Nombre de personnes travaillant sur l’exploitation (UTH) : 1,5
Climat : Selon la classification climatique de Köppen-Geiger, Rabat présente un climat méditerranéen à étés chauds (Csa). Les températures varient généralement entre 13 °C et 24 °C au cours de l’année, avec des extrêmes pouvant rarement descendre jusqu’à 5 °C ou monter jusqu’à 39 °C. Les précipitations annuelles moyennes atteignent environ 383 mm, réparties sur 52 jours de pluie par an.
Historiques des fermes
Adil gère aujourd’hui deux fermes en location. Il s’est installé avec sa famille sur la première ferme en 2022 , dans le cadre d’une location renouvelée en 2024, lui garantissant l’occupation du terrain jusqu’en 2028. Si cette situation lui apporte une certaine stabilité, Adile en souligne aussi les limites : il lui est notamment interdit d’y planter de nouveaux arbres, ce qui freine certains projets à long terme.
La première ferme est appelé Muzuna, et est enregistrée comme ferme pédagogique. C’est une première au Maroc : il a initié la création du statut de ferme pédagogique, qui n’existait pas auparavant dans le cadre juridique du pays. Cela lui a permis de positionner sa ferme comme un lieu de transmission, en plus de sa fonction de production.
La seconde ferme, qu’il vient tout juste de prendre en location, lui ouvre de nouvelles perspectives. Il y prévoit de développer à la fois le maraîchage et l’aviculture.
Main d’œuvre
Deux personnes travaillent sur la ferme :
Adil lui-même, est à mi-temps sur la ferme il est à temps que gérant d’une entreprise en informatique en parallèle.
Un employé à plein temps assure la gestion quotidienne, mais ce dernier va être chargé de la seconde ferme dans les semaines qui suivent. Adil va devoir recruter un nouveau ouvrier.
Commercialisation
Adil développe une activité de commercialisation en circuit court exclusivement, avec des produits vendus directement aux clients, sans intermédiaire. Toute la production végétale (potager, verger, luzerne) est destinée à la consommation familiale. Il n’y a pas de vente de légumes ou de fruits actuellement.
Les produits vendues sont :
Œufs : environ 100 œufs par semaine, en fonction des commandes des clients
Poussins :250 poussins produits par mois, destinés à la vente
Coqs : un lot de 10 à 15 coqs par mois est vendu
Formation en aviculture
En février dernier, Adil a organisé sa première formation sur l’élevage de poules en agroécologie, rassemblant 25 participants. Fort de cette expérience, il souhaiterait organiser une deuxième session, mais attend d’avoir suffisamment d’inscrits pour la programmer.
Luzerne : 950 m² (également utilisée pour l’alimentation animale)
Potager : 954 m² (53 m × 18 m)
Projet de potager en Mandala : 260 m² (20 m × 13 m)
Bassins d’eau : 161 m² (7 m × 23 m)
Le reste du terrain est occupé par un verger essentiellement composées d'olivier (environ 5000 m²).
Productions animales
Il élève actuellement :
4 canards
6 moutons
1 couple de paons
4 femelles dindes + 1 mâle
60-70 poules (poussins excluent)
Poulailler fait avec du bois et de la bâche pour l'étanchéité.
Les poules sont en pâturage libre pendant la journée et parqué dans des poulaillers le soir. Les deux poulaillers réunis occupent une surface totale de 260 m² (10 + 13) × 5 m avec pour objectif une densité de 4 à 6 poules par m². Ils sont construits avec une structure en bois recouverte de bâches.
Remarque Il note que les structures en bois posent problème à cause de la présence de tiques, qui s’abritent dans les interstices. Il est donc contraint de traiter régulièrement les poules. Pour son futur projet de 5 000 poules, il envisage de construire des bâtiments en béton afin d’éviter ce type de problème sanitaire.
Motivation et objectif
À l’échelle de la ferme Mouzouna, Adil cherche avant tout un lieu de vie proche de la nature, où sa famille peut vivre dans un environnement sain. Il souhaite y produire de quoi subvenir aux besoins alimentaires de sa famille, tout en développant l'élevage de poulets.
Sur sa première ferme, son objectif est d’augmenter progressivement le nombre de volailles jusqu’à atteindre 250 poules. Cependant, au-delà de 100 animaux, une autorisation de l’État devient nécessaire, ce qui complique les démarches, notamment dans le cadre d’une production en agriculture biologique.
Sur la seconde ferme, qu’il vient tout juste d’obtenir en location, il envisage de démarrer un élevage de plus de 500 poules, avec l’objectif de monter progressivement à près de 1 000 volailles tout en développant un hectare en maraîchage.
En parallèle, Adil envisage, à terme, l’acquisition d’un troisième terrain, spécifiquement dédié à un élevage deplus grande envergure, avec une capacité visée de5 000 poules. Il est actuellement à la recherche d’un emplacement adapté à ce projet ambitieux.
Pour l’instant, il apprécie de pouvoir concilier la gestion de la ferme avec celle de son entreprise informatique. Il trouve un certain équilibre en alternant entre le travail de bureau et les activités agricoles. Il ne prévoit pas d’abandonner le volet informatique pour se consacrer exclusivement à l’élevage.
Volet Agronomique
Production végétale
Couvert de luzerne irrigué par aspersion.
Utilisation de couverts de luzerne irrigués par asperseur.
Production d’Azolla (algue flottante fixatrice d’azote) utilisée comme complément nutritionnel pour les poulets, une pratique innovante d’intérêt dans un contexte de recherche d’autonomie en protéine dans élevage avicole (voir section pratique d'intérêt).
Mise en place d’associations de cultures en maraîchage, afin de diversifier les productions et améliorer la résilience des cultures.
Potager avec culture de piment et chou au premier plan et courgette et tomate au second plan. Présence de couverts spontanés dans le verger, contribuant à la biodiversité et à la protection du sol.
Un projet est en cours pour aménager un nouvel espace potager en jardin Mandala.
Production animale
Couveuse d'une capacité de 250 poussins.
Couvaison et élevage des poussins
Adil utilise une couveuse d’une capacité de 250 œufs, équipée d’un système automatique de rotation des œufs pour que ces derniers reçoivent la chaleur de la couveuse sur l'ensemble de la coquille.
Le cycle d’incubation dure 21 jours, auxquels il ajoute 2 jours supplémentaires pour permettre l’éclosion des retardataires.
Système de rouleau permettant de faire tourner les œufs pour qu'il reçoive la chaleur sur l'ensemble de la coquille. Une fois les poussins éclos, il met en place une méthode originale pour leur assurer une prise en charge naturelle : il fait coïncider l’éclosion en couveuse avec la fin d’une couvaison naturelle par une ou plusieurs poules mères.
Quand les œufs de la mère éclosent, il intègre discrètement les poussins issus de la couveuse au groupe. La poule, ne percevant pas la différence, adopte l’ensemble des poussins et s’en occupe naturellement.
Utilisation d'abreuvoir automatique
Pour optimiser l’abreuvement des volailles, Adil a mis en place un système d’abreuvoirs automatiques
Chaque petit abreuvoir individuel coûte 12 MAD
Ils sont reliés à un bidon de récupération de 50 litres, placé en hauteur récupéré sur la ferme.
Le système utilise des tuyaux d’environ 1 mètre chacun, à 8 MAD le mètre.
Petit abreuvoir automatique pour la volaille.
Le dispositif fonctionne à l’aide d’un tuyau relié à un godet. Lorsque la volaille boit, son bec appuie sur le godet, ce qui actionne mécaniquement une vanne et permet l’arrivée d’eau. Le système se referme automatiquement une fois la pression relâchée.
Ce dispositif permet un gain de temps et une meilleure régularité dans l’accès à l’eau pour les animaux, les petits abreuvoirs s'autorégulent quand il y suffisamment d’eau dans le godet, cela actionne mécaniquement une vanne qui coupe l’écoulement de l’eau.
Pratique d'intérêt, la culture d'Azolla
Contexte
L’Azolla est une petite fougère aquatique flottante connue pour sa croissance rapide et sa richesse en protéines. Facile à cultiver dans des bassins peu profonds, elle nécessite peu d’intrants et se développe naturellementsous des conditions ombragées avec une eau peu stagnante. Grâce à sa teneur élevée en protéines (jusqu’à 30 % à l’état sec), elle représente une alternative intéressante pour compléter l’alimentation des volailles de manière autonome et économique. Lorsqu’elle est intégrée dans la ration des poules, l’Azolla peut couvrir jusqu’à 30 % de leurs besoins
alimentaires, réduisant ainsi la dépendance aux concentrés du commerce et les coûts liés à l’achat de grains.
Initialement, il a démarré la culture d’Azolla dans un grand bassin de 7 x 5 mètres, à partir de plants achetés auprès d’une ferme située à Chefchaouen. C’est en découvrant cette plante dans une publication sur Facebook qu’il s’est intéressé à son potentiel. Son taux élevé en protéines(16% à l'état humide et 30% à l'état sec) et la facilité de mise en culture l’ont convaincu de tenter l’expérimentation.
Mise en place en place du bassin de culture d’azolla
Terrassement et installation des bâches
Le grands bassin pour la culture d'Azolla.
Profondeur du bassin : 40 cm sur toute la surface
Temps de travail : 5 jours à 2 personnes
Pose de la bâche : 1 journée à 2 personnes
Qualité de la bâche : Qualité moyenne (achetée à bas prix à 8 MAD pour une bande de 8 m x 1 m) Pour compenser, deux couches de bâche ont été superposées.
Ombrière (utilisé pour obstruer la lumière car l'azolla n'apprécie pas le contact direct du soleil)
Structure métallique de la serre
Ombrière pour la culture d'Azolla.
Réalisée avec un soudeur, sur 2 jours. Adil recommande de rester sur place pendant les travaux pour s’assurer du respect des dimensions, qui ne sont pas toujours bien suivies sinon.
Structure
11 arceaux, espacés tous les 2,5 m
Coût de la main d’œuvre : 500 MAD
Coût du métal : 1 500 MAD
Toile tissée d'ombrage :
Largeur : 7 m (avec 1 m de marge de chaque côté du bassin)
Longueur : 23 m
Hauteur maximale : 1,2 m
Pour l’ombrage, il a utilisé une toile tissée confectionnée à partir d’un rouleau de 200 mètres sur 2 mètres, acquis pour 1 200 MAD. L’ombrière a été cousue manuellement, en reliant plusieurs bandes entre elles.
Temps de travail : 3 jours pour 1 personne
Fil utilisé : 3 bobines de 100 m, à 10 MAD la bobine
Répartition des bassin sous l'ombrière.
L'abri, reçoive 4 bassins de dimension 7 m par 2,5 m et un grand bassin de 7 mètre de long par 5 de large.
Dimensions et répartitions des bassins de culture d'Azolla sous l'ombrière
Remarque Adil a testé la culture avec et sans ajout de sol au fond : Dans le cas du grand bassin, Adil à ajouté 5 cm de terre au fond et 15 cm d’eau. Dans les petits bassin il a seulement 20 cm d'eau, selon lui, cela ne change rien de manière significative, mais l’ajout de terre prend une journée à mettre en place.
Fertilisation des bassins d’azolla plusieurs tentatives et une méthodes idéale
Première tentative : sacs de fumier dans l’eau
Au départ, Adil déposait directement dans les bassins des sacs de fumier de 30 kg. Il constatait que l’azolla devenait plus verte autour des sacs, mais l’effet restait localisé : il n’y avait pas de véritable impact sur l’ensemble du bassin.
Deuxième méthode : infusion de fumier (jus)
Baril accueillant un sac de fumier et de l'eau pour fertiliser la culture d'Azolla.
Il a ensuite expérimenté une nouvelle méthode : il laissait macérer les sacs de fumier dans un bidon rempli d’eau, puis versait cette eau enrichie en azote dans les bassins.Résultat : l'effet sur l’azolla était visible sur toute la surface du bassin, ce qui confirmait une meilleure diffusion des nutriments. Cependant, cette méthode s’est révélée fastidieuse, car il fallait apporter du jus de fumier toutes les deux semaines, ce qui demandait du temps et de l'énergie.
Troisième méthode : intégration des canards
Finalement, Adil a trouvé une solution plus simple et durable : Il a laissé les canards barboter librement dans les bassins pendant la journée.
Contrairement à ce qu’il craignait, les canards ne consomment que très peu d’azolla, mais leurs déjections dans l’eau suffisent à fertiliser efficacement le bassin.
Effets observés avec la dernière méthodes :
Les feuilles d’azolla sont plus grandes
Les racines atteignent jusqu’à 6 cm, contre 2 cm auparavant.
La production est environ 10 % supérieure.
Après récolte, la recolonisation du bassin est plus rapide lorsqu’il y a présence de canards ou apport de jus de fumier (grâce aux éléments fertilisants déjà présents dans l’eau)
Production et rationnement pour l'aviculture
Productivité moyenne de l’azolla
En période normale : 250 g/m²/jour
En hiver : environ moitié moins
Pour compenser la baisse hivernale, il utilise une bâche plastique transparente pour couvrir le bassin, ce qui augmente la température de l'eau et accélère la production d’azolla. Coût de la bâche transparente : 200 MAD pour l’ensemble de la surface.
Ration de l’azolla dans l’alimentation des poules
Adil distribue deux repas par jour à ses volailles (matin et soir) :
Mélange azolla et grain dans un panier.
Chaque ration est composée de :
3,5 kg d’un assemblage de grains
1 kg d’azolla humide (fraichement récolté)
Total journalier : 9 kg d’aliment (7 kg de grains, 2 kg d’azolla humide).
Récolte de l'azolla à la main dans un des petits bassins La récolte de l'azolla est rapide, maximum 5 minutes dans leurs cas, elle peut se faire à la main ou avec une épuisette.
Lemélange, effectué manuellement dans un grand panier plastique, est donné immédiatement aux poules.
Pour l'ensemble des poules et dindons (coq, poules et poussins compris) cela représente 90% de grain et 10% d’azolla en moyenne.
Le grain est acheté auprès d’un vendeur local.
Entretien des bassins
L’entretien des bassins d’azolla comprend plusieurs opérations ponctuelles ou régulières :
1. Réparations
Fuites de bâche : Un des bassins a récemment présenté un trou dans la bâche, ce qui nécessite une réparation. C’est l’un des principaux aléas techniques liés à la culture dans des bassins bâchés.
Problèmes de structure : Les piliers centraux, qui soutiennent les arceaux de la serre, peuvent tomber sous l’effet du vent, car ils ne sont pas ancrés dans le sol. Cela oblige à les remettre en place régulièrement.
2. Entretien régulier
Environ une fois par mois, il faut ajouter de l’eau dans les bassins pour maintenir un niveau constant, en raison de l’évaporation naturelle ou de l’absorption par l'Azolla.
Conseils pour la mise en place d’un bassin de culture d’azolla
Fort de son expérience, Adil partage plusieurs recommandations pratiques pour améliorer l’installation des bassins et de leur environnement :
1. Hauteur de la structure : « Si je devais la refaire, je ferais la structure plus haute. » Il souligne qu’une structure trop basse oblige à se pencher à chaque récolte, ce qui rend le travail physiquement pénible à long terme.
2. Qualité de la bâche : Il recommande d’investir dans une bâche de qualité, notamment de type géomembrane, pour éviter les fuites dans les bassins. Les bâches peu chères utilisées dans son installation se sont révélées fragiles et nécessitent des réparations.
3. Dimensions des bassins : Il se dit satisfait des dimensions actuelles des bassins, qui conviennent bien à la production souhaitée.
Piste d’amélioration globale pour la structure :
Il imagine une nouvelle conception plus fonctionnelle :
Une serre plus grande et plus large (12 m de large)
Une allée centrale pour faciliter la circulation et la récolte
Des bassins placés de chaque côté de l’allée
Le poulailler pour les canards directement adjacent, pour faciliter l’accès aux bassins et l’intégration de leurs déjections dans les bassins pour fertiliser.
Installer des tables de cultures de pépinièreau-dessus des bassins d’azolla pour mettre en place une petite pépinière au dessus des bassins.
