Favoriser la biodiversité en optimisant les bordures de champs

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Bordure de champs re-semée avec un couvert adapté, la rendant favorable à l’ensemble de la faune sauvage et des auxiliaires de ces bordures. Crédit photo : Charles Boutour


Une bordure de champs est la zone de végétation entre la culture et le milieu adjacent : chemin, route, etc.

Objectifs

Les bordures extérieures de champs en bon état agro-écologique, constituent des zones de refuges pour l'ensemble de la petite faune de plaine (insectes, oiseaux...) et sont essentielles pendant la période de reproduction. Ces éléments semi-naturels rendent de nombreux services écosystémiques lorsqu'ils sont gérés et protégés durablement[1] [2] : 90% des auxiliaires ont besoin d'un habitat semi-naturel à un moment de leur cycle de vie.

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Source: Hommes et Territoires/Agrifaune

Bénéfices attendus

Une bordure extérieure de champs fonctionnelle permet le développement de réservoirs d'auxiliaires favorables aux cultures[3]. Une bordure en bon état de conservation n'est pas composée de plantes adventices et ne nécessite donc pas d'entretien obligatoire annuel. Le risque de salissement de la parcelle cultivée adjacente est très fortement réduit[4]. Outre les économies d'entretien en année de pression ravageurs normale, il est possible d'envisager une réduction du coût en insecticide.

Parole d'expert

« Sur une exploitation de 120 ha, la surface moyenne des bordures de champs est d'environ 2 ha. Ces linéaires sont essentiels à la biodiversité des plaines cultivées. Afin de concilier l'ensemble des enjeux, il est important de les gérer de façon adaptée et durable. » David Granger, Chargé de mission agriculture, faune sauvage et dégât de gibier à l'Office Français de la Biodiversité.

Qu'est-ce qu'une bordure fonctionnelle ?

  • Elle est composée d'espèces pérennes, diversifiées et nectarifères tout en étant exempte d'adventices.
  • Elle doit mesurer au minimum 1 mètre de large.
  • Elle doit être préservée de perturbations mécaniques et chimiques. Ainsi, une bordure fonctionnelle et diversifiée ne nécessite pas d'entretien pendant la période estivale.


Source : Hommes et Territoires/Agrifaune

Méthodologie

Le programme Agrifaune[5] a mis en place des outils de diagnostic pour déterminer la fonctionnalité des bordures de champs en zone de grandes cultures via :



Ces deux outils déterminent l'état écologique des bordures. Un plan de gestion est co-construit avec l'agriculteur à la suite de ce diagnostic pour améliorer la qualité de la bordure. Une bordure en état de « dégradation moyen » signifie qu'il y a la présence d'une flore moyennement diversifiée et d'adventices. Il est alors préconisé de gérer cette bordure de façon à détruire les adventices avant la montée à graines (environ 20 cm du sol) permettant ainsi de limiter la concurrence des adventices sur les plantes sauvages. Après quelques années, la composition se stabilise et s'optimise.


A l'inverse, une bordure en « mauvais état » signifie qu'elle est composée d'une majorité de plantes dites nitrophiles et pionnières (adventices). Les bordures de champs mesurant en général moins d'un mètre de large favorisent ces espèces. Ces bordures sont également peu favorables à la biodiversité car leur diversité floristique est très faible. Pour ces bordures trop dégradées, il faut envisager un re-semis avec un mélange adapté aux conditions pédoclimatiques.


Le programme Agrifaune a mis au point un mélange de plantes pérennes pour les re-semis de bordures de champ. Il se compose de plantes de différentes familles : Fétuque rouge, Pâturin commun, Achillée millefeuille, Centaurée jacée, Grande marguerite, Millepertuis perforé, Plantain lancéolé, Luzerne lupuline... Il s'agit d'un mélange qui sera opérationnel de très nombreuses années s'il ne subit pas de perturbation.

Conseil

Pour conserver un bon étal biologique de la bordure, il faut éviter toutes perturbations sur celle-ci : une dérive de travail du sol, une fertilisation ou un traitement sont préjudiciables à sa structure et sa composition.

Comment mettre en place cette pratique sur mon exploitation ?

Pour améliorer la qualité agroécologique des bordures de champs, il est possible de travailler au niveau de l'exploitation agricole ou au niveau territorial (échelle de la commune ou communauté de communes). Dans le second cas de figure, il est intéressant pour le porteur de projet d'impliquer la collectivité locale, la fédération de chasse départementale, la chambre d'agriculture ou l'association départementale des randonneurs...


Limite réglementaire (arrêtés du 9 avril 2018 et du 17 avril 2020) Ce type de bordure de champs peut être considérée comme efficace dès 1 mètre de largeur et le plus souvent, elle fait entre 1 et 2 mètres, limite d'acceptabilité pour les agriculteurs. Cependant depuis l'arrêté du 9 avril 2018, la largeur minimumm pour l'éligibilité des bords de champs en SIE est de 5 m. Cette surtransposition française est le frein principal à leur mise en place.

Outil diagnostic Ecobordure et typologie des bords extérieurs de champ

  • Formation pour les agriculteurs, les techniciens d'O.S. ou de C.A. ou F.D.C. volontaires : Formation typologie des bords extérieurs de champ Formation Ecobordure
  • Contact formation : Chloé Swiderski, chargée d'étude Agroécologie à l'Association Hommes et Territoires. email : c.swiderski@hommes-et-territoires.asso.fr

Re-semis

  • Un semoir spécifique de 1m 50 a été développé pour le re-semis de bords de champs. Ce semoir est mis à disposition sur demande par les partenaires du programme Agrifaune.
  • Contact : Bruno Heckenbenner, Référent national du GTNA Machinisme. bheckenbenner@chasseurdefrance.com

Semences

  • Le mélange de semences bords de champs Agrifaune coûte environ 18 pour 100 mètres linéaires (mL) : grande efficacité, très favorable à l'ensemble de la biodiversité et emprise raisonnable sur la production. Ce mélange a été validé pour le bassin parisien sud et la Champagne crayeuse. Il est en cours de validation pour les autres régions de France.

Composition du mélange Agrifaune : Cliquez ICI

Entretien

Voir la page Entretien des zones herbacées.

Pour aller plus loin

Un couvert labelisé végétal local sera l'assurance que les plantes seront adaptées aux auxiliaires de la région biogéographique.

Le coût de semis (mélange Agrifaune Bords de champs) peut varier en fonction du type de semences et de la date d'implantation :

Type de semences Semis à l’automne (25 kg/ha) Semis au printemps (20 kg/ha)
Normal : 75€/kg 18€ pour 100 mL 15€ pour 100 mL

Sources

  1. Keller S., Häni F. ;2000. Ansprüche von Nützlingen und Schädlingen an den Lebensraum. In: Nentwig W(ed) Streifenförmige ökologische Ausgleichsflächen in der Kulturlandschaft: Ackerkrautstreifen, Buntbrache, Feldränder. Verlag Agrarökologie, Bern, pp 199–217
  2. Boller E. F., Häni F., Poehling H. M., 2004. Ecological Infrastructures : Ideabook on Functional Biodiversity at the Farm Level. IOBC-OILB. 212pp
  3. Le Bris C. et al. ; 2011. Gestion des bords de champs et biodiversité en plaine céréalière, Faune sauvage n°291, p64-70.
  4. Le Bris C. et al. ; 2014. Comment concilier agronomie et biodiversité des bordures de champs en plaine céréalière ? - Bilan des expérimentations Agrifaune Loiret et Eure-et-Loir. Faune Sauvage. n°305, p38-44.
  5. (http://www.agrifaune.fr/agrifaune/le-programme Programme Agrifaune - Agrifaune.fr)

Annexes

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