Ferme d'Israël Gadji
Agroécologie, diversité des cultures, fertilité des sols, compost, association culturales
Israël Gadji
Israël Gadji, agriculteur à Sèmè Kpodji au Bénin cultive ses terres selon les principes de l'agroécologie. Voici le portrait de sa ferme.
Contexte
- Nom : Israël Gadji.
- Localisation : Sèmè Kpodji, Bénin.
- Date d’installation : 2004.
- Surface cultivée : 4 ha. "Je suis en train d’étendre ma surface culturale, j'ai un site que je cultive depuis 20 ans, un autre depuis 5 ans, un autre depuis 2 ans, le dernier est en cours de défrichage.
- Texture du sol :Sableux.
- Nombre de personnes travaillant sur l’exploitation (UTH) : 4, mais de mars à juin 6 personnes en plus. Israël recrute des travailleurs journaliers pour le désherbage et les travaux de récolte.
- Productions :
- Cultures maraîchères : Tomate, piment, poivron, carotte, salade, amarante.
- Arbres fruitiers : Noix de coco, canne à sucre.
- Elevage porcin : Élevage de 20 porc, 10 de "race améliorée", 10 de race locale.
- Climat : Sèmè Kpodji possède un climat de savane à hiver sec (Aw) selon la classification de Köppen-Geiger. Sèmè Kpodji est une zone avec des précipitations importantes. Même pendant le mois le plus sec, il pleut beaucoup. Sur l’année, la température moyenne est de 27,4°C et les précipitations sont en moyenne de 1217,1mm.
- Études/formation/parcours de vie :
- Enfant de fermier, agriculteur depuis tout petit, il aide son père dans les champs.
- Master en Biologie Végétale Apliquée à l'Université d'Abomey Calavi (UAC).
- Stage à l’Institut National de Recherche Agricole du Bénin (INRAB).
- Ca fait 20 ans qu’il fait de l’agriculture.
Motivations et objectifs
Israël voit dans l’agroécologie une possibilité de changement de système pour diminuer l’utilisation des pesticides.
Il a plusieurs objectifs :
- Avoir une réputation nationale et internationale en maraîchage.
- Améliorer les rendements de manière significative.
- Créer un centre de formation agricole.
Volet agronomique
Pratiques agricoles
Gestion de la fertilité des sols
- Le sol est sableux, très peu de matière organique et d’argile, très peu de nutriments et lessivage très important.
- Israël utilise des fientes de poule, de la bouse de vache et du tourteaux de soja pour la croissance des cultures maraîchères. Il fait les apports après repiquage. Les matières organiques animales sont achetées en commun grâce à la coopérative de laquelle Israël est partenaire.
- NPK et urée pour la floraison et la fructification.
- Apport de fertilisant en fonction des besoins qui sont principalement identifiés par l’observation.
Gestion des ravageurs
- Insecticide : Acetamipride-Lambda contre la mouche blanche , thrips et pucerons sur la tomates[1].
- Fongicide : Mancozèbe, mais ce fongicide est désormais interdit en Europe.
Les traitements insecticides et fongicides sont appliqués en préventif.
Travail du sol
- Travail manuel à la houe.
- Culture en billon.
- Travail à 20-30 cm de profondeur.
Stratégies face aux contraintes
- L'utilisation de produits phytosanitaires ( engrais et pesticides) : Jusqu’à cette année le prix était très accessible, mais maintenant que le gouvernement Béninois ne subventionne plus les phytosanitaires, Israël recherche des alternatives plus économiques à la chimie. C’est une des raisons pour laquelle il accepte la conduite des expérimentations sur ses parcelles, cela permettra de trouver des alternatives à l’utilisation de produits chimiques de synthèse.
- La variabilité climatique et à la saisonnalité de la production qui engendre une chute des prix et une faible valorisation de la production (tout le monde produit en même temps, donc le prix chute très fortement car il y a plus d’offre que de demande). Israël met en place une culture de contre saison dans les bas fonds pour la tomate.
- La pression de certains ravageurs :
- Changement de variétés pour avoir des variétés résistantes au Ralstonia (bactérie).
- Utilisation de l'amarante pour "laver" les planches de cultures du nématodes. "L’amarante n’est pratiquement pas sensible aux dégâts causés par les nématodes. Les larves qui pénètrent les racines de la plante ne se développent pas. De plus, la récolte par arrachage enlève les larves de nématode qui ont pénétré dans les racines, laissant un sol plus favorable à une culture suivante de laitue, de gombo, de tomates ou d’autres légumes sensibles aux nématodes à galles."[2]
Système hydrique
- Source, volume et débit : Forage (8-9 m de profondeur), 120 L / min.
- Méthode d’irrigation : Tuyau percé et gouttes à gouttes.
- Fréquence d’arrosage : 2 fois par jour minimum.
Volet social
Satisfactions / insatisfactions
- Charge de travail : 7
- Economique : 8
- Confort de travail : 8
- Sociale : 9
- Cadre de vie : 8
Echelle de 1 = très insatisfait, à 10 = très satisfait.
Environnement
Accompagnement technique / aides
Projet PADMAR pour les forages, les systèmes d'irrigation.
Coopération avec d’autres agriculteurs
Échange entre les agriculteurs de la coopérative pour améliorer les techniques de production ou lutter contre des maladies ou ravageurs particuliers. Ils procèdent aussi à l’achat groupé de matière première, notamment la matière organique (fiente de poule, tourteaux de soja,...) afin de diminuer les coûts de transport et d’avoir plus de pouvoir de négociation et de la MO à un prix plus faible que s'ils achetaient un par un.
Volet économique
Foncier
L’état est propriétaire du foncier, il a un agrément pour l’exploitation.
Matériel
- Pompes : 250 000 - 300 000 FCFA.
- Système d’irrigation (tuyaux, raccords) : Tous les tuyaux mesurent 4m :
- Tuyau de 75mm PVC pour le puit : 20.000 FCFA.
- Tuyau à pression de 75 pour l'installation : 10 000 FCFA.
- Tuyau à pression de 50 pour l'installation : 5 000 FCFA.
- Coudes, T , réducteur : 2000 FCFA l'unité.
- Bande de 100 m : 25 000 FCFA l'unité.
- Raccord de 50 m : 50000 FCFA l'unité.
- Pot de colle : 5000 FCFA.
- Pomme d'arrosage : 5000 FCFA l'unité.
- Vanne : 10 000 FCFA l'unité.
- Lame de scie : 2000 FCFA.
- Combustibles pour la pompe (essence, gaz et huile de vidange) : 100.000 FCFA / mois.
- Pulvérisateurs :
- Manuel : 30 000 FCFA.
- Electronique : 50 000 FCFA.
- Outils (Houe, binette, machette,...) : 15 000 FCFA.
- Matière organique :
- Les fientes de poule : Sacs de 50 kg : 2500 FCFA, sacs de 100kg : 5 000 FCFA.
- Compost : 20 000 FCFA les 50 kg.
- Intrants chimiques :
- Engrais (urée, NPK) : Les sacs de 50kg varient entre 25 000 et 30 000 FCFA.
- Insecticides : Les prix varient sur le marché.
- Fongicides : Les prix varient sur le marché.
Dons, aides financières
Le projet PADMAR a accompagné Israël dans la réalisation des puits de forage, de l'acquisition des pompes et de systèmes d'irrigation.
Charges
Semences, MO, intrants phytosanitaires, pulvérisateur : pour la tomate = 3 millions FCFA.
Revenus
"Si la saison est bonne je peux faire un chiffre d'affaire allant jusqu'à 20 000 000 FCFA sur toutes les spéculations."
Stratégie commerciale/ Débouchés
- Vente à des grossistes. La majeure partie de la production de tomates part au Nigeria et est transformée là-bas avant de revenir au Bénin pour être vendue.
- Vente à des "bonnes dames" intermédiaires qui viennent acheter directement aux bords des parcelles.
Les conseils de l’agriculteur
- Si tu te lances dans l’agriculture ne le fais pas pour chercher un maximum de profit. Il faut être passionné. Il ne faut pas être agriculteur juste pour l’argent.
- Il faut diversifier les activités de productions et les secteurs cultivés.
Galerie photos
La transition agroécologique par l'expérimentation
Dans la quête d'une agriculture plus durable et résiliente, Israël a entrepris de mettre en place avec les membres de l’Université d’Abomey Calavi et l’équipe de Ver de Terre Production une expérimentation d'agroécologie. Cette initiative novatrice mise en place dans le cadre du projet URBANE vise à transformer les pratiques traditionnelles en adoptant des méthodes respectueuses de l'environnement tout en préservant et/ou améliorant la productivité agricole. Au cœur de cette démarche se trouve l'intégration de couverts végétaux associés en précédent cultural de la tomate, suivie de la plantation de tomates dans les andins formés par la fauche des plantes de couverture.
L'objectif principal de cette expérimentation est d’améliorer la structure du sol et sa fertilité chimique, physique et biologique. En favorisant la biodiversité et en réduisant le travail du sol, Romuald espère réduire sa dépendance aux intrants chimiques et ses besoins en irrigation. En associant des légumineuses et des céréales en précédent cultural pour la tomate, l'expérience vise à enrichir le sol en azote et en matière organique, deux éléments essentiels à la fertilité du sol.
Matrice d'essai
L'expérimentation repose sur trois modalités de culture :
Avec, à chaque fois, un témoin sans plantes de couverture. Ces différents agencements permettent d'évaluer l'efficacité de différentes combinaisons de cultures dans l'amélioration de la fertilité du sol. Le dispositif est répété sur plusieurs cycles pour mesurer l'évolution des résultats sur le long terme.
Au cours de l'expérimentation, plusieurs défis ont été identifiés, notamment en ce qui concerne la gestion de l'eau et de la fertilité du sol. La culture en contre-saison, bien que bénéfique pour la production, a nécessité davantage d'irrigation et de travail. Cependant, l'amélioration de la structure du sol grâce aux légumineuses et à la matière organique issue de la dégradation des plantes de couverture offre des perspectives prometteuses pour réduire les besoins en engrais minéraux et en irrigation à moyen terme.
Suite de l'expérimentation et conseils
Pour maximiser les bénéfices de cette expérimentation, il est essentiel d'optimiser certains paramètres, tels que l'irrigation, le type et la gestion de la matière organique. Une adaptation de la matrice d'essai en fonction des conditions spécifiques du terrain permettra d'obtenir des résultats plus précis et plus facilement réplicables.
De plus, il est recommandé de poursuivre les recherches pour affiner les pratiques agricoles et garantir une transition réussie vers une agriculture plus durable et résiliente.
Photos des expérimentations
Essais fertilité
Mise en place de l'expérimentation : plantation et croissance couvert végétaux
Suivi d'expérimentation : Test VESS, Méthode MERCI et destruction du couvert
Essai Ralstonia
Mise en place de l'expérimentation: plantation et croissance
Suivi d'expérimentation : Méthode MERCI et destruction du couvert
Résultats de l'essai
Sources
Interview d'Israël Gadji réalisée en Mars 2024 par l'équipe de Ver de Terre Production dans le cadre du projet Urbane.
Crédits photos : Israël Gadji et Alexandre Cottin.
Cette page a été rédigée en partenariat avec le projet Urbane et grâce au soutien financier de l'Union Européenne.