L'agroécologie en 12 points

De Triple Performance
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Quelques définitions de l'agroécologie :

  • Agro : Du grec ancien "ἀγρός", agros (champs). Qui concerne l'agriculture. Ou plutôt qui concerne les champs, c'est-à-dire la terre, et mieux encore, le sol agricole.
  • Écologie : Du grec "οἶκος / oîkos" (maison) et "λόγος / lógos" (science). Science qui étudie la (ou les) maison(s), les conditions d'existence des êtres vivants, et les rapports qui s'établissent entre eux et leur environnement.

L’agroécologie c’est une agriculture qui étudie et utilise le sol agricole comme une maison hébergeant une grande quantité d’êtres vivants capables de faire pousser les plantes toutes seules.

C’est l’écologie des systèmes agricoles : L’Homme fait partie de l'Écosystème, et à ce titre il doit y trouver sa place, une place en interaction avec son environnement, ni en retrait, ni en avant... une place dedans. Réconcilions le préfixe " agro " et le suffixe " écologie " en donnant un sens au néologisme " agroécologie " sur une partition introduite par La clé du sol…


La situation actuelle comme point de départ

La terre perd sa fertilité, la maison "sol" est détruite et les habitants (la biodiversité) se meurent.


Plus d’un tiers des terres agricoles françaises sont aujourd’hui considérées comme déficitaires en matière organique.

95% des sols  agricoles sont potentiellement en danger, avec des pertes continues d’humus, de biodiversité, des phénomènes de compaction, d’érosion… En conséquence, les rendements baissent, les intrants fuient, des tracteurs de plus en plus gros se retrouvent sur le marché pour essayer de compenser ces phénomènes, et la nécessité de recourir aux intrants est toujours plus importante.

Aucune approche réglementaire ne peut corriger ces échecs, maintenant bien compris. Il faut désormais sortir des idées reçues et permettre à chacun de disposer d’éléments clairs, fiables, partageables, pour reconstruire le sol-maison et nourrir les habitants pour créer la terre fertile.


La nature : notre modèle pour construire l’avenir

Il n’existe qu’une seule façon de faire de l’agroécologie : copier le fonctionnement de la nature pour faire de l'agriculture. Le sol est une " maison " ou vivent des " habitants " qu’il faut nourrir pour qu’ils puissent produire et rester en bonne santé. Les résidus des plantes sont la nourriture principale du sol.


Quelques principes élémentaires constituent la colonne vertébrale du raisonnement agronomique agroécologique :

  • Le sol se couvre en permanence de végétal.
  • Le rendement du végétal est maximal  partout et toujours dans tous les écosystèmes.
  • Le végétal est recyclé et permanence : du gaz en matière organique = action de la plante, de la matière organique en gaz et éléments minéraux = action du sol.
  • La biodiversité est maximale.

Une seule formule pour résumer tout cela : quand le sol mange du carbone, il produit de l’azote, ou plutôt, plus un sol mange du carbone, plus il produit de l’azote, et plus il produit de végétaux !


Une agriculture avec la nature et ses principes premiers permettra à chacun de cheminer, de s'adapter, d'innover sur des éléments approuvés et pratiqués par des milliers d'agriculteurs…

Produire de la biomasse

La plante est le seul capteur de CO2 capable de décarboner l’atmosphère de manière rentable et à moindre coût pour la société. Plus sa production est forte, meilleure est sa performance " carbone ". Elle transforme le CO2 excédentaire dans l’air, en humus déficitaire dans les sols et en produits en tous genres (alimentation, énergie, matériaux, molécules, …), intéressants pour notre économie, issus de l’agriculture et de la forêt.


Le travail de l’agriculteur est de maximiser la production de cette biomasse, et atteindre le rendement maximum des plantes afin de rentrer dans une logique de gestion du carbone :

  • Du carbone pour le sol (pailles, résidus, racines, BRF, feuilles, …) : nourrir la biodiversité et tout recycler = stockage de carbone et des nutriments => peu ou pas de pollution.
  • Du carbone pour nourrir les hommes : le grain.
  • Du carbone pour nourrir l’énergie : le grain impropre à la consommation humaine et les stocks excédentaires, de la biomasse s’il y en a beaucoup de produite.
  • Du carbone pour les matériaux.
  • Du carbone pour les molécules : la chimie verte.

Une production de biomasse optimisée dans l’espace et dans le temps s’obtient par la combinaison de la verticalité (les arbres) et de l’horizontalité (les cultures et les intercultures, les doubles cultures) qui permet d’intensifier la performance de la photosynthèse toute l’année.


Produire de la biodiversité

La biodiversité ne se protège pas ! Elle se produit ou se détruit en fonction des pratiques agricoles que l’on met en œuvre.

Ne l’oublions pas, le sol est une maison ! Détruire une maison, c’est détruire ses habitants et gérer des situations précaires !

Le travail du sol est le principal responsable de la destruction des habitats et des habitants.

Pour un agriculteur, la biodiversité c’est l’ensemble des organismes vivants présents dans son champ ainsi que les interactions qu’ils développent entre eux. Chaque organisme est susceptible de rendre un service à l’agriculteur dans la pollinisation des végétaux, dans la maîtrise de la pression phytosanitaire ou de la fertilité du sol et des plantes. La biodiversité est un outil de production. Par exemple, les vers de terre travaillent la terre gratuitement depuis plus de 500 millions d’années … Ne pourraient-ils pas avantageusement remplacer un outil de travail du sol ?


Produire de la fertilité

La terre fertile est le concept de base de l’agriculture durable. Une terre fertile produit beaucoup avec peu d’intrants, et préserve la capacité des générations futures à subvenir à leurs besoins.

C’est la plante qui construit la terre fertile sur laquelle il prolifère.

Seules les plantes, alliées à la biodiversité, sont capables de construire et de produire une terre fertile.

C’est dans un cycle équilibré de séquestration, consommation et recyclage de carbone que s’installe un véritable cycle de fertilité et de durabilité organo-biologique pour l’agriculture et la société.  

La principale clé de la fertilité d’un sol est son taux de matière organique qui conditionne à lui seul la triple fertilité chimique physique et biologique. Seul le végétal est capable d’alimenter le taux de matière organique du sol.


Harmoniser le quatuor Climat – Plante – Sol – Agriculteur

  • Climat et pédo climat : il faut s'adapter localement.
  • Plante : séquestration du carbone, amortisseur du climat, climatiseur (évapotranspiration) = sélectionner les plantes les plus productives localement.
  • Sol : stockage du carbone, stockage des nutriments, maison du recyclage = construire des terres fertiles riches en matière organique, le sol fertile.
  • Agriculteur : le manageur des plantes et de la terre fertile qui s’adaptent au microclimat local.


Un modèle en cycle autonome permanent

  • Copier la nature en agriculture : produire, consommer, recycler.
  • Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.
  • Parce que je recycle tout, je ne manque jamais de rien.
  • Avec rien, 0,04 % de CO2 dans l’air, je sais tout faire.
  • Dans la nature, le sol est toujours couvert, jamais travaillé, les plantes produisent le maximum, tout est recyclé par une biodiversité maximale.
  • La plante est le principal intrant.


Stopper la perturbation de l’écosystème

Le paradoxe agriculture et nature : nous faisons une agriculture contre la nature, une agriculture contre les plantes (sauf quelques unes) :

  • Des sols nus.
  • Des sols travaillés détruits.
  • Des sols avec peu d’activité biologique.
  • Des sols et des plantes sous perfusions d’intrants.

La plante comme principal intrus : chercher et comprendre les erreurs, c’est entrer dans les pratiques d’agroécologie. C'est construire et préserver la maison sol et nourrir ses habitants !


Optimisation des cycles bio-géo-chimiques

Dans la nature, pas de plantes, pas d’eau et inversement … et c’est vrai pour tout le reste :

  • Pas de plantes, pas de sol.
  • Pas de sol, pas de stockage de carbone.
  • Pas de stockage de carbone, pas de rétention des nutriments.
  • Pas de nutriments pas de plantes.
  • Et ainsi de suite…


Les cycles sont interdépendants :

  • Cycle du carbone = le CO2 se transforme en matières organiques, puis en Humus, puis en CO2.
  • Cycle de l’azote = quand la biodiversité mange de la matière organique pour produire de l’humus, elle capte de l’azote dans l’air qu’elle stocke dans l’humus pour le restituer aux plantes.
  • Cycle de l’eau = pluie, parapluie, humectation, infiltration, évapotranspiration, épuration, …, tout cela est sous la dépendance de la plante et du sol.
  • Cycle des minéraux = les plantes, les exsudats, l’acidification de la rhizosphère, la production d’acides humiques, la formation des argiles, l’hydrolyse des roches, l’extraction des minéraux, tout dépend des plantes et de la biodiversité des sols (bactéries et champignons).
  • Cycle de la biodiversité = l’essentiel pour que tout fonctionne. Pas de nourriture, pas de biodiversité, pas de maison, pas de biodiversité …Couvrir le sol pour le nourrir !


Un système en adaptation continue

Changement climatique, rôle tampon du végétal…

L’agriculture qui intègre les hautes performances de la couverture horizontale et verticale des sols est le seul outil rentable pour lutter contre l’effet de serre et le changement climatique.

  • Le sol couvert : pas d’érosion, infiltration de l’eau, épuration de l’eau, approvisionnement des nappes, sécurité hydrique pour la société.
  • Le sol couvert : capteur de CO2, séquestration de carbone, biomasse et matériaux, notamment avec les arbres.
  • Le sol non travaillé : séquestration de carbone, hébergement de la biodiversité, stockeur d’eau et épurateur de l’eau, rétention des nutriments et biodégradation des intrants, recyclage vers les plantes.
  • Le sol couvert , amortisseur du microclimat local : du local au global.
  • Le sol couvert avec un rendement maximal des plantes : possibilité de produire beaucoup d’énergie renouvelables = 40 milliards de m³ de gaz naturel équivalent en plus de l’alimentation humaine et animale (double culture possible sur toute la France).


Les agriculteurs moteurs de la démarche et seuls maîtres de l’Agriculture

Il n’existe aucune expérimentation agroécologique digne de ce nom dans aucune institution agronomique de France !

Le savoir faire est chez les paysans.

Il faut que la recherche et le développement reviennent dans les champs pour collaborer avec les paysans. Ceux qui savent faire :


Il faut aider les pionniers à progresser pour comprendre ce qu’il font afin de pouvoir développer et diffuser au plus grand nombre.

La triple performance Économique, Sociale et Environnementale en résulte

Un développement durable hérité du modèle de la nature.

Le fameux gagnant-gagnant.

Le modèle économique de l’agriculture de Pisani est mort : nous ne sommes plus dans une économie protégée.

Dans l’économie dérégulée sans intervention publique, l’agriculteur doit disposer de nouveaux outils de gestion des marchés.

Afin de faire face aux marchés erratiques, l’agriculture doit disposer d’outils performants et nouveaux :

  • Des filières structurées qui valorisent la production.
  • Une gestion des stocks.
  • Une transformation des stocks invendus en année N+1, année ou les stocks de la nouvelle récolte arrivent.
  • La production d’énergie renouvelable est une bonne manière de gérer les stocks.
  • Les stocks peuvent aussi produire des biomatériaux.


Pour cela, l’agriculteur doit produire un maximum de végétal dans une approche agroécologique. Il doit produire trop pour que la société en ait assez et il doit faire disparaître le stock lorsque la nouvelle récolte arrive.


Ainsi, tout le monde est gagnant : l’agriculteur qui produit pour de nouveaux marchés (énergie renouvelable, biomatériaux), la société qui bénéfice d’une nouvelle activité économique (création d’emploi), la société qui bénéficie aussi d’énergie renouvelable, d’un outil qui permet de lutter contre le réchauffement climatique, et qui bénéficie également d’une restauration de la qualité de l’environnement.

Source


Annexes

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