Mettre en place des mesures de biocontrôle pour protéger vos cultures en aquaponie

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Prédation coccinelle sur puceron

En aquaponie, plus que dans tout autre système de culture, l'usage de produits chimiques de synthèse est à proscrire. Nous expliquons ici, comment lutter efficacement contre les pathogènes des végétaux, tout en préservant l'environnement, grâce au biocontrôle. Principes de prévention, auxiliaires de culture, technologies innovantes, maîtrisez la protection biologique et intégrée et optimisez vos productions.

Description

Si les techniques de cultures hors sol limitent la prolifération de pathogènes des végétaux, notamment les organismes d’origine telluriques (nématodes, limaces, champignons, bactéries, etc.) ou des adventices, les productions végétales en aquaponie connaissent tout de même leur lot de bioagresseurs.

En s’inscrivant dans un mode de production vertueux, intégrant des compartiments sensibles aux modifications physico-chimiques de l’eau (élevage, filtre bactérien), l’introduction de pesticides dans un système aquaponique, qu’ils soient d’origine biologique (pyrèthre végétal, huiles essentielles, savon noir, etc.) ou de synthèse, est à éviter voire à proscrire.


Eviter les infestations

Ainsi, la première étape du biocontrôle consiste à limiter l’introduction et le développement des ravageurs notamment en travaillant dans un milieu parfaitement isolé et cloisonné : serre étanche, sas en entrée, matériel dédié au compartiment, cloisonnement par variétés, etc… Il convient malgré tout de conserver des foyers (capucines, œillet d’indes, etc.) qui vont servir à la fois de zones sentinelles pour détecter des ravageurs et surtout pour conserver des proies aux auxiliaires, qui peuvent se retourner contre vos cultures en cas de raréfaction de leur alimentation de base.

Plants de capucines comme solution répulsive contre les pucerons sur une culture de fraises en gouttière.


Favoriser la diversification

En parallèle, il est préconisé de favoriser un biotope puissant autour des zones de production via l’utilisation de bandes florales, d’abri à insectes, ... Cela favorisera un écosystème diversifié où se développeront ravageurs, prédateurs et pollinisateurs, qui finissent toujours par trouver une voie d’entrée dans vos productions.

Bandes florales autour d'une exploitation aquaponique.


Les auxiliaires

Certains auxiliaires de culture ou "agents biologiques" (acariens, micro-guêpes, chrysopes, macrolophus, coccinelles, champignons, nématodes, bactéries,...) sont des alliés précieux lorsqu’il s’agit de réguler les populations de ravageurs. Au sens large du terme, les auxiliaires de cultures sont des organismes vivants qui fournissent des services écosystémiques permettant de faciliter la production agricole. Ils remplacent tout ou partie du travail et des intrants apportés par l’agriculteur. Les insectes pollinisateurs (abeilles, bourdons,...), par exemple, assurent la fécondation et la fructification des plantes.

En termes de contrôle biologique d’autres organismes, par leur mode de vie, de développement et/ou d’alimentation, sont des ennemis naturels des organismes nuisibles au bon développement des cultures. On en distingue trois types (Marine MASSON, 2018) :


Les prédateurs

  • Les plus connus d’entre eux sont les coccinelles pour leur prédation sur des ravageurs comme les pucerons, les psylles, les cochenilles, les acariens, les thrips,...
  • On y trouve également les syrphes (petites mouches jaunes et noires) dont les larves sont friandes de différentes espèces de pucerons, de larves ou de chenilles.
  • Les chrysopes, facilement reconnaissables par leurs grandes ailes transparentes nervurées, dont les larves, là aussi, s’attaquent aux pucerons, aux acariens, cochenilles ou larves d’autres insectes.
  • Les carabes et les staphylins, qui sont des coléoptères se nourrissant d’œufs ou de larves d’autres coléoptères, de nématodes, d’acariens, chenilles, pucerons, limaces et escargots.


Les parasitoïdes

Ils se développent au dépend d’hôtes pour lesquels ils sont léthaux. On y trouve un grand nombre d’hyménoptères et micro-hyménoptères parasitoïdes. Les plus "célèbres" sont les trichogrammes, qui pondent leurs œufs dans ceux de la pyrale du buis, la pyrale du maïs, des vers de la grappe, de la mineuse de la tomate et d’autres lépidoptères, entrainant rapidement leur mort. D’autres guêpes parasitoïdes permettent de contrôler les populations de pucerons. Aphidius ervi, par exemple, vient momifier le puceron de la tomate.

Les microorganismes parasites

Il s’agit de nématodes, de bactéries, de champignons ou de virus entraînant, de par leur développement, la mort des bioagresseurs. On peut citer le bacille de Thuringe, Bacillus thuringiensis, bactérie qui synthétise un cristal protéique ayant un effet larvicide sur certains coléoptères, lépidoptères et diptères.

Exemples de pathogènes des végétaux et de leurs prédateurs/parasites


Les médiateurs chimique

Le biocontrôle peut également faire appel aux biotechnologies en utilisant des médiateurs chimiques (phéromones et kairomones) pour piéger les ravageurs ou perturber leur reproduction. Ceux-ci ont une très grande spécificité d’action et n’impactent pas la santé des abeilles et autres pollinisateurs (L’Agresseur trompé, Les Médiateurs Chimiques, s.d.).


Avantages et inconvénients du biocontrôle

Malgré la complexité de sa mise en œuvre, qui requiert un contrôle spécifique ainsi qu’une identification précise des organismes nuisibles et de leurs prédateurs ou parasites, et bien qu’il soit souvent coûteux, le contrôle biologique s’avère le plus souvent très efficace pour réguler les populations de ravageurs.

Il présente également l’avantage d’être non toxique et non pathogène pour la faune, l’homme, et les organismes qui ne sont pas directement liés au ravageur ciblé (Janelle Hager, 2021). Il exige cependant un suivi régulier (comptage des pathogènes et des auxiliaires) afin de maintenir un équilibre dans le ratio proies/prédateurs. Pour cela, il est possible de se faire accompagner par des partenaires comme Koppert ou Biobest, dont les techniciens planifieront un plan de lâchers et de lutte annuel en fonction des productions, et l’ajusteront en fonction du contexte, des bio-agresseurs relevés et de l’efficacité des solutions employées. Il est donc primordial de mettre en place ce suivi des ravageurs et des solutions, des applications ont été développées en ce sens et même des outils de détection et de comptage automatiques sont en cours de développement, adossés à de l’intelligence artificielle pour un pilotage très fin de la protection biologique et intégrée.


Réglementation

En France, l’utilisation de mécanismes naturels dans le cadre de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures, est encadrée par le code rural et de la pêche maritime. La liste des macro-organismes non indigènes, utilisés pour protéger les plantes des bio-agresseurs, dispensés de demande d’autorisation d’entrée sur le territoire et d’introduction dans l’environnement, figure en annexe 1 de l’arrêté du 26 Février 2015.


En parallèle, une liste publiée par note de service, actualisée mensuellement par le ministre chargé de l’agriculture, répertorie les produits phytopharmaceutiques de biocontrôle autorisés sur le territoire.


Dans un marché en pleine expansion, de nombreux acteurs du biocontrôle proposent aujourd’hui des solutions et formations adaptées aux différents besoins. Il ne faut pas hésiter à les contacter dès le lancement de sa ferme afin de sécuriser une des clés de réussite de ses productions végétales.

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