Transformer et stocker les ressources alimentaires protéiques

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Balles et grains de Petit Epeautre avant décorticage


Dans le cadre de l'autonomie en protéines, la question de la transformation et du stockage des fourrages et des concentrés se pose car la solution choisie peut permettre d'optimiser cette autonomie. Les investissements dans une grange, un silo, un toasteur, une aplatisseuse ou une extrudeuse n'étant pas anodins, il est important de bien définir ses objectifs et d'avoir en tête les différentes options possibles. On décrit ici les méthodes dont nous n'avons pas encore parlé dans ce guide et la liste n'est pas exhaustive.

Le séchage du foin en grange[1]

Description

Grange à foin

Pour le séchage en grange, il faut du fourrage récolté et préfané. Le séchage se poursuit en grange par ventilation d’air chaud et permet de maximiser la valeur alimentaire du foin. Le fourrage doit à la fin être à un taux minimum de 85% de MS. L’air chaud et sec est ventilé à la base de la cellule de séchage et circule de bas en haut à travers le tas de foin qui repose sur un caillebotis en bois. Après 2 ou 3 semaines de ventilation, le foin sera sec.

Avantages et limites

  • Le foin peut être conservé très longtemps et est de très grande qualité nutritive.
  • L’herbe est moins travaillée et moins abîmée par les engins de fanage que lors de la réalisation d’un foin séché au champ.
  • Les pertes via les feuilles, surtout des légumineuses, sont réduites. Ce foin est ainsi plus riche en protéines, très appétant et adapté à la physiologie des ruminants.
  •  La grange, en plus de servir pour sécher le foin, sert de lieu de stockage.
  • La mise en place du bâtiment et de l'équipement peut cependant être très couteux.

Aspects économiques

La mise en place d’un séchoir à foin constitue un investissement important en bâtiment (cellules de séchage, sous-toiture…) et en matériel (griffe, auto-chargeuse, ventilateurs…). Les coûts d’investissement peuvent varier de 50000€ à plus de 300000€ selon la capacité requise, les bâtiments existants ainsi que la part d’auto-construction.

Cependant les frais de fonctionnement (ventilateur et griffe) sont relativement faibles (de 4 à 6 €/t MS de foin). En général, l’amortissement est réalisé sur une période de 10 à 15 ans. Mais selon une étude des réseaux d’élevage de l’Ouest, les exploitations utilisant le séchage en grange ont constaté des gains sur les coûts des concentrés. La trésorerie et le revenu sont cependant diminués pendant la phase de remboursement et d’amortissement de l’équipement.

Pour la production laitière, ce système permet de travailler de façon économique avec des vaches qui ont une production maximale de 8000 L/an. Au-delà de cette production, l’autonomie protéique des rations à base de foin n’est pas garantie.

Les traitements thermiques

Le toastage[2]

Description

Le toastage est le chauffage des graines de protéagineux (féverole, pois, lupin…). Une fois les graines toastées, il faut les stocker à l'abri et au sec.

Avantages/Limites

  • Le toastage permet d'augmenter la digestibilité et donc le taux de protéines assimilables dans l’intestin. Il permet d’éliminer certains facteurs antinutritionnels et d’assurer la conservation des grains grâce à un taux de MS élevé. Ainsi, des féveroles toastées se conserveront pendant 6 mois tandis que des féveroles crues se conservent un mois et demi.
  • L’augmentation de la MS induit une augmentation du taux de protéines.
  • Le bilan économique varie fortement, notamment en fonction du prix des concentrés et du prix du lait. Il faut donc adapter le toastage à chaque situation.

Aspect économique

Le plus économique est de louer le toasteur à une CUMA équipée ou chez un entrepreneur.

Faut-il toaster ?

Oui si... Non si...
Fourrages de qualités mais déficitaires en PDIE Ration de base déséquilibrée
Ration avec suffisamment d'azote soluble Troupeau en fin de lactation
Besoin d'azote by-pass (protéines et acides aminés

directement fournies par la ration qui seront absorbés

au niveau de l’intestin)

Besoin d'assurer la conservation des protéagineux
Objectif d'autonomie alimentaire

L'extrusion[3]

Description

Les systèmes d’extrusion permettent d’ouvrir les cellules graisseuses, réchauffent les matières premières avant le passage à la presse d’huile et augmentent la quantité d’huile lors du pressage. Cela permet ensuite d'obtenir du tourteau. Le stockage doit se faire à plat au sec et au frais, à l'abri de la lumière et dans un endroit ventilé.

Avantages

  • L’extrusion augmente la digestibilité des céréales et des légumineuses de 60 à 90 %.
  • Elle permet d’éliminer les micro-organismes nuisibles.
  • Elle permet de combiner un mélange de composants de fourrage dans des granulés alimentaires ou des flocons extrudés. Si la matière première est le soja ou le colza, l’extrudeuse à monovis peut aider à réduire les anti-nutriments tels que les inhibiteurs de trypsine, les inhibiteurs d’uréase et les lectines, qui sont néfastes pour la digestion animalière.
  • Avant l’extraction mécanique d’huile, la matière première est traitée à l’intérieur du barillet de l’extrudeuse, les graines oléagineuses sont comprimées, broyées et chauffées.

Aspect économique

L'extrusion augmente l’efficacité économique de l’élevage.

L'aplatissage[4]

Pour valoriser des céréales on peut les aplatir. L’agriculteur devra alors investir dans un aplatisseur ou faire appel à un entrepreneur ou une CUMA équipée.

Les ruminants apprécient les céréales aplaties grâce à la structure grossière des flocons et assimilent mieux les grains aplatis que les grains entiers. Comme les grains aplatis possèdent une meilleure appétence, moins d’aliment est consommé. L'aplatissage permet une meilleure digestion et une meilleure santé des animaux. Une céréale fraîchement aplatie garde ses vitamines et ses qualités nutritives.

Les céréales aplaties se conservent à l'abri et au sec.

Le décorticage

Le décorticage des graines oléagineuses permet d'augmenter significativement le taux de protéines dans les tourteaux. C'est notamment le cas pour le tournesol (27% de protéines sans décorticage contre 45% avec décorticage) et le colza (33% de protéines sans décorticage contre 42% avec décorticage). Le problème majeur est la difficulté de bien décortiquer les graines.

Il est préconisé de stocker les tourteaux à plat au sec et au frais, à l'abri de la lumière et dans un endroit ventilé.

L'ensilage

Les silos permettent de stocker l'ensilage pour le donner aux animaux en saison sèche et froide. Il existe plusieurs types de silos en fonction des objectifs. Pour plus d'infos sur l'ensilage, cliquez ici.

Le silo couloir pour les grands volumes

Le silo couloir est simple à construire et est le plus privilégié dans les fermes, notamment pour le maïs. Le tassage et la couverture sont contraignants mais le silo couloir est plus simple à reprendre au quotidien. Le coût moyen d’un silo couloir bétonné de 2,5m de hauteur pour 10m de large se situe entre 76 et 116 euros/m².

La taupinière, le plus économique

Elle nécessite peu de matériaux : une dalle en béton au sol ou une bâche épaisse et une bâche de fermentation avec des poids. L'étanchéité est cependant inférieure aux silos couloirs et la gestion est compliquée. La taupinière est envisageable pour des excédents ou comme silo tampon.

Le silo tour reste coûteux

Silo tour

Bien connu aux Etats-Unis, le silo tour commence à émerger en France mais il reste très coûteux. Il permet de stocker de grands volumes sur des surfaces restreintes. Aucune opération de tassage ou bâchage n'est nécessaire, ce qui améliore le travail au quotidien et une seule personne peut remplir le silo.  

Le silo boudin pour les petites quantités

Le silo boudin est très coûteux mais permet une excellente conservation. Le coût est d’environ 300 euros HT/ha[5]. Il peut être utilisé comme silo de transition pour un autre site que le principal ou pour silo estival quand les vaches consomment moins d’ensilage.[6]

La distribution des rations[7]

Il existe trois voies de simplification de la distribution des rations :

  • fréquence de distribution,
  • simplification de la ration,
  • mécanisation.
Vaches qui mangent @ Cercier (50953832756).jpg

On peut par exemple limiter le nombre de distributions : une fois par jour ou une fois tous les deux jours. Il est possible de gagner jusqu’à 30% de temps pour les génisses ou les vaches allaitantes.

On peut aussi choisir la distribution à volonté. Cela est possible si l’on connait la valeur alimentaire de son fourrage, les quantités des fourrages, et que les lots d’animaux sont homogènes.

La mécanisation est à envisager en fonction du fourrage à distribuer et de la taille du troupeau.

Matériel à envisager si mécanisation de la distribution des rations
- 200 animaux + 200 animaux
Paille/Foin Dérouleuse

Râtelier tournant

Mélangeuse

Dérouleuse

Râtelier tournant

Enrubannage
Ensilage d'herbe Godet dessileur

Dessileuse

Godet dessileur

Dessileuse

Mélangeuse

Ensilage de maïs
Concentré Godet dessileur

Au niveau du prix, cela ne coûte rien pour une modification de l'organisation mais si l'éleveur envisage la mécanisation il faut compter entre 30 et 80 euros/UGB selon les choix retenus.

Les stratégies de stockage[8]

  • Constituer des stocks de report, notamment avec des fourrages secs qui se conservent pendant longtemps, pour les périodes où l'on manque de fourrages.
  • Diversifier le système fourrager via les cultures (méteils par exemple) mais aussi via les périodes de récolte. Cette diversification est gagnante lorsque les conditions climatiques se compliquent.

Notre série de guides sur l'autonomie protéique


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Cette page a été rédigée en partenariat avec Plein Champ

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Annexes


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