Plantes de service contre les ravageurs en cultures sous abri
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Plantes de service contre les ravageurs en cultures sous abri

De Triple Performance
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Crédit photo : L.Moncla


Contexte

Département : Vendée

Culture cible : Cultures maraîchères sous abri

Bioagresseurs : Pucerons

Description du contexte de mise en place de la pratique remarquable :

Les exploitations produisent des légumes en AB pour des circuits de commercialisations très divers. Sur ces exploitations, les pucerons diminuent fortement les rendements en début de cultures : aubergine, tomate et concombre. Les exploitants ont déjà recours à la protection biologique. Mais celle-ci donnait des résultats aléatoire, voir parfois insuffisant, pour un coût élevé. D’autres leviers ont donc été testés afin de réduire ou d’empêcher l’infestation.

Précisions sur le contexte :

  • 3 exploitations en AB diversifiés
  • SAU de 2 à 20 ha, UTH de 1,5 à 8.
  • Modes de commercialisation diversifiés : vente directe, marchés, paniers anglais, restauration collective, magasins de proximité…

Origine de la pratique et cheminement de l’agriculteur

Les pucerons sont un problème récurrent en cultures maraîchères. Afin de diminuer les coûts de protection biologique intégrée et de réduire l’usage d’intrants, des producteurs s’orientent vers les plantes de service qui peuvent permettre l’installation durable des ennemis naturels des pucerons, et ainsi maintenir une pression faible sans avoir recours à des produits ou des lâchers réguliers d’auxiliaires.

La technique

Objectif

Réduire l’utilisation d’insecticides, diminuer les coûts de protection des cultures, tout en gardant des cultures saines.

Description

Semis ou plantation de placettes de plantes de service en périphérie et plusieurs semaines avant l’installation de la culture principale, sur chaque bord de la culture. Des plantes ont été sélectionnées principalement en fonction de leur fonction banque et/ou ressource. Les producteurs ont par exemple implanté du blé, de l’asclépias en mélange avec de la tanaisie, de l’achillée millefeuille et du souci. La combinaison optimale d’espèces est encore en recherche. Pour une implantation entre décembre et février, désherber une fois en mars et une fois en avril pour permettre leur développement. Cette année les producteurs sèment les plantes sur géochanvre ce qui a diminué le temps de désherbage.

Attentes de l’agriculteur

Les plantes de service doivent permettre l’installation durable des prédateurs et parasitoïdes des pucerons, et en quantité suffisante.
L’objectif est de maintenir une pression ravageur faible pour avoir des cultures saines en se passant d’insecticides et de lâchers d’auxiliaires.
Les coûts de production sont ainsi diminués et l’impact environnemental positif.

Avantages et limites

Avantages

  • Gestion du stock de graines adventices et du salissement des bords de tunnels ou des chéneaux
  • Économie de produits phytosanitaires
  • Favorise des auxiliaires utiles contre d’autres ravageurs, et les pollinisateurs
  • Augmentation de la biodiversité
  • Intérêt pluriannuel
  • Facilité de mise en œuvre

Limites

  • Temps d’implantation, irrigation et entretien
  • Risque de favoriser aussi les ravageurs, en particulier des pucerons, acariens et punaises
  • Efficacité plus lente qu’avec un produit et manque de stabilité du résultat d’une exploitation ou d’une année à l’autre

Mise en œuvre et conditions de réussite

Le choix des espèces et surfaces à leur allouer doit être fait en fonction des objectifs poursuivis, des conditions pédoclimatiques et de la biodiversité du site. Il est important de semer ou planter les plantes suffisamment tôt pour permettre le développement des auxiliaires avant l’apparition des premiers pucerons. Pour certaines espèces, utiliser des plants plutôt que des graines peut permettre de gagner du temps et assurer l’implantation. Une lutte contre les adventices doit être mise en place par un paillis horticole ou naturel en avril, ou 2 à 3 désherbages dans l’année. Selon l’itinéraire technique et la date de plantation, il peut être nécessaire de mettre en place une irrigation, en particulier si l’on veut conserver l’aménagement.

Témoignage de l’agriculteur

« J’ai commencé avec 4-5 espèces pour tester, et chaque année je garde celles qui ont le mieux marché et j’en teste deux nouvelles pour compléter le dispositif. »
« Au début j’implantais les plantes de service trop tard en saison, en mars. Maintenant elles sont semées dès l’automne ou l’hiver. »
« On essaye de privilégier les espèces que l’on peut semer, faciles à entretenir, pérennes ou qui se re-sèment facilement. J’essaye aussi le paillage de chanvre, pour limiter le temps de désherbage. »

Les conseils de l'agriculteur : « Ne pas hésiter à faire des transferts actifs des auxiliaires des plantes de service à la culture ; vérifier que les plantes soient bien fonctionnelles c’est-à-dire qu’elles hébergent des pucerons et/ou des auxiliaires. »

Améliorations ou autres usages envisagés

La combinaison d’espèces à implanter doit encore être améliorée pour une meilleure efficacité et rentabilité. Utiliser uniquement des plantes qui se sèment peut permettre de réduire le coût d’achat. Elles pourront aussi être implantées de façon pérenne pour assurer une continuité dans leur rôle d’abri, réduire le temps de travail et le coût. Leur semis sur géochanvre, et/ou en association peut être intéressant pour diminuer le temps de désherbage. Les plantes de service peuvent venir en complément d’une autre méthode de lutte si elles ne suffisent pas à elles seules.

Bande de plantes de service dans un tunnel d’aubergines : au premier plan des soucis et tout au fond du blé


Les principaux auxiliaires des pucerons favorisés par les plantes de service

Résultats

Indicateurs de résultats

Niveau de satisfaction/

performance

Commentaires
IFT chimique total 0, 0 et 2 A parfois permis de ne pas traiter contre les pucerons.

IFT insecticide faible dans tous les cas. Diminution également de l’IFT herbicides

IFT Insecticide 0, 0 et 2 A parfois permis de ne pas traiter contre les pucerons.

IFT insecticide faible dans tous les cas. Diminution également de l’IFT herbicides.

Coût de la pratique 88 €/100m² Un peu élevé pour l’instant mais il y a des possibilités

pour le diminuer.

Impact sur le rendement en % Positif Évite des pertes de 10 à 40 %
Efficacité de la pratique Positif A permis une forte diminution des insecticides et une bonne

diversité d’auxiliaires.

Temps de mise en place Neutre Temps d’implantation et d’entretien pour l’instant élevés.
Biodiversité dans l’abri PositifPositif Bonne diversité d’auxiliaires dans l’abri, y compris de pollinisateurs.
Gestion des ravageurs Positif Pression en pucerons restée faible. Auxiliaires aussi ennemis

d’autres ravageurs.

Gestion du stock adventice Positif Diminution du salissement par laprésence des plantes de service à

la place des adventices.

Ce que retient l’agriculteur

« Avec ce système je n’ai plus besoin de traiter mes cultures contre les pucerons. Ils sont toujours présents dans mes cultures mais à un niveau très correct, l’infestation n’explose pas en saison. Je suis aussi satisfait de la diversité d’auxiliaires présents. »

Avis de l'ingénieur réseau DEPHY

Avec la diminution des molécules pour lutter contre les ravageurs en cultures maraichères, les aménagements agroécologiques vont devenir des leviers essentiels.

Ce dispositif permet d’abord de rendre utile un espace habituellement occupé par des adventices. Sur les trois années du projet, on constate des avancées sur la sélection des plantes de services et l’identification des facteurs de réussites de la méthode.

La mise en place de plantes pérennes et de mélange est aussi en cours d’expérimentation avec l’ARELPAL. Enfin, c’est un dispositif qui doit être adapté à chaque système et aux auxiliaires recherchés.

Pour aller plus loin

Webinaire sur l’utilisation de plantes de service pour le contrôle des ravageurs en cultures légumières par Lucille BERTILLOT (Chambre d'agriculture du Loir-et-Cher), Maxime CHABALIER (Chambre d'agriculture Pays de la Loire et GDM), Amandine MOLLET (FREDON NPDC) et Sébastien PICAULT (CTIFL)  : https://www.youtube.com/watch?v=3sh7D_yuYqo
Les vidéos sur la chaîne youtube Maxime Chabalier
Les vidéos sur la page groupe FERME : https://ecophytopic.fr/dephy/des-fleurs-pour-proteger-les-legumes-en-vendee

Sources et références

Ecophyto DEPHY, 2021, Pratiques remarquables du réseau DEPHY : Des plantes de service contre les ravageurs en cultures sous abri. Disponible sur : https://ecophytopic.fr/sites/default/files/2021-12/PRATIQUE_87CA85LG_LEG_PDL.pdf

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