Le rumex est une adventice à forte production grainière dotée d'un enracinement puissant. Elle se développe aussi bien dans les prairies que dans les cultures, portant préjudice au rendement.
Présentation
- Classe : Dicotylédone
- Famille : Polygonacées
- Genre : Rumex
- Espèce :
- Rumex à feuilles obtuses : Rumex obtusifolius = la plus fréquente en systèmes assolés
- Rumex crépu : Rumex crispus
- Rumex grande oseille : Rumex acetosa - Rumex petite oseille : Rumex acetosella
- Plante pluriannuelle à caractère vivace, à racine pivotante, se développant en rosettes à feuilles alternes.
Caractéristiques
- Forte persistance du stock semencier.
- Germe toute l'année, sur toutes cultures.
- Capable de s'enraciner puissamment aussi bien superficiellement que profondément dans le sol pour y puiser l'eau et des éléments nutritifs.
- Fort pouvoir concurrentiel. Nuisibilité à l'échelle de la rotation très élevée (surtout si c'est une rotation avec prairies). Une gestion appropriée à l'échelle du système est indispensable.
Principales espèces en prairies temporaires
Rumex à feuilles obtuses
- Cotylédons (plante issue de graines et non de souches) : Elliptiques allongés
- Particularités :
- Plante glabre avec gaine membraneuse.
- Tige dressée sillonnée et un peu ramifiée à son sommet.
- Ponctuations rouges souvent présentes sur le limbe.
- Forme des feuilles : Ovales-allongées, à bord sinué-crénelé.
- Préférence de sols :
- Nitrophile
- Environnement bocager
- Prédilection pour les sols frais, bien drainés, de préférence acides.
- Apprécie les sols argilo-limoneux, limoneux ou silico-argileux.
Rumex crépu
- Cotylédons (plante issue de graines et non de souches) : Elliptiques allongés
- Particularités :
- Plante glabre avec gaine membraneuse.
- Tige dressée sillonnée et un peu ramifiée à son sommet.
- Ponctuations rouges souvent présentes sur le limbe.
- Forme des feuilles : Limbe crispé. Feuilles ovales lancéolées à marge sinuée, moins larges que le rumex à feuilles obtuses.
- Préférence de sols :
- Plutôt nitrophile
- Tous les types de sol
Semences
- Production : La plante est capable d’en produire jusqu’à 60 000 par an.
- Forte persistance du stock semencier : Peut aller jusqu'à 80 ans.
- Levées échelonnées : Les semences possèdent une enveloppe de protection très dure, expliquant les levées échelonnées fréquentes.
- Conditions de germination : Pour germer, la graine a besoin de lumière (plante héliophile, couvert végétal ouvert) et d’une température supérieure à 8° C.
- Date de germination : Les semences sont capables de germer une semaine après la floraison (de juillet à octobre pour le rumex à feuilles obtuses et de juin à août pour le rumex crépu)
Voies de multiplication du rumex
Reproduction sexuée
Le rumex est une plante hermaphrodite, se multipliant principalement par les graines.
Multiplication par segmentation de la racine pivotante
Le rumex colonise en partie le milieu par sa racine pivotante très résistante même après arrachage, dont le collet (partie supérieure du pivot) contient les bourgeons.
Ainsi même des petits morceaux du collet sont capables de repartir.
Un bio-indicateur
Par sa présence, le rumex donne des informations sur la parcelle :
- Un sol riche en bases (K+, Mg2+ et Ca2+) peu ou non actives engendre des pH parfois acides sur les 15 premiers cm du sol alors que le sous-sol est riche en calcium, magnésium (sol calcaire en profondeur = sol karstique = principalement des roches carbonatées dont essentiellement des calcaires).
- Un sol asphyxié par de la battance, tassement par les machines ou les animaux. Suite à des profils, on observe souvent des problèmes de verticalité des sols de prairie. C'est-à-dire qu'il n'y a plus d'échanges entre la surface et la profondeur du sol à cause des semelles de compactions. Dans ce cadre, le rôle du rumex est d'aller perforer ces couches imperméables pour recréer de l'échange entre le haut et le bas, mais aussi pour remonter des éléments riches en calcium, magnésium en surface. Cet effet est parfois très visible dans les champs où les pieds de rumex suivent les traces de tassement des machines. Travailler la compaction des terrains, en surface comme en profondeur, est donc essentiel.
- Des sols engorgés en matière organique végétale en cours de fossilisation, matière organique archaïque. Ce problème est souvent remarqué en prairie où la matière organique n'évolue plus et se fossilise, ce qui engendre de fortes teneurs en MO dans les sols mais qui ne bouge plus. Dans ce cas, il faut restituer du carbone labile (résidus frais = fumier frais, couverts, des produits non dégradés) en quantité. Cette partie de MO labile est la meilleure alimentation pour l'activité biologique.
Lutte contre le rumex
Empêcher son implantation
- Importance du semis : vérifier la qualité des semences ; assurer une densité et une répartition suffisante des graines de prairie (préférer des éléments semeurs rapprochés, par exemple: 10-12 cm au lieu de 17-19 cm).
- Maintien de conditions favorables à la culture de l'herbe : entretien du potentiel de fertilité des sols (pH, fertilisation adaptée) ; maintenir un gazon dense et fermé (pâturage tournant et fauches précoces) ; déplacer régulièrement les râtellers (pour éviter la destruction du couvert et le tassement du sol qui favorisent le rumex) ; réensemencer les zones dégradées.
- Re-semer des cultures étouffantes comme des mélanges avoine - vesce dans la prairie pour étouffer les rumex.
- Limiter les semis d’espèces qui favorisent le rumex comme le trèfle violet, implanter des espèces qui vont le combattre et prendre sa place comme la luzerne (dans un sol acide sableux c'est difficile, des apports réguliers de calcium sont souvent nécessaires pour les faire tenir).
Empêcher sa reproduction
- Broyer / couper la prairie lorsque le rumex est au moment de la floraison, au printemps. À ce stade, il a le moins de réserve dans ses rhizomes. Cela contribue à l’affaiblir.
- Passer un coup de dent avec socs pattes d’oie à ailettes à 7-15 cm de profondeur dans l’été permet aussi de séparer le collet du rumex contenant les bourgeons de la racine et les réserves. Cela l'affaiblit fortement aussi.
- Eviter absolument les grenaisons du rumex en intervenant avant l'apparition de la hampe florale du rumex :
- Avancer la date de fauche en faisant de l'ensilage ou de l'enrubannage précoce.
- Faucher ou broyer les refus sur parcelles pâturées.
- Limiter la dispersion des graines par le matériel de fenaison en excluant de la production de foin les parcelles fortement contaminées.
- Lutter à l'échelle de la rotation culturale :
- Rotation cultures / prairies
- Labour (enfouissement des graines)
- Déchaumages, faux-semis
- Lutte phytosanitaire (meilleure efficacité sur plantule)
- Supprimer les façons culturales à base d'outils animés ainsi que les outils à disques, car elles favorisent le développement des rumex, en fragmentant les racines en petits morceaux, aptes à repousser.
- Composter les fumiers avec deux retournements mécaniques minimum et assurer la persistance d'une température élevée (situées entre 65-70°C) : Un compost bien conduit permet de tuer la majorité des graines de rumex. Le fumier (même mûri pendant plusieurs mois) et les lisiers ne réduisent pratiquement pas la capacité de germination des graines de rumex.
Sources
Rumex en prairies, plan Ecophyto, programme Structurel Herbe et Fourrages en Limousin, 2016
Lutter contre le rumex en prairie permanente sans avoir recours à l’option chimique, AgroLeague
Annexes
S'attaque aux cultures