Gestion des adventices différenciée suite à une conversion en Agriculture Biologique

Retours d'expérience - Damien Savoyant (2014)

Grandes cultures Adventices Agriculture Biologique Désherbage

Vienne

176

1

Argilo-calcaire sur craie sables sur argiles vertes , limons battants

Grandes cultures

Céréales

Soja

Luzerne

Blé tendre

Maïs

Tournesol

Féverole

Agriculture Biologique

Crédit photo : Philippe Huguet

Contexte

• Nom de l’agriculteur : Damien SAVOYANT.
• Nom de l’exploitation : EARL de la Chanterie.
• Département : Vienne (86).
• SAU : 176 ha.
• UTH : 1 (+ main d'œuvre occasionnelle).
• Élevage : Troupeau Vaches Allaitantes (25 mères).
• Cultures remarquables : Luzerne, soja.
• Irrigation : Oui possible sur maïs grain, soja, carottes.
• Types de sols : Argilo-calcaire sur craie sables sur argiles vertes , limons battants.
• Travail du sol : Labour, faux semis, herse, binage.
• Succession de cultures : Blé tendre-maïs- tournesol-céréale d’hiver-féverole-blé tendre-luzerne (3 ans)- blé tendre-soja.
• Ferme en zone AAC (aire d'alimentation de captage) : Non.
• Cahier des charges : Agriculture Biologique.
• Autres éléments de contexte : Exploitation adhérant à un groupe en Agriculture Biologique.
• Origine de la pratique et cheminement de l’agriculteur : La conversion en Agriculture Biologique a impliqué une remise en question des rotations avec un rallongement de ces dernières. La question de la gestion des adventices s’est alors posée. Damien a donc été amené à investir dans de nouveaux matériels qu’il utilise plus ou moins spécifiquement selon les espèces cultivées.
• La pratique au sein du système de culture : Combiner l’usage de différents outils de travail du sol tout en alternant les cultures d’hiver et de printemps dans la rotation.
• Culture cible : Toutes cultures.
• Bioagresseurs : Adventices des cultures d’hiver et de printemps.

La technique

Objectif

Maîtriser au mieux les adventices pour avoir des parcelles propres.

Description

• Rallongement de la rotation et introduction de nouvelles cultures (relativement facile en Agriculture Biologique car il existe un large choix d’espèces).
• Investissement dans du nouveau matériel (en plus de la charrue et de la bineuse, déjà présentes sur l’exploitation avant la conversion) :herse étrille, écrouteuse, désherbage thermique sur les carottes .

NB : Utilisation différenciée de ces outils suivant les cultures en place.

Date de début de mise en œuvre

2014.

Attentes de l’agriculteur

Damien cherche à limiter la concurrence des adventices et à avoir des parcelles propres en rallongeant la rotation et en utilisant différents outils. Il doit également lutter contre les vivaces (chardons).

Avantages et limites

Avantages

• Le passage en Agriculture Biologique a fait disparaitre l’utilisation des produits phytosanitaires ce qui est un réel « plus » aux yeux de Damien.

• Le choix des espèces cultivables est plus important en AB qu’en agriculture conventionnelle et permet plus facilement de rallonger la rotation.

Limites

• Sur cultures d’hiver: semis plus tardifs qui augmentent le risque climatique (conditions de semis pas toujours idéales).
• Désherbage compliqué sur les lentilles.
• Décalage des pointes de travail qui sont plus fortes au printemps.

Mise en œuvre et conditions de réussite

Outre l’alternance entre cultures de printemps et cultures d’hiver et le rallongement de la rotation afin de limiter le salissement des parcelles, il apparait que le labour reste une des bases du désherbage sur l’exploitation. Il est par ailleurs nécessaire de désherber tôt, quitte à passer plusieurs fois. La herse étrille est un des outils les plus efficaces, sauf sur sols battants. La bineuse est bien adaptée aux cultures de printemps. La luzerne est introduite dans la rotation pour lutter contre les chardons.

Témoignage de l’agriculteur

« En passant en Agriculture Biologique, j’ai revendu mon pulvérisateur. J’avais déjà une charrue, un déchaumeur à dents et un à disques et une bineuse, mais j’ai dû compléter mon parc matériel avec une herse étrille. C’est un outil relativement bon marché, dont on peut régler l’agressivité vis-à-vis des adventices. Par contre il n’est pas adapté aux limons (dès qu’une croûte de battance se forme, les dents ne pénètrent plus) et dès qu’il y a des résidus, on risque de les « ratisser ». J’ai donc investi ensuite dans une écroûteuse pour les limons grâce aux aides du PCAE. Mais l’écroûteuse n’est pas non plus la panacée, en particulier en sols caillouteux où les pierres bloquent parfois les cuillères. En fait, dès que l’on a des sols hétérogènes, on se rend compte qu’il n’existe pas de vrai outil polyvalent. »

Les conseils de l'agriculteur : « Il est indispensable de raisonner sur la rotation. Par ailleurs, il faut passer le plus tôt possible afin d’empêcher une concurrence précoce des adventices. Enfin, il ne faut pas hésiter à faire des visites d’autres exploitations afin de profiter de l’expérience de collègues et à intégrer un groupe de développement. »

Améliorations ou autres usages envisagés

Il est difficile de garder les parcelles de lentilles propres, car ce sont des plantes basses. Il sera peut-être nécessaire d’investir dans une écimeuse. L’idéal étant de faire cet investissement à plusieurs. Les passages croisés de l’écroûteuse semblent donner de bons résultats sur blé.

Se pose également la question de biner les céréales d’hiver, à condition de régler l’écartement des éléments semeurs.

Bineuse à dents et à doigts

Les étapes clés de la gestion des adventices

• Retarder les semis de cultures d’hiver
• Alterner cultures de printemps et d’hiver
• Rallonger la rotation (soja, lentille, luzerne…)
• Travailler le sol de manière différenciée

Résultats

Indicateurs de résultats

	Niveau de satisfaction /performance	Commentaires de l'agriculteur
Maîtrise des adventices		Bonne maîtrise sauf dans les lentilles (culture basse)
Maîtrise des ravageurs		Globalement satisfaisante sauf sur une parcelle particulière
Maîtrise des maladies		Choix variétal satisfaisant qui permet de limiter l’impact des maladies
IFT de la culture concernée		IFT ramené à 0
IFT du système de culture		IFT ramené à 0
Rendement		Les rendements sont satisfaisants par rapport au nouveau système
Temps de travail dans la parcelle		Les temps de travaux sont plus importants au printemps qu’avant.
Temps d'observation		Augmentent sur les adventices mais quasi nuls sur maladies
Charges de mécanisation		il y a plus de passages (désherbage mécanique)
Marge semi-nette du système		Identiques au conventionnel sur culture d’hiver, meilleures en cultures de printemps
Prise de risque		La diversité des cultures permet de limiter la prise de risque

Ce que retient l'agriculteur

« Je suis satisfait de ma conversion. Elle m’a permis de revenir à l’essentiel, c’est-à-dire l’agronomie et la rotation. Je suis obligé de raisonner en préventif. C’est intéressant de chercher des solutions autres que chimiques aux problèmes que je peux rencontrer. Je suis plus serein. »

Avis de l'ingénieur réseau DEPHY

La conversion de Damien s’est bien passée. Elle a nécessité de nouveaux investissements en matériel de désherbage mécanique qui ont pu être financés partiellement par le PCAE. L’introduction de plus de cultures de printemps dans la rotation permet de maîtriser les adventices mais a l’inconvénient d’augmenter les temps de travaux sur cette période. Même si Damien essaie de limiter les labours, la charrue reste un outil indispensable sur l’exploitation. La rentabilité du système est un peu améliorée par les résultats économiques des cultures de printemps.

Sources et références

Ecophyto DEPHY, 2021, Pratiques remarquables du réseau DEPHY : Gestion des adventices différenciée suite à une conversion en Bio. Disponible sur : https://ecophytopic.fr/sites/default/files/2021-08/PRATIQUE_16CA86GC_GCPE_NA.pdf