Ferme de Saïd Akkif
Production de plante aromatique et médicinale

Contexte
La ferme
- Nom de l'agriculteur : Saïd Akkif
- Nom de la ferme : Ferme de Saïd Akkif
- Localisation : Had El Brachoua, Maroc
- Date d’installation :
- Surface cultivée : 4 ha.
- Texture du sol : Limoneux
- Nombre de personnes travaillant sur l’exploitation (UTH) : 4,5 (0,5 pour la main d'œuvre occasionnelle)
- Altitude : 398 m
- Climat : Selon la classification climatique de Köppen-Geiger, Rabat présente un climat méditerranéen à étés chauds (Csa). Les températures varient généralement entre 13 °C et 24 °C au cours de l’année, avec des extrêmes pouvant rarement descendre jusqu’à 5 °C ou monter jusqu’à 39 °C. Les précipitations annuelles moyennes atteignent environ 383 mm, réparties sur 52 jours de pluie par an.
Main-d'œuvre
- La ferme fonctionne sous forme de coopérative familiale.
- Quatre personnes y travaillent : deux femmes et leurs deux maris, qui sont frères.
- Ils embauchent également des ouvriers ponctuellement, payés à la tâche.

Commercialisation
- Toutes les tisanes (mélisse, souci, pavot ou mélanges) sont vendues en sachets de 25 grammes. Dans le cas de la mélisse cela représente 7 MAD (pour un sachet de 25g).
- Il vend ses produits dans des parapharmacies, une petite quantité est vendu à Carrefour, ainsi que sur les marchés de Rabat, Kénitra et Casablanca.
- Il vendait auparavant par système de paniers mais le manque d'eau ne lui permet plus d'assurer la production de légumes.

Production végétale
La ferme de Saïd Akkif est divisée en 5 parcelles :
- La première, d’une superficie de deux hectares, est consacrée au maraîchage.
- La seconde est un verger de plantes aromatiques et médicinales (PPAM) occupant un hectare.
- Deux hectares sont réservés à la Caméline.
- Un hectare est consacré à l’orge (céréales),
- Et enfin un hectare est laissé en jachère.
- Il possède aussi plusieurs serres (type tunnel froid) avec ombrière (la surface n'est pas précisée)
Production animale
Ils élèvent entre 100 et 200 poules, une dizaine de lapins, environ 10 à 12 moutons, trois vaches avec leurs veaux, et un âne.
Etude, formation et parcours de vie
- Saïd est issu d’une famille d’agriculteurs. Il a travaillé dans l’hôtellerie avant de revenir à la terre.
Historique de la ferme
- Les terres familiales sont en melk depuis 400 à 500 ans. À l’origine, la famille possédait plusieurs milliers d’hectares, mais les héritages successifs ont réduit la superficie à cinq hectares aujourd’hui.
- Il hérite des terres en 1992 et les exploite en agriculture conventionnelle jusqu’en 1996. À l’époque, il produisait plus de 1 000 quintaux sur 60 à 70 hectares, avec une moyenne de 25 à 30 quintaux par hectare, en agriculture mécanisée.
- En 1997, il commence à remettre en question l’utilisation des produits chimiques, en testant des bacs de menthe cultivés uniquement avec du fumier. Sa première récolte en bio est vendue entièrement, et bien que les ventes ralentissent par la suite, les clients apprécient son engagement à produire sans intrants chimiques.
- En 2005-2006, il est embauché comme gérant d’un élevage de taureaux situé à proximité de chez lui. Il poursuit ensuite sa carrière dans l’hôtellerie, tout en continuant à gérer la ferme à distance.
- En 2015, il fait la rencontre de Sena, une citadine qui lui propose un partenariat commercial autour de la vente de tisanes. Cette collaboration l’oriente encore un peu plus vers l’agriculture biologique et l’incite à développer les cultures de tisanes et de semences, moins consommatrices d’eau et plus porteuses sur le plan économique. Jusqu’alors, il cultivait surtout des légumes et de l’orge, mais il diversifie ensuite sa production avec un verger et une large gamme de plantes aromatiques et médicinales.
- Depuis l’assèchement de son puits traditionnel, il y a 3 ans, situé à 20 mètres de profondeur, il ne peut plus cultiver que 20 % de sa surface maraîchère. Ce puits est désormais insuffisant, alors que le puits du voisin atteint déjà 200 mètres et qu’une autre ferme voisine a foré une centaine de puits entre 120 et 200 mètres. Il est actuellement dans l’attente d’une autorisation pour creuser un nouveau puits.
Remarque : Le sol est limoneux sur la parcelle du verger contenant les PPAM, tandis que les autres parcelles maraîchage, orge, caméline et jachère, reposent sur un sol argileux, l’ensemble des parcelles possèdent un taux de matière organique record pour la Maroc de 3,9%.
Pratique d'intérêt – Séchoir Artisanal
Contexte

Pour le séchage des fleurs (calendula, pavot…), Saïd a conçu et fait fabriquer un séchoir artisanal adapté à la production de tisanes. L’outil a été pensé pour être simple, robuste et accessible financièrement.
Objectifs
- Disposer d’un outil efficace pour le séchage homogène des plantes médicinales.
- Réduire la dépendance aux conditions climatiques (pluie, humidité).
- Garantir une meilleure qualité de produit fini.
Étapes mises en œuvre
- Conception du plan par l’agriculteur lui-même.
- Fabrication réalisée par deux artisans :
- Menuisier (2–3 h de travail).
- Ferronnier (2–3 h également).
- Délai total : 1,5 mois pour récupérer l’outil (forte demande des artisans).
Résultats technico-économiques
- Coût initial (avant COVID) : ~1 000 DH
- 500 DH pour le bois.
- 300 DH pour le fer à souder.
- Reste : main-d’œuvre et petits matériaux.
- Coût estimé aujourd’hui : ~2 000 DH (inflation).
- Dimensions : 2 m (h) × 80 cm (p) × 160 cm (l).
- Fiabilité : outil fonctionnel, répond aux besoins actuels.
Résultats environnementaux
- Consommation énergétique nulle (séchage naturel).
- Réduction potentielle des pertes post récolte grâce à un séchage plus sécurisé (moins de risque de moisissure).
Clés de la réussite
- Conception simple et adaptée aux besoins réels.
- Mobilisation rapide d’artisans compétents (menuisier + ferronnier).
- Robustesse de la structure, permettant un usage durable.
Points de vigilance
- Délai de fabrication potentiellement long (artisans très sollicités).
- Coût de fabrication sensible aux fluctuations des prix des matériaux.
- Nécessité d’anticiper la mise en place avant les premières récoltes.
Bilan
Le séchoir artisanal est une solution abordable et efficace pour sécuriser la qualité des fleurs destinées aux tisanes. Il représente un investissement relativement faible pour un bénéfice important en termes de valorisation. Le modèle actuel reste suffisant, même si une version plus grande serait souhaitable avec plus de moyens.
Ressources mobilisées / Pour aller plus loin
- Matériaux : bois, fer à souder.
- Main-d’œuvre : menuisier (2–3 h), ferronnier (2–3 h).
- Budget actuel estimé : ~2 000 DH.
- Pour aller plus loin : documentation sur la conception de séchoirs artisanaux adaptés aux plantes médicinales et sur les bonnes pratiques de séchage pour conserver les principes actifs.
Pratique d'intérêt - Production de pavot et de calendula (utilisation du séchoir)
Contexte
Le pavot et le calendula sont cultivés pour la production de tisanes grâce au séchoir artisanal. Ces deux fleurs demandent très peu d’eau et bénéficient d’un itinéraire cultural simple. Elles sont implantées sur des lignes de 25 m avec un espacement de 40 cm entre les plants.
Objectifs
- Produire des fleurs séchées destinées à la vente directe.
- Échelonner les semis et plantations pour garantir une récolte régulière.
- Réduire les besoins en eau grâce à des espèces adaptées.
Étapes mises en œuvre
- Semis : réalisés sur planches, échelonnés tous les 15 jours pour étaler la production.
- Plantation : à partir de février, sur lignes de 25 m, espacement de 40 cm, avec un calendrier échelonné tous les 15 jours.
- Récolte : entre mars et mai, chaque matin. Fenêtre de récolte de 10 à 15 jours par cycle. Durée : 1 à 2 h selon volume.
- Séchage : fleurs disposées dans un séchoir artisanal, un bac par espèce, bien étalées pour éviter le chevauchement (5 à 10 min/bac).
- Stockage : dans des contenants de 30 L (20 DH/unité), durée de conservation maximale d’un an.
Résultats technico-économiques
- Travail :
- Plantation d’une ligne (25 m) : ~1h30/personne.
- Récolte : 1–2 h par cycle.
- Séchage : 5–10 min/bac.
- Investissements :
- Séchoir artisanal (≈ 2 000 DH aujourd’hui, cf. retour d’expérience précédent).
- Contenants 30 L : 20 DH/unité.
- Durée de conservation : 1 an maximum (perte de goût et de valeur au-delà).
Résultats environnementaux
- Besoins en eau très faibles → adaptation aux contextes de sécheresse.
- Utilisation limitée d’intrants (fumier uniquement, 2 kg/an).
- Séchage naturel dans un séchoir artisanal → faible empreinte énergétique.
Clés de la réussite
- Organisation rigoureuse des semis échelonnés pour une production régulière.
- Récolte quotidienne le matin, au bon moment.
- Séchage maîtrisé (fleurs bien étalées dans le séchoir).
Points de vigilance
- Fenêtre de récolte courte (10–15 jours).
- Perte de qualité et de valeur après un an de stockage.
- Nécessité de manipuler les fleurs avec soin pour éviter l’écrasement.
Bilan
La culture du pavot et du calendula est simple, adaptée aux conditions sèches, et nécessite peu d’intrants. La contrainte principale reste la gestion du calendrier de récolte, qui doit être précis pour garantir la qualité. Le séchage et le stockage sont des étapes clés pour conserver la valeur des fleurs.
Ressources mobilisées / Pour aller plus loin
- Intrants : fumier (2 kg/an).
- Équipements : séchoir artisanal, contenants de 30 L.
- Main-d’œuvre : une personne pour la plantation, la récolte et le séchage.
- Pour aller plus loin : documentation technique sur les plantes à tisane adaptées aux contextes arides (itinéraires techniques, conservation des principes actifs).
Pratique d'intérêt - Production de feuille de mélisse séchées
Contexte

La mélisse est une plante pérenne cultivée pour ses feuilles aromatiques, utilisées par Saïd Akkif pour la production d’infusions. Elle est implantée sur une surface de 300 m², avec un itinéraire simple reposant sur un apport annuel de fumier et un séchage artisanal : les bouquets sont suspendus à des fils, à l’extérieur du séchoir. La culture se déroule principalement en plein champ, mais elle peut aussi être conduite sous serre tropicale avec ombrière, permettant une production en mi-saison et un allongement du cycle de culture.
Objectifs
- Produire de la mélisse séchée pour la vente directe.
- Étaler la récolte de mai à septembre (voire jusqu’à dix mois sous serre).
- Maintenir une production viable malgré sécheresse et fortes chaleurs.
Étapes mises en œuvre
- Semis : hiver, sous serre, plaques alvéolées de 77 plants ; irrigation régulière.
- Repiquage : dès mars, en plein champ, toutes les deux semaines.
- Entretien : 2 kg de fumier/an, irrigation adaptée au climat.
- Récolte : mensuelle, de mai à septembre (4–5 récoltes/an).
- Séchage : bouquets suspendus à l’air libre, 1–2 semaines selon météo.
- Conditionnement : tri, façonnage, emballage en sachets de 25 g.
Résultats technico-économiques
- Rendement : ~20 kg de feuilles sèches/300 m².
- Temps de travail :
- Semis : 10 min/plateau.
- Plantation : 1h30/ligne (longueur de 25 mètres).
- Récolte : 1 journée/300 m².
- Emballage et tri : 5 h/cycle.
- Prix : 0,70 dirham/g (dégressif pour gros lots).
- Vente : en direct, ou en grande surface conditionnée en sachets de 25 g.
Résultats environnementaux
- Intrants limités (fumier seulement).
- Irrigation raisonnée mais non mesurée.
- Racines laissées en place → préservation du sol.
- Séchage naturel → pas de consommation énergétique.
Clés de la réussite
- Bon suivi de l’humidité aux semis.
- Organisation rigoureuse des plantations échelonnées.
- Serre tropicale avec ombrière prolongeant la saison.
- Vente directe, meilleure valorisation du produit.
Points de vigilance
- Plante fragile face à la chaleur et à la sécheresse.
- Dépendance à des pluies imprévisibles (du fait de l'absence de forage suffisamment profond).
Bilan
Culture adaptée aux petites surfaces et à la vente directe. Technique simple mais exigeante en régularité. Production rentable si les conditions hydriques sont suffisantes, mais très vulnérable aux sécheresses prolongées.
Ressources mobilisées / Pour aller plus loin
- Ressources : fumier organique, plaques alvéolées, fil pour séchage, sachets d’emballage.
- Main-d’œuvre : 1 personne suffit pour l’ensemble des opérations.
- Pour approfondir : références sur les itinéraires techniques de la mélisse et études locales sur l’adaptation aux sécheresses.
- Tableau rédigé par Saïd Akkif pour la production d'infusion qu'il commercialise :
| Mélange (poids total) | Plantes utilisées | Quantité par plante |
|---|---|---|
| Tisane en cas de stress (45 g) | Agripaume chinoise | 12 g |
| Mélilot (officinal) | 13 g | |
| Lavande | 10 g | |
| Camomille | 10 g | |
| Tisane en cas d’anémie (40 g) | Ortie | 12 g |
| Fenouil | 8 g | |
| Persil | 10 g | |
| Menthe poivrée | 10 g | |
| Tisane pour soulager l’état grippal (40 g) | Hysope | 8 g |
| Ajuga (bugle/ajuga orientalis) | 8 g | |
| Fleur de souci (calendula) | 8 g | |
| Sauge | 8 g | |
| Romarin | 8 g | |
| Tisane en cas de trouble de sommeil (45 g) | Pavot de Californie | 15 g |
| Menthe poivrée | 10 g | |
| Verveine | 10 g | |
| Citronnelle | 10 g |
Remarque : Les mélanges présentés ci-dessus proviennent d’un témoignage de l’agriculteur recueilli lors de l’enquête de terrain. Ils reflètent des pratiques locales et des savoirs empiriques, mais ne doivent pas être considérés comme des recommandations médicales.
Galerie photo de la ferme de Saïd Akkif
Cette page a été rédigée dans le cadre du projet Urbane avec le soutien financier de l'Union Européenne, avec la participation du Centre National d'Agroécologie et de Ver de Terre Production