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Transition en ACS en système grandes cultures et cultures fourragères

De Triple Performance
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Semis de blé après destruction du couvert (crédit photo : Victor Dubuet)

Victor Dubuet est agriculteur céréalier en Côte d'Or. Il est passé en travail superficiel en 2012 et a démarré une transition vers l'agriculture de conservation en 2015, notamment pour lutter contre le phénomène d'érosion très présent sur ses parcelles.


Contexte de la mise en œuvre

Je me suis installé en 2012, en reprenant l'exploitation de mon oncle. Celle-ci est située quelques kilomètres au sud de Dijon, et une majorité des parcelles est en côteaux. J'ai directement décidé d'arrêter le labour, car ce n'est pas adapté sur ce type de sol et ça me prend beaucoup de temps. J'ai aussi quelques parcelles en Agriculture Biologique (AB) et je réfléchis à une transition vers l'AB sur toute l'exploitation.


Motivations à la transition

A partir de 2015, j'ai entamé une transition vers l'Agriculture de Conservation des Sols (ACS), dans le but de répondre à plusieurs enjeux :


Mise en place

Etapes


Matériel

La charrue a été vendue dès que j'ai décidé de ne plus l'utiliser. C'était surtout pour éviter toute tentation de retour en arrière. J'ai gardé le reste du matériel au cas où, et car il n'a pas une grande valeur.

Le seul investissement en lien avec le passage à l'ACS a été un semoir à disques pour semis direct, qui a permis une augmentation du rendement de 10 q en blé, mais j'utilise aussi mon semoir à dents quand les conditions le permettent.

Semis de blé après destruction du couvert précédent
Semis de blé après destruction du couvert précédent (crédit photo : Victor Dubuet)


Pratiques

Semis

J'ai commencé par tester le semis direct avec de l'orge de printemps sur une parcelle de 4 ha. J'ai utilisé un semoir à dents qui était inadapté ce qui a causé des problèmes à la fermeture des sillons. Cependant, l'essai a été concluant car la culture a beaucoup moins subi la sécheresse que celles ayant été travaillées.

Le semoir à dents s'est aussi avéré inadapté pour semer dans un couvert de trèfle, mais cela a été résolu en passant au semoir à disques.

  • Semis d'automne : semoir à disques plus efficace pour passer dans la végétation.
  • Semis de printemps : semoir à dents puis rouleau (plus gros débit de chantier).


Couverts

Couvert de colza, lin, sarrasin et tournesol
Couvert de colza, lin, sarrasin et tournesol (crédit photo : Victor Dubuet)

Les couverts végétaux sont l'outil agronomique principal en agriculture de conservation, mais ils sont aussi difficiles à maîtriser. Il faut réussir à garder un équilibre entre la culture et le couvert pour ne pas qu'il y ait d'impact négatif. Il faut voir le couvert comme une culture et bien s’en occuper.

Je ne le fertilise pas pour autant car cela ajoute des charges et il y a toujours un risque qu'il ne se développe pas s'il fait trop sec.

  • Cultures semées au printemps : couvert à développement rapide pour apport de biomasse.

Pour la destruction du couvert, 1,5 L/ha de glyphosate suffisent. Pour les parcelles en AB, privilégier un couvert gélif ou permanent comme la luzerne dans une culture haute (blé, épeautre).

Cette année (2021) je fais un essai de seigle forestier dans de la luzerne pour faire de l'ensilage.


Lutte contre les adventices et les ravageurs

  • Les couverts gérés correctement permettent de bien limiter le développement des adventices.
  • Les pailles sont exportées pour limiter la pression des limaces.


Sources d'informations

J'ai entendu parler de l'ACS sur internet, c'est d'ailleurs là que je trouve la majorité de mes informations. Il y a de nombreux témoignages et retours d'expérience sur Youtube qui permettent de comparer les méthodes et les réponses en fonction des conditions pédoclimatiques.

Pour accompagner ma transition, j'ai aussi adhéré à Ver de Terre Production, qui partage beaucoup d'informations sur les diverses pratiques en lien avec l'ACS. Ce qui est préconisé n'est cependant pas toujours adapté à la réalité du terrain en Côte d'Or. C'est pourquoi je confronte leurs conseils à ceux de la coopérative, bien qu'elle ne soit pas particulièrement intéressée par ces pratiques. Cela permet de garder une certaine lucidité et objectivité.

J'ai aussi un voisin qui s'est lancé en ACS en même temps que moi avec qui je collabore beaucoup pour mener à bien des essais et mettre en commun nos travaux.


Résultats

Agronomiques et environnementaux

  • Sur les premières parcelles où j'ai arrêté le travail du sol, il n'y a presque plus d'érosion. La majorité étaient en côteaux et en haut de parcelle il n'y avait presque que du caillou. En plus de limiter le lessivage, les couverts apportent de la matière organique et rajoutent (à long terme) une épaisseur de terre.
  • L'eau s'infiltre aussi beaucoup mieux dans le sol, il n'y a plus les croûtes de battance qui sont encore observables chez les voisins qui ne pratiquent pas l'ACS.
  • Les couverts permettent de libérer et faire remonter le phosphore et la potasse piégés en profondeur et donc de diminuer les apports.
  • Diminution de la présence d'adventices dans les parcelles avec couvert.
  • Aucune perte ni augmentation du rendement pour l'instant, mais un sol de plus en plus sain.


Economiques et sociaux

  • Baisse évidente des charges : 25 000 € d’économie en carburant, pas d'augmentation d'utilisation des produits phytosanitaires, et économie moyenne de 150 à 250 €/ha.
  • Gain de temps conséquent me permettant de me consacrer à d’autres choses comme les travaux chez d'autres agriculteurs. J'ai maintenant la possibilité de prendre 15 jours de vacances en été. Le travail est plus agréable, le temps passé sur un tracteur diminue beaucoup, au profit de temps d'observation dans les champs et de réflexion, ce qui est selon moi plus proche du travail originel d'un agriculteur et plus gratifiant.
  • Coût de mise en place d’un couvert : 10-15 €/ha.
  • Aucune subvention ou label perçus pour la mise en place de ces pratiques.


Bilan de la transition

A refaire ?

Absolument ! Si c'était à refaire j'aurais passé toute l'exploitation en ACS dès 2015.


Conseils

Le plus dur dans cette transition selon moi est le moral. On n'est pas toujours bien entouré et le confit de génération est très fort. C'est donc important de s'écouter et de prendre confiance en soi malgré les doutes de l'entourage.

  • Ne pas toujours écouter les anciens et les techniciens qui n'y croient pas, s'entourer d'autres agriculteurs pratiquant l'ACS pour échanger et se soutenir.
  • Se faire son propre avis et notamment en s’aidant de tout ce que l’on peut trouver sur internet.
  • Essayer d’abord sur des petites surfaces pour limiter les risques liés à l'apprentissage.


Sources

Interview de Victor Dubuet réalisée le 25/11/2021.


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Cette page a été rédigée en partenariat avec L'Institut agro Dijon

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Annexes


Matériels évoqués dans ce retour d'expérience

Cultures évoquées


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