Irrigation en maraîchage
Quelle méthode d'irrigation choisir, quel matériel,...
Le maraîchage est un ensemble de productions et techniques culturales qui, par unité de surface, sont souvent plus intensives d'autres filières agricoles. La diversité des environnements de production (sous abri, en plein air) et d'espèces cultivées ajoutent un degré de complexité dans la réflexion autour des intrants, et l'utilisation de références.
Dans la plupart des configurations, l'irrigation demeure cependant une nécessité pour assurer un développement convenable des cultures. Ce portail présente les principales technologies d'irrigation utilisées en maraîchage, pour servir d'introduction à tous les articles autour de cette thématique rassemblés en bas de page.
Piloter l'irrigation des cultures maraîchères
Si l'eau est souvent un facteur limitant en maraîchage, elle peut tout aussi bien porter atteinte à la croissance des plantes si elle est apportée en excès. Il s'agit donc d'un facteur de production qui doit être raisonné selon plusieurs facteurs.
Réserve utile
Le premier de ces facteurs est la réserve utile du sol, celle ci est définie comme "la quantité d'eau maximale que le sol peut contenir, par les plantes pour leur alimentation hydrique et transpiration sur le long terme"[1]. Les plantes puisent donc l'eau dans cette réserve, et dispersent dans l’atmosphère par évapotranspiration. Il faut donc appréhender la réserve utile de son sol, ainsi que ses caractéristiques (réserve facilement utilisable, capacité au champ, taux d'humidité, texture, tassement) avant de chercher à la reconstituer par l'irrigation[2].
Profondeur d'enracinement
Dans une approche de pilotage de l'irrigation par la réserve facilement utilisable, il est important de considérer l'exploration racinaire des plantes cultivées.
On peut diviser les plantes maraîchères en 3 groupes selon leur enracinement :[2]
- Enracinement moyen : environ 20 cm, oignon, pomme de terre, chou
Besoin des plantes
Dans une approche plus mathématique, on peut choisir d'adapter l'irrigation des plantes en fonction de leurs besoins, affinés au stade de développement, au type de sol, à la température etc. Ils sont définis selon l'évapotranspiration réelle (ETR), qui peut être estimée en multipliant l'évapotranspiration potentielle (ETP) diffusée dans la presse agricole locale et un coefficient cultural (KC) permettant d'affiner cette valeur par culture.
Techniques de suivi
Pour suivre et déclencher l'irrigation des cultures il existe de nombreux dispositifs et accessoires intéressants : des manomètres pour contrôler le débit dans les circuits, des compteurs volumétriques pour visualiser les quantités apportées, des tensiomètres ou simplement une tarière pour estimer le niveau d'eau dans le sol etc.
les dispositifs d'irrigation
Irrigation gravitaire
Également appelée "à la raie", l'irrigation par gravité est une technique relativement simple adaptée aux terrains en légère pente. Elle consiste en un réseau de rigoles, raccordées à une tranchée principale dans laquelle est déversée l'eau à destination des cultures. Cette technique permet notamment de valoriser des eaux turbides, habituellement bannies des systèmes d'irrigation pour les dommages qu'elles peuvent causer aux tuyaux (bouchages etc.). En revanche, elle est inadaptée à bon nombre de situations car elle nécessite une topographie particulière, l'utilisation d'un fort débit d'arrosage, d'importants travaux de préparation, et est incompatible avec d'autres pratiques agronomiques de travail du sol.[3]
Aspersion
L'aspersion est définie comme une forme d'irrigation qui projette l'eau en l'air, afin qu'elle retombe en cercle sur le sol, autour de l'asperseur[4]. Il s'agit d'une technique bien plus largement utilisée en maraîchage. Sa mise en place est plus simple, adaptée à davantage de milieux (en serre et en plein champ) et elle permet d'ajuster les quantité d'eau et fréquences d'arrosage bien plus précisément.
Elle mobilise le plus souvent l'un des trois types d'équipements spécifiques : les enrouleurs, les asperseurs, et les rampes oscillantes, ils forment une très large gamme de matériel allant de débits et portée très faibles (micro-aspersion), à des amplitudes bien plus larges (jusqu'à 20m de portée pour l'aspersion par arroseurs en plein champ).[2]
Goutte-à-goutte
Parfois affilié à l'ensemble de pratiques de l'agriculture de précision, l'irrigation par goutte à goutte est le dispositif le plus économe parmi tous ceux présentés. L'eau est acheminée dans un réseau de tuyaux relativement fins, sur lesquels des micro-perforations ou des goutteurs permettent d'arroser directement au pied de la plante avec un débit très faible.
Ce dispositif est alors privilégié pour les cultures sensibles aux maladies cryptogames des parties aériennes (laitues, tomates etc.) car ils évitent d'humidifier ces dernières. En revanche, il s'accompagne souvent d'une vigilance accrue sur la turbidité de l'eau, et nécessite souvent un bon système de filtration afin que les goutteurs ne soient pas bouchés par des impuretés.
Sous abri
L'irrigation sous abri est bien souvent une nécessité, puisque les cultures ne bénéficient plus des précipitations "naturelles". Les deux derniers types de dispositifs (goutte-à-goutte et aspersion) y sont le plus souvent rencontrés, avec une légère spécificité pour l'aspersion : des rampes micro-asperseurs aériennes, suspendues à la structure de la serre sont parfois utilisés.
Prélèvements d'eau
L'accès et l'utilisation durable d'une source d'eau sont également des facteurs à prendre en compte dans la réflexion autour de l'irrigation. Il existe de nombreuses solutions, pouvant être mobilisées collectivement (bassines, retenues collinaires, rétention eau de pluie, forage, pompage etc.), leurs tenants et aboutissants sont présentés dans les articles du portail gestion de la ressource en eau.
Articles dans cette thématique
Références
- ↑ C. Doussan, Collectif Ruedessols, I. Cousin, La Réserve Utile: concepts, outils, controverses, Atelier du RMT Sols et Territoires, 2017, Orléans, France. 40 p. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01595478/document
- ↑ 2,0 2,1 et 2,2 BLE - CIVAM Euskal Herri, La conduite de l'irrigation en maraîchage bio, 2011. https://www.latelierpaysan.org/IMG/pdf/76819159.pdf
- ↑ C. Calcet et al., Sud & Bio - Languedoc-Roussillon, Maîtriser son irrigation en maraîchage biologique, 2016. https://www.sud-et-bio.com/sites/default/files/Fiche_Technique_Maitriser%20son%20irrigation%20en%20maraichage%20bio_2016.pdf
- ↑ Organisation des Nations Unie pour l'Agriculture et l'Alimentation (FAO), Manuel des techniques d'irrigation sous pression, Rome, 2008. https://www.fao.org/3/a1336f/a1336f00.htm