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Diminution des phytos et augmentation de l'autonomie alimentaire grâce à la maîtrise du pâturage

De Triple Performance
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Elise et Pierre-Yves Carton. Crédit photo : Civam AD 53

Pierre-Yves et Elise Carton ont fait évoluer leur système dans l'objectif d'améliorer leurs conditions de travail, leurs résultats économiques et leur impact sur l’environnement et la santé. Leur changement de pratiques leur a permis de gagner en autonomie protéique.

Contexte de l'exploitation

  • Nom : Gaec de la Dorière.
  • Localisation : Bais, Mayenne (53).
  • Principales productions : 70 vaches laitières (496 000 L : ½ Prim’Holstein - ½ Normandes).
  • Main d’œuvre : 2 UTH associés.
  • SAU : 72ha dont : Système de culture DEPHY : 36 ha / Système prairies : 32,5 ha / Prairies permanentes : 3,5 ha.
  • Type de sol : Limono-sableux.
  • Spécificités exploitation/Enjeux locaux : Surface accessible au troupeau limitée : 35 ares/VL.

Le système de culture DEPHY

  • Objectif du système : produire du lait de façon économe.
  • Type de travail du sol : labour.
  • Mode d’implantation : classique.
  • Rotations :
    • Système de culture DEPHY sur le « site éloigné » : maïs-maïs-blé-mélange céréales protéagineux.
    • Sur le site principal : Prairies temporaires-maïs.
  • Destination des récoltes : 3ha de blé vendus, reste autoconsommé.
  • Irrigation : non irrigué.
  • Mode de production : conventionnel.
  • Cahier des charges : aucun.
  • Assolement 2020 : Prairie temporaire : 45 ha, maïs ensilage : 13,5 ha, prairie permanente : 3,5 ha, mélange céréales / protéagineux : 4 ha, blé : 3ha, orge : 3 ha.

Objectifs et motivations

Pierre-Yves et Elise Carton sont tous les deux originaires du Nord de la France, région très intensive et ont reproduit le système intensif qu’ils connaissaient bien à leur installation. Mais ils ont souhaité améliorer leurs conditions de travail, leurs résultats économiques et leur impact sur l’environnement et la santé.

"Avec l’AFOC (Association de FOrmation Collective à la gestion) on a eu confirmation que les fermes herbagères, en plus de correspondre à notre philosophie, sont plus rentables". Ils ont commencé à participer aux groupes d’échange du Civam AD 53 en 2014 et sont rentrés dans le groupe Dephy en 2016.

"Notre rêve serait que des normandes pâturent toute l’année sur notre ferme".

IFT du système de culture DEPHY avec traitements de semence

Étapes de mise en place

Évènement/changement au niveau de l’exploitation

  • 2011 : Reprise après un tiers, 67 ha, 440 000 L (reprise de quota), 2 UTH.
  • 2012 : Agrandissement de la salle de traite.
  • 2014 : Accueil d’une journée du groupe système herbager du CIVAM AD 53 sur la ferme.
  • 2016 : Reprise de 6 ha, engagement dans le groupe Dephy du CIVAM AD 53. Nous sommes prudents, nous changeons notre système petit à petit.
  • 2019 : Lancement de démarches en vue de réaliser un boviduc, augmentation de la surface en herbe pour réduire la surface en maïs. Nous sommes satisfaits de nos changements mais il nous reste encore beaucoup de marges de manœuvre.

Évènement/changement agronomique au niveau du système de culture

  • 2013 : Binage du maïs mais bineuse peu adaptée.
  • 2015 : Augmentation de la surface en pâture sur le site principal.
  • 2016 : Mise en place de mélanges céréales / protéagineux, binage de 15 ha de maïs. L’utilisation de mélanges céréales / protéagineux est assez simple : uniquement un semis (Avoine, Pois et Triticale). Cette culture est ici autoconsommée donc la composition du mélange récolté importe peu. Les éleveurs veillent tout de même à limiter la part de pois pour réduire le risque de verse.
  • 2017 : Utilisation de trichogrammes contre pyrale du maïs.
  • 2018 : Réduction surface maïs : - 4 ha.
  • 2019 : Réduction surface maïs : - 3 ha.

L’augmentation de la surface en herbe pâturée par les vaches permet de réduire les besoins en maïs. Celui-ci arrive moins fréquemment dans les rotations et est donc plus facile à désherber, notamment derrière prairies. De plus, il est plus "facile" de biner 13 ha que 20 ha. Enfin, la Cuma s’est dotée d’une bineuse guidée par caméra, ce qui facilite le travail.

Assolement global

de l'exploitation

État initial

(2013-2014)

État actuel

(2017-2018-2019)

Prairies temporaires +

Prairies permanentes

33 + 3ha 45+4ha
Maïs ensilage 20 ha 13 ha
Blé et Orge 10 ha 6 ha
Mélange céréales-

protéagineux

0 ha 4 ha
Total 66ha 72ha

Stratégie de l'agriculteur pour la gestion des bioagresseurs

Carton Strategie.png
Beaufort LegendeStrategie.png

Résultats attendus

  • Ce système de culture concerne les surfaces éloignées. Ses évolutions sont d’abord dues aux changements effectués sur le site principal : augmentation de la surface pâturable.
  • Maïs : baisse des besoins (aucun au printemps, moins en été et moins à l’automne) :

--> Moins de surfaces, donc plus d’observation et plus grande facilité d’interventions alternatives.

--> Meilleure qualité, voire même rendement.

  • Céréales : diminution des surfaces de vente (marges faibles), remplacées par un mélange céréales protéagineux autoconsommé.

Évaluation de la maîtrise des bioagresseurs

Evaluation réalisée par l’agriculteur et l’ingénieur réseau DEPHY à l'échelle du système de culture.

Maîtrise des adventices

  • Blé/Orge : une des parcelles a un historique de monoculture de céréales à paille (pratique du cédant) et a une pression élevée en rumex. Cela pose problème uniquement les années où elle est en céréales. En mélange céréales / protéagineux, grâce à l’avoine le salissement est moindre.
  • Maïs : depuis que Pierre-Yves Carton réalise des faux semis dans les semaines précédant le semis du maïs, cela limite vraiment le salissement.
  • Ray-grass hybride - Trèfle violet : à l’avenir, de plus en plus de prairies de 2-3 ans vont rentrer dans la rotation, limitant ainsi la pression adventices.

Maîtrise des maladies

Le mélange céréales-protéagineux est peu sensible aux maladies. Il n’y a donc pas d’interventions spécifiques.

  • Maïs : peu de maladies généralement. Il n’y a pas d’intervention spécifiques.
  • Blé/Orge : choix de variétés peu sensibles, mais une application à DFE en général.

Maîtrise des ravageurs

  • Maïs : pyrales mais peu de dégâts car lutte biologique avec lâché de trichogrammes et maïs ensilé tôt.
  • Taupins : semis tardifs (15/05) donc pression limitée et maïs vigoureux.
Positif = Bien maîtrisé Neutre = Moyennement maîtrisé Négatif = Mal maîtrisé N.C. = Non Concerné
Adventices Maladies Ravageurs
Blé ou orge Neutre Positif Positif
Céréales / protéagineux Positif Positif Positif
Maïs Positif Positif Positif
RGT - TV Positif Positif N.C.
Système de culture Positif Positif Positif

Évolution de l’utilisation des produits phytosanitaires et de biocontrôle

L’IFT traitements de semences diminue car les surfaces de blé et de maïs ont été réduites au profit du mélange céréales / protéagineux et des prairies non traitées. Seul le blé recevait un traitement fongicide. Sa surface diminuant, l’IFT fongicide baisse également.

La baisse d’utilisation d’herbicides est liée à :

  • La substitution par du désherbage mécanique sur maïs.
  • Le remplacement du blé par un mélange céréales / protéagineux étouffant, donc non désherbé.
  • L’incorporation de prairies temporaires (3 ans) dans l’assolement.
Carton IFT.png

Indicateurs de durabilité

Les résultats présentés dans les tableaux ne concernent que le système de culture DEPHY, soit le site éloigné. Mais on est bien ici sur un changement global du système d’exploitation, évoluant vers un système herbager. Ainsi, il convient d’observer les résultats présentés en commentaires.

Performances économiques

Performances

économiques

État initial

(2016)

État actuel

(2019)

Consommation de

carburant (l/ha)

106 108
Charges opérationnelles (€/ha)

(version standardisée

millésimée)

273 289
Marge semi-nette (€/ha) 893 575
Marge semi-nette/produit brut

(version réelle) (%)

62 53
Charges de mécanisation (€/ha)

(version réelle)

264 219
Produit brut (€/ha)

(version réelle avec

l’autoconsommation)

1431 1084

A l’échelle de l’exploitation, voici les évolutions entre l’année 2016 et l’année 2019 :

  • Le produit courant passe de 213 949 à 196 861€, diminuant de 17 000€.
  • L’EBE (avant rémunération) passe de 53 424€ en 2015 à 58 691€, augmentant donc de 5000€.

Ainsi l’économie de charges, alimentaires essentiellement, a été supérieure à la baisse des produits, ce qui permet d’améliorer l’EBE.

Performances environnementales

Performances

environnementales

État initial

(2016)

État actuel

(2019)

Pourcentage de cultures

pluri- annuelles (%)

54 69
Nombre de cultures

principales & intermédiaires

4 5
Qté de matières actives

toxiques pour

l'environnement (kg/ha)

Neutre Positif
Volume d'eau

d'irrigation (mm/ha)

0 0
Emission GES totale

(kg éq CO2/ha)

Neutre Neutre

En plus de la réduction d’utilisation des produits phytosanitaires, le passage en système plus herbager permet à la ferme de gagner en autonomie protéique : de l’équivalent de 46 ha de surface de soja importé en 2016, il passe à 19 ha en 2019.

Performances sociales

Performances

sociales

État initial

(2016)

État actuel

(2019)

Qté de matières

actives toxiques pour

l'utilisateur (kg/ha)

Neutre Positif
Temps d'utilisation

du matériel (h/ha)

4,96 5,04
Marge semi-nette /

temps de travail (€/h)

182 114

Les agriculteurs se sentent globalement mieux dans leur système.

Pour plus de précisions méthodologiques sur les indicateurs utilisés ci-dessus, cliquez ici.

Regards croisés

L'agriculteur Pierre-Yves Carton

Crédit photo : © Civam AD53.

En quoi le groupe et l’accompagnement DEPHY vous ont-ils permis de progresser ?

"Ayant un passé de contrôleurs laitiers dans le Nord de la France nous avions des repères de systèmes intensifs. Le groupe nous a permis de découvrir une autre logique : les systèmes économes basés sur plus de pâturage. Un des déclics a été notre première participation à la journée d’échanges technico-économiques : on a pris une claque quand on a vu à quel point les systèmes économes donnaient de bons résultats."

Quelles sont vos perspectives pour continuer à améliorer votre système ? Quels conseils donneriez-vous aux autres agriculteurs ?

"Sur notre ferme nous envisageons d’installer un boviduc. En effet, nous avons encore la perspective d’augmenter la surface accessible au pâturage, de réduire encore les besoins en maïs et donc en intrants. Nous encourageons les agriculteurs qui souhaitent évoluer à s’entourer d’autres agriculteurs expérimentés et de ne pas hésiter à aller voir des systèmes différents."

L’ingénieur réseau DEPHY Mikaël Le Berre

En quoi la trajectoire de ce système a-t-elle enrichi le groupe DEPHY FERME ? "Pierre-Yves et Elise font partie des agriculteurs qui souhaitent prendre le temps de réaliser les changements : cela illustre bien la trajectoire à mettre en place pour une transition progressive et sécurisée. De plus, de par leurs connaissances techniques pointues et leur bonne humeur à toute épreuve, Pierre-Yves et Elise ont beaucoup apporté à la vie du groupe."

Les principales réussites

  • La baisse d’utilisation d’intrants (phytos, aliments).
  • L’amélioration des résultats économiques.
  • L’amélioration des conditions de travail sur la ferme.

Les principaux freins

  • L’éclatement du parcellaire (amélioration prévue).
  • Les repères correspondant à une logique plutôt productiviste au début, mais qui ont fortement évolué et sont toujours en cours de changement.

Source

Plus de pâturage, moins de maïs, moins d’intrants - Fiche trajectoire DEPHY FERME. Document réalisé par Mikaël Le Berre (juliette.brown@civam.org ), Ingénieur réseau DEPHY, Civam AD 53 le 24/02/2021.


Action du plan Ecophyto piloté par les ministères en charge de l’agriculture, de l’écologie, de la santé et de la recherche, avec l’appui technique et financier de l’Office français de la biodiversité.

Logos REXCarton.png

Annexes

Leviers évoqués dans ce système

Matériels évoqués dans ce retour d'expérience

Cultures évoquées

Bio-agresseurs évoqués


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