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Diminuer l'utilisation des insecticides sur colza - retour d'expérience (Jérôme Barthes - Aglae)

De Triple Performance
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Retour d’expérience d’agriculteur, qualifié par un groupe d’expert dans le cadre du projet Aglae porté par la Chambre d’Agriculture d’Occitanie.

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Retour d'expérience de Jérôme Barthes, dans le cadre du projet Aglae. Il nous présente les leviers agronomiques qu'il a mis en œuvre pour lutter contre les ravageurs du colza et diminuer ainsi son utilisation d'insecticides.

Motivation

Le colza est une culture économiquement intéressante. C’est régulièrement la production qui présente la marge brute la plus élevée. Malheureusement, l’augmentation des surfaces sur notre territoire couplée à l’obligation réglementaire de conserver les repousses de colza pendant l’été ont engendré une augmentation significative des ravageurs d’automne. De plus, le manque d’efficacité des produits insecticides encore autorisés ont remis en cause cette culture et son ITK.


Avec les agriculteurs du réseau DEPHY Grandes Cultures de l’Aude qui étaient attachés à cette production, nous avons souhaité repenser l’utilisation des leviers agronomiques dans le but d’appliquer les insecticides en dernier recours. Le principe est de réaliser un ITK qui permette au colza d’éviter les attaques des ravageurs aux stades à risque, le tout en respectant bien évidemment l’ensemble des réglementations, en particulier celle de la zone vulnérable au nitrate.

L'exploitation

Mise en pratique

Mise en place depuis 2015.

Baisse des insecticides en colza : ma façon de faire

Afin de limiter la nuisance des ravageurs principaux d’automne (limaces, altises et charançons du bourgeon terminal), nous avons travaillé à maximiser la vigueur de croissance du colza à l’automne.


Pour cela nous avons mis en places 3 leviers :

Créer des conditions défavorables à la prolifération des limaces et des altises

Nous constatons qu’un déchaumage précoce combiné à un roulage permet d’enfouir les pailles, perturber les limaces et détruire les nids potentiels, en asséchant les premiers centimètres et briser les mottes afin de limiter les cavités favorables à leur prolifération. Ces opérations sont renouvelées une à deux fois dans l’inter-culture. Le roulage est réalisé avant et après semis pour perturber également la colonisation par les altises à la levée du colza.

Avoir une levée très rapide et homogène

Le principe est d’avoir un nombre de jours minimal entre la germination et le stade 4 feuilles afin de réduire la période de sensibilité aux limaces et aux altises. Afin de booster la levée, avant semis, nous faisons un suivi du reliquat azoté dans les premiers centimètres du sol et le cas échéant un apport d’ammonitrate dans le but de fournir 20 à 30 unités d’azote disponible au colza. J’apporte aussi systématiquement du phosphore (dans nos sols argilo-calcaires, la potasse n’est pas limitante).

Eviter un traitement

Je suis très vigilant sur le choix des molécules appliquées sur la parcelle. Nous avons constaté que la vigueur des jeunes colzas pouvait être ralentie par une phase de détoxification d’herbicide au stade 2-4 feuilles qui peut limiter la taille des feuilles présentes et bloquer l’apparition de nouvelles feuilles. Je m’interdis toute application d’herbicide à base de sulfonylurées (groupe HRAC B) sur la céréale précédente. Ensuite, je diminue les doses en pré-levée de produits à base de quinmérac ou clomazone. Aujourd’hui, je privilégie une application de napropamide en pré-semis qui me permet d’incorporer aussi les fertilisants dans les premiers centimètres.


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Nous constatons qu’un semis précoce dans le sec (lit de semence fraîchement préparé et roulé) favorise les levées rapides et homogènes. L’idée est d’avoir des colzas au stade 4 feuilles avant l’arrivée des altises et la destruction des parcelles de repousses de colza. L’enjeu est de positionner le semis juste avant une pluie précoce... quand il veut bien pleuvoir au mois d’août. Pour réaliser ce type de semis il faudra choisir des variétés peu sensibles à l’élongation.


L’ensemble de ces mesures a pour effet d’obtenir de gros colzas à l’arrivée des charançons du bourgeon terminal (CBT). Nous estimons que lorsque nous avons de grosses rosettes de plus de 8 feuilles, la nuisibilité du CBT est limitée.


Pour limiter la nuisance des ravageurs de printemps (charançon de la tige et charançon des siliques, méligèthes et pucerons), nous essayons de favoriser une reprise rapide en sortie d’hiver grâce à un apport d’azote précoce (mi à fin janvier). Des colzas vigoureux sont moins sensibles aux attaques mais il est important de rester vigilant en suivant les seuils de nuisibilité en fonction des stades de la culture.


La pression de méligèthes peut être diminuée grâce à l’usage de variétés très précoces en floraison (Type ES Alicia). Le but principal est d’arriver à l’impasse insecticide sur méligèthes et de préserver ainsi les auxiliaires indispensables à la régulation des pucerons lors de la floraison. La réussite des impasses d’insecticide en colza est conditionnée par la vigueur de la croissance du colza à l’automne (obtenir de gros colzas en décembre) et par la vigueur du redémarrage en janvier.


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Mon analyse sur la combinaison de leviers que j'utilise

Intérêts

Points de vigilance

  • Préparation du sol et conditions de semis
  • Observation régulière pour une prise de décision adaptée
  • Le fait de ne pas mettre d’insecticide à l’automne n’aide pas à lutter contre la tenthrède (travail sur les alternatives en cours)

Mes conseils pour réussir

Jérôme Barthes
  • Déchaumage précoce derrière la récolte du précédent
  • Roulage systématique
  • Choix des molécules sur la culture avant colza afin d’éviter les risques de phytotoxicité au démarrage du colza
  • Association de différentes variétés de colza afin d’augmenter les chances d’avoir un colza vigoureux et de minimiser le risque d’élongation automnale grâce à la diversité génétique
  • Favoriser une pousse rapide car « un colza réussit est un colza qui pousse vite »
  • Faire des associations avec couvert féverole / lotier /pois /colza , féverole / sorgho fourrager /colza pour gérer le salissement, les ravageurs et restituer de l’azote au printemps.

Mes perspectives

  • Améliorer la stratégie de gestion des adventices
  • Expérimenter les associations
  • Travailler sur les leviers pour diminuer le risque oïdium en fin de cycle
  • Désherbage post-levée anti-graminées et anti-dicots
  • Couvert associé de légumineuse (colza lotier…)

L'avis du comité d'experts

Evaluation selon la grille d'analyse ESR.

Substitution/Reconception

Mise en œuvre de méthodes de lutte alternatives remplaçant les moyens chimiques. La protection intégrée nécessite une combinaison de l’ensemble des moyens disponibles qui obligent à une reconception des systèmes pour les rendre moins dépendants des produits phytopharmaceutiques. Cela passe ainsi par une approche privilégiant la prévention et la prophylaxie pour placer les cultures dans les meilleures conditions tout en défavorisant les bioagresseurs.


Evaluation selon la grille d'analyse ESR : Substitution-Reconception


Agriculteur membre du réseau DEPHY Ferme, animé par la Chambre d’Agriculture de l’Aude.

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Auteur de la fiche : Loïc Doussat.

Date d'édition : 2021.

Annexes et liens


Matériel évoqué dans ce retour d'expérience

Cultures évoquées

Bioagresseurs évoqués dans ce retour d'expérience

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