Ferme de Hamid Majjaoui

De Triple Performance
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Ferme avec verger maraîcher et céréale en ACS
Hamid Majjaoui
Maraîchage

Contexte

La ferme :

  • Nom de l'agriculteur : Hamid Majjaoui
  • Nom de la ferme : Ferme Maamoura
  • Localisation : Salé, Shoule, Maroc
  • Date d’installation : 2014
  • Surface cultivée : 6,25 ha.
  • Texture du sol : Argilo-Calcaire
  • Nombre de personnes travaillant sur l’exploitation (UTH) : 2.
  • Climat : Selon la classification climatique de Köppen-Geiger, Rabat présente un climat méditerranéen à étés chauds (Csa). Les températures varient généralement entre 13 °C et 24 °C au cours de l’année, avec des extrêmes pouvant rarement descendre jusqu’à 5 °C ou monter jusqu’à 39 °C. Les précipitations annuelles moyennes atteignent environ 383 mm, réparties sur 52 jours de pluie par an.

Main d’œuvre

  • Il travaille avec :
    • 1 ouvrier permanent. A propos de cet ouvriers: “je suis content d'avoir un personnel que j'ai formé maintenant c'est beaucoup plus simple pour les actions de terrain, les consignes que je lui donne.”
    • Jusqu’à 6 ouvriers journaliers dans les pics de production.
    • Un étudiant qui l’aide le dimanche et pendant les congés.

Commercialisation

  • Il pratique la vente directe avec un stand sur Casablanca tenu par sa femme et la vente en paniers. En moyenne 12 paniers/semaine.

Productions végétales

L’assolement est :

  • 1,25 hectare d’oliviers.
  • 1 hectare de verger-maraîcher, avec notamment des nectariniers et des pêchers. En maraîchage, les principales cultures sont la pomme de terre, la tomate, la salade, le chou, le piment, la betterave, ainsi que le haricot en association avec le maïs.
  • 4 hectares d’orge, avec un rendement indicatif de 70 quintaux par hectare, contre 15 quintaux par hectare en moyenne dans la région.

Production animale

Aujourd’hui il a seulement 1 brebis, il a arrêté la production de lait de vache car ce n’était pas rentable. Actuellement réfléchit à reprendre l’élevage pour être autonome en fumier.

Etude, formation et parcours de vie

Âgé de 63 ans et de retour du Canada, cet agriculteur sans bagage agricole. Il a suivi une formation en permaculture et en agriculture sans labour. En 2002, il acquiert un terrain de 6,25 hectares, laissé en jachère. Ce n’est qu’en 2014, après un retour au Maroc, qu’il commence à le cultiver en semis direct. Son objectif : vérifier par lui-même s’il était réellement possible de cultiver sans labourer la terre comme il l'a constaté dans des vidéos Youtube.

Motivation et objectif

  • Pour lui, ce projet de travailler en sol vivant était un défi, mais désormais, il est temps de penser à transmettre. Il envisage de repartir au Canada pour des raisons de santé. Il prépare donc une vidéo pédagogique sur la technique des planches en fosse de cultures pour que ces expériences ne soient pas perdues.
  • Il aimerait former un groupe de travail avec un étudiant pour suivre, référencer les pratiques, et faire les calculs qu’il n’a plus le temps de faire lui-même. Il dit : « Quand on commence à vendre, on n’a plus le temps de faire ces choses-là ».
  • Il insiste sur l’importance de la couverture du sol : « Le sol doit toujours être couvert ».

Volet Agronomique

Pratique agricole

  • Semis direct pour les céréales pas de labour.
  • Association de culture, maïs haricot.
  • Optimisation de l’irrigation dans le verger-maraîcher grâce à une irrigation localisée sur les planches légumières, qui profite également au système racinaire des arbres fruitiers plantés en bordure.
  • Valorisation des déchets de tailles pour compostage et paillage. Autoproduction de bois raméale fragmenté (BRF) pour paillage.

Gestion des adventices

  • Hamid Majjaoui utilise des bâches plastiques laissées plusieurs mois pour réduire les adventices en maraîchage.
  • Ses zones arbustives sont entretenues en chop and drop, par fauchage des graminées restituées au sol.
  • Le désherbage est manuel, sans produits chimiques.
  • Il a mis au point une technique spécifique de gestion des couverts pour les semis de maïs et de haricot.
  • Enfin, pour les prairies avec ronces et ligneux, il a conçu une débroussailleuse-tondeuse artisanale, utilisée ponctuellement (détaillée dans la section 4 du volet agronomique à la fin de l'article).

Pratique d’intérêt

1. Implantation d’une association de culture dans un couvert d’adventices

Objectif de la pratique

Hamid cherchait une méthode permettant de réguler la pression des adventices tout en maintenant un couvert végétal au sol. Son objectif était d’implanter des cultures directement dans ce couvert, sans recourir au travail du sol mécanisé ni au désherbage manuel.

Mise en place

Ouvrier de la ferme Maamoura brossant le couvert d'adventice avec une faucille.
Ouvrier de la ferme Maamoura brossant le couvert d'adventice avec une faucille.

Hamid Majjaoui utilise une faucille tenue lame vers le sol, qu’il tire vers lui en reculant pour aligner les tiges herbacées du couvert d'adventices. Les herbes accrochées à la lame sont ensuite récupérées en bout de planche, puis répandues au sol en paillage.

Dans un second temps, il utilise une planche munie d’une corde pour plaquer l’herbe au sol. Il y pose le pied pour comprimer la végétation, puis soulève la planche avec la corde pour avancer.

  • Temps estimé : 1 journée pour une planche de 30 × 8 m50 % du temps pour aligner les fibres, → 50 % pour plaquer la paille.

Suivi et implantation de l’association de culture maïs + haricot

Il met en place un semis de Haricot avec maïs dans un couvert

  • Association de culture : Semis de maïs + haricot :
    • Le semis prend 10 minutes sur une planche de 30 × 8 m.
    • La semence : 2 kg de maïs, 1 kg de haricot (variétés locales).
Ouvrier de la ferme Maamoura en train d'aplatir l'herbe avec la planche dont les extrémités sont reliées par une ficelle.

Irrigation

  • Il utilise des asperseurs pour irriguer ses cultures en planches.
    • Il a ajouté des asperseurs avec une canne de 1 m pour dépasser le couvert végétal en début de croissance (notamment les céréales et le maïs).
    • Le système est sur 30 m de long × 8 m de large : Il commence par 3 pas, pose un asperseur avec un rayon de , puis 7 pas, et ainsi de suite jusqu’à 4 asperseurs par planche.

Coût du matériel

  • Asperseur grand modèle : 75 dirhams.
  • Tige métallique : incluse.
  • Tuyau : 1,2 75 dirhams/mètre.

Résultat et observation

  • Hauteur du maïs : jusqu’à 3 m, avec trois racines visibles sur la tige = indicateur de bon enracinement. Les épis donnent des grains parfois aussi gros que des fèves. Les haricots se développent également et utilisent les cannes de maïs pour se déployer.
  • Il précise que cette méthode est très physique, en particulier lorsqu’il faut plaquer l’herbe avec la planche.
  • Remarque : un essai avec un tonneau rempli d’eau pour aplatir la paille s’est révélé peu pratique à cause de la pente de la parcelle (remonter la pente avec le tonneau était très pénible).

2. Système de planches de cultures fertilisantes avec apport de matière organique en fosse :

Objectif

Il cherchait un nouveau moyen de préparer des planches faciles à cultiver en maraîchage. Il était confronté à un e forte présence d’herbes indésirables (stock de graine d'adventice). Son objectif était de concevoir des planches capables de bien stocker l’eau, tout en réduisant la pression des adventices. Pour ce faire, Hamid a pensé à creuser des fosses dans lesquelles il ajouterait du compost et des déchets verts.

Planche de salades entourée de parpaings, intégrée à un système de fosses dont seule la dernière couche, composée de compost, est visible.

Les étapes de mise en place du système de fosse

Il creuse 40 fosses pour une fertilisation en profondeur :

  • Dimensions par fosse : 10 m² (10 mètres de long × 1 mètre de large)
  • Profondeur : 60 cm

Composition de chaque fosse (de la couche la plus profonde à la plus superficielle) :

  • 40 cm de troncs secs
  • Du broyat sec pour combler les interstices
  • 20 cm de bois vert fraîchement coupé
  • Une nouvelle couche de broyat de déchets verts (pour combler les interstices)
  • 10 cm de terre du jardin
  • 4 cm de compost
  • Sol arrosé et compacté à chaque couche.


Par couches (prix et temps de travail) :
  1. Les troncs d’arbre : Bois coupé sur la ferme ➞ 1 journée de travail (au minimum) ➞ 4 m3 de tronc coupées.
  2. Le broyat sec : (produit sur la ferme) Épandage ➞ en 30 minute ➞ 2 brouettes de broyat sec par planche. Il faut marcher dessus ensuite pour que ça se tasse jusqu'à bien tasser ➞ 10 minutes si c'est bien fait.
  3. Le bois vert : (produit sur la ferme) 1 brouette de broyat vert à été nécessaire pour par planche ➞ en 30 minute.
  4. Le broyat vert : (produit sur la ferme) Il faut marcher dessus ensuite pour que ça se tasse jusqu'à bien tasser cela peut prendre 10 minutes si c'est bien fait.
  5. Les parpaings : ➞ Pour positionner les briques parpaing il faut en moyenne une demi-journée de travail. ➞ Prix : Les planches sont entourées de parpaing qui coûte 3 dirhams la pièce, dans ce cas il y a 56 parpaings donc on fait 56 x 3 dirhams pour le prix sur une planche cela représente 168 dirhams (prix valable il y a 2 ans).
  6. La terre de forêt : La terre utilisée dans les planches et de la terre de forêt qui a été payée 90 dirhams le camion. ➞ Il faut une demi journée pour un ouvrier pour mettre la terre de forêt dans un bac.
  7. Le compost : (produit à la ferme) Pour mettre le compost à la fin les 4 cm par-dessus la terre ➞ 30 minutes ➞ en moyenne 2 brouettes pleines.
Schéma des différentes couches de matière organique qui remplissent la fosse.
Schéma des différentes couches de matière organique qui remplissent la fosse.


Temps totales estimé : Une fosse par jour avec quatre personnes, en comptant le creusement manuel et l’ajout des différents matériaux dans la fosse. Ce temps n’inclut pas le travail de préparation en amont, nécessaire pour que les matériaux soient prêts : broyat vert et sec, troncs d’arbres débités, etc.

Gestion de l’irrigation dans les fosses maraîchères :
  • Fréquence d'arrosage (en particulier pour la betterave):
    • Dès la germination : tous les jours (à partir du 4e jour).
    • Ensuite : 2 fois/semaine → 1 fois/semaine à maturité.
    • Arrosage de 10 minutes par session.
    • L’irrigation dans les vergers commence une fois par semaine, et il utilise aussi du compost dans l’irrigation.
  • Les asperseurs positionnés sont des micro asperseurs, ils coûtent en moyenne en 1 dirham la tige en métal comprise avec l’asperseur pour le tuyau d'irrigation c'est 1,2 dirhams le mètre.

Résultat

De meilleures performances culturales sur ces planches :

  • Betteraves : 64 plants/m² (vs 15/m² en conventionnel).
  • Bulbes bien formés, feuillage sain.
  • Récolte groupée (vs récolte étalée dans les systèmes classiques).

Observation & commentaire

  • Pour montrer la porosité Hamid enfonce une tige en métal de 50 à 60 cm dans le sol et on voit qu'elle s'enfonce facilement
  • Les difficultés liées à la main d'œuvre : Pendant la mise en place des fosses, le personnel n'était pas formé pour la plupart, il fallait que je surveille la main d'œuvre pour être sûr que le travail soit bien fait selon les règles du sol vivant.
Conseil si c’était à refaire
  • Il estime avoir perdu environ 25 % de temps en raison d’un manque d’organisation du chantier au départ. Pour lui, il est essentiel d’avoir tous les matériaux prêts avant l’arrivée des journaliers, afin de donner des consignes claires et d’éviter toute perte de temps.

3. Production de broyat pour compost ou paillage

Objectif

  • Réduire la dépendance à la paille et aux intrants externes en développant une autonomie en matière organique directement sur la ferme.
  • Cette démarche vise à limiter les coûts, en particulier dans un contexte de sécheresse où la paille devient rare et coûteuse.

Gestion de la taille avant broyage

  • Il utilise toutes les tailles végétales pour faire du compost ou du paillage. Il réalise deux tailles par an (estimation environ 30 m3 par taille).
  • En cas de besoin urgent (par exemple après un désherbage), il peut broyer directement pour obtenir du paillage. Sinon, le délai entre le stockage et le broyage n’excède généralement pas 3 à 4 mois.
Broyeur auto construit par Hamid Majjaoui.

Broyeur auto construit

  • Il ne possède pas de broyeur professionnel : il en a construit un lui-même avec l’aide d’un soudeur :
    • Prix de fabrication : 6 500 dirhams.
    • Moteur 220 volts, branchés sur secteur.
    • Il a fallu 4 à 5 jours de travail avec un soudeur, notamment pour calibrer les lames du broyeur.
    • Prix : 1000 DH de main-d’œuvre incluant les vis, boulons, etc. Il a fourni le métal au soudeur.


Remarque :

  • Il utilise le broyat frais sur les zones sans semis prévu ou avec plantes non sensibles (ex. arbres, plantes résistantes), mais pas pour les cultures maraîchère comme les courgettes.
  • Le soudeur a ensuite vendu 10 exemplaires avec les mêmes plans, signe que le mécanisme répondait à un besoin de plusieurs agriculteurs de la zone.

Plusieurs Méthodes de compostage

Dans toutes les méthodes, le rythme d'arrosage du compost se base sur une observation simple : il suffit de regarder à 20 cm de profondeur dans le compost.

  • Si c’est encore chaud, cela signifie que la décomposition est activepas besoin d’arroser.
  • Si c’est froid, il faut arroser pour relancer la décomposition.

L’arrosage dure environ 10 minutes.


Remarque : En général, cela se traduit par un arrosage par semaine, mais la fréquence peut varier en fonction de la saison (la température extérieure et l’humidité de l’air ont une influence importante).  

Méthode classique

  • Le compost est retourné 3 à 4 fois sur une période de 9 mois. Il est composé de déchets verts, de légumes pourris et d’adventices issues de la ferme.
  • Au bout de 9 mois, le compost est prêt à l’usage. Toutefois, s’il est trop riche, il peut provoquer des brûlures racinaires. Dans ce cas, il le dilue avec de la terre de son terrain, par exemple pour le rempotage.
  • S’il peut le laisser décomposé plus longtemps, il le fait. Il précise que plus le compost est ancien, meilleur il est.
3 des 6 bacs de compost rempli avec les déchets verts en phase de décomposition
Organisation des bacs
  • 6 bacs de compost, chacun de 1 m³.
  • Chaque bac peut être retourné à la fourche en environ 1h.
  • Le compost est aussi utilisé directement au champ, sur toutes les cultures.
  • Il stocke les déchets de culture, herbes montées en graine, etc.

Méthode avec broyat de bois

  • Il broie le bois comme vu précédemment, le broyat peut être à partir de roseaux, d’acacia mollissima (arbre mou et riche en tanins), de mûrier, de bambou. Le bois est plus stable ce qui fait un compost qui peut être utilisé comme substrat ou comme amendement organique pour améliorer la structure.
  • Il composte le broyat en tas et non en bac. Il peut composter le broyat seul ou bien avec de la terre  (moitié terre / moitié bois broyé). Cela prend en moyenne 9 mois.
  • Pour aider à décomposer le tas de broyats tu mets de l'eau et un peu de déchets de légumes ça va accélérer la décomposition.

Méthode berkley

  • Méthode Berkeley testée : 20 jours de compost au lieu de 9 mois, à condition de retourner le tas tous les deux jours c’est rapide mais cela demande un suivi soutenu. Pour le faire, il met alors le composte en tas et le recouvre d’une bâche plastique pour limiter l’évaporation.

Méthode de production de compost pour le semis

  • On peut utiliser du compost contenant de la paille, jusqu’à la moitié du mélange. Après 6 mois, si de la paille a été incorporée, le tas contient moins de particules fines, ce qui est moins adapté pour la fabrication de terreau de semis. → Pour le tas visible sur la photo, on obtient environ un seau de 45 L de compost tamisé (estimation du tas : 0,6 m³ par une IA).
    Tas de broyat en phase de compostage.
    Tas de broyat en phase de compostage.
  • Pour obtenir de plus grandes quantités de terreau de semis, il est préférable d’utiliser un tas composé uniquement de bois broyé composté.

Le tamisage peut se faire de deux manières : avec un petit tamis manuel (environ 10 Dirhams) → temps de tamisage : 30 minutes. Avec un grand tamis grillagé, plus cher mais plus efficace → temps de tamisage : 10 minutes. Le compost est dans ce cas jeté à la pelle sur la surface grillagée. Les particules fines tombent, et le résidu est récupéré derrière la grille.


Remarque :

  • Pour le terreau de semis, il faut utiliser un tamis à maille fine, afin d’obtenir un substrat homogène.
  • On tamise en priorité le compost issu de broyat de bois, car il fournit une matière fine bien adaptée au semis.
  • À ce jour, la formule idéale n’a pas encore été trouvée selon Hamid.
Hamid Majjaoui entrain d'utiliser sa débrousailleuse - tondeuse.

4. : Débroussailleuse artisanale

    • Fonctionne comme une tondeuse, intègre des marteaux comme dans une faucheuse à paille.
    • Efficace dans les prairies avec un peu de matière ligneuse (ronce , petit bois, petit palmier).
    • Temps de fabrication avec un soudeur : 1 semaine.
    • Fonctionne à l’essence, mais il ne l’utilise pas beaucoup depuis qu’il à la technique pour la gestion des couverts avec la faucille et la planche.
    • Ne marche pas bien sur terrain caillouteux.
    • Prix = 40000 dirham car prototype et il à fallut acheté le moteur.

Remarque : Il insiste : attention à la sécurité (risque de projection devant la tondeuse).

Galerie photo de la ferme Maâmoura


Cette page a été rédigée dans le cadre du projet Urbane avec le soutien financier de l'Union Européenne, avec la participation du Centre National d'Agroécologie et de Ver de Terre Production