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Semis direct de méteil dans de la luzerne pour produire plus de fourrages en bio

De Triple Performance
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Crédit photo : Daniel Paulien.

Daniel et Aurélie Paulien souhaitent atteindre l’ autonomie fourragère et protéique, c’est pourquoi ils ont cherché à augmenter le nombre de récoltes sur une année. Ils attendent qu’un hectare produise au moins 2 récoltes par an et ce, sans compter les couverts végétaux. Aussi, en tant qu’agriculteurs biologiques, leur objectif est de gérer l’enherbement des cultures et les pressions des bioagresseurs. Ils répondent à ces objectifs grâce à une succession culturale courte et diversifiée et peuvent ainsi nourrir la vie des sols.


Contexte de la mise en œuvre

  • Nom des agriculteurs : Daniel et Aurélie Paulien.
  • Nom de l’exploitation : EARL Les Denaises.
  • Département : Haute-Saône (70).
  • SAU : 108 hectares.
  • UTH : 3.
  • Élevage : 65 vaches laitières (VL) avec transformation à la ferme.
  • Cultures remarquables : Méteil ensilage semé en direct dans la luzerne.
  • Irrigation : Non.
  • Types de sols : Limono-argileux.
  • Travail du sol : Travail superficiel (>5 cm) ou semis direct, arrêt du labour en 1998.
  • Succession de cultures : Prairie temporaire > maïs > méteil ensilage > maïs ou sorgho > méteil grains (sursemis de trèfle) > couvert estival semé en direct dans le trèfle > méteil grain > prairie temporaire.
  • Ferme en zone AAC (Aires d'Alimentation de Captages) : Non, zone vulnérable.
  • Autres éléments de contexte : En AB depuis 2016. Couvert quasi permanent, aucun sol nu en hiver depuis 1998.
  • La pratique au sein du système de culture : Méteil ensilage semé en direct dans les luzernes. Travail du sol limité au maximum, succession culturale intense, minimum 2 cultures par an.


Origine de la pratique et cheminement de l’agriculteur

Suite à des formations sur la conservation des sols, Daniel a pris conscience que s’il voulait que le sol soit performant, il fallait qu’il soit couvert durant l’hiver et travaillé le moins possible. On lui a donné l’exemple de la forêt qui l’a fortement marqué. Petit à petit, Daniel s’est formé sur le sujet et a confirmé son intérêt pour ces techniques.

Aussi, "le sol c’est comme un sportif, il faut l’entrainer pour pouvoir produire régulièrement". Désormais, il implante plusieurs cultures par an et diversifie énormément les espèces afin de produire au maximum et donc de faire vivre le sol.


Objectifs

  • Atteindre l’autonomie fourragère, énergétique et protéique du troupeau.
  • Produire le maximum de matière sèche à l’hectare grâce à des sols vivants, fertiles et donc productifs.
  • Avoir un sol couvert en permanence, lutter contre l’érosion et stocker les éléments nutritifs.
  • Augmenter le stock de matière organique et donc la fertilité des sols.
  • Implanter une diversité d’espèces botaniques pour favoriser la microfaune et microflore du sol.



Description de la technique

Mise en œuvre en 2015.

Année N

  • 10/05 : Semis avoine brésilienne (25 kg/ha) + vesce commune (25 kg/ha)
  • 11/05 : Semis direct luzerne.
  • 14/07 : Récolte avoine/vesce enrubanné
  • 15/10 : Semis direct de méteil ensilage (25 kg avoine, 25 kg vesce, 60 kg pois, 60 kg féverole).


Année N+1

  • 15/05 : Récolte méteil ensilage + luzerne = 11 t/MS/ha
  • Juin, août, octobre : Récolte 3 coupes de luzernes = 10 t/MS/ha
  • 15/10 : Semis direct de méteil ensilage dans luzerne.

Luzerne en place pendant 5 à 8 ans.


Mise en œuvre et conditions de réussite

  • Le méteil ensilage doit être composé d’une forte part de légumineuses et de protéagineux dans le mélange.
  • Attention au stade de récolte du méteil qui détermine la qualité du fourrage (limite floraison des pois ou épiaison des graminées).
  • Toutes les parcelles reçoivent de la fumure organique (lisier et/ou fumier) issue de l’exploitation tous les ans. La distance géographique est faible entre les parcelles. Chaque parcelle reçoit tous les ans un apport de matière organique.
  • Implantation des cultures de printemps avant les sécheresses pour réussir la culture.
  • Diversité des espèces notamment dans les couverts d’été.


La conversion en AB

Réussir sa conversion en Agriculture Biologique avec la mise en place de techniques innovantes, c’est possible ! En effet, l’EARL les Denaises nous montre qu’en système de polyculture-élevage les techniques de travail du sol simplifiées sont possibles tout en produisant un maximum de matière sèche par hectare. Si le système de culture est bien repensé, la suppression des produits phytosanitaires et des engrais n’est pas un frein à la productivité et à la rentabilité économique de la ferme, bien au contraire.


Evolution de l'assolement avant/après passage en AB.


2015 : avant la conversion en AB

  • Indicateurs globaux :
    • 50 VL.
    • 9000 litres de lait/vache/an.
    • Pas de pâturage.
    • Achat de tourteaux.
    • 2/3 de céréales et 1/3 d’herbe.
  • Indicateurs économiques :
    • EBE = 192€/1000l.
    • Rémunération SMIC / UMO = 0,6.
    • Alimentation achetée = 77€/1000l.
    • Annuités = 14€/1000l.


2019 : après la conversion en AB

  • Indicateurs globaux :
    • 65 VL.
    • 8000 litres de lait/vache/an.
    • Pas d’achat de concentré.
    • 2/3 d’herbe et 1/3 de céréales.
    • Création d’un atelier de transformation.
  • Indicateurs économiques :
    • EBE = 295€/1000l.
    • Rémunération SMIC / UMO = 2,45.
    • Alimentation achetée = 51€/1000l.
    • Annuités = 7€/1000l.


Pour aller plus loin


La pratique au sein de la stratégie de l'agriculteur

Stratégie de l'agriculteur pour la gestion des bioagresseurs à l'échelle du système de culture.
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Résultats attendus

  • Autonomie en fourrages, concentrés et en énergie.
  • Produire du lait de qualité en quantité = sols en bonne santé = fourrages de qualité.
  • Gestion des adventices et des maladies grâce à l’alternance culture de printemps et d’automne.
  • Couverture permanente et productivité à l’hectare (au moins deux récoltes par parcelle et par an).
  • Améliorer la fertilité du sol.


Indicateurs de résultat

Niveau de

satisfaction/

performance

Commentaires

de l’agriculteur

Maîtrise des

adventices

Positif La couverture

permanente

gère les adventices

Maîtrise des

ravageurs

Positif Pas de problème

particulier

Maîtrise des

maladies

Positif Diversité botanique

des espèces

IFT de la (les)

culture(s)

concernée(s)

Positif Aucun
IFT du système

de culture

Positif Aucun
Rendement Positif Très bons rendements
Temps de travail

dans la parcelle

Neutre Pics de travail

en mai / juin

Temps

d’observation

Positif Surveillance du

stade de récolte

Charges de

mécanisation

Neutre Pics de travail

impliquent du

matériel performant

Marge semi-nette

du système

Positif Bonne
Prise de risque Positif Très faible mais besoin

d’un semoir semis direct

Niveau de satisfaction de l'agriculteur :

Positif = Satisfait.

Neutre = Moyennement satisfait.

Négatif = Non satisfait.

Avantages et limites de la technique

Avantages

  • Forte productivité de matière sèche à l’hectare (21 t MS/ha/an comparé à une moyenne de 8 t MS/ha/an sur une luzerne en AB).
  • Autonomie en protéine (pas de tourteau acheté depuis le passage en bio).
  • Niveau de productivité laitière très élevée en AB ~ 8000 litres de lait (références locales = 5065 litres).
  • Maîtrise de l’enherbement et des bioagresseurs.
  • Amélioration de la fertilité du sol.


Limites

  • Coût de semence important.
  • Adaptation du système au changement climatique, implantations difficiles à cause des sécheresses.
  • Pic de travail en mai/juin et en octobre.


Témoignage de l’agriculteur

Daniel Paulien. Crédit photo Juliette Guespin.

"La chance que j’ai eue est que j’ai démarré sur un système équilibré avec un sol en bonne santé. Les agriculteurs (bio ou conventionnel) qui se lancent dans des pratiques de travail du sol simplifié ou de semis direct avec des problèmes d’adventices et/ou de bio-agresseurs, compliquent dès le départ la mise en place de la technique. En effet, il faut d’abord soigner son sol avec les piliers de la fertilité (physique, chimique et biologique) pour avoir un sol équilibré. De surcroît, un sol équilibré sera plus résistant aux aléas climatiques.

Un autre facteur de réussite est la diversité des espèces implantées (avec beaucoup de légumineuses) et une fumure adaptée. Mais ce qui reste le plus compliqué dans mon système c’est la réussite du maïs épi avec les années de sécheresse afin d’atteindre mon objectif d’autonomie fourragère et protéique.

Les luzernes peuvent rester en place 6 ou 7 ans et produisent de très bons tonnages en matière sèche par hectare. Le fait de couper une partie des racines des luzernes en semant le méteil ensilage permet de les multiplier et donc de "booster" la luzerne qui repart de plus belle. Aussi, pas de problème d’enherbement, les luzernes restent propres car le méteil occupe la place des adventices en hiver.

Il ne faut pas avoir peur d’essayer. Cette technique fonctionne très bien, il faut juste oser ! C’est une technique immanquable qui permet de répondre à la couverture quasi-permanente du sol car #solnusolfoutu et c’est encore mieux sans la charrue !"


Améliorations ou autres usages envisagés

  • Adaptation des espèces dans les méteils ensilages et dans les méteils grains.
  • Améliorer les mélanges et densité de semis propres à chaque espèces. Par exemple, la féverole semée à 60 kg/ha ressort peu dans le mélange avec une végétation faible voir absente certaines années.


L'avis de l'ingénieur réseau DEPHY Juliette Guespin (CA 70)

De nature curieuse et n’ayant pas peur de faire des essais, Daniel essaye chaque année de nouvelles techniques afin d’améliorer son système – c’est en essayant qu’on apprend.

Cette technique de sursemis de méteil ensilage dans les luzernes permet de répondre à de nombreux enjeux agroécologiques ! Miser sur l’enrichissement des fertilités du sol et sur les associations culturales de familles botaniques différentes apportent des solutions agronomiques concrètes et facilement applicables pour les éleveurs.

Des techniques comme celle-ci, performantes d’un point de vue agro-écologique, aideront les agriculteurs à s’adapter au changement climatique afin de sécuriser les stocks fourragers et protéiques.

Grâce au réseau DEPHY, la transmission des savoirs auprès du monde agricole peut s’opérer afin d’accompagner la transition agro-écologique des territoires.


Sources

Semis direct de méteil dans de la luzerne pour produire plus de fourrages en bio - EcophytoPIC. Document réalisé par Juliette Guespin (juliette.guespin@haute-saone.chambagri.fr).


Action du plan Ecophyto piloté par les ministères en charge de l’agriculture, de l’écologie, de la santé et de la recherche, avec l’appui technique et financier de l’Office Français de la Biodiversité.

Logos REXPaulien.png


Leviers évoqués dans ce système

Matériels évoqués dans ce retour d'expérience

Cultures évoquées

Bio-agresseurs évoqués


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