Amélioration de la nutrition des plantes grâce à l'activation de la vie du sol

De Triple Performance
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Différences entre la zone témoin non traitée (à gauche) et la zone traitée (à droite) sur un sol argilo-limoneux. Crédit photo : Bertrand Aupetit.


Sylvain Dupuy, est chef de culture à l'EARL Despaignet dans les Landes (40). Ses sols font l'objet d'épandages de digestats solides et liquides, issus des méthaniseurs du groupe Labat Energie auxquels l'exploitation est rattachée. Sa problématique est d'avoir une dégradation rapide de la matière organique afin de favoriser la nutrition des plantes. Pour cela, il a intégré un programme dans lequel il teste un prébiotique des sols.

Présentation

  • Nom: Sylvain Dupuy.
  • Localisation : Aire-sur-Adour, Classun (10km) et Hagetmau (30km) dans les Landes (40).
  • Statut : Chef de culture.
  • Exploitation : EARL Despaignet.
  • SAU : 350 ha (exploités par 3 sociétés).
  • UTH : 2 sur l'exploitation, 50 personnes dans le Groupe Labat, 4 chauffeurs sur la partie épandage et des renforts sur les périodes de semis et récolte.
  • Cahier des charges : Conventionnel réfléchi et raisonné.
  • Production : Maïs principalement (grain, semence et ensilage), tournesol oléique, blé, colza, sorgho (grain et fourrage), couverts végétaux l’hiver pour l'ensilage et la méthanisation.
  • Méthaniseur : La principale préoccupation tout au long de l’année est le plan d'épandage du digestat. En plus des parcelles de l’exploitation, des surfaces sont conventionnées avec d’autres agriculteurs.
  • Sol : Limono-argileux humifères, plus ou moins profonds. On pourrait les qualifier de "terres noires" et bonnes "terres de champs".
  • Taux de matière organique : élevé (2,5 à 4,5%).

Motivation

La principale préoccupation agricole sur l’année est le plan d'épandage du digestat produit par les 2 méthaniseurs du groupe. C’est un produit riche en éléments fertilisants. La forme compostée (solide), plus ligneuse donc, se montre plus longue à minéraliser dans le temps que le digestat liquide. Globalement, la fourniture du sol en éléments nutritif est plutôt bien pourvue. Sylvain et son équipe réfléchissent à des solutions pour activer la vie du sol afin de dégrader cette matière organique plus rapidement pour qu’elle libère régulièrement des éléments disponibles pour les cultures.

Pour cela, ils ont étudié plusieurs voies dont celle des amendements organiques. C'est dans cette logique de réflexion qu'un représentant de l'entreprise Gaïago leur a présenté leur prébiotique des sols Nutrigeo.


Ce prébiotique devrait permettre :

  • de booster la vie biologique du sol,
  • de mieux dégrader la matière organique solides (MO),
  • d'améliorer la conversion de la biomasse en humus,
  • d'améliorer la qualité et la structure du sol,
  • de fournir des éléments nutritifs aux plantes.

Cette solution devrait leur permettre d’avancer dans cette réflexion.


Le plus : L'adhésion au programme Gaïago Carbone rend éligible au crédit carbone. Un revenu toujours bon à prendre surtout s'il couvre l'investissement.

Étapes de mise en place

  • La réflexion a commencé en fin d’année 2020. C’était pour 2-3 ans d’affilée au départ “pour voir”.
  • Printemps 2021 : 1er traitement avec Nutrigeo, sur 20 ha d'une parcelle occupée par du maïs grain consommation. C'est une terre de landes légère, facile à travailler, 6,5 de pH et 4,3% de MO. C'est une des meilleures parcelles, elle est irriguée et l'objectif est d'optimiser un potentiel déjà élevé.
  • Début d’année 2022 :
    • Comme tous les ans, dans la limite des volumes réglementés, épandage de 10t de digestat composté après la récolte et avant l’implantation du couvert.
    • Elargissement de la zone traitée dans la même parcelle (45ha). Le carré de 2021 reçoit donc son 2ème traitement. Une bande témoin non traitée est délimitée dans une zone non épandue en 2021.
    • Intégration du programme Gaïago Carbone. C’est un engagement sur 5 ans, pendant lesquels l’agriculteur s'engage à faire une pulvérisation de Nutrigeo par an sur la même zone dans la même parcelle. L'objectif étant de faire vivre le sol, réduire la compaction, réduire l'hydromorphie et stocker du carbone. Les résultats d’analyse de sols peuvent être convertis en tonne équivalent CO2 épargné et les valeurs stockées mesurées se transformeront en crédits carbone qu'ils toucheront, s'il y a augmentation, en 3ème et 5ème année.

La pulvérisation de 2021 ayant eu lieu avant l'adhésion au programme, à la fin de celui-ci, la parcelle aura donc reçu 6 applications du prébiotique.


Des couverts d’interculture sont semés sur l'ensemble des parcelles de l'exploitation. Sur la parcelle testée, le couvert en place est un mélange féverole / phacélie qui sera détruit au printemps par déchaumage et labour. Sur le principe, le couvert végétal va optimiser le fonctionnement de Nutrigeo car ses racines aèrent et fissurent le sol, ce qui favorise la vie des microorganismes dans le sol (bactéries et champignons). Le rôle du prébiotique étant de booster, et donc d’optimiser, cette vie du sol.

Résultats

Test pour visualiser les différences entre la zone traitée et non traitée. Crédit photo : Bertrand Aupetit.

Ils n'en sont qu'à la 2ème année d’utilisation, mais Sylvain observe déjà des résultats. Bien qu'ils soient durs à quantifier pour le moment, ils pourraient être attribués au Nutrigeo  :

  • Lors de la récolte 2022, le chauffeur de la moissonneuse batteuse a observé que le rendement instantané affiché par sa machine dans la zone témoin était plus faible de presque 25% que dans la zone traitée. Les plantes sur la zone témoin non traitée, étaient moins hautes et un peu moins développées. Mais il faudra plusieurs années pour dire si c’est dû à l'application du prébiotique ou à un autre facteur.
  • Après la 1ère année, lors de la réalisation des profils culturaux avec le technicien Gaïago, la terre semblait plus friable dans la zone traitée que dans la zone témoin, en particulier au-delà de 30cm de profondeur.

Les analyses de sol permettront de suivre l’impact de l’application du produit, car des barèmes et des retours d'expérience existent et constituent une banque de données techniques.

Sylvain connaît le potentiel de la culture et de la parcelle, s’il arrive à baisser les apports d’azote d'une vingtaine d'unités sur cette zone de la parcelle, il pourra estimer si les rendements sont restés équivalents ou non. C’est un peu à tâtons mais ça donne déjà une idée. "Si on arrivait à réduire un apport d’azote minéral, on soulagerait les charges opérationnelles liées à la fertilisation".

Avantages et points de vigilance

Avantages

  • La MO est mieux dégradée et les nutriments sont plus rapidement disponibles pour la culture.
  • La fertilisation est limitée, ou au moins réduite, car le digestat apporté est riche et sera encore mieux valorisé.

Points de vigilance

  • Le produit mousse beaucoup dans le pulvé quand on l'incorpore, ce sont des réglages de machine à faire au départ comme baisser l’agitation.
  • La dose de produit est importante 25 L/ha. Cela représente de gros volumes à transporter et à remuer.

Investissements

  • L'application du produit ne nécessite pas de matériel particulier, un pulvérisateur suffit.
  • Achat du produit : 80 et 85€/ha (en fonction des quantités achetées).
  • Le programme Gaïago Carbone implique un abonnement qui représente entre 20 et 25€/ha/an. Au final partir dans Gaïago Carbone ( 1 Nutrigeo/an pendant 5 ans) coûtera entre 100 et 110€/ha/an.

Aides

Aucune aide n'est proposée dans la PAC pour l'utilisation de prébiotiques, mais il est possible d'être éligible au crédit carbone à N+3 et N+5 si le programme fonctionne bien. Pour l’instant nous n’avons pas de chiffre sur le montant du crédit carbone auquel nous pourrions prétendre mais, d’après Gaïago, il devrait au moins rembourser l’investissement… A suivre.

Conseils

Pour le moment (à N+2), Sylvain semble observer 2 éléments en faveur de l'utilisation du prébiotique. Son conseil est de se lancer dans ce genre de programme dans un but agronomique, le bénéfice du crédit carbone devant être un bonus et non une finalité.

Il faut également que cette pratique soit possible dans son système de culture et de production.

Perspectives

  • Continuer à travailler sur les couverts et la vie du sol.
  • Si Nutrigeo tient ses promesses, il augmentera les surfaces traitées. Mais si le gain n’est pas significatif il réfléchira à continuer ou non de dépenser 85€/ha/an.
  • Essayer le Free N 100, qui est un probiotique fixateur d'azote, sur colza et sur luzerne. Il a fait un 1er épandage mi-octobre 2022, il n'a donc pas encore de retour.

Sources

Interview réalisée le 21/10/2022. Cette page sera mise à jour régulièrement pour suivre les résultats de cette expérimentation.

Annexes

Leviers évoqués dans ce système

Matériels évoqués dans ce retour d'expérience

Cultures évoquées


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