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Introduction de cultures économes en intrants pour maintenir l’autonomie fourragère

De Triple Performance
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Franck Beaufort

Franck et Marie-Laure Beaufort élèvent leurs vaches laitières et allaitantes sur un plateau situé en zone de montagne à environ 1000 mètre d’altitude. Le climat est continental caractérisé par des fortes amplitudes thermiques ainsi que des gelées tardives au printemps. Leur objectif est de nourrir leurs animaux tout en réduisant les phytos sur leurs cultures.


Contexte de la mise en œuvre

  • Nom : Gaec Beaufort à la Fageole.
  • Localisation : La Fageole, Vieillespesse, Cantal.
  • Principales productions : 55 vaches laitières de race Montbéliarde et Abondance, 45 vaches allaitantes de race Aubrac pure.
  • UTH : 2.
  • SAU : 131 ha dont 73 ha en système de culture DEPHY et 58 ha en prairies permanentes.
  • Type de sol : Sol volcanique et sol sablo-limoneux.
  • Spécificités exploitation / Enjeux locaux : 60% de l’assolement est en zone vulnérable.
  • Assolement 2020 : 58 ha de prairie naturelle, 53 ha de prairie temporaire, 15 ha de céréales d'hiver.


Le système de culture DEPHY

  • Objectif du système : Nourrir mes animaux tout en réduisant les phytos sur mes cultures.
  • Type de travail du sol : Labour.
  • Rotation : Céréales - céréales – méteildérobée estivale – céréales – Prairie temporaire 4 ans.
  • Destination des récoltes : Autoconsommation par le troupeau.
  • Irrigation : Non.
  • Mode de production : Conventionnel raisonné.
  • Cahier des charges : AOP fromagères.
IFT totaux calculés sanstraitements de semences


Objectifs et motivations

Les objectifs et les motivations des exploitants sont de :

  • Maintenir un système de production viable et autonome.
  • Réduire le coût de production.
  • Valoriser les ressources organiques au maximum de la ferme.
  • S’adapter aux changements climatiques.
  • Réduire les phytosanitaires et les engrais tout en maintenant la rentabilité du système.

Des phytos en baisse : - 68 % d'IFT (hors biocontrôle) entre l'entrée dans le réseau et la moyenne 2017/18/19. IFT totaux calculés sans traitements de semences : IFT initial : 1,13. IFT 2017 : 0,62. IFT 2018 : 0,37. IFT 2019 : 0,083.


Étapes de mise en place

Évènement/changement au niveau de l’exploitation

  • 1995 : Installation de Franck avec sa mère après le décès de son père.
  • 2000 : Agrandissement de 32 ha, construction d'un bâtiment pour les vaches allaitantes.
  • 2005 : Passage de GAEC en EARL unipersonnelle suite au départ à la retraite de sa mère.
  • 2010 : Création du GAEC avec l’arrivée de son épouse Marie-Laure, agrandissement de 45 ha en plus.
  • 2011 : Construction de la stabulation des laitières.
  • 2016 : 9 ha supplémentaires.


Évènement/changement agronomique au niveau du système de culture

  • 2002 : Rotation initiale avec désherbage systématique.
  • 2003 : Introduction des prairies temporaires.
  • 2012 : Une analyse d’un captage d’alimentation en eau potable de la commune a révélé une concentration trop élevée en nitrates. De ce fait, nous avons repensé notre système et adapté nos pratiques en réduisant les engrais de synthèse. Puis l’utilisation des phytos a diminué.
  • 2013 : Faux semis.
  • 2016 : Engagement dans le réseau DEPHY FERME.
  • 2017 : Les sècheresses estivales à répétition nous poussent à changer notre fonctionnement. Des nouvelles cultures comme les méteils et dérobées fourragères estivales, économes en intrants sont intégrées dans notre système pour répondre aux enjeux économiques et environnementaux. Le méteil et le moha fourrager offrent une bonne couverture du sol et empêchent ainsi les adventices de se développer. De plus, ces cultures sont récoltées en fourrage ce qui permet de faire une coupe de nettoyage limitant la production de graines d’adventices.
  • 2019 : Compostage du fumier. Il permet d’éliminer le pouvoir germinatif des graines d’adventices ainsi que les spores de maladies encore présentes. Cette technique permet de concentrer l’apport de matière fertilisante et donc de réduire la quantité à apporter à l’hectare.
Assolement du

système de culture

État initial

(2016)

État actuel

(2017-2018-2019)

Prairie temporaire 4 ans 54 ha 50 ha
Blé tendre hiver 15 ha 15 ha
Méteil fourrager 0 ha 4 ha
Moha fourrager 0 ha 4 ha
Total 69 ha 73 ha


La stratégie de l'agriculteur pour la gestion des bioagresseurs

Stratégie de l'agriculteur pour la gestion des bioagresseurs à l'échelle du système de culture.
Beaufort LegendeStrategie.png


Résultats attendus

  • Maintenir l’autonomie fourragère de l’exploitation par le biais de la culture de méteil fourrager et de moha fourrager.
  • Réduire la production de graines d’adventices pour réduire l’usage des herbicides et ou traiter selon la présence.
  • Ne plus utiliser de fongicides.


Évaluation de la maîtrise des bioagresseurs

Evaluation réalisée par l’agriculteur et l’ingénieur réseau DEPHY à l'échelle du système de culture.

Maîtrise des adventices

La maîtrise de l’enherbement en deuxième et troisième paille reste difficile à maîtriser sans s’accentuer. Le chiendent reste difficile à maîtriser sans le recours aux phytos dans certains cas. Les cultures dérobées comme le méteil et le moha sont des cultures qui restent propres sans nécessité de désherbage chimique. Le fait de composter le fumier permettra d’améliorer la gestion des adventices dans les cultures de céréales à paille.


Maîtrise des maladies

Depuis que le choix des variétés utilisées s’opère en fonction de leur résistance face aux maladies cryptogamiques, le traitement fongicide n’est plus nécessaire. L’état sanitaire des parcelles est renforcé par le mélange de différentes variétés.


Maîtrise des ravageurs

Nous n’avons pas de ravageurs de cultures annuelles. Par contre, le campagnol terrestre ravage les prairies temporaires et permanentes qui constituent le stock alimentaire principal des fermes. Avec la suppression de la bromadiolone, aujourd’hui, les agriculteurs disposent de peu de moyens de lutte suffisamment efficaces pour réduire significativement les populations de campagnols terrestres. Les dégâts causés par ce ravageur entraînent un re-semis systématique qui représente une charge conséquente pour l’exploitation.


Positif = Bien maîtrisé Neutre = Moyennement maîtrisé Négatif = Mal maîtrisé N.C. = Non Concerné 4
Adventices Maladies Ravageurs
Blé TH Positif Positif N.C.
Blé TH Neutre Positif N.C.
Blé TH Négatif Positif N.C.
Méteil - Moha Positif Positif N.C.
Prairie temp.

4 ans

Positif Positif Négatif
Système de culture Positif Positif Négatif


Évolution de l’utilisation des produits phytosanitaires et de biocontrôle

L’IFT herbicide a baissé en quatre années de 61% sur la moyenne des années 2017, 2018 et 2019. Les années sèches ont participé à cette réduction en herbicide car la situation était peu favorable à l’enherbement (peu de pression avant 2017).

Par contre, le poste traitements de semence augmente ou diminue en fonction de la quantité de semences achetées. Le traitement des semences de ferme est réalisé par la CUMA qui propose ce service.

Beaufort Evolution IFT.png


Indicateurs de durabilité

Performances économiques

Performances

économiques

État initial

(2014-2015-2016)

État actuel

(2017-2018-2019)

Consommation

de carburant (l/ha)

81 114
Charges opérationnelles (€/ha)

(version standardisée

millésimée)

322 258
Marge semi-nette (€/ha) 861 776
Marge semi-nette/produit brut

(version réelle) (%)

63 75
Charges de mécanisation (€/ha)

(version réelle)

184 281
Produit brut (€/ha)

(version réelle avec

l’autoconsommation)

1367 1034

Les réductions des phytos entraînent de ce fait la diminution des charges opérationnelles d’environ 20 % à l’inverse des charges de mécanisation qui ont augmentées d’environ 50 %. Cette augmentation se justifie par le rajout de deux cultures : le méteil et le moha. Ces nouvelles cultures entraînent du temps supplémentaire passé à la parcelle pour le semis et la récolte de celle-ci. Cependant, il n’y a pas d’achat de fourrage.


Performances environnementales

Performances

environnementales

État initial

(2014-2015-2016)

État actuel

(2017-2018-2019)

Pourcentage de cultures

pluri- annuelles (%)

50 50
Nombre de cultures principales

& intermédiaires

3 4,3
Qté de matières actives toxiques

pour l'environnement (kg/ha)

1,3 0,53
Volume d'eau d'irrigation

(mm/ha)

0 0
Emission GES totale

(kg éq CO2/ha)

Positif Neutre

La forte augmentation des émissions de GES (Gaz à Effet de Serre) totale est due à l’introduction des nouvelles cultures dans la rotation initiale : méteil fourrager et le moha fourrager. Cela induit une augmentation de l’utilisation de carburant et également des émissions de GES. La pratique du faux-semis qui consiste à passer deux fois le déchaumeur participe également à l’augmentation de la production de GES.


Performances sociales

Performances sociales État initial

(2014-2015-2016)

État actuel

(2017-2018-2019)

Qté de matières actives

toxiques pour l'utilisateur

(kg/ha)

0,6 0
Temps d'utilisation

du matériel (h/ha)

4 6
Marge semi-nette/temps

de travail (€/h)

215 88

Le temps d'utilisation du matériel augmente dû aux nouvelles cultures qui nécessitent des travaux supplémentaires de semis et de récolte. La quantité de matières actives toxiques pour l’utilisateur concerne uniquement le traitement fongicide qui était pratiqué. Maintenant que ce traitement n’est plus effectué, l’indicateur est à présent nul.


Pour plus de précisions méthodologiques sur les indicateurs utilisés ci-dessus, cliquez ici.


Regards croisés

L'agriculteur Franck Beaufort

Franck et Marie-Laure Beaufort. Crédit photo : Eva Fichet.

En quoi le groupe et l’accompagnement DEPHY vous ont-ils permis de progresser ?

"Le fait de faire partie d’un groupe nous permet de partager les techniques que l’on teste. L’avis des autres membres du groupe nous rassure et permet d’affiner la réflexion sur la réduction des phytos.

Le regard de l’ingénieur réseau reste indemne de démarche commerciale et nous permet d’avoir un avis plus objectif sans perdre de vue l’objectif de réduire les phytos."


Quelles sont vos perspectives pour continuer à améliorer votre système ? Quels conseils donneriez-vous aux autres agriculteurs ?

"Dans le but d’améliorer la gestion de l’enherbement des cultures de blés en deuxième année et en troisième année, nous avons commencé par composter notre fumier depuis cette année pour éviter d’enrichir le stock semencier du sol. Cette technique permet également d’éradiquer les semences qui conservent leur pouvoir germinatif. Cependant, nous restons ouvert et réfléchissons à une rotation qui pourrait nous permettre de réduire davantage les herbicides.

Un conseil à donner : c’est d’aller observer ses parcelles ! Avant je déléguais la gestion de mes cultures. Et maintenant, je fais des économies en allant voir mes champs."


L'ingénieur réseau DEPHY Eva Fichet (CA15)

En quoi la trajectoire de ce système a-t-elle enrichi le groupe DEPHY FERME ?

"Dès l’entrée dans le réseau, le système de culture a évolué en introduisant la culture de méteil puis la culture de dérobées fourragères pour sécuriser son autonomie fourragère tout en réduisant les phytos. Ce système de culture local est représentatif de la zone de la Planèze de Saint-Flour. Cette trajectoire montre qu’il est possible, en combinant plusieurs leviers agronomiques, de supprimer les fongicides et de réduire les herbicides tout en maintenant la performance de son système et en renforçant l’autonomie fourragère de l’exploitation.

Enfin, cette trajectoire démontre qu’il est possible de réduire son recours aux produits phytosanitaires même sur des systèmes bas intrants."


Les principales réussites

  • L'alternance des période de semis et la diversification de la rotation avec la mise en place de cultures de dérobées fourragères : méteils et dérobées estivales.
  • Des dates de semis plus tardives.
  • La pratique du faux-semis systématique.


Les principaux freins

  • Le désherbage mécanique est difficile à mettre en place car il est dépendant de la fenêtre météo.
  • La gestion du chiendent reste difficile sans phytos.


Sources

Introduction de cultures économes en intrants pour maintenir l’autonomie fourragère - EcophytoPIC. Document réalisé par Eva Fichet (eva.fichet@cantal.chambagri.fr).


Action du plan Ecophyto piloté par les ministères en charge de l’agriculture, de l’écologie, de la santé et de la recherche, avec l’appui technique et financier de l’Office Français de la Biodiversité.

Logos REXBeaufort.png


Annexes



Cultures évoquées

Bio-agresseurs évoqués


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