Introduire des méteils et installer un séchoir en grange pour gagner en autonomie alimentaire

De Triple Performance
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Antoine et Thomas Delahais. Crédit photo : Thomas Roland.
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Eleveurs laitiers, Antoine et Thomas Delahais se sont peu à peu spécialisés vers un système herbager. Ils ont ainsi amélioré leur production fourragère grâce à un séchoir en grange et ont réduit leur utilisation de produits phytosanitaires jusqu'à leur conversion à l'agriculture biologique.


Contexte de l'exploitation

  • Localisation : Bréauté, Seine-Maritime (76).
  • Ateliers / Productions : 60 vaches laitières (400 000 L de quota), 25 bœufs.
  • Main d’œuvre : 2 UTH.
  • SAU : 123 ha (100% engagés dans DEPHY).
  • Assolement 2014 (tous systèmes de culture) : 63 ha de prairie permanente, 50 ha de prairie temporaire, 10 ha de mélanges céréales/protéagineux.
  • Type de sol : Limons sableux à argileux, plus ou moins profonds.
  • Spécificités exploitation / Enjeux locaux : Bassins d’Alimentation de Captages.


Le système initial


Objectifs et motivations des évolutions

  • Maintien du système AB.
  • Autonomie alimentaire.
  • Dégager du temps.
  • Augmentation de la valeur ajoutée créée.


Les changements opérés

  • La part des prairies dans la SAU a largement augmentée.
  • L'autonomie alimentaire est assurée par la production d'un mélange céréales/protéagineux.
  • L'investissement dans le séchoir en grange permet d'optimiser la valorisation des prairies.
  • Élargissement du pâturage tournant aux génisses.
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Le système de culture actuel

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Dans ce système, la gestion des adventices est assurée par le labour (2 labours en 6 ans), par le retour régulier de la prairie, par l'effet allélopathique des différentes espèces, en particulier l'avoine et par la couverture du radis en interculture.


Résultats attendus

  • Gérer le salissement en agriculture biologique.
  • Améliorer progressivement la fertilité des sols.
  • Assurer l'autonomie alimentaire du cheptel laitier.


Focus 1 : Sécher son foin en grange pour améliorer la qualité des fourrages

Séchoir en grange. Crédit photo : Thomas Roland.

Avec le séchoir en grange, les chantiers de fauche sont réalisés en 24h à 48h, alors que la fenaison nécessitait auparavant une fenêtre d'une semaine de beau temps. Cette réactivité permet de mieux valoriser les prés de fauche et surtout les prairies à décrocher dans le pâturage tournant.

Par ailleurs, l'exportation rapide de l'herbe permet de limiter les pertes de feuilles au champ et ainsi d'améliorer sa valeur énergétique et azotée.


Focus 2 : Introduction du mélange céréales / protéagineux

Mélange de céréales et protéagineux. Crédit photo : Thomas Roland.

Le mélange céréales / protéagineux est une culture à la fois complète et économe, qui fournit un aliment équilibré pour les bovins laitiers.

La complémentarité entre les espèces permet de gérer la pression maladies et la concurrence des adventices sans la moindre intervention, ni chimique, ni mécanique. Grâce à la fertilisation par le pois, les reliquats azotés et la qualité du sol après une prairie, les rendements dépassent les 60 quintaux / ha, sans apport d'engrais. Cette culture ne nécessite aucune intervention entre le semis et la récolte, ce qui libère du temps pour optimiser la valorisation des prairies en parallèle.

"Travailler moins et mieux pour gagner plus : un aliment riche et équilibré, produit sans intrants !"


Témoignage du producteur

Antoine Delahais et Thomas Roland. Crédit photo : Thomas Roland.

Qu'est-ce qui a motivé ce changement de système ?

"Depuis l'installation d'Antoine en 1996, nous avons travaillé à limiter l'usage de produits phytosanitaires pour réduire nos coûts de production et augmenter notre marge, tout en préservant la fertilité de nos sols et la qualité de notre eau. Nous souhaitions poursuivre notre démarche jusqu'à l'agriculture biologique, afin de gagner en autonomie vis-à-vis des herbicides et des concentrés azotés."


Quelles sont les conséquences sur votre temps de travail et votre qualité de vie ?

"Si la plupart des travaux nécessitent aujourd'hui d'être toujours à deux (distribution du foin depuis le séchoir, chantiers de fauche), notre changement de système nous a globalement permis de nous dégager plus de temps et génère moins de stress, vis-à-vis des aléas climatiques, de la gestion des adventices et des maladies notamment."


Si c’était à refaire ? Quels enseignements tirez-vous de votre parcours ?

"Nous avions quelques doutes au départ sur l'importance de l'investissement dans le séchoir et la valeur nutritive du foin. Il nous a fallu 2 ans pour bien ajuster notre nouvelle ration. Nous aurions pu prendre plus de temps en amont pour mieux penser la logistique du séchage, de la distribution et pour mieux nous former, afin de gagner du temps sur la mise en place du nouveau système d'alimentation. Mais nous sommes très satisfaits de ce changement, qui nous a permis de repenser entièrement et d'améliorer la gestion sanitaire du troupeau laitier."


Quelles perspectives pour demain ?

"Nous souhaitons développer les débouchés locaux pour vendre l'excédent de foin et nos animaux engraissés. Toujours dans une optique d'augmentation de la création de valeur ajoutée, nous avons le projet de nous lancer dans la production de plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) et ainsi embaucher un salarié."


Le regard de l’ingénieur réseau DEPHY Thomas Roland

Thomas Roland.

Le GAEC Delahais s'est engagé il y a plus de 20 ans dans la démarche de réduction d'intrants, pour générer plus de valeur ajoutée et gagner en autonomie.

Il y a deux ans, ils ont franchi une étape de plus, avec leur conversion à l'agriculture biologique et l'optimisation de leur système herbager par le séchoir en grange.

Ce système est pour moi un exemple de cohérence et de performance agronomique. Antoine et Thomas ont réussi le défi de s'affranchir des produits phytosanitaires et des engrais de synthèse tout en maintenant un bon niveau de production.

Les performances du système de culture

Depuis longtemps, la diversité des cultures, dans une rotation longue, a permis de réduire très significativement l'IFT hors herbicides (suppression des insecticides et réduction des fongicides). Cette rotation, associée au labour et faux semis ont aussi permis de réduire l’IFT herbicide. Cette démarche d'économie en intrants et de retour à l'agronomie, conduite sur le long terme, a préparé peu à peu la conversion à l'agriculture biologique en 2013.

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Autres indicateurs Evolution Remarques
Economique Produit brut = La perte de produit par l'arrêt de la vente de céréales est compensée par la vente de foin et une meilleure valorisation du lait en bio, ce qui permet un maintien du produit brut dégagé sur l'exploitation. Les charges phytos sont aujourd'hui nulles et les autres charges (semences, amendements bio) ont été largement réduites.
Charges phytos -
Charges totales -
Marge brute +
Charges de mécanisation = Avec le nouveau système de culture, les charges de mécanisation sont largement réduites sur l’atelier culture, mais contrebalancées par l'investissement important dans le séchoir.
Temps de travail - Le temps de travail sur l'atelier cultures a nettement diminué et le séchoir en grange permet plus de flexibilité dans la gestion des périodes de fenaison, lissant ainsi les pics de travail.
Rendement = Difficilement comparables car l’assolement a été entièrement modifié.
Niveau de maîtrise Adventices =
Maladies + Le nouveau système de culture est très robuste face aux pressions amoindries des ravageurs et maladies.
Ravageurs +


Leviers mobilisés

  • Cultiver des associations céréales-protéagineux qui fournissent un aliment équilibré pour les bovins laitiers. La complémentarité entre les espèces dans le mélange permet de gérer la pression maladies et la concurrence des adventices sans la moindre intervention, ni chimique, ni mécanique. 
  • Installer un séchoir en grange pour mieux valoriser les prés de fauche et surtout les prairies à décrocher dans le pâturage tournant. Par ailleurs, l'exportation rapide de l'herbe permet de limiter les pertes de feuilles au champ et ainsi d'améliorer sa valeur énergétique et azotée.


Principaux résultats et enseignements

  • Antoine et Thomas ont réussi le défi de s'affranchir des produits phytosanitaires et des engrais de synthèse tout en maintenant un bon niveau de production.
  • Le changement de système leur a globalement  permis de se dégager plus de temps et d'avoir moins de stress vis-à-vis des aléas climatiques, de la gestion des adventices et des maladies. 


Source

Un séchoir en grange pour optimiser la valorisation d'un système herbager et gagner en autonomie - Fiche trajectoire DEPHY. Document réalisé par Thomas Roland, Ingénieur réseau DEPHY, Les Défis Ruraux (76) en décembre 2014.


Action pilotée par le ministère chargé de l'agriculture, avec l’appui financier de l’Office national de l'eau et des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto

Logos REXDelahais.png


Annexes

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