Ferme d'Orou Douarou Assouma
Agroécologie, diversité des cultures, fertilité des sols, pâturage
Orou Douarou Assouma
Orou Douarou Assouma, agriculteur à Guéssou (Gbégourou) au Bénin cultive ses terres et élève son bétail selon les principes de l'agroécologie. Voici le portrait de sa ferme.
Contexte
- Nom : Orou Douarou Assouma.
- Localisation : Guéssou (Gbégourou), Bénin.
- Surface cultivée : 8 ha.
- Texture du sol : Sablo limoneux.
- Nombre de personnes travaillant sur l’exploitation (UTH) : 3 personnes permanentes qui sont aidées par leur 2 fils. 3 de leurs femmes les aident occasionnellement pour les récoltes principalement. Les récoltes bénéficient à la famille.
- Productions : Elle sont à destination de la consommation familiale essentiellement :
- Cultures maraîchères : Tomate, lentille, arachide, niebe, pois d’Angole, Pois mascate (mucuna).
- Cultures vivrières : Manioc, sorgho, maïs, soja.
- Arbres fruitiers et forestiers : Arbre à karité, anacardier, teck ou Gmelina arborea (Teck Blanc) pour délimiter les champs.
- Elevage : Volailles : 50, chèvres : 4, moutons : 6.
- Climat : Guessou-Nord possède un climat de savane à hiver sec (Aw) selon la classification de Köppen-Geiger. Sur l’année, la température moyenne à Guessou-Nord est de 27.8°C et les précipitations sont en moyenne de 904.9 mm.Vent en fin de saison des pluies.
- Études/formation/parcours de vie : Orou à été initié par ses parents à l’agriculture, il utilise encore aujourd’hui les techniques et méthodes que lui ont transmis ses parents. Il n’a pas fait d’études théoriques en agriculture ou agronomie et ses connaissances sont empiriques. Depuis l’année dernière, avec l'arrivée du projet ProSilience, il combine les connaissances endogènes et traditionnelles et une nouvelle approche agroécologique.
Motivations et objectifs
Son intérêt pour l’agroécologie s’est développé il y a un an avec le projet ProSilience et l’accompagnement du Cabinet Monrado (cabinet de conseil agricole).
L’un des objectifs d'Orou est de valoriser les techniques qu'on lui a apportées à travers le projet ProSilience. Jusqu’à l’année dernière, il n'avait pas les connaissances en agroécologie comme la possibilité de valoriser la terre à travers la culture du pois d'Angole, du mucuna et d'autres légumineuses adaptées. Il y voit un très grand intérêt pour lui et pour les générations futures.
Volet agronomique
Pratiques agricoles
Gestion de la fertilité
- La première pratique mise en place pour améliorer la fertilité du sol est de planter le maïs avant le mucuna et de procéder à une rotation de cultures afin d’améliorer la qualité du sol entre chaque culture de maïs.
- Le labour et l’enfouissement des herbes sous forme de planches permet d'apporter l'azote avec la matière organique.
- Avec l'arrivée du projet ProSilience, il a été initié à la rotation dans les pratiques culturales, il commence donc à changer en fonction des espaces, par exemple, cette année, il évite de mettre le maïs sur la même parcelle de maïs.
- Il procède maintenant à l’association de cultures : manioc et maïs, niébé et maïs, sorgho et arachide, pois d'Angole avec de l’arachide au pied des anacardiers.
- Il valorise la terre à travers la culture du pois d'Angole et de la mucuna. Ces cultures ont un intérêt pour lui et pour les générations futures. L’arrivée du projet ProSiliance permet d'améliorer la sécurité alimentaire en intégrant de nouvelles cultures alimentaires en l'occurrence le mucuna, qui améliore la fertilité du sol et qui peut aussi être utilisé dans la consommation humaine après transformation.
Travail du sol
Orou laboure chaque année. Ces dernières années certaines parcelles sont laissées sans labour en test, cela permet de gagner du temps et de mettre de la litière au pied des plants (mulching), pour la culture de soja, sorgho, maïs.
Le labour s’effectue sous trois formes :
- Avec un bœuf attelé.
- A la main.
- Au motoculteur.
Gestion des ravageurs
- Les chenilles de la pyrale du maïs qui viennent manger le maïs et qui coupent l'inflorescence mâle, ce qui bloque la reproduction.
- Les criquets.
Stratégies face aux contraintes
- Face au manque de moyens pour faire les labours et à la quantité insuffisante de matériel, qui provoque un décalage dans l'installation des cultures, sa solution est d'avoir plusieurs outils/méthodes différentes.
- Contre la chenille: Grâce au projet il a appris à produire ses biopesticides, avec les végétations locales (neem, feuille de tabac, savon traditionnel avec le piment pilé).
Système hydrique
Pas de système d'irrigation.
Volet social
Satisfactions / insatisfactions
- Charge de travail : Variation du travail dans l'année, au moment des labours (juin, juillet) c'est complexe d'arriver à travailler tous les sols. Le semis et le lancement des cultures est une période qui demande aussi beaucoup de travail.
- Cadre de vie : Les champs sont à 4 km ce qui fait un trajet qu'il ne considère pas comme trop éloigné comparé à d'autres agriculteurs qui peuvent être à 16km.
Environnement
Accompagnement technique/Aides
- Par le Cabinet Morando.
- Avec le projet ProSilience.
- Par le passé, accompagnement avec la structure nationale sur le développement communal, pour faire de la vulgarisation agricole sur les techniques conventionnelles et les techniques développées sur le terrain.
- Hunger project, ils avaient travaillé sur l'adaptation du changement climatique à la gestion des exploitations.
Coopération avec d’autres agriculteurs
- Orou fait partie d'un groupement d'agriculteurs avec des problématiques communes. L’association des producteurs de coton, qui est bien organisée, sinon il n'y a pas d'autre instance.
- Groupe de travail autour de problématiques similaires avec le bureau Monrado.
Volet économique
- Salaire mensuel : Pas de salaire mensuel car c'est une exploitation familiale, aucun ne se rémunère directement.
- Foncier : 1 ha = 500 000 FCFA, ça baisse en s'éloignant.
- Matériel : Houe, une charrue mais il n'a pas de bœufs pour le moment.
- Dons, aides financières : Aucune.
- Charges : Ce qui lui coûte le plus cher dans la production c'est la main d'œuvre pour le labour, ça lui coûte 280 000 FCFA pour toute l'exploitation.
- Revenus : Consommation personnelle avant la vente. C'est le soja qu’il vend et qui lui rapporte le plus, il vend 8 sacs /an de 50 kg à 22 000 FCFA le sac.
- Stratégie commerciale / débouchés : Vente au marché des détaillants ou des particuliers qui viennent acheter directement la production dans le champ.
Le conseil de l’agriculteur
Il faut conserver au maximum les sols en faisant attention aux engins mécaniques, en faisant des rotations de cultures, ... Si quelqu'un veut s'installer, Orou peut lui expliquer le mode de gestion de son exploitation et les techniques de conservation des sols qu'il a apprises.
Galerie photos
Sources
Interview d'Orou Dwara réalisée en Août 2024 par l'équipe de Ver de Terre Production dans le cadre du projet Urbane.
Crédits photos : Ver de Terre Production.
Cette page a été rédigée en partenariat avec le projet Urbane et grâce au soutien financier de l'Union Européenne.
Annexes