Ferme de Taoufik Oualmadou
Ferme avec verger-maraîcher et forêt nourricière.
Toufik Oualmadou
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Contexte
La ferme
- Nom de l'agriculteur : Toufik Majjaoui
- Nom de la ferme : Ferme de Toufik Majjaoui
- Localisation : Tiflet, Maroc
- Date d’installation : 2021
- Surface cultivée : 4 ha.
- Texture du sol : Limono-Argileux
- Nombre de personnes travaillant sur l’exploitation (UTH) : 2.
- Climat : Selon la classification climatique de Köppen-Geiger, Rabat présente un climat méditerranéen à étés chauds (Csa). Les températures varient généralement entre 13 °C et 24 °C au cours de l’année, avec des extrêmes pouvant rarement descendre jusqu’à 5 °C ou monter jusqu’à 39 °C. Les précipitations annuelles moyennes atteignent environ 383 mm, réparties sur 52 jours de pluie par an.
Main-d’œuvre et conditions
- Pour le moment, il y a sur la ferme 1 ouvrier à temps plein et au ¾ d’un temps plein.
- Un ouvrier non spécialisé est payé 100 dirhams par jour. Un ouvrier possédant des compétences en agriculture est rémunéré 120 dirhams. Cela permet de les motiver et de leur donner envie de revenir travailler sur la ferme.
Commercialisation
En 2024, il a commercialisé une dizaine de paniers par semaine à des amis proches, ainsi qu’à deux restaurants. Ce test de commercialisation a ensuite été mis en pause. Il espère le relancer au mois de Juillet 2025.
Production végétale

- 1,5 Hectare aménagé en forêt nourricière avec baissière, associant des arbres fruitiers à des arbres supports, choisis pour leur capacité à produire de la biomasse ou à améliorer la qualité des sols (notamment des espèces fixatrices d’azote comme certaines Fabacées). Ce système vise à favoriser la régénération naturelle des sols tout en diversifiant la production.
- 1 hectare organisé en planches de culture, intégrées à des rangées d’arbres supports. Ces arbres jouent un rôle clé dans le microclimat et la fertilité du sol. Les cultures suivent la même disposition que dans la Ferme Mama Ghaïa.
Etude, formation et parcours de vie
Toufik Oualmadou a toujours été passionné par la nature. Pendant le confinement lié au COVID-19, il a pris conscience de son envie profonde d’avoir un coin de nature à lui et de pouvoir nourrir sa famille. C’est à ce moment-là, en 2021, qu’il a acheté le terrain, quelques mois après la sortie du confinement. oufik Oualmadou est banquier mais il vient voir son jardin 2 à 3 fois par semaine pour s’assurer que tout se passe bien.
Historique de la ferme
Terrain modifié par des travaux anciens

Le terrain possède une caractéristique particulière : des travaux d’excavation y ont été réalisés il y a une trentaine d’années, lors de la construction d’une route, pour récupérer des pierres. Ces travaux ont profondément modifié le profil du terrain, à tel point que la parcelle se retrouve à au moins 3 mètres en contrebas des parcelles voisines. Le terrain a ensuite été laissé en friche, envahi de végétation, notamment des cactus.
Lorsque le gérant a repris la parcelle, il a dû consacrer trois à quatre jours à l’arrachage des cactus. Il a choisi de les éliminer car ils n’apportaient pas de bénéfice particulier au système : ils n’étaient ni comestibles ni utiles pour le paillage, ils prenaient beaucoup de place et ne fixaient pas d’azote.
Motivations et objectif
- L'objectif principale de son exploitation est de nourrir sa famille et d'avoir un espace de nature à lui, la commercialisation est secondaire pour lui.
- À terme, il souhaite également développer sa propre pépinière pour gagner en autonomie en plants, et ouvrir la ferme au public à travers des ateliers et des visites pédagogiques.
Volet Agronomique
Pratique agricole
Gestion de l'eau
- La ferme fonctionne avec un forage et un bassin. Le bassin a un volume de 950 m³, avec des dimensions de 20 x 15 x 3 mètres.
- Un problème est survenu avec le forage : le gérant avait demandé une profondeur de 120 mètres, mais le forage n’a atteint que 100 mètres. N’ayant pas pu être présent sur le chantier, les consignes n’ont pas été respectées, et il en subit aujourd’hui les conséquences, avec une pénurie d’eau.
Haie sur le côté ouest
- Une haie de pyracanthas a été plantée sur la droite du terrain, tous les 40 cm, dans une tranchée continue. Cela prend en moyenne deux jours pour 1200 mètres linéaires.
- Une seconde ligne de haie, implantée derrière la première, combine des arbustes et des arbres de plus grande taille afin de créer une canopée avec des hauteurs variées, propices à la condensation de la rosée matinale.
- La seconde rangée est composée essentiellement d’arbres dits 'supports', choisis pour leur capacité à produire de la biomasse, fixer l’azote et accueillir certaines plantes associées. Pour sa mise en place, il a fallu creuser des trous de 50 × 50 × 50 cm tous les deux mètres. Sur une longueur totale de 1 200 mètres linéaires, cela représente au minimum six jours de travail pour deux personnes, même si le chantier a été réalisé de manière progressive.

Haie de figue de barbarie
Sur la clôture sud de sa parcelle, à la place des anciens cactus, il a donc replanté, en fond de parcelle et en bas des baissières, des figuiers de Barbarie. Ces derniers forment une haie efficace contre le bétail et les intrusions, produisent du nectar apprécié des abeilles, et leurs fruits ont retrouvé une forte valeur marchande.
Remarque Depuis la propagation de la cochenille du figuier de Barbarie au Maroc, les populations de figuiers de barbarie ont fortement diminué. Ce fruit, autrefois très commun et vendu à moins de 1 dirham pièce, se vend aujourd’hui plutôt à 5 dirhams. Un ami du gérant en exporte même à l’étranger à un prix de 6 euros le kilo.
Gestion de la cochenille du figuier de barbarie
- Pour lutter contre la cochenille sur le figuier de barbarie, il utilise deux méthodes :
- Un arrosage direct du feuillage avec un jet d’eau afin de déloger les parasites mécaniquement.
- Une préparation à base de 1 litre d’eau, 1 cuillère à soupe de bicarbonate de soude et une petite poignée de savon noir, à pulvériser sur le feuillage.
Pratique d'intérêt
Baissière et forêt nourricière dans un terrain en pente
Contexte
Le terrain présente une pente marquée, exposée à un risque important d’érosion, notamment lors des épisodes orageux intenses. L’enjeu est donc de concevoir une implantation agricole qui limite ce risque tout en maintenant une capacité de production.
Objectif
Valoriser un terrain en pente par la plantation d’arbres, dans une logique agroécologique. Ce choix permet non seulement de réduire l’érosion, mais aussi de favoriser le stockage de l’eau, de maintenir une meilleure humidité du sol, et de stabiliser la structure du terrain, tout en développant une production durable.
Aménagements topographiques et baissières
- Pour réaménager le terrain, le gérant a travaillé avec un ingénieur topographe.

Ce dernier a tracé des lignes de courbes de niveau en plantant des bâtons à intervalles réguliers de 1 mètre (plus c’est précis plus la ligne de niveaux sera bien horizontale). En moyenne, il y avait un mètre de dénivelé entre chaque ligne, ce qui correspond à environ 6 mètres d’écart horizontal (80% respectent cette écart). Parfois, cet écart variait selon le profil du terrain.
- Les baissières (ou noues) ont été creusées à l’aide d’un tractopelle, à une profondeur initiale de 1 mètre. Avec le temps, elles se sont tassées et certaines n’atteignent plus aujourd’hui que 50 cm de profondeur.
- Le travail de terrassement a duré deux jours et demi. Il a permis de réaliser un total de 1800 mètres linéaires de baissières, soit 12 ou 13 lignes d’environ 150 mètres chacune.
Remarque Il recommande de creuser aussi profondément que possible dès le départ, car une partie du volume se comblera naturellement.
Coûts et moyens mobilisés
- La location du tractopelle a coûté 2000 dirhams par jour à l’époque, avec un prix du carburant à 17 dirhams le litre. Aujourd’hui, un tracteur avec conducteur coûterait entre 1300 et 1500 dirhams par jour. En plus du conducteur (le conducteur est en général intégré dans la location), il faut prévoir un ouvrier pour accompagner les manœuvres.
- Le travail du topographe, qui a pris trois jours, n’a pas été facturé : l’ingénieur était de la famille du gérant, et ce dernier a pu troquer du grillage contre la prestation. En temps normal, ce service aurait coûté environ 3000 dirhams.
- Les baissières ont été finalisées le 22 février 2023 mais elles n’étaient pas encore accompagnées par les plantations.
Plantation de la baissière
La plantation des arbres a eu lieu en février 2025 et s’est terminée en avril 2025. Elle a été retardée pour permettre l’installation complète du système d’irrigation.
Le positionnement des plantes suit plusieurs logiques :
- En haut de la pente : arbres plus exigeants en eau et en entretien, bénéficiant d’un sol plus profond (jusqu’à 2–3 mètres) et d’une pression d’eau plus élevée ;
- En bas de la pente : arbres plus résistants à la sécheresse, sol peu profond (roche-mère à 45 cm), pression d’eau plus faible.
Main d’œuvre mobilisée
- Le cas des Bessières la plantation qui suit les courbes de niveau a pris 10 jours pour deux personnes (en comptant arbre support et arbres fruitiers) elle s'est aussi faite au fur et à mesure.
- Cependant on ne compte pas ici les herbacées qui ne sont pas encore plantées on a notamment le Tithonia qui doit encore être mis sur place.

La gestion de l’eau
- L'irrigation est garantit grâce à un système en goutte-à-goutte, avec 9 vannes électroniques permettant une gestion à distance.
- L’eau est apportée en fonction du climat : tous les deux ou trois jours en période chaude, sinon une fois tous les 10 jours.
- Chaque irrigation dure environ 45 minutes, et chaque goutteur délivre 8 litres d’eau par heure. Pour les arbres des baissières, deux lignes de goutteurs sont posées.
Fertilisation
Dans les baissières, chaque arbre reçoit en moyenne 2,5 kg de fumier. Les arbres supports permettent aussi d’améliorer la fertilité des sols en produisant de la biomasse qui peut ensuite être remise au sol ensuite grâce à des tailles ponctuels.
Remarque Le fumier utilisé provient d’un voisin qui élève des ovins sans produits chimiques ni vaccins. Une tonne coûte 400 dirhams.
Résultat
- On observe déjà les bénéfices de la baissière, on voit de l’érosion dans le chemin alors que celle-ci est absente dans les baissières.
- On constate aussi que la terre présente dans la butte de la baissière est plus humide malgré la chaleur.
- Toufik explique aussi qu’il à pu voir l’eau se stocker dans les tranchées des baissières après des orages violents.
Remarque de Jihad El Malih : “C’est à partir de la septième année que les baissières révèlent pleinement leurs bénéfices. Les racines des arbres, désormais bien développées, accèdent à un stock d’eau plus important dans le sol. La frondaison protège à son tour la baissière, limitant ainsi l’évapotranspiration. Par ailleurs, les baissières participent à la recharge des nappes, ce qui réduit considérablement les besoins en irrigation : même au Maroc, seules des irrigations d’appoint restent nécessaires.”
Conseil de Toufik
- Pour l’installation des baissières, il précise qu'il faut bien planifier à l'avance ne pas se hâter car la mise en place va durer pendant beaucoup d'années et va être difficile à faire évoluer.
- Selon le gérant il faut aussi réfléchir à des alternatives pour éviter que l'eau se mette à ruisseler en ligne droite dans les chemins entre les baissières. Pour ce faire il y a deux solutions selon Toufik : il est possible de faire de petites tranchées en v sur le chemin de passage pour dévier l’eau sur les côtés, il est aussi possible de faire un sentier qui ne soit pas en ligne droite entre les lignes de Bessières.
Protection des fraisiers par grillage métallique
Contexte
Le producteur a constaté que les filets à mailles fines, habituellement utilisés pour protéger les cultures de tomates contre les tripes, ne convenaient pas aux fraisiers. En effet, ces filets bloquent une partie importante de la lumière et empêchent l’accès des insectes pollinisateurs, éléments pourtant essentiels à la bonne fructification des fraisiers. Face à cette contrainte, il a recherché une solution alternative avec son conseiller agricole, Jihad El Malih, qui lui a proposé l’idée d’un système de tunnel en grillage métallique.

Description technique de l’innovation
- La solution repose sur l’installation d’arceaux de type tunnel nantais, espacés d’un mètre, sur lesquels est fixé un grillage métallique.
- Chaque tunnel mesure environ 1 mètre de large pour 20 mètres de long. Environ une douzaine d’arceaux est utilisée par planche.
- Ce système permet de protéger efficacement les fraises tout en maintenant une bonne aération, un ensoleillement satisfaisant et un accès libre aux pollinisateurs.
Remarque Selon Toufik le grillage est suffisamment souple pour que son retrait ne soit pas compliqué quand on veut intervenir sur la planche.
Coût de mise en place
- Grillage métallique : 350 dirhams
- Arceaux : 150 dirhams Coût total estimé par planche : 500 dirhams
Conseil de l’agriculteur (Toufik)
Pas de recommandation technique spécifique. Selon lui, il suffit de mettre en place le dispositif pour en constater les bénéfices.
Galerie photo de la ferme de Toufik Oualmadou
Cette page a été rédigée dans le cadre du projet Urbane avec le soutien financier de l'Union Européenne, avec la participation du Centre National d'Agroécologie et de Ver de Terre Production