Le radis chinois, une crucifère structurante pour les intercultures
Le radis chinois, aussi appelé radis daïkon, est une crucifère annuelle à cycle court, utilisée en couverture végétale pour ses propriétés de structuration du sol, de piégeage de l’azote et de vitesse d’installation. Bien qu’encore peu utilisé en France par rapport à la moutarde blanche ou à la phacélie, il présente des intérêts agronomiques importants en interculture courte ou longue, notamment dans des systèmes visant à améliorer la structure du sol ou à restituer des éléments minéraux. Il s’intercale entre une céréale d’hiver et une culture de printemps comme le maïs ou le tournesol, mais peut aussi être utilisé en interculture longue dans des systèmes maraîchers ou viticoles.[1]
Un pivot puissant pour décompacter les horizons superficiels
Le radis chinois est doté d’une racine pivotante développée pouvant descendre jusqu’à 30 à 60 cm selon le sol et les conditions de croissance [2][3]. Ce pivot permet de fissurer les horizons superficiels et de restaurer une porosité verticale, facilitant l’infiltration de l’eau et la reprise racinaire de la culture suivante. La variété ‘Structurator’ est particulièrement sélectionnée pour cet usage, avec un développement racinaire accentué et une faible sensibilité à la montaison[3]. Ainsi, le radis chinois agit comme un sous-soleur biologique, créant des cheminements racinaires et hydriques utiles à la culture suivante.
Une levée rapide et une couverture efficace
Semé en juillet-août, à une dose d’environ 9 kg/ha pour un poids de mille grains (PMG) d’environ 14 g, le radis chinois lève rapidement, souvent en 3 à 5 jours lorsque la température atteint 20 °C [4]. En quelques semaines, il développe une biomasse importante, généralement entre 2 et 5 tonnes de matière sèche par hectare, couvrant efficacement le sol. Cette rapidité de développement en fait un excellent concurrent face aux adventices, particulièrement utile dans les intercultures courtes.
Dans les essais conduits par Interbio Occitanie sur des systèmes maraîchers, le radis chinois associé à la phacélie a montré une meilleure couverture du sol et une biomasse supérieure à celle d’autres crucifères classiques.[5]
Restitution azotée et fonctionnement du sol
Absorption rapide de l’azote résiduel
Comme toutes les Brassicacées, le radis chinois capte rapidement l’azote minéral présent dans le sol. Il peut absorber jusqu’à 30 unités d’azote par tonne de matière sèche produite[5]. Dans le cas d’un couvert de 3 t MS/ha, cela représente environ 90 unités stockées, limitant efficacement les pertes par lessivage à l’automne, en particulier après une céréale.
Restitution progressive au printemps
Après destruction du couvert, la biomasse restitue progressivement les éléments minéraux, selon les conditions climatiques et le mode d’intervention (gel, broyage, roulage). Chaque tonne de matière sèche libère en moyenne 30 unités d’azote, 20 de potassium et 8 de phosphore. Cette minéralisation lente, étalée sur plusieurs semaines, profite à la culture suivante. La décomposition du pivot stimule également l’activité biologique du sol et favorise la formation de galeries racinaires utiles à la reprise végétative.[6]
Mode de destruction : naturelle ou mécanique
Le radis chinois est sensible au gel dès -4 à -6 °C selon le stade et les conditions[2]. Dans la majorité des régions, une destruction hivernale est suffisante. En cas d’hiver doux ou de semis tardif, une destruction mécanique (roulage, broyage, déchaumeur à disques) est recommandée pour éviter la montée à graines[1]. En cas de levée tardive, le risque de montaison augmente au printemps, ce qui peut gêner la gestion du semis suivant.
Il est déconseillé d’associer le radis chinois à d’autres crucifères dans des rotations courtes intégrant du colza, afin de limiter le risque de développement de maladies comme la hernie des crucifères[1]. Un délai de rotation d’au moins 4 ans avant le retour d’une culture crucifère est généralement conseillé pour limiter la pression parasitaire.[7]
Un couvert complémentaire en association
Le radis chinois est souvent intégré dans des mélanges, notamment avec la phacélie, le trèfle d’Alexandrie ou l’avoine brésilienne. Ces associations permettent de diversifier les fonctions : couverture rapide, fixation azotée, structuration racinaire, protection du sol.
Dans les systèmes viticoles, comme le Domaine Gassier situé dans le Gard, le radis chinois est implanté entre les rangs pour favoriser l’aération du sol et réguler la concurrence hydrique.[8]
Conclusion
Le radis chinois est un outil efficace pour la structuration des sols, le piégeage de l’azote, la restitution minérale et le contrôle des adventices. Son coût modéré (~30 à 50 €/ha), sa facilité d’implantation et sa destruction naturelle en font un couvert particulièrement adapté aux systèmes en interculture courte à moyenne.
Son intégration dans des mélanges fonctionnels ou dans les systèmes maraîchers ou viticoles lui ouvre des perspectives d’usage croissantes dans l’agriculture de conservation des sols.
Sources
- ↑ 1,0 1,1 et 1,2 ARVALIS, 2024. Fiche couverts radis chinois
- ↑ 2,0 et 2,1 Bauchery, 2024. Radis chinois semences
- ↑ 3,0 et 3,1 Agryco, 2024. Radis chinois Structurator
- ↑ Jardin Malin, 2024. Le daïkon : le radis blanc asiatique à la saveur douce
- ↑ 5,0 et 5,1 Interbio Occitanie, 2023. Essais couverts maraîchage
- ↑ Web-Agri, 2022. Couverts fourragers bovins
- ↑ Chambre d'agriculture de Bretagne, 2025. Hernie des crucifères observée sur colza
- ↑ Domaine Gassier, 2023. Le Radis Chinois, ami de la vigne