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Pâturage tournant pour diminuer les phytos et augmenter l'autonomie alimentaire du troupeau

De Triple Performance
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Bruno et Christine Gobe


Bruno et Christine GOBE, éleveurs laitiers, maintiennent un usage réduit de produits phytos sur leur exploitation. Avec le pâturage tournant comme base de l’alimentation du troupeau, ils ont su réduire leurs charges, améliorer l’autonomie alimentaire du troupeau et leurs conditions de travail.


Contexte de l'exploitation

  • Localisation : Saint Ouen des Toits, Mayenne (53).
  • Ateliers/Productions : 50 vaches laitières (277 000 L produits / an).
  • Main d’œuvre : 2.2 UTH (0.2 UTH salarié).
  • SAU : 64.5 ha dont 1.3ha à 5km (100 % engagé dans DEPHY).
  • Assolement 2014 (tous systèmes de culture) : 36 ha de prairie temporaire, 16 ha de prairie permanente, 6 ha de maïs ensilage, 4 ha de triticale-avoine, 2 ha d'avoine-trèfle incarnat.
  • Types de sol : Limoneux – terres hétérogènes (séchantes ou hydromorphes).
  • Spécificités exploitation / Enjeux locaux Exploitation : située dans un bassin de production en polyculture-élevage. Bocage préservé.


Le système initial

  • A leur entrée dans le réseau DEPHY, Bruno et Christine Gobe conduisaient une exploitation de vaches laitières principalement nourries d’herbe pâturée et de maïs ensilage. Le système de culture, déjà économe en produits phytosanitaires, était orienté vers l’alimentation des vaches.
  • L’exploitation avait beaucoup évolué avant son entrée dans le réseau DEPHY : désintensification avec arrêt de l’atelier taurillons, diminution du maïs et des céréales au profit de la prairie.


Objectifs et motivations des évolutions

  • Motivations liées aux risques santé et environnementaux.
  • Diminuer le temps de travail.
  • Réduire les charges de l’exploitation.
  • Gagner en autonomie alimentaire du troupeau.


Les changements opérés

  • Depuis 2013, la rotation a légèrement évolué pour sécuriser davantage le système fourrager. Suite aux sécheresses de 2010-2011, les éleveurs ont scindé la culture de céréales en deux mélanges à destination différente : triticale-avoine pour le grain et avoine-trèfle incarnat en enrubannage.
  • L’itinéraire technique des cultures n’a pas évolué mais a permis de maintenir un IFT faible.
Moyenne des IFT des 4 dernières années: -92% par rapport à la référence régionale


Le système de culture actuel

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Dans ce système, la gestion des adventices s’appuie sur une combinaison de leviers agronomiques dont :

  • Des couverts étouffants (prairie et mélange céréales-protéagineux).
  • Le décalage des dates de semis.
  • Du désherbage mécanique permettant de maîtriser les adventices du maïs avec un traitement sur le rang.
  • La navette qui permet de décompacter le sol et nuire ainsi aux rumex.


Résultats attendus

  • Assurer l’autonomie alimentaire du troupeau à moindre coût.
  • Tolérance des dommages sur culture sans perte économique.
  • Rendements souhaités :
    • Maïs ensilage : 11 tMS/ha.
    • Triticale : 50 q/ha + 5t paille/ha.


Focus 1 : Mélange avoine-trèfle incarnat et navette fourragère pour sécuriser le système fourrager

© CIVAM AD 53, Mayenne.

Bruno et Christine Gobe intègrent du mélange céréalier dans leur rotation. Ce dernier à le double avantage d’être économe en produits phytosanitaires et de sécuriser le système fourrager grâce à sa double destination possible. Cultivé pour son grain, le mélange céréalier peut également être utilisé comme fourrage. C’est ce qu’ont fait Bruno et Christine lors des sécheresses de 2010 et 2011. C’est pourquoi, dès 2012, ils ont intégré un second mélange composé d’avoine et de trèfle-incarnat à destination de l'enrubannage.

La navette fourragère intervient comme culture intermédiaire après cet enrubannage pour offrir une pâture en fin d’été aux vaches laitières. La navette, culture étouffante est également appréciée pour son effet dépressif sur le rumex en décompactant le sol.


Focus 2 : Prairie multi-espèces, bien préparer le semis pour limiter les adventices

© CIVAM AD 53.

La prairie est la base du système fourrager de l’exploitation. Bruno s’est tourné vers les prairies à flore variée car il recherche la robustesse et la résilience face aux aléas, en plus de la complémentarité apportée par la diversité d’espèces. Il sème 5kg/ha de RGA 2n demi tardif, 4kg de RGA 4n, 5.5kg de fétuque élevée, 3.5 à 4kg de fétuque des prés, 1.5 à 2kg de fléole, 2kg de trèfle blanc, 1kg de trèfle blanc agressif et 2kg de trèfle hybride. Il ajoute 10kg/ha de luzerne lorsque la prairie est à dominante fauche.

Après la moisson des céréales, Bruno et Christine réalisent deux déchaumages, "à 10 – 15 jours d’intervalle selon la levée des adventices", suivis d’un labour ou d’un troisième déchaumage en fonction du salissement des céréales et des conditions après moisson. Puis un passage en combiné du sterntiller (lame à doigts à l’avant) avec un outil rotatif à l’arrière suivi du cultipacker. Un passage de herse étrille est réalisé début septembre pour détruire les adventices avant le semis (roulage/semoir en ligne/roulage). Ce soin dans la préparation du sol, le choix de prairies diversifiées qui durent dans le temps puis la maximisation du pâturage dès la 1ère année d’implantation sont des solutions de lutte contre le salissement, efficaces et sur le long terme.

"C’est l’idéal les faux semis, même s’ils représentent des passages. Pour l’herbe comme pour le maïs, à bien travailler la terre, on est toujours gagnant."


Témoignage du producteur

Pourquoi avoir modifié vos pratiques ?

"A mon installation en 1992, l’exploitation était conduite de manière intensive, quoique classique pour l’époque, avec du lait, des taurillons nourris au maïs essentiellement et du blé de vente. J’ai rapidement fait le choix d’arrêter les taurillons, remplacés par quelques bœufs. J’ai ainsi pu diviser ma surface de maïs par deux et diminuer ma surface en céréales. J’ai également remplacé le blé par du triticale afin d’améliorer l’autonomie alimentaire du troupeau et par la même occasion, diminuer le désherbage chimique et les fongicides. J’ai opéré ces changements pour simplifier le travail et faire ce qui me plait, c’est-à-dire de l’herbe pâturée. Les échanges avec les éleveurs du groupe agriculture durable ont conforté mon envie d’aller vers plus d’herbe. »


Quelles sont les conséquences sur votre travail ?

"Depuis l’arrêt des taurillons et le développement du pâturage, je me sens mieux dans mon système. Le travail est simplifié, avec moins de pics au cours de l’année. Je traite moins et c’est un soulagement. Je travaille sur moi pour tolérer les rumex et réfléchis à des techniques alternatives aux phytos pour limiter leur développement."


Si c’était à refaire ?

"Je ferais à peu près la même chose en fonction des opportunités. On a une ferme qui nous convient, à taille humaine, qui est à la fois viable économiquement, vivable sur le plan du travail et de l’autonomie de décision et qui respecte l’environnement."


Quelles perspectives pour demain ?

"Nous entamons une conversion à l’AB en mai 2016. C’est dans la continuité du système, que nous voulons cohérent. Nous allons devoir trouver des solutions alternatives au chimique pour limiter le salissement des parcelles et être rigoureux sur la surveillance des parcelles et du troupeau laitier. "


Le regard de l’ingénieur réseau DEPHY Betty Brassaert

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Bruno et Christine Gobe ont toujours œuvré pour avoir un système cohérent, économe et autonome à l’échelle globale de l’exploitation.

Ils ont choisi de mettre en place un pâturage tournant sur leur exploitation afin de valoriser au mieux un fourrage riche et peu couteux. Ils ont ainsi pu diminuer les surfaces en maïs ensilage. En orientant l’ensemble des surfaces vers l’alimentation du troupeau, ils ont arrêté le blé, remplacé par du mélange céréalier, ce qui a permis d’arrêter l’utilisation de fongicides et diminuer les herbicides.

En visant à optimiser économiquement leur système, les éleveurs ont réduit l’utilisation des produits phytosanitaires, en mettant parallèlement en œuvre une combinaison de différents leviers, pour mieux gérer les bioagresseurs : allongement des rotations grâce à des prairies de plus longue durée, association d’espèces sur les mélanges céréaliers, semis du maïs plus tardif,... Bruno a également accepté de perdre un peu de rendement tant qu’il n’y a pas de pertes économiques.

Grâce aux échanges entre pairs, notamment dans le groupe DEPHY Ecophyto et divers apports techniques, Christine et Bruno ont fait évoluer leur système à leur rythme, sans prise de risque inconsidérée. Vivement la prochaine étape !


Les performances du système de culture

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Les éleveurs n’utilisent plus de fongicides depuis plus de 15 ans. Seuls les herbicides sont utilisés sur le triticale, ainsi que sur le maïs. Le maïs est désherbé avec une désherbineuse qui permet de traiter uniquement sur le rang. Au besoin, les éleveurs traitent en plein, comme en 2014 où 2ha sur 5ha de maïs n’ont pas pu être binés du fait de la présence de pierres en surface et d’adventices en trop grand nombre.


Autres indicateurs Evolution Remarques
Economique Produit brut + La marge brute a augmenté après 2010 puis s’est stabilisée. Les charges phytos ont très peu évolué hormis l’année 2012 où elles étaient moins élevées.
Charges phytos =
Charges totales -
Marge brute +
Charges de

mécanisation

= Les charges de mécanisation se sont maintenues. Travail avec la Cuma.
Temps de travail = Le temps de travail s’est lissé sur l’année (moins de pics) notamment grâce à la diminution des surfaces en maïs.
Rendement = Plutôt maintenu ou légère tendance à la baisse.
Niveau de maîtrise Adventices = Stock de graines de rumex important dans les sols de l’exploitation. L’objectif des éleveurs est d’éviter la levée de dormance des graines.
Maladies =
Ravageurs =

Source

Un système cohérent avec du pâturage pour diminuer les phytos et augmenter l’autonomie alimentaire - Fiche trajectoire DEPHY. Document réalisé par Betty Brassert, Ingénieur réseau DEPHY, CIVAM Agriculture Durable de la Mayenne en décembre 2014.


Action pilotée par le ministère chargé de l'agriculture, avec l’appui financier de l’Office national de l'eau et des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto.

Logos REXGobe.png


Annexes

Leviers évoqués dans ce système


Cultures évoquées

Bio-agresseurs évoqués


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