vers le bas, en veillant à ce qu'elles ne soient pas tassées.
- Le collet doit être légèrement en dessous du niveau du sol, sous le paillis.
- Rapporter la terre fine pour boucher le trou et garnir les racines, en créant une "cuvette" autour du plant pour collecter l'eau de pluie.
- Tasser énergiquement la terre à la main, puis au talon.
- Ajouter du gravier ou de la terre fine autour du plant pour maintenir le paillage et empêcher les rongeurs de passer en dessous.
Paillage et protection
Ces étapes sont essentielles pour la réussite de la plantation, offrant un environnement propice à la reprise et à la croissance des jeunes plants.
Le paillage
- Le paillage limite la concurrence des adventices et maintient l'humidité du sol. Il réchauffe le sol, conserve sa structure et contribue à le nourrir s'il est d'origine végétale.
- Il doit être étendu sur une largeur minimale de 20 cm de chaque côté du plant, et idéalement jusqu'à 50 ou 60 cm.
- Types de paillage:
- Paille : environ 25 cm d'épaisseur, dure 1 an.
- Copeaux de bois (BRF) : environ 15 cm d'épaisseur, dure 2 ans. Privilégier les essences feuillues et éviter plus de 20% de résineux ou essences riches en tanins. Les copeaux ne doivent pas provenir d'arbres résineux au risque d'acidifier le sol.
- Laine : gratuite, dure plusieurs années, protège des chevreuils.
- Films biodégradables ou biocompostables : déroulés avant plantation, nécessitent des collerettes au pied de chaque plant.
- Paillages en fibres végétales : nécessitent des agrafes ou doivent être enterrés sur les bords.
- Prévoir un complément de paillage en cas de dégradation rapide pendant les 3 premières années suivant la plantation. Romary Courtois a constaté une mortalité élevée due à un gros paillage sans arrosage en période sèche.

La protection
- Les plants doivent être protégés de la faune sauvage (chevreuils, lapins).
- Les piquets (en châtaignier) et gaines de protection servent de tuteurs.
- Contre les chevreuils : gaines Climatic 4 plis (diamètre 20 cm, hauteur 120 cm).
- Contre les lapins et lièvres : gaines Climatic Nortene (diamètre 14 cm, hauteur 60 cm).
- Contre les animaux d'élevage :
- Clôtures solides, si besoin renforcées par des fils électriques, placées à 1,5 mètre de la ligne de plantation pour les bovins et à 1 mètre minimum pour les ovins, permettant un espace de croissance suffisant tout en donnant accès aux feuillages et jeunes pousses.
- Autres dispositifs : corselets mécaniques, grillages Ursus, manchons fendus, grillages métalliques.

Suivi et Entretien des jeunes plantations
Un suivi régulier durant les trois premières années est un gage de réussite pour remplacer les plants morts et tailler les arbres et haies.
Arrosage
Uniquement en cas de sécheresse exceptionnelle (un mois sans pluie) pour sauver les plants.
Débroussaillage
Débroussailler la végétation qui borde la haie après 1 an pour éviter la concurrence à la lumière.
Recépage
Recéper les arbres et arbustes de cépée à la plantation ou après 1 an pour les rendre plus vigoureux et renforcer leur système racinaire.
- Se fait quelques centimètres au dessus du collet, de décembre à mars
- Permet de densifier la strate basse, d’augmenter le nombre de racines et de rajeunir la haie

Protection continue
Assurer la protection des jeunes plants contre le pâturage et les animaux sauvages.
Patience
C'est un investissement à long terme, il faut être patient et attendre 4-5 ans avant de pouvoir en tirer un bénéfice.
Compléments
La fiche technique Erosion TTool / Plantation de haies explique en détail comment planter et entretenir des haies pour lutter contre l’érosion, avec des conseils pratiques et des informations sur les coûts et la réglementation.